MAGNIFICAT
L’Ordre du Magnificat de la Mère de Dieu a pour fin particulière la conservation du Dépôt de la Foi par l’enseignement religieux sous toutes ses formes. Dieu l’a établi comme «un rempart devant l’apostasie quasi générale» qui a envahi la chrétienté et en particulier l’Église romaine.
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Exclusive Representation of the Nativity Scene.
Nous reproduisons ici quelques extraits d’un excellent ouvrage paru en 1864, de la main de M. l’abbé Victor Albe, apôtre dévoué à la cause de Notre-Dame de La Salette.1
Je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle: telles sont les paroles que Marie adressa d’abord aux enfants des Alpes. En quittant la terre, Elle porta sur eux un tendre regard, et leur dit: Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout Mon peuple, à la France, au monde entier, à cette grande famille que J’enfantai avec tant de douleur au pied de la croix. Dociles à la voix céleste, les jeunes enfants portèrent la grande nouvelle sous le toit de leurs maîtres et dans les hameaux voisins; bientôt des millions d’hommes la recueilleront…
De toutes les apparitions, celles de Marie sont les plus fréquentes. Depuis qu’une parole solennelle est tombée de la croix, et qu’un Dieu mourant a confié l’humanité à Marie, cette Vierge devenue Mère Se préoccupe de Ses enfants et ne saurait les délaisser. Pendant qu’Elle vit encore sur la terre, Elle assiste de Ses conseils et soutient par Sa présence l’Église naissante. Le jour où Dieu L’enlève au monde, on croirait que l’exil étant passé, Elle n’est plus sur la terre. Les fidèles qui La virent monter dans les cieux devaient pleurer Son départ; mais les Anges pouvaient leur dire comme autrefois aux disciples, en parlant de Jésus: Elle reviendra un jour.
Ah! Elle est souvent revenue, souvent Elle S’est montrée à Ses enfants, aux saints confesseurs, aux martyrs et aux vierges. Chose admirable! la religion place devant nos yeux une image aussi douce que merveilleuse: elle ouvre les Cieux et nous montre sur un trône, non loin de Celui qui seul mérite le premier rang, une Vierge bonne et puissante, dont les regards compatissants se tournent toujours vers nous. Elle est si occupée des hommes, qui sont devenus Ses enfants, qu’Elle semble oublier la gloire et le bonheur du Ciel, pour ne songer qu’à nos douleurs. Mais, comme si le Ciel était trop haut au-dessus de la terre, Elle descend ici-bas pour converser avec nous, sous une forme sensible. C’est Son amour qui L’attire parmi nous; Elle vient nous consoler, nous instruire et nous reprendre.
C’est une Mère, Elle est partout où sont Ses enfants. C’est surtout dans les derniers temps que Marie Se montre à nous. Quand la famille est désolée et qu’on entend sous le toit maternel de tristes gémissements, le cœur de celle qui veille s’émeut et les sollicitudes augmentent. Une mère se multiplie; il n’est pas de douleur qu’elle ne calme, de mal qu’elle ne soulage; elle suffit à tout. Quand l’Église est en péril, et que ses enfants sont exposés, Marie est debout: l’œil attentif sur l’abîme qui s’ouvre et les bras tendus pour nous en éloigner, Elle supplie ou avertit tour à tour; on La voit errer çà et là, partout où le danger L’appelle. En ces temps malheureux de tempête ou d’erreur faut-il donc s’étonner qu’Elle apparaisse plus souvent? Si le danger est plus grand, si les écueils sont plus nombreux, le navire chargé de vagues et tourmenté par les flots, au moment de périr, demande plus de secours.
De toutes les apparitions qui depuis les premiers siècles de l’Église ont étonné le monde, celle-ci, je ne crains pas de le dire, est la plus merveilleuse. Elle eut lieu le 19 septembre 1846, à l’heure des premières vêpres. Quel rapport touchant entre les hymnes de l’Église et cette Vierge en pleurs, assise sur un rocher, dans l’attitude recueillie d’une profonde souffrance! C’est là, sur les bords de la fontaine, que La virent les deux bergers.
Mélanie, âgée de 14 ans, Maximin Giraud, plus jeune qu’elle de trois ans, nés l’un et l’autre à Corps, de parents pauvres mais honnêtes, servaient, comme bergers, au hameau des Ablandins. Dans la matinée du 19 septembre, ces deux enfants, qui s’étaient vus la veille pour la première fois, arrivent avec un de leurs maîtres2, sur le versant méridional du plateau sous les Baisses. Vers l’heure de midi, qu’annonçait dans le lointain le son de l’angélus, ils prennent leur repas à la Fontaine-des-Hommes. Bientôt ils descendent un peu plus bas, déposent leurs sacs près d’une fontaine tarie, et s’endorment à quelques pas l’un de l’autre.
Laissons parler ici les enfants… Nous donnons la concordance des deux récits, en laissant tour à tour la parole à l’un ou à l’autre des deux bergers.
«Après avoir fait boire nos vaches et avoir goûté, dit Maximin, nous nous sommes endormis du côté du ruisseau, tout près d’une fontaine tarie. Puis Mélanie s’est éveillée la première, et m’a éveillé pour aller chercher nos vaches. Nous avons passé le ruisseau, nous avons monté vis-à-vis et nous avons vu de l’autre côté nos vaches couchées; elles n’étaient pas loin.
– Je suis redescendue la première, dit Mélanie. Lorsque j’étais à cinq ou six pas avant d’arriver au ruisseau, j’ai vu une clarté, comme le soleil, encore plus brillante, mais pas de la même couleur, et j’ai dit à Maximin: ‟Viens vite voir une clarté là-bas!” et Maximin est descendu en me disant: ‟Où elle est?” Je lui ai montré avec le doigt, vers la petite fontaine, et il s’est arrêté quand il l’a vue. Alors nous avons vu la clarté s’ouvrir et nous avons vu une Dame dans la clarté; Elle était assise, la tête dans Ses mains.
– Et nous avons eu peur, continue Maximin, et Mélanie dit: ‟Ah! mon Dieu!” et elle a laissé tomber son bâton. Et je lui ai dit: ‟Garde ton bâton, va, moi je garde le mien. S’il nous fait quelque chose, je lui donne un bon coup.” Et la Dame S’est levée, a croisé Ses bras et nous a dit: ‟Avancez, Mes enfants, n’ayez pas peur. Je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle.” Et nous n’avons plus eu peur; puis nous nous sommes avancés et nous avons passé le ruisseau, et cette Dame S’est avancée vers nous autres, à quelques pas de l’endroit où Elle était assise, à l’endroit où nous étions endormis. Elle était entre nous deux… Elle nous a dit, en pleurant tout le temps qu’Elle nous a parlé:3
«Si Mon peuple ne veut pas se soumettre, Je suis forcée de laisser aller le bras de Mon Fils. Il est si lourd et si pesant que Je ne puis plus le retenir.
«Depuis le temps que Je souffre pour vous autres! Si Je veux que Mon fils ne vous abandonne pas, Je suis chargée de Le prier sans cesse. Et, pour vous autres, vous n’en faites pas cas. Vous avez beau prier, beau faire; jamais vous ne pourrez récompenser la peine que J’ai prise pour vous autres.
«Je vous ai donné six jours pour travailler; Je Me suis réservé le septième, et on ne veut pas Me l’accorder. C’est ce qui appesantit tant le bras de Mon Fils.
«Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le Nom de Mon Fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de Mon Fils.
«Si la récolte se gâte, ce n’est qu’à cause de vous autres. Je vous l’ai fait voir l’année dernière par les pommes de terre; vous n’en avez pas fait cas. C’est au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et vous mettiez le Nom de Mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, à la Noël il n’y en aura plus…
«Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront; et ce qui viendra tombera tout en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les petits enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront4; les autres feront pénitence par la faim. Les noix deviendront mauvaises, les raisins pourriront.»
C’est à ce moment que Maximin reçoit son secret; Mélanie n’entend pas la voix de la Sainte Vierge. Elle reçoit, à son tour, son secret; les paroles de Marie n’arrivent point aux oreilles de Maximin, qui voit seulement remuer Ses lèvres.5 La Sainte Vierge reprend dans le patois du pays:
«S’ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées par les terres.»
La Sainte Vierge S’adresse ensuite plus directement aux bergers:
«Faites-vous bien votre prière, Mes enfants?» Tous deux répondent: « Oh! non, Madame, pas beaucoup.»
Notre divine Mère continue: «Ah! Mes enfants, il faut bien la faire, soir et matin. Quand vous ne pourrez pas mieux faire, dites un Pater et un Ave Maria; et quand vous aurez le temps et que vous pourrez mieux faire, vous en direz davantage.
«Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la Messe; les autres travaillent tout l’été le dimanche; et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la Messe que pour se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie comme les chiens.
«N’avez-vous jamais vu du blé gâté, Mes enfants?
– Oh! non, Madame», répondent les enfants.
La Sainte Vierge, S’adressant à Maximin:
«Mais toi, Mon enfant, tu dois bien en avoir vu une fois vers le Coin, avec ton père. L’homme de la pièce dit à ton père: ‟Venez voir comme mon blé se gâte.” Vous y allâtes. Ton père prit deux ou trois épis dans sa main, il les frotta, et ils tombèrent en poussière. Puis, en vous en retournant, quand vous n’étiez plus qu’à demi-heure de Corps, ton père te donna un morceau de pain en te disant: ‟Tiens, mon enfant, mange cette année, car je ne sais pas qui mangera l’année prochaine, si le blé se gâte comme cela.”
– C’est bien vrai, Madame, reprend Maximin, je ne me le rappelais pas.»
La Très Sainte Vierge a terminé Son discours en français:
«Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout Mon peuple.»
– Puis Elle a passé le ruisseau, et à deux pas du ruisseau, sans Se retourner vers nous, Elle nous a dit encore:
«Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout Mon peuple.»
Les deux enfants ajoutent: «Puis Elle a monté une quinzaine de pas, jusqu’à l’endroit où nous étions montés pour regarder nos vaches. Ses pieds ne touchaient que le bout de l’herbe, sans la faire plier, comme si Elle était suspendue et qu’on L’eût poussée. Nous La suivîmes sur la hauteur, Mélanie a passé par devant la Dame, et moi, dit Maximin, à côté, à deux ou trois pas. Et puis cette Dame S’est élevée un peu en haut (d’un à deux mètres). Elle resta ensuite suspendue en l’air un moment. Puis Elle regarda le ciel, puis la terre. Puis nous n’avons plus vu la tête, plus vu les bras, plus vu les pieds. Elle semblait Se fondre. On n’a plus vu qu’une clarté en l’air.
– Et j’ai dit à Maximin, continue la jeune fille: ‟C’est peut-être une grande sainte.” Et Maximin m’a dit: ‟Si nous avions su que c’était une grande sainte, nous lui aurions dit de nous mener avec elle.” Et je lui dis: ‟Oh! si Elle y était encore!” Alors Maximin lança la main pour attraper un peu de la clarté, mais il n’y eut plus rien. Et nous regardâmes bien pour voir si nous ne La voyions plus. Et je dis: ‟Elle ne veut pas Se faire voir pour que nous ne voyions pas où Elle va.” Ensuite nous fûmes garder nos vaches. Après, nous avons été bien contents, et nous avons parlé de tout ce que nous avons vu.»
La Sainte Vierge, ajoute Mélanie «…avait des souliers blancs, avec des roses autour des souliers (il y en avait de toutes les couleurs), des bas jaunes, un tablier jaune, une robe blanche, avec des perles partout; un fichu blanc, des roses autour; un bonnet aussi blanc, un peu courbé en avant; une couronne autour de Son bonnet, avec des roses; Elle avait une chaîne très petite, qui tenait une croix avec son Christ; à droite étaient des tenailles, à gauche un marteau. Aux extrémités de la croix, une autre grande chaîne tombait comme les roses autour de Son fichu. Elle avait la figure blanche, allongée. Je ne pouvais pas la voir longtemps pourquoi qu’elle nous éblouissait.»
Ce ne fut que graduellement que la Sainte Vierge Se montra aux enfants dans la lumière: ils virent d’abord les mains, puis la tête, puis distinctement toute la personne qui leur apparaissait. Le globe lumineux avait environ six à huit mètres de diamètre. La Sainte Vierge était environnée de deux lumières différentes, une première immédiatement autour de Son corps glorieux, qui scintillait; une seconde lumière immobile, c’est dans celle-ci que se trouvaient les deux enfants pendant le discours. «Nous étions, disent-ils, si près de la belle Dame qu’une personne n’aurait pas pu passer entre Elle et nous.» La Sainte Vierge était d’une très belle et très haute taille. Sa voix ressemblait à une douce mélodie. Ses paroles arrivaient à l’intelligence des enfants d’une manière en quelque sorte mystérieuse. Maximin a dit ce mot remarquable:
«Pendant que la belle Dame nous parlait, il semblait que nous mangions Ses paroles.» La couronne de roses que la Sainte Vierge portait sur Sa tête cachait tout à fait Ses cheveux; Ses mains étaient aussi entièrement couvertes par les longues manches de Sa robe, et la petite fille a cru remarquer autour de Son cou un léger voile, semblable à la guimpe d’une religieuse.
Maximin n’a jamais pu voir, quelques efforts qu’il fît, le visage de la divine Vierge. Il était ébloui par l’éclat extraordinaire de Ses traits célestes. L’enfant voyait cependant l’extrémité de la lumineuse coiffure ou brillant diadème qu’Elle portait, et la partie inférieure du visage, jusqu’aux lèvres; mais rien de plus, ni le front, ni les yeux. Mélanie seule a pu nous assurer que la Sainte Vierge pleurait. Ses larmes ne descendaient pas jusqu’à terre, mais s’évanouissaient un peu plus bas que la ceinture, dans la lumière qui L’enveloppait. Au moment même où la Sainte Vierge allait disparaître, Ses larmes cessèrent de couler; mais Son visage fut toujours empreint d’une grande tristesse. Maximin était alors sur la droite, à quelques pas de distance, et Mélanie La regardait en face. En général, cette enfant a été plus impressionnée, et il semblerait aussi qu’elle ait été plus favorisée que le petit garçon, qui paraissait moins attentif.
Le peuple monte très tôt à La Salette; au premier anniversaire de l’Apparition, il se trouvait au nombre de soixante mille sur le sommet des Alpes. Ce n’était pas un seul pays, une seule province; c’était le monde, représenté par une imposante ambassade. Des flots immenses d’hommes et de femmes étaient venus de toutes parts, poussés par la foi, comme par un vent favorable; ils étaient montés, pour ainsi dire, contre les lois de la nature, vers un sommet élevé de ces grandes montagnes. Quel spectacle, quelle démonstration vraiment populaire! Figurez-vous ces masses compactes, qui s’agitent ou se reposent sur ces hautes collines; tantôt un silence religieux, tantôt les clameurs confuses d’une foule que transporte l’enthousiasme; le recueillement et la prière, après les chants des cantiques; soixante mille personnes maintenant à genoux, et puis se levant comme un seul homme; les vallées des Alpes, autrefois désertes, muettes, qui renvoient dans les airs ces milliers de voix, dont le bruit ressemble à celui des vagues; qu’on se figure aussi les cœurs émus, les âmes attendries, les larmes qui coulent sur cette terre de miracles, la foi, l’amour de Dieu dans leurs élans les plus sublimes.
Et puis, quand cette foule s’en allait par les sentiers des montagnes, elle emportait de pieux souvenirs, elle continuait ce qu’elle avait commencé. Ces nombreux pèlerins, rentrant dans leurs foyers, priaient la Vierge de La Salette, et surtout ils se convertissaient. Le saint nom de Dieu était plus respecté, et dès ces premiers temps les saints jours étaient moins profanés, le travail pendant les fêtes faisait place à la prière. On remarqua dans les cantons voisins de cette terre visitée par Marie, plus de fidélité aux lois de Dieu, aux saintes prescriptions de l’Église. Dieu à Son tour Se montrait plus clément, et le Ciel, dont les tempêtes avaient menacé le monde, semblait moins irrité. Ainsi le peuple se montrait dans les premières années qui suivirent l’Apparition.
Pendant les quatre ans qui s’écoulèrent après l’Apparition, Dieu Se montra d’une manière sensible; Il S’était déjà révélé par ce concours immense des peuples, cet entraînement général, ce bruit enfin de la grande nouvelle, qui retentit dans le monde: c’était la voix de Dieu. Il Se montra bientôt en levant le voile de l’avenir, et réalisant, du moins en partie, ce que la Vierge avait annoncé. Des fléaux avaient été prédits; la guerre éclata, le sang fut répandu, des trônes tombèrent. En ce moment les regards se tournaient vers La Salette; à la vue des révolutions qui troublaient, ensanglantaient le monde, on disait, on avait raison de dire: Ce sont des maux que la Vierge a prédits, et que les enfants ont annoncés. La terre, d’ailleurs, à part le sang et la guerre, qui le fait couler, portait dans son sein un germe de mort: déjà elle ne donnait plus à l’homme, comme autrefois, des fruits sains et vigoureux; les plantes languissaient: un peu plus tard la vigne n’avait plus sa verdure, ni les raisins leur fraîcheur; les végétaux, les productions les plus nécessaires manquaient. Elles vont continuer à pourrir, dit la Vierge de La Salette, en parlant de l’aliment le plus utile, le plus populaire, et à Noël il n’y en aura plus. Cette prédiction ne tarda pas à s’accomplir: l’hiver suivant, dans les pays voisins de La Salette, les populations des montagnes mouraient de faim.
On peut dire sans crainte qu’une partie des fléaux que les enfants ont annoncés ont déjà désolé la terré. [N.D.L.R. L’auteur écrivait ces lignes en 1864!] Les trésors de la fureur divine sont-ils fermés? doivent-ils se rouvrir encore?… Les prophéties de La Salette, comme la plupart des anciennes prophéties, dépendent de certaines conditions. Le changement des cœurs, le repentir, le retour à la foi, à l’observance des lois divines et des commandements de l’Église peuvent suspendre les coups de la justice et arrêter le torrent. L’avenir est donc incertain, il y a toujours quelque nuage dans les promesses et les menaces conditionnelles du Ciel.
«Lorsque les prédictions, a dit d’une manière remarquable Mgr Jacques Ginoulhiac, ont pour objet des promesses ou des menaces conditionnelles, les unes et les autres se vérifient entièrement que dans le cas où leurs conditions respectives sont entièrement remplies. On peut s’en convaincre aisément par l’histoire du peuple juif. Et c’est surtout à l’égard des prophéties conditionnelles que l’on ne devrait jamais perdre de vue ces belles paroles de Bossuet: ‟L’avenir se trouve toujours autrement que nous ne pensons, et les choses mêmes que Dieu en a révélées, arrivent en des manières que nous n’aurions jamais prévues.”»6 Quoi qu’il en soit de l’avenir qui nous attend, que le ciel s’obscurcisse ou qu’il devienne serein, que la France trop coupable éprouve les maux dont elle est menacée, ou que, revenant à Dieu, elle jouisse enfin de la paix, il sera toujours vrai de dire que le Seigneur S’est montré, et que, dès les premières années qui suivirent l’Apparition, Il souleva un coin du voile qui nous cachait Sa justice.
«Elle nous a dit en pleurant tout le temps… J’ai bien vu couler Ses larmes», dit Mélanie, bergère de La Salette. Rachel pleurant ses enfants, et elle n’a pas voulu se consoler, parce qu’ils ne sont plus.7 Lorsqu’un roi jaloux tira l’épée, trancha les jours d’une génération naissante et fit tomber sous ses coups ces jeunes victimes (les saints Innocents), les mères de Bethléem pleurèrent, et rien ne put les consoler. Pauvres mères, vos larmes sont justes et le meurtrier lui-même ne peut blâmer vos plaintes: plus d’enfants, un barbare les a tués; pleurez, jeunes mères, pleurez.
Voici une autre Rachel, une mère inconsolable. Quelle mère? Où sont ses enfants? C’est Marie; nous sommes Ses enfants: Femme, voilà Votre fils.8 Les membres de cette grande famille qui s’étend jusqu’aux extrémités de la terre, Lui appartiennent. Marie a pour les hommes toutes les affections maternelles: Dieu ne fait rien, ne dit rien inutilement; s’Il donne à Marie le nom de mère, ce nom a un objet, il opère ce qu’il signifie; Marie est vraiment notre Mère. Faut-il s’étonner qu’Elle nous pleure, si nous mourons?
Mais où est le tyran, où est le meurtrier? Hérode n’est plus… Hélas! pour un tyran qui est mort, mille autres sont venus, aussi cruels que leur père, tyrans des âmes, qu’ils font périr; tyrans de la vertu, qu’ils étouffent: l’orgueil, la volupté, l’amour des biens terrestres, les superbes révoltes contre Dieu et contre l’Église, les blasphèmes impies, l’enfer qui règne sur la terre; oh! combien de maîtres impitoyables, qui, sans verser le sang, donnent la mort aux âmes! C’est pour cela que notre Mère pleure: «J’ai bien vu couler Ses larmes.»
Rachel pleurant ses enfants, et elle n’a pas voulu se consoler, parce qu’ils ne sont plus. Elle pleure, car elle est Mère, et on Lui ravit Ses enfants, dans Son propre sein, pour les traîner à la mort. Oh! que de larmes contiennent les yeux d’une mère! Nous pleurons tous dans ce monde: qui n’a pas pleuré? Depuis les larmes du berceau, que les infirmités de l’enfance tiraient de nos yeux, jusqu’aux pleurs de la vieillesse, la source amère ne tarit point; mais cette source est plus abondante dans une mère, et surtout dans une mère affligée. Vous le savez, ô Marie, Mère inconsolable, nouvelle Rachel, assise et désolée au sommet des montagnes; ils le savent aussi les deux témoins de Votre peine, ces deux bergers qui virent un jour couler Vos larmes. Que devaient-ils penser en ce moment, quel sentiment éprouvaient-ils dans leurs cœurs?… Qu’Elle doit être malheureuse Celle qui verse tant de pleurs!
Que ferons-nous, ô Marie, pour essuyer les larmes qui coulent sur Votre visage? Nous Vous rendrons Vos enfants. Nous voici, nous revenons à Dieu, nous revenons à Vous; ne pleurez plus, ou s’il reste encore des fils égarés, nous pleurerons avec Vous, pour adoucir Vos douleurs. Vierge des Vierges, ne rejetez point ma prière; faites que je pleure avec Vous!9
«Elle portait sur Sa poitrine une croix avec son Christ…», témoignèrent les voyants de La Salette. Toutes les fois que l’on considère l’auguste image de Marie apparaissant aux bergers, on s’étonne des symboles qu’Elle portait sur Son cœur. Depuis les premiers jours de l’Église, Marie ne S’était jamais montrée sous de tels emblèmes. Ce lourd marteau, ces cruelles tenailles, cette croix pesante ont quelque chose d’étrange. Que signifient ces instruments, quelle en est la raison?
On peut aisément la comprendre: combien de Saints ont porté sur leurs corps mortels les sacrés stigmates d’un Dieu crucifié! D’où leur venaient ces marques glorieuses et cette noble ressemblance avec l’auguste Victime? Ils avaient contemplé la croix, ils avaient fixé leurs regards et leurs pensées sur le Calvaire, et dans une extase de douleur, dans les ravissements d’un martyre ineffable, ils s’étaient tellement attachés à la croix qu’elle s’était gravée dans leurs âmes et sur leurs membres mortels. Mais qui plus que Marie a contemplé le Calvaire? La voilà auprès de Son Fils qui souffre et médite; regardez-La bien; où sont Ses yeux, où est Sa pensée? Elle S’enivre de la douleur de Jésus; Elle éprouve dans Son âme les mêmes angoisses… Elle est crucifiée. Les coups de ce terrible marteau, qui retentissent sur le Calvaire, retentissent aussi dans Son cœur, et cet autre instrument cruel, qui tourmente les chairs de Jésus, déchire profondément Ses entrailles. Faut-il s’étonner que ces instruments, qui L’ont fait souffrir, se soient gravés sur Sa poitrine?
Ils sont d’ailleurs un noble souvenir, un glorieux trophée pour la Mère de Dieu: le Vainqueur porte toujours avec Lui l’instrument de Sa gloire. Marie a triomphé par la croix. Sur le chemin du Calvaire, Elle ne porta point, sans doute, l’instrument du supplice; Jésus le portait sur Ses épaules divines; Marie, oh! douleur pour une tendre Mère! Marie ne pouvait Le soulager dans cette tâche pénible; les bourreaux trop cruels La repoussaient loin de Lui. Ce fut un étranger, un Cyrénéen qui partagea le divin fardeau. Mais si une mère ne porte point la croix de son fils, elle en sent tout le poids dans son cœur. Votre âme, ô tendre Marie, était accablée, abîmée sous la croix. Oui, Marie a porté la croix, Elle a souffert sur la croix, et, comme Jésus, Elle a triomphé par la croix; il est donc juste qu’Elle montre sur Sa poitrine cet instrument de victoire. Et nous aussi, pieux enfants de La Salette, nous qui appartenons à la grande famille de cette Vierge, nous vaincrons par les mêmes armes.
Le premier empereur chrétien (Constantin) vit gravées en lettres de feu sur l’instrument de notre rédemption ces paroles remarquables: En ce signe vous vaincrez; il vainquait, en effet, et régna après la victoire. Combattons avec cette arme puissante; la victoire nous est assurée.
Il faut aussi, à l’exemple de notre Mère, à l’exemple de tous les Saints, contempler continuellement la croix, et en graver l’image au fond de nos cœurs; nous pourrons ensuite la porter, comme eux, sur nos poitrines. Pourquoi tant de symboles religieux sur les cœurs chrétiens, s’ils ne méditent pas, s’ils ne portent pas en eux-mêmes ces signes vénérés, s’ils ne sont pas unis à Jésus souffrant, s’ils ne sont pas crucifiés avec lui, comme l’Apôtre10?…
Contemplez la Vierge Marie, c’est l’image de Jésus-Christ, et les traits du Fils sont ceux de la Mère: une douleur couronnée, la grandeur sous les formes les plus modestes, la gloire et l’humilité; les larmes, la douleur, un front voilé de nuages, de tristesse, la croix, l’expiation et le sacrifice. Regardez et faites selon le modèle qui vous a été montré sur la montagne.11 Regardez Marie sur la nouvelle montagne, copiez-en les traits. Un chrétien ressemble à Marie, c’est Marie Elle-même, comme un chrétien est un autre Christ. Regardez donc, écoutez aussi. C’est la voix de Jésus, c’est le même langage: souffrir, s’immoler, obéir et pleurer. On dirait qu’en ces derniers temps Dieu a voulu Se montrer encore: c’est vraiment ici le portrait de Jésus, c’est Sa figure et Sa parole. Regardez, imitez, écoutez. Tel est le fruit du grand mystère de La Salette.
Pieux enfants de Marie, imitons notre Mère, et quand Ses traits divins seront gravés sur nos visages, montrons-nous à nos frères. Que chacun de nous se révèle aux regards du monde et lui dise: On raconte depuis longtemps une grande nouvelle: Marie, sur le sommet des Alpes; un diadème et des larmes; une Reine et une victime; Dieu enfin, manifesté dans Sa Mère. De ce lieu d’exil où Elle nous a laissés pour un temps, Elle est remontée vers les Cieux. Vous retrouverez en nous Son image. Ainsi nous remplirons la mission auguste qui nous est confiée.
Enfants de La Salette, membres dévoués d’une illustre famille, en parlant aux bergers des Alpes, Marie nous regardait: Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout Mon peuple.
Sources: Abbé Victor Albe, aumônier des Frères des Écoles-Chrétiennes, Notre-Dame de La Salette, ou Nouvelle Histoire de l’Apparition, avec ses conséquences pratiques, suivie d’un recueil de pieux exercices et de prières, Montpellier (France), Séguin, Baron et Malavialle, libraires, 1864; L’Apparition de la Très Sainte Vierge sur la Montagne de La Salette, publiée par la Bergère de La Salette, Mélanie Calvat, Mont-Tremblant QC, Éditions Magnificat, 1980.
1Notre-Dame de La Salette, ou Nouvelle Histoire de l’Apparition, avec ses conséquences pratiques, 1864, voir la référence complète à la fin de cet article. L’année précédant la publication de cet ouvrage fort documenté (près de 400 pages), l’auteur, M. l’abbé Victor Albe, avait élevé à Montpeyroux, sur les ruines d’une vieille forteresse médiévale, une chapelle en l’honneur de la Vierge Marie. Il dédia cette chapelle à Notre-Dame de La Salette, après avoir fait le pèlerinage à la sainte montagne de l’Apparition. Cette chapelle, d’architecture modeste, est la première église bâtie sous le titre de Notre-Dame de La Salette. Derrière l’autel était fort bien représentée la scène des Apparitions à Mélanie et à Maximin. La Vierge qui pleure, sortie du ciseau de l’illustre artiste Lodévois qui avait déjà sculpté le beau Christ du Pérou de Montpellier, était en cuivre repoussé. Dans un vitrail, la Vierge était représentée montant au Ciel. Le tout produisait chez les visiteurs une forte impression de piété. La cérémonie de l’inauguration fut fixée au 27 octobre 1863. Là ne s’arrêta pas le zèle du pieux fondateur; il désira entendre retentir sur la montagne les accents de la prière sans discontinuité. À la chapelle, il décida d’ajouter un édifice assez vaste pour abriter une communauté religieuse. L’on vit bientôt s’élever un immense couvent qui domina un temps la belle plaine de l’Hérault. Une phalange de Bénédictines adoratrices vint s’y fixer. La petite colline devint un triomphant Thabor où les chants sacrés succédaient aux ardentes prières. La petite cloche, même durant les heures de la nuit, annonçait qu’à tout moment des âmes priaient devant le très Saint-Sacrement. La porte des remparts s’ouvrait chaque jour pour laisser passer les pieux pèlerins. Après la mort de M. l’abbé Albe (vers 1887), un orphelinat y fut établi. Les pèlerinages se succédèrent jusqu’à la fin de la guerre de 1914-1918. Malheureusement, faute d’entretien, il ne reste actuellement de la chapelle que quelques murs en ruine. https://montpeyroux.info/news/histoire/
2Pierre Selme, maître de Maximin. Mélanie était au service de Baptiste Pra.
3Pour le discours de la Vierge qui suit, nous utiliserons le récit intégral de Mélanie. Le texte de l’abbé Albe est presque identique, sauf quelques mots traduits du patois qui veulent dire exactement la même chose.
4La mortalité des petits enfants est constatée par M. Perrin. En 1854, les cantons de Mens et de la Mure, dans le département de l’Isère, furent cruellement frappés. Les petits enfants étaient enlevés à leurs mères, par un mal inconnu, avec une foudroyante rapidité. La science impuissante et déconcertée ne savait que faire. Beaucoup de protestants des alentours, fléchis par une telle douleur, se mirent à faire le pèlerinage à La Salette et se convertirent au catholicisme. Et la mortalité infantile cessa bientôt. À Pontlieue, près du Mans, l’épidémie fut si terrible qu’on n’y voyait presque plus d’enfants. À Gand (Belgique), le recours à Marie sauva des milliers d’innocentes créatures, vouées à une mort inévitable si le fléau n’eût cessé ses ravages. (L’abbé A. Durand, Notre-Dame de La Salette, ses harmonies avec l’histoire et les besoins de notre époque, Grenoble, Auguste Côté, libr. 1873, p. 223-224)
5Mélanie Calvat a publié en 1879 le récit de l’Apparition incluant le Secret qui lui fut donné (la Vierge lui avait dit qu’elle pourrait le publier dès 1858). Ce texte a été réimprimé aux Éditions Magnificat, et est toujours disponible.
6Préface de l’Apocalypse, No XV
7Jérémie 31, 15
8S. Jean 19, 26
9Hymne Stabat Mater
10S. Paul, Galates 2, 20: Je suis crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi.
11Sainte Bible, Exode 25, 40
«Pendant que la Sainte Vierge nous parlait, Elle pleurait et versait d’abondantes larmes. Oh! qui ne pleurerait pas en voyant sa mère pleurer! Et encore notre Mère pleurait sur l’ingratitude de Ses enfants. Ses larmes étaient brillantes; elles ne tombaient pas sur la terre, elles disparaissaient comme des étincelles de feu. Les traits de Marie étaient blancs et allongés, Ses yeux très doux, Son regard était si bon, si affable, qu’il nous attirait vers Elle, comme malgré nous. Oh! oui, on devrait mourir plutôt que de ne pas L’aimer! On devrait faire plus encore; il vaudrait mieux n’avoir jamais existé que de ne pas L’aimer ou d’empêcher quelqu’un de L’aimer. Ah! si je pouvais faire entendre ma voix dans tout l’univers, je satisferais alors l’ardent désir que j’ai de voir Marie aimée.
«Jésus et Marie, puissiez-Vous être connus et aimés de tous les cœurs; c’est toujours ma première pensée à mon réveil.»
Sœur Marie de la Croix, la dernière des religieuses
Lettre de Bse Mélanie Calvat, 1853
«Comme le but principal de l’Apparition à été de rappeler les chrétiens à l’accomplissement de leurs devoirs religieux, au culte divin, à l’observation des commandements de Dieu et de l’Église, à l’horreur du blasphème et à la sanctification du dimanche, nous vous conjurons, nos très chers Frères, en vue de vos intérêts célestes et même terrestres, de rentrer sérieusement en vous-mêmes, de faire pénitence de vos péchés, et particulièrement de ceux que vous ayez commis contre le deuxième et le troisième commandement de Dieu. Nous vous en conjurons, nos Frères bien-aimés, rendez-vous dociles à la voix de Marie qui vous appelle à la pénitence, et qui, de la part de Son Fils, vous menace de maux spirituels et temporels, si, restant insensibles à Ses avertissements maternels, vous endurcissez vos cœurs.»
Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, extrait du Premier Mandement, qui contient le jugement doctrinal sur l’Apparition de La Salette, 19 septembre 1851 (cinquième anniversaire de l’Apparition).
Le 19 septembre 2021, au Monastère du Magnificat de la Mère de Dieu, nous avons célébré, par une journée de prières intenses, l’anniversaire de l’apparition de la Très Sainte Vierge à La Salette. Voici quelques photos de la Messe solennelle, de la procession durant l’après-midi et de la procession aux flambeaux à la tombée de la nuit, suivie d’une Messe brève.
«Que votre foi soit la lumière qui vous éclaire en ces jours de malheurs.» (Notre-Dame de La Salette)
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Signe de la Croix
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
Prière préparatoire
Ô Jésus! Nous allons parcourir avec Vous le chemin du Calvaire qui Vous fut si douloureux. Faites-nous comprendre la grandeur de Vos souffrances, touchez nos coeurs d’une tendre compassion à la vue de Vos tourments, afin d’augmenter en nous le regret de nos fautes et l’amour que nous voulons avoir pour Vous.
Daignez nous appliquer à tous, les mérites infinis de Votre Passion, et en mémoire de Vos douleurs, faites miséricorde aux âmes du purgatoire, surtout à celles qui sont les plus abandonnées.
Ô divine Marie! qui la première, nous avez enseigné à faire le Chemin de la Croix, obtenez-nous la grâce de suivre Jésus avec les sentiments dont Votre Coeur fut rempli en L’accompagnant sur la route du Calvaire. Faites que nous pleurions avec Vous, et que nous aimions comme Vous Votre divin Fils. Nous Vous le demandons au nom de Son Coeur adorable. Ainsi soit-il.
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