être attentif à
dieu
pour voir toutes
choses avec des vues de foi
par Père Mathurin de la Mère de Dieu
Cette année, je vou-
drais vous donner
comme mot d’ordre:
d’être attentif à Dieu.
Certainement, un des
grands malheurs sur la
terre, c’est que les
humains vivent distraits
de l’essentiel. De là
viennent toutes les
bévues, les sottises,
toute la folie humaine
qui se manifeste de
mille manières.
Marche en Ma présence, et tu seras parfait, dit la
Sainte Écriture.
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On est distrait de Dieu, tandis que
les choses de la terre, les biens matériels, nos petits
intérêts personnels captivent notre attention et notre
cœur.
Ces choses nous captivent au point de nous
détourner de Dieu. C’est le péché! Qu’est-ce que le
péché? C’est tout ce qui nous détourne de Dieu. C’est
ainsi que saint Thomas d’Aquin définit le péché. Il dit
que tout ce qui nous détourne de Dieu, tout ce qui
nous empêche de Le servir et d’être Ses apôtres, d’être
de vrais chrétiens, est un péché.
On est distrait de Dieu, inattentif à Ses volontés:
c’est plus ou moins grave selon que c’est plus ou
moins conscient, et selon que cela dure plus ou moins
longtemps. Si je disais: «Je vous souhaite de ne pas
pécher cette année», ce serait un peu embarrassant et
aussi trop vague... Pourtant, un chrétien ne devrait
pas offenser le bon Dieu, mais on sait que malheureu-
sement, cela peut nous arriver trop facilement.
Je vous donne donc comme mot d’ordre d’être
attentif à Dieu, autant que cela est possible à de
pauvres humains fragiles. Que votre âme, votre cœur,
votre esprit, toutes les fibres de votre être, tout ce que
Dieu a mis de talent, de capacité en vous: intelli-
gence, mémoire, imagination, sensibilité, soient
appliqués à Dieu, à Lui plaire, à Le servir, à l’exemple
de Jésus, notre parfait Modèle. Tout ce que Jésus a
fait sur la terre, c’était pour honorer Son Père, c’était
pour Lui obéir, c’était pour manifester aux humains
Son Amour Infini.
Parmi les humains, certains ont plus de talent
dans tel domaine, d’autres dans tel autre. Nous nous
complétons les uns les autres. Que chacun s’applique
à mettre au service du prochain toutes les facultés que
Dieu Lui a données! Qu’on le fasse simplement, bon-
nement, attentif autant que possible à plaire à Dieu.
Que tous les instants de cette année soient voués à
cette occupation intérieure, tout en vaquant tantôt à
la prière extérieure, tantôt à des travaux, à manger, à
voyager, en un mot, à toutes sortes d’occupations
nécessaires que Dieu nous demande d’accomplir.
C’est le mot d’ordre que je vous donne pour cette
année. Et en pratiquant ce mot d’ordre, mes frères,
mes sœurs, je vous invite à penser à tous nos frères de
la terre qui ne connaissent pas leur Père des cieux,
afin qu’ils Le découvrent, que Dieu Se manifeste à
eux. Nous voulons connaître Dieu le Père? Regar-
dons Jésus, nous verrons aussi le Père, nous Le
connaîtrons. Philippe, qui Me voit, voit aussi Mon
Père,
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dit Jésus dans l’Évangile.
Soyons attentifs à Dieu comme les petits enfants
qui ont les yeux fixés sur leurs parents. Imitons-les
dans leur simplicité, leur confiance, car Dieu Se révèle
aux petits. Je Vous rends grâce, Père, Seigneur du
Ciel et de la terre, de ce que Vous avez caché ces
choses aux sages et aux prudents, et de ce que Vous
les avez révélées aux petits. Oui, Père, Je Vous rends
grâce parce qu’il Vous a plu ainsi.
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Jésus exprime
dans cette phrase Sa louange et Sa reconnaissance à
Son Père parce qu’Il Se manifeste aux petits et aux
humbles.
Comme des enfants avec notre Père des
Cieux
Les tout-petits enfants, sur qui ont-ils les yeux
fixés? Sur leurs parents. D’autres arrivent, ils ont
beau leur faire des sourires, des câlins qui retiennent
un instant leur attention, mais cela ne dure pas. Dès
que papa ou maman reviennent, le petit se détourne
de tout et n’a d’yeux que pour eux. Pourquoi? Parce
que son intérêt, son cœur sont dans ses parents. Il
peut être occupé à d’autres choses entre-temps, mais
son attention se tourne toujours vers ses parents.
Eh bien! c’est cela. Que cette année notre cœur
soit attentif à Dieu. Même si nous devons nous occu-
per des choses de la terre, vaquer à diverses occupa-
tions, que notre cœur, notre esprit se tournent très
souvent vers Dieu et Lui soient attentifs. Et Dieu Se
manifestera. Celui qui garde Mes commandements,
c’est celui-là qui M’aime, dit Jésus. Or celui qui
M’aime sera aimé de Mon Père, et Je l’aimerai aussi,
et Je Me manifesterai à lui.
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Dieu Se manifeste, Se révèle aux petits, aux
humbles, et Il Se cache aux grands, ceux qui se
pensent grands, qui sont indépendants et qui ont
l’esprit, le cœur et la tête absorbés ailleurs. Ces
grands peuvent être des spécialistes, ils peuvent vous
parler des heures de temps de toutes sortes de
«patentes», mais ils ne connaîtront rien des secrets
de Dieu s’ils ne sont pas humbles et à l’écoute de
Dieu, attentifs à Lui. Il n’y a rien de mal à posséder
des compétences humaines; au contraire, il en faut,
autrement nous n’aurions rien du nécessaire: habita-
tion, chauffage, nourriture, vêtements, etc. Mais
notre conversation, notre intérêt ne doivent pas être
orientés seulement vers cela. À travers ces occupa-
tions nécessaires, notre cœur doit demeurer attentif à
Dieu, soucieux de Lui plaire, de demeurer dans Sa
sainte Volonté.
Chaque fois que nous réalisons que nous sommes
en train de nous laisser accaparer par des pensées ou
des choses futiles, disons: «Mon Jésus, mon Dieu,
pardon! Daignez captiver mon esprit, mon cœur afin
que je ne vive que pour Vous!» Le bon Dieu exaucera
certainement une telle prière, car Il a créé l’homme
pour Se manifester à lui et en être aimé. Il a créé
l’homme «pour Le connaître, L’aimer et Le servir et
pour qu’il soit heureux avec Lui dans le Ciel pendant
l’éternité». C’est le but de la création. Imaginez!
Dieu m’a créé, Il a créé chacun des êtres humains par
amour, pour leur manifester Son amour et pour en
être aimé par-dessus toutes choses.
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Quelle décep-
tion pour Lui, quelle souffrance pour le Cœur de
Jésus, l’Homme-Dieu, quand l’humain préfère les
choses de la terre à Son amour, quand il se laisse
volontairement distraire par les plaisirs de toutes
sortes!
Pour continuer la comparaison du petit enfant
tout attentif à ses parents, quelle joie pour un père ou
une mère de voir son petit entièrement occupé de lui!
Mais quand les enfants vieillissent, ils prennent leurs
distances, ils sont moins intéressés à leurs parents et
cela attriste un peu les parents. Les enfants ont
d’autres intérêts, ils sont ailleurs... Tous les parents
vivent cela à différents degrés. Dans l’ordre humain,
c’est normal que les enfants volent de leurs propres
ailes à un moment donné et que forcément, ils
s’éloignent un peu. Mais nous avec Dieu, il faut
demeurer de petits enfants. Si vous ne devenez
comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le
royaume des cieux, dit Jésus.
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À Fatima, la très Sainte
Vierge disait: «L’humanité
ne s’est pas développée
comme Dieu l’entendait.»
Cela veut dire qu’elle ne s’est
pas développée selon les des-
seins de Dieu, selon Sa volonté.
Pourquoi? Parce que les
humains ont mis leur cœur et
leur attention à suivre leur
orgueil et leurs caprices, au
lieu d’être attentifs à la Loi et à
la Pensée de Dieu et à s’y
conformer. On ne s’est pas
beaucoup préoccupé de Dieu.
Malheureusement, la plupart
des humains passent sur la
terre sans se préoccuper de Dieu. Les résultats sont
là...
Il ne faut pas que ce soit notre cas, mes frères et
mes sœurs. Soyons des enfants de notre Père des
cieux, qu’Il puisse trouver en chacun de nous un
enfant attentif à Lui! Si c’est une si grande joie pour
des parents de voir leur petit tout attaché à eux et, par
contre, s’ils ont le cœur gros quand, en grandissant,
les enfants se désintéressent un peu d’eux, imaginez
ce que peut ressentir notre Père des cieux quand Ses
enfants se détournent de Lui. De toute éternité, Il
nous a aimés d’un Amour infini, et voilà que ces
pauvres petits humains de qui Il attend l’amour,
L’oublient et même se détournent de Lui en préférant
les riens de la terre. Quelle déception, quelle peine!
Dans Ses apparitions à sainte Marguerite-Marie,
Jésus Se plaignait en ces termes: «Voilà ce Cœur qui
a tant aimé les hommes qu’Il n’a rien épargné
jusqu’à S’épuiser et Se consommer pour leur témoi-
gner Son amour. Et pour reconnaissance, Je ne
reçois de la plupart que des ingratitudes... par les
froideurs et les mépris qu’ils ont pour Moi...»
Il me semble que c’est une des plus grandes
offenses que nous pouvons faire à Dieu: mépriser
Son Amour, ne pas y prêter attention, Le traiter avec
indifférence et préférer les choses de la terre. Quelle
déception pour le Cœur de Dieu! Par contre, un seul
enfant de Dieu qui a le cœur tout attaché à Dieu, qui
est tout attentif à Lui et qui veut Lui plaire en tout,
cette âme peut consoler le Père des cieux et Lui faire
oublier la multitude des peines que d’autres âmes Lui
causent par leur indifférence.
À cause d’une âme qui L’aime, qui Lui est atten-
tive, qui L’implore de pardonner à ceux qui Le
négligent et L’offensent, le bon Dieu pardonne, Il fait
miséricorde, Il oublie les innombrables ingratitudes
du genre humain. Voilà notre rôle, mes frères, mes
sœurs. Elle est là notre vocation: consoler notre Père
des cieux, et intercéder pour qu’Il pardonne. Il aime
qu’on L’amène, par notre amour et nos prières, au
pardon pour nos frères et sœurs de la terre qui
L’oublient.
Faisons honneur à notre Père
Aussi, mes frères et mes sœurs, pour honorer
notre Père des cieux cette année, je vous souhaite de
voir toutes choses selon des vues de foi: tout ce
qui vous arrive, tout, tout. C’est mon souhait. Et en
vous faisant ce souhait à vous, j’adresse aussi ce sou-
hait à tous nos frères et sœurs de la terre. En le
pratiquant, nous, que nous obtenions à tous nos
frères et sœurs de la terre d’arriver à cet idéal: recon-
naître l’action de Dieu dans tous les événements de la
vie, discerner Sa main paternelle, amoureuse qui
guide nos vies, dans la souffrance, dans l’épreuve
comme dans la joie et la consolation, enfin en toutes
circonstances et de toutes manières.
Tout ce qui arrive dans nos vies est voulu ou per-
mis par notre Père des cieux, un Père rempli d’amour
et qui ne veut que notre plus grand bien. En envisa-
geant ainsi tous les événements de notre vie, nous
profiterons de tout. Tout tourne au bien de ceux qui
aiment Dieu, dit saint Paul.
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Si nous, nous sommes
souvent distraits, Dieu, Lui, est toujours attentif à
chacun de Ses enfants. Rien ne Lui échappe et Il fait
tout concourir au bien des âmes. Je vous souhaite de
découvrir et surtout de croire à cette action de la
divine Providence dans chacune de nos vies. Si vous
êtes attentif, vous le réaliserez, et votre cœur sera
plein de joie.
Pourquoi perdons-nous si facilement la joie et la
paix de l’âme? Parce que nous ne voyons pas la main
de Dieu dans ce qui nous arrive. Nous ne faisons pas
l’acte de foi de nous dire qu’en tout et partout, c’est
l’amour de notre Père des cieux qui organise et dirige
toutes choses. Pourtant cette action constante de la
divine Providence est clairement affirmée dans le
saint Évangile, lorsque Jésus dit: Deux passereaux ne
se vendent-ils pas un as? Cependant il n’en tombe
pas un à terre sans la volonté de votre Père. Les che-
veux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne
craignez donc point; vous valez mieux que beaucoup
de passereaux.
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Cette année, je vous invite à honorer d’une
manière toute spéciale le Père éternel, notre Père des
cieux. Nous pouvons le faire particulièrement par la
récitation attentive du Notre Père, la prière enseignée
par Jésus Lui-même à Ses Apôtres qui Lui deman-
daient comment prier. Il répondit: Vous direz Notre
Père qui êtes aux cieux... etc.
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Je vous invite à réciter
souvent ce Notre Père, posément, dans votre cœur.
Que la prière devienne vraiment, comme les Saints
aiment le dire, «la respiration de votre âme».
Empruntons, demandons à notre sainte Mère et à
Jésus Lui-même qu’Ils nous prêtent Leurs sentiments
quand eux-mêmes récitaient cette si belle prière.
Chaque fois que nous la formulons, supplions: «Mon
Jésus, ma bonne Mère Marie, prêtez-moi Vos senti-
ments. Je veux Vous ressembler en récitant cette
prière. C’est le désir de mon cœur.» Dans cette pers-
pective, la prière prend une force immense. Deman-
dons d’être tout imprégné des sentiments, des
pensées de Jésus Lui-même, d’être attentif comme
Lui à Son Père dans toutes les actions de notre vie,
afin que nous devenions d’autres Jésus. Ce n’est plus
moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi,
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disait saint
Paul. C’est la grâce que je vous souhaite. Au nom du
Père et du Fils et du Saint-Esprit, et de la Mère de
Dieu. Ainsi soit-il.
Mot
d’ordre
et
souhait
pour
2011
1.
Gen. 17, 1
2.
S. Jean 14, 9
3.
S. Matth. 11, 25-26
4.
S. Jean 14, 21
5.
Cf. S. Luc 10, 27
6.
S. Matth. 18, 3
7.
Rom. 8, 28
8.
S. Matth. 10, 29-31
9.
S. Matth. 6, 9-13; S. Luc 11, 1-4
10.
Gal. 2, 20