Et Jésus garde le silence, Lui, l’innocence même!… Lui, dont les paroles donnent la vie!… Sa Face adorable ne perd rien de son calme et de sa douceur… Quelle leçon pour moi! – Ô mon Dieu, pardonnez-moi toutes les paroles par lesquelles j’ai blessé la charité, l’humilité, la modestie, la piété, et faites que, dans mes épreuves, je Vous honore par ma résignation et ma patience.

Jésus reçoit la Croix avec joie, avec amour… Il la presse contre Son cœur… Il y colle Son front et Ses lèvres… Oh! comme Il nous aime!… – Mon bon Maître, pardonnez-moi les plaintes et les murmures avec lesquels j’ai accueilli les peines que Votre tendresse m’a envoyées, et faites que je m’estime heureux de souffrir quelque chose pour Vous.

Jésus Se meurtrit le visage par la violence de Sa chute… Il Se relève la Face souillée de boue, de poussière et de sang… – Père saint, je Vous offre cette chute de mon Sauveur en expiation de toutes les fautes par lesquelles j’ai mal édifié, scandalisé mon prochain. À cause de Jésus, humilié et souffrant, faites-moi miséricorde. En réparation, je veux travailler à faire éviter le mal et à Vous gagner des cœurs.

Quel moment! quelle douleur!… Quels regards je vois s’échanger entre ce Dieu si bon et cette tendre Mère!… Quels pleurs baignent Leurs visages!… – Ô Père saint, je Vous offre mes larmes en expiation de toutes mes délicatesses et de mon peu de résignation à Vos volontés saintes. Accordez-moi, comme à Marie, de rencontrer les regards et la Face de Jésus dans tous mes sacrifices.

Hé quoi! un étranger aide mon bon Maître à porter Sa Croix! et moi, Son enfant, l’objet de Sa tendresse, je le Lui refuse en m’éloignant des contradictions dont la vie est semée! Oh! que je suis ingrat!… – Pardon, mon Dieu, oubliez le passé, tournez vers moi Votre Face. Désormais je partagerai Vos douleurs, au moins en acceptant chrétiennement les miennes.

Et ne devrais-je pas, à l’exemple de cette pieuse femme, Vous faire oublier par mes réparations les outrages que Vous recevez de la part de tant de pécheurs? N’est-ce pas à moi à Vous dédommager par plus de fidélité et plus d’amour? – Oh! c’est ce que je veux faire, mon Dieu, en mettant ma gloire dans Vos humiliations et Vos souffrances.

Oh! dans quel état d’abaissement et d’opprobre je Vous vois réduit, mon Sauveur Jésus!… Un Dieu dans la poussière!… Les bourreaux Le relèvent en Le chargeant de coups… Son beau visage lui-même n’est pas épargné… Et pourquoi? pour expier mes pensées de vanité, d’estime de moi-même. Oh! comme il faut que je les aie en horreur, puisque Jésus a tant souffert pour m’en obtenir le pardon! – Mon Dieu, mon Dieu…, miséricorde! rendez mon cœur vraiment humble.

Oh! le bon Maître! Au milieu de Ses douleurs Il S’occupe de celle qui fait couler les larmes de ces pieuses femmes. Il leur apprend à pleurer utilement pour elles, et Il daigne les consoler en tournant vers elles Sa Face adorable; Il les encourage et les bénit… – Ô mon Sauveur, donnez-nous de pleurer nos péchés, qui sont la vraie cause de Vos douleurs. Donnez-moi, en particulier, une douleur sincère de mes fautes; faites que ma dernière larme soit une larme de repentir et d’amour.

Jésus meurtri, tuméfié, épuisé, inflige encore une fois à Son doux visage ce genre de douleur et d’humiliation… Puis, à la vue du Calvaire, Il Se relève, s’il se peut dire, avec un nouveau courage, un nouvel amour. Son cœur Le presse de mourir pour Ses enfants. Ô tendresse du Cœur de mon Dieu, que Vous trouvez peu de retour!… À la vue de la plus légère peine, du plus petit sacrifice, je me sens effrayé, découragé. – Pardon, mon Jésus, pardon! je me relèverai avec Vous, et, pour m’animer à Vous suivre, je penserai à Vous dans toutes mes répugnances, et je trouverai le courage de Vous rendre amour pour Amour.

Dépouillez-moi, mon Dieu, de tout ce qui Vous déplaît en moi; dépouillez-moi surtout de mon amour-propre; lavez-moi dans ce sang qui coule de Vos plaies, et que ce sang innocent et divin fasse germer dans mon cœur les vertus qui reluisent en Vous: la pureté, la douceur, la charité et l’esprit de pénitence… Que mon âme soit agréable à Vos yeux et réjouisse Votre divin Cœur. – Pardon, mon Jésus, pardon et miséricorde! Faites- moi la grâce d’imprimer Votre sainte Face dans mon âme. Que Votre divin Père, en me regardant, puisse reconnaître la ressemblance de Son Fils bien-aimé, en qui Il trouve toutes Ses complaisances. Par les mérites de Vos saintes plaies, je Vous demande cette grâce pour moi et pour tous les pécheurs du monde entier.

Ô mon Dieu, je sais bien que ce n’est pas assez de me dépouiller de moi-même: il faut encore m’attacher, m’unir à Vous. – Hélas! je le comprends, cela n’est possible en ce monde que par la souffrance. J’y consens, Seigneur, sans délai, sans réserve. Étendez -moi sur la croix que Votre Providence prépare à tout homme en ce monde, afin de le rendre conforme à Vous… – Ô mon Jésus, suspendu entre le ciel et la terre, attirez-moi et élevez-moi jusqu’à Vous, pour me faire mériter Votre gloire éternelle.

Durant les trois heures qui ont précédé la mort de Jésus sur la Croix, Il nous montre encore Son visage rempli d’amour. Il demande à Son Père de nous pardonner, Il promet au larron de lui ouvrir le Ciel ce jour-là même. Il nous dit qu’Il a soif de notre amour. Il nous confie à Sa Mère très sainte. – Père saint, Dieu tout-puissant et éternel, je Vous offre les souffrances de mon Jésus, Son visage endolori, Ses plaies sacrées, Son Sang adorable, Ses dernières paroles et Son dernier soupir en remerciement des bienfaits dont Vous m’avez comblé… en expiation de mes fautes, et particulièrement en vue d’implorer trois grâces: Pour moi et pour les miens, une contrition sincère avec ferme volonté d’être tout à Vous; pour les pauvres pécheurs, la conversion; et pour la sainte Église notre Mère, le secours qu’elle attend de Votre bonté dans les épreuves qu’elle subit. Ne regardez pas nos péchés, Seigneur! mais regardez la Face de Votre Christ. Regardez Son Cœur qui nous a tant aimés, et à cause de lui faites- nous miséricorde.

Ô Marie, ma tendre Mère, c’est moi qui ai causé Vos douleurs; permettez que du moins je pleure avec Vous, que je contemple dans Vos bras la Face meurtrie et déchirée de mon Rédempteur… Vengez-Vous, Mère chérie, il est bien juste; mais vengez-Vous en mère!… – Obtenez-moi de Votre divin Fils cet amour qui me fasse boire avec une sainte générosité les quelques gouttes qu’Il m’a réservées dans le calice de Sa Passion, et répéter avec Madeleine: Oh! qu’il est doux de retrouver l’innocence dans les larmes du repentir et de l’amour!…

Ô mon Jésus, Votre corps est déposé dans le sépulcre. Vous nous aimez tant que Vous ne pouvez Vous résigner à nous abandonner. Depuis plus de deux mille ans, Vous êtes au tabernacle, Vous nous y attendez. Trop souvent hélas! le tabernacle est pour Vous un tombeau froid et obscur que les hommes délaissent. Moi, du moins, je veux Vous y visiter souvent et Vous consoler par l’ardeur de mon amour. – Ô mon Jésus, mon Sauveur, Vous ne serez plus seul: laissez Votre enfant s’ensevelir avec Vous… Ce n’est pas assez. Cachez-moi dans le secret de Votre Face et dans la plaie de Votre Cœur: c’est là que je veux vivre et habiter pour n’être vu que de Vous seul. Mon Dieu! Mon Dieu! Faites que je n’agisse plus que pour Vous.