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de la foi et de la vérité pour la conservation

L’Oubli de soi,

pour suivre Jésus dans Sa voie royale

par Père Mathurin de la Mère de Dieu

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il. En ce premier jour de l’An, j’offre tout d’abord mes vœux à notre Père Éternel, à qui tout honneur et toute gloire appartiennent, comme on vient de Le prier dans la liturgie. L’Église a coutume, chaque 25 ans, de proclamer une année sainte. Pour l’occasion, à la basilique de Saint-Pierre-de-Rome, on ouvre la porte sainte qui entre-temps demeure scellée, geste symbolique qui mani- feste de manière tangible l’ouverture de l’année sainte. 1 Une année sainte, le mot le dit, c’est une année que l’on sanctifie. Déjà, Nous avions fait de 2024 une année sainte pour souligner le 800 e anniversaire de la stigmatisation de saint François d’Assise. Répondant au désir qui vous a été manifesté, vous avez été nombreux à faire le chemin de croix chaque vendredi. Spontanément et avec générosité, tous ceux qui l’ont pu l’ont fait à la Mon- tagne du Via Crucis, dans toutes sortes de conditions et d’intempéries. Je vous en remercie, mes frères, mes sœurs. Je crois que l’amour des souffrances de Jésus pour nous s’est accru dans vos cœurs par cet exercice du chemin de la croix. Ce fut donc une année sainte. Eh bien, je vous invite à faire de cette année 2025 une année plus sainte encore. C’est possible, plus sainte, c’est toujours possible. Quand Dieu prête vie à Son enfant, c’est qu’Il le destine à plus. Et chaque moment de nos vies que Dieu nous prête, c’est parce qu’Il nous destine à plus. Depuis l’origine des temps, les ministres de l’Église nous présentent la religion de toutes sortes de façons, mais à la base, c’est toujours la même vérité: Jésus est venu, Il nous a montré le chemin du Ciel, Il nous l’a prêché, puis Il est mort, nous donnant un exemple éclatant de ce qu’Il attend de nous. Cette année 2025 souligne un autre anniversaire, et c’est sous cet angle-là que nous allons nous motiver davantage pour la sanctifier. En 1925, le pape Pie XI instituait la fête du Christ-Roi, la fixant au dernier dimanche d’octobre. Cela fait donc cent ans que la fête de la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ a été établie dans l’Église. Pour vous qui aimez les belles formules, je vous invite à faire de 2025 une année sainte royale, royale à la façon de notre Roi Jésus.

Mot d’Ordre et Souhait

Cette année, Nous vous faisons ce souhait: que Jésus soit vraiment notre Roi. Je vous souhaite, mes frères, mes sœurs, que chacun de vous, dans vos cœurs, désiriez avec ardeur être les vrais serviteurs, les vrais disciples de notre Jésus-Roi. Pour y arriver, je vous donne un mot d’ordre qui peut sembler assez simple: l’oubli de soi. Sainte Marie de Jésus Crucifié disait en extase: «Le moi – l’égo – c’est ce qui perd le monde.» 2 C’est la raison pour laquelle Nous vous donnons ce mot d’ordre: l’oubli de soi. Que chacun de vous s’applique, cette année, à s’oublier. Que chacun s’applique à faire abs- traction de son moi, de son égo, dans toutes ses actions, mais d’abord dans ses pensées. Vous le savez, les mêmes idées reviennent toujours, et si je répète souvent cette même histoire de nos origines, c’est pour qu’elle soit bien gravée dans notre esprit et dans notre cœur, afin que cette notion oriente toute notre vie. Avant d’être le Ser- pent, l’ange réprouvé, Lucifer était le plus bel ange que Dieu avait créé. Or, quand Dieu lui présenta Son projet de l’Incarnation du Verbe, l’amour-propre de Lucifer, son égo, s’était trouvé froissé, blessé, contrarié. Cela a provoqué son «non serviam, je ne servirai pas, je n’adhère pas à ça.» L’amour démesuré de son moi, de son égo, a conduit Lucifer à se révolter contre Dieu, et l’Apocalypse nous apprend qu’il entraîna un tiers des anges dans ce même mouvement de révolte. 3 Cela a fait l’enfer. Quand, éventuellement, l’homme eut été créé, Satan l’entraîna dans le même vice: l’amour-propre. «Dieu ne veut pas que vous touchiez à la pomme, car si vous mangez de ce fruit défendu, vous serez comme des dieux, vous serez égaux à Lui.» Adam et Ève vivaient dans une intimité, une familiarité avec Dieu, notre Père des Cieux. Cependant, le Serpent – un serpent! – a réussi à les faire tomber en flattant leur égo, leur amour- propre. La ruse de Satan a fonctionné à merveille avec nos premiers parents, qui n’avaient pourtant pas le péché originel. 4 Quand nos premiers parents sont tombés dans le péché en mordant la pomme, c’est comme si le Serpent les avait eux-mêmes mordus. Ils ont été mordus par ce venin d’amour-propre, de vanité pour leur petit per- sonnage, leur égo. Le même orgueil qui a perdu Satan et les anges, a perdu nos premiers parents. Cet orgueil de la créature libre est quasiment un mystère! Et pourtant nous l’expérimentons tous, nous le portons tous en nous. Je répète la petite phrase dite par sainte Marie de Jésus Crucifié en extase: «Le moi est ce qui perd le monde.» Quand on voit ce qui s’est passé dès l’origine et à la suite des siècles, on n’a pas besoin d’extase pour comprendre cette grande vérité que c’est bien l’orgueil, le moi qui perd le monde... Mais si Dieu nous le rap- pelle par le biais d’une extase, c’est parce que nous, les humains, nous sommes aveuglés et dans l’illusion, tant par notre frivolité que par notre trop plein d’égo qui altère le jugement. Chacun de nous trouve son égo pas mal spécial, assez singulier. Parfois, trop souvent même, on estime son égo meilleur que celui du voisin. Pire encore, même si on ne se l’avoue pas, les volontés de Dieu, Ses projets, Ses plans sont mis en balance avec notre égo. Notre moi évalue tout.

Jésus, notre grand Modèle

Le grand Modèle, ici comme ailleurs, qui nous motive à la pra- tique de toutes les vertus, mais singulièrement de celle du renonce- ment à soi-même, c’est Jésus, le Rédempteur, le Réparateur. Il est témoin du péché de l’homme, c’est Lui qui est offensé. Il nous voit tomber dans cette stupidité. C’est le terme le plus charitable qu’on puisse dire, parce qu’en réalité on est pas mal stupide, on se com- porte comme des imbéciles. Justement, en raison de notre peu d’intelligence, Dieu nous fait miséricorde. De toute évidence nous sommes beaucoup plus stupides que le Serpent, parce que lui n’a pas eu droit à la miséricorde de Dieu. Que voulez-vous? Notre Dieu a pitié de nous. Au moins, sachons reconnaître que nous sommes dépourvus d’intelligence. Pour nous sortir de notre fange, Jésus vient donc nous montrer la voie royale. Vous vous souvenez de l’occasion où Jésus a pro- clamé Sa royauté? C’est précisément l’évangile de la Messe du dimanche du Christ-Roi. La foule des juifs a traîné Jésus devant le tribunal de Pilate, qui Lui demande: «Ils disent que Tu es roi, es-Tu vraiment roi? – Oui, dit Jésus, oui, Je suis Roi.» Depuis la veille, Ses ennemis et toute cette populace s’acharnent sur Lui. Jésus a été frappé publiquement par des valets devant le tribunal de Caïphe et d’Anne. Il a passé la nuit dans le cachot. Les soldats ne se sont pas gênés, ils L’ont frappé, ils L’ont souffleté, ils ont craché sur Lui et pire encore. Toute la nuit on L’a accablé d’affronts, d’injures, de coups. C’est abominable les injures qu’ils ont faites à notre Dieu, à notre Jésus. C’est abominable ce qu’ils ont fait. C’est dans cet apparat, dans ce décor, que Jésus comparaît devant Pilate et qu’Il répond à sa question: Es-Tu Roi? – Tu le dis, oui, Je suis Roi. Immédiatement, Jésus enchaîne: Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est du parti de la vérité entend Ma voix. 5 C’est pour cela que Jésus est venu, pour faire entendre la vérité, et quiconque est du parti de la vérité entend Sa voix. Pilate, sceptique, ajoute: «Qu’est-ce que la vérité?» Sans attendre la réponse, il se lève et s’en va. Mais la vérité! Jésus la proclame tout au long de ce scénario que nous contemplons où Il est bafoué, avili et piétiné comme un ver. «Je suis Roi. Et ceux qui sont de la vérité, qui sont du parti de la vérité, entendent Ma voix, ils Me comprennent et ils Me reconnaissent pour leur Roi. Ceux qui veulent la vérité, qui la désirent vrai- ment, la reconnaissent. Eux autres vont Me suivre.» C’est Notre souhait pour cette année: Suivez la voie royale de Jésus. Contemplez-Le, suppliez-Le. Dites-Lui combien vous voulez Le suivre, et surtout appliquez- vous à vous oublier. C’est Notre mot d’ordre: faites mourir votre ego, votre moi. Je vous lis le texte complet de sainte Marie de Jésus Crucifié en extase: «Le moi est ce qui perd le monde. Ceux qui ont le moi portent la tristesse, l’angoisse avec eux. On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Si on a le moi, on n’a pas Dieu; et si on a Dieu, on n’a pas le moi. Vous n’avez pas deux cœurs, vous n’en avez qu’un… Tout réussit à celui qui n’a pas le moi; tout le contente… il y a le moi, il n’y a pas l’humilité, ni la dou - ceur, ni aucune vertu. On prie, on supplie, et la prière ne monte pas, n’arrive pas à Dieu… Celui qui n’a pas le moi a toutes les vertus et la paix et la joie.» Le moi est ce qui perd le monde. Ceux qui ont le moi: c’est-à-dire ceux qui sont pleins de leur moi. Mais y a-t-il quelque chose qui habite davantage chacun de nous que notre moi? Comment fait-on pour se défaire de son moi? Car c’est le moi qui perd le monde. Et Ceux qui ont le moi portent la tristesse, l’angoisse avec eux. Écoutez la prochaine phrase: On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Plus on fait disparaître cet égo, ce moi, ce vaniteux, pour y mettre Jésus, plus on devient des êtres divins. C’est la voie royale à laquelle je vous invite cette année. Dieu et le moi ne peuvent habiter ensemble. Sainte Marie de Jésus Crucifié le répète dans trois phrases qui disent la même chose, puis elle renverse les deux. On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Impos- sible. Si on a le moi, on n’a pas Dieu. Si on a Dieu, on n’a pas le moi. Les extases de sainte Marie de Jésus Crucifié étaient divines, réelles, elle n’a pas inventé ces mots. Dieu parlait vraiment par elle. Ce message réfère à ce qu’on pourrait appeler la phrase centrale de l’Évangile. Si vous avez peine à vous rappeler tout l’Évangile, vous pouvez le résumer dans cette seule parole de Jésus: Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il se renonce soi-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et qu’il Me suive. 6 Quand Il prononce ces mots, Il n’avait pas encore proclamé Sa royauté. «Mais si quelqu’un veut Me reconnaître et Me suivre comme étant son Roi, et veut être Mon serviteur, Mon disciple, être Mien, alors qu’il se renonce. Qu’il se renonce à lui-même et qu’il Me suive.»

Amour de Dieu et du prochain

J’invite les prédicateurs à développer le thème cette année. Sujet vaste! Le moi est aussi vaste que la vanité de l’homme. C’est sournois ce moi, subtil et rusé comme l’orgueil de l’homme. Mon Dieu, que ce moi- là est subtil et cruel! Mes frères et mes sœurs, je vous invite à être sans pitié pour votre moi. Démasquez-le. Soyez tout amour pour Dieu, tout amour pour votre prochain. D’ailleurs, c’est la recette. Voulez-vous faire mourir votre égo? Appliquez votre cœur, votre pensée à Jésus, à Dieu et à votre prochain. Vous l’avez certai- nement déjà éprouvé. Expérimentez-le de plus en plus. On s’applique à Dieu par l’obéissance, par la pratique de l’Évangile et des commandements, par l’humble soumission aux supérieurs, par l’accomplissement des règles et règlements, de ses devoirs. Tout cela, c’est chercher Dieu. Et l’amour du prochain est semblable au premier commandement. 7 Appliquez-vous à cela, dans l’oubli de votre égo et nous vivrons une année royale. Oh! ce sera une année sainte!

Les leçons de Jésus, notre Roi

Je voudrais contempler avec vous l’exemple de Jésus, faire le portrait de notre Roi en cette année cente- naire de la fête de Sa royauté. Comment notre Roi S’est-Il manifesté? Tandis que l’Enfant-Jésus était dans la crèche, à Bethléem, trois rois partis d’Orient arrivent à Jérusalem et s’enquièrent: «Où est le Roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu Son étoile et nous sommes venus L’adorer. 8 – Comment ça, un roi?» leur répond-on. Dieu, le grand Roi des Juifs, notre Roi éternel S’incarne, Il vient Se manifester à l’homme, et Il est tellement caché et inconnu que personne ne le sait. Il est descendu dans de tels abaissements, que rien n’indique Sa venue, rien! C’est ainsi qu’Il commence Son royaume, Son règne. Il faut être très attentifs, mes frères, pour bien capter les leçons que notre Roi nous donne dès la crèche, dès l’origine de Sa venue en ce monde. Intrigué, le roi Hérode réunit les sages et les scribes qui connaissent les Écritures concernant la venue du Messie: «Ah oui! C’est à Bethléem qu’Il doit naître.» Aussitôt nos bons rois mages s’y rendent. Et, dit l’Évangile – la phrase est capitale – le roi Hérode fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Mes chers frères, mes chères sœurs, prenez garde! Est-ce pour la gloire de Dieu que vous êtes troublés? Normalement, la gloire de Dieu ne trouble personne. Elle remplit de zèle, mais ne trouble pas. Quand nous sommes disposés à suivre notre Roi, nous ne sommes pas troublés. Quand l’âme est troublée, cela ne vient pas de Dieu. Si le trouble n’est pas de Dieu, d’où vient-il donc? De l’égo, du moi. Quand l’égo est froissé, les humains se troublent. Hérode est troublé, tout Jérusalem est troublé. Le Roi vient de naître, ils sont troublés. Le Fils de Dieu vient en ce monde et ils sont troublés, parce qu’ils ne sont pas disposés à Le suivre. Inversement, quand on est disposé à suivre notre Roi, à prendre la voie Royale, on n’est pas troublé. Les mages ne se sont pas troublés, parce qu’ils étaient des âmes droites. Ils sont allés trouver Jésus dans la simplicité de leur cœur, sans aucune pensée détournée. Quand nous sommes motivés par toutes sortes de pensées détournées, que nous empruntons des chemins de travers, nous sommes conduits par notre orgueil. Nous ne sommes pas disposés à suivre notre Roi. Toutes sortes de petits replis sur soi-même, souvent inavoués, nous troublent. Presque toujours ce sont des petites vanités auxquelles nous ne voulons pas renon- cer. Quand vous sentez le trouble envahir votre cœur, ne regardez pas à côté, et plutôt que d’en rejeter la cause sur autrui, examinez bien votre cœur, sous l’œil de Dieu: «Mon Dieu, si je suis troublé, c’est que quelque chose en moi n’est pas conforme à Vous, mon Roi.» Notre Roi nous donne des belles leçons, et c’est intéressant de les faire ressortir. En cette année royale, vous repasserez Ses leçons. Voici un autre exemple de notre cher Jésus: Un jour, nous dit l’Évangile, 9 Jésus avait parlé longuement à la foule du royaume de Dieu. Le jour était très avancé, la nuit arrivait. Et Jésus a eu pitié. «Ils ont faim. Avez-vous quelque chose à leur donner à manger?» demande-t-Il aux Apôtres. Ceux-ci trouvèrent un jeune garçon, qui avait cinq pains d’orge et deux poissons. Avec cinq pains d’orge et deux poissons, Jésus nourrit la foule. L’Évangile dit qu’ils étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Il y avait beaucoup de monde! Ajoutez au moins autant de femmes et ça fait dix mille. Et comp- tez autant d’enfants et on arrive à quinze mille. Fort probable- ment ils étaient beaucoup plus, mais retenons ce chiffre conservateur d’environ quinze mille personnes. La foule est enthousiaste. Jésus leur a parlé du royaume de Dieu, comme Il savait si bien le faire. Il multiplie les pains. La réaction de la foule est de vouloir Le proclamer roi. «Regardez ce qu’Il fait! Il est bien le Fils de David annoncé par les prophètes, c’est Lui que nous attendons.» C’est écrit en toutes lettres dans l’Évangile: la foule veut Le proclamer roi. Alors Jésus presse Ses Apôtres de partir: «Allez, retournez de l’autre côté du lac.» Et pendant ce temps, Jésus congédie la foule: «C’est un peu trop tard pour des cérémonies. Retirez-vous.» Lui-même Se retire dans la montagne, et Il prie. Quelle leçon! Ce n’est pas le genre de Roi qu’Il veut être, Son Royaume n’est pas de ce monde. 10 Dieu a permis tout ce scénario pour nous instruire, nous, vaniteux. La plupart des humains saisissent la moindre occasion de vanité, pour se rehausser et être valorisés. On se fait un butin de la plus petite gloriole, on s’en nourrit. Quelques exceptions échappent à cette tentation, notamment les Saints, parmi lesquels nos saints défunts. Je parlais à nos amis du Père Sylvio, 11 qui ne recherchait aucune occasion de vanité; c’était tout le contraire, il était un phénomène d’humilité et d’oubli de lui-même. Contemplez Jésus, regardez Ses exemples, suppliez-Le. Il Se retire dans la montagne, Il prie. Est-ce que Sa prière était pour les vaniteux à venir? Je me pose la question. Peut-être priait-Il pour nous, afin que nous ne tombions pas dans ce maudit péché de la vanité; que nous cessions de vouloir nous valoriser à la moindre occasion et de rechercher sans cesse l’estime de notre entourage? Pendant que Jésus prie, les Apôtres sont sur leur petit bateau. Une tempête se lève. C’est Dieu qui a mis au point tout ce scénario pour nous instruire. Les Apôtres pensent encore à la foule qui veut proclamer Jésus roi... Ils ne comprennent pas trop ce qui se passe. Ils sont pris dans leur égo. Eux aussi, ils sont pris avec leur moi. Et la tempête arrive. Quand on est aux prises avec notre moi, ça soulève des tempêtes, et quelles tempêtes! Les pires tempêtes d’une âme surviennent quand la vanité est interpellée. On a mentionné le trouble chez Hérode et tout Jérusalem… La tempête se déchaîne sur les Apôtres. Ils n’ont peut-être pas le moi aussi fort que les autres, mais Dieu a permis ce scénario pour nous faire réfléchir, pour que nous demandions Sa sagesse, Sa pensée. La tempête que traversent les Apôtres, c’est l’image des âmes sous l’emprise de leur vanité. Pour la foule, ça peut passer, mais les Apôtres, eux, sont choisis par Dieu. C’est important pour eux de se défaire de leur égo. Souvent la tempête est nécessaire pour brasser la cage et nous faire réaliser que nous sommes remplis d’amour-propre. La tempête dure le temps nécessaire. Ça brasse. Pendant ce temps Jésus prie. Et quand, dans Sa divine sagesse, Il juge le moment opportun, Il S’avance sur l’eau. Le bon Pierre est là, il n’est pas encore saint: «Seigneur, dit-il, si c’est Vous, permettez-moi d’aller jusqu’à Vous.» Et Pierre se met à marcher sur l’eau. Après quelques pas, il réalise qu’il est entre les deux: Jésus en avant de lui et le bateau en arrière. «Mon Dieu, Seigneur, qu’est-ce qui se passe?» En commen- çant à douter, il se met à sombrer dans l’eau. «Seigneur, au secours!» Et Jésus le sort des flots et le ramène dans le bateau. Dès que Jésus fut monté dans la barque, dit l’Évan- gile, le vent cessa, et ils se trouvèrent immédiatement à l’endroit où ils allaient. Ça fait drôle à dire! Quand vous réussissez à vous défaire de votre moi, quand vous l’extirpez et que vous mettez Jésus à la place, vous arrivez à votre destination. Le bon Dieu peut agir par vous, vous devenez un instrument utile. Son royaume s’établit. C’est le genre de serviteur qu’Il cherche. C’est le genre de disciple, d’apôtre dont notre Roi a besoin. C’est ainsi qu’Il établit Son royaume: sur la ruine de notre égo. Malheu- reusement, les humains doivent traverser bien des tempêtes pour se débarrasser de leur égo. C’est toujours la même logique. Voilà pourquoi je vous rappelle les circonstances concernant la royauté de Jésus depuis la crèche, à travers les Mages. Ceux qui ne veulent pas de la royauté de Jésus, les orgueilleux, sont troublés. Comme on l’a dit plus haut, la prochaine occasion où Jésus parle de Sa royauté, c’est devant Pilate. Es-Tu Roi? – Je suis Roi, Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est du parti de la vérité entend Ma voix. Après que Jésus S’est proclamé roi devant Pilate, ce dernier L’envoie chez Hérode qui Le fait affubler d’une robe blanche pour s’en amuser. À l’époque, pour identifier les fous, on les affublait d’une robe blanche. L’Évangile dit qu’Hérode et toute sa garde ont couvert Jésus de mépris, ils s’en sont amusés. 12 Je vous raconte tout cela pour mettre au grand jour notre Roi, pour vous inviter à Le suivre. Il est difficile de trouver les qualificatifs appropriés pour Hérode, cet être si vil qui se moque de Jésus; il L’a affublé de blanc pour Le ridiculiser, pour Le bafouer, pour s’en moquer. Attention, mes frères! Quand on se laisse aller à notre égo, notre amour-propre peut nous faire descendre jusqu’aux plus viles bassesses. Il ne faut pas se donner de chances, il faut être impitoyable envers son petit moi. Ensuite Hérode renvoie Jésus chez Pilate. Le gouverneur romain cherche une porte de sortie. Pensant calmer la haine de la foule, Pilate leur présente Jésus en disant: «Voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs? Lequel voulez-vous? Barabbas – le plus grand criminel de Palestine – ou Jésus, votre Roi? – Barab- bas! Barabbas plutôt, et Celui-là, crucifiez-Le!» 13 C’est ainsi qu’on a traité Jésus. «Nous ne voulons pas de ce Roi-là!» Mon Dieu, mais quelle terrible leçon! Je le répète: si on se laisse aller à sa vanité et qu’on ne l’attaque pas de plain-pied, si on ne met pas la cognée à la racine de l’arbre de cette vanité, de cet égo, on en vient à choisir Barabbas. «On ne veut pas de ce Roi-là, a crié la foule. On ne veut pas qu’Il règne sur nous. 14 Pas Lui! Ce n’est pas la sorte de Roi dont on a rêvé. Ce n’est pas ainsi qu’on veut L’avoir.» Ce que le peuple a fait à ce moment-là, chaque être humain en est menacé, s’il n’est pas sur ses gardes, s’il ne fait pas attention à l’ennemi. Le moi est ce qui perd le monde... Revenons à Pilate qui ne sait plus quoi faire. Il veut trouver une espèce d’expédient: il va faire châtier Jésus et Le libérer ensuite. Donc, il Le livre aux soldats qui L’amènent dans leurs quartiers pour Le flageller. Ils commencent par Le dépouiller de Ses vêtements. Si vous voulez suivre votre Roi, mes frères, en cette année royale, dépouillez-vous de votre égo. Dépouillez-vous de votre égo. Pour S’en moquer, la soldatesque revêt Jésus d’un manteau écarlate: «Tu veux être un roi? Bien!» Ce manteau écarlate n’est qu’un vieux chiffon trouvé dans un coin quelque part, probablement tout souillé. «Tu es un roi? À un roi, il faut une couronne.» Ils couronnent Jésus d’épines. La couronne d’épines est le sym- bole par excellence des ignominies de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’était l’emblème de Notre prédécesseur, Grégoire XVII, et c’est aussi le Nôtre. Notre Père Jean-Grégoire avait ce désir passionné de suivre Jésus bafoué et avili. À sa suite, Nous le désirons aussi, et Nous voulons vous communiquer, mes chers frères et sœurs, ce même désir passionné de suivre notre Roi. Après avoir revêtu Jésus d’un manteau écarlate et L’avoir couronné d’épines, Ses bourreaux Lui mettent un roseau dans la main droite, un sceptre, comme un roi. Ils font des génuflexions dérisoires devant Lui, Le couvrent de railleries. Les choses sont rapportées ainsi dans l’Évangile. Pourquoi tous ces affronts? Parce ce qu’Il est ROI! Et c’est avec bouffonnerie et dérision diabolique que les soldats proclament Sa Royauté: «Salut, Roi des Juifs, salut Roi!» 15 Mes frères, voici notre Roi. C’est Lui qu’il faut suivre. Après avoir bafoué Jésus avec tant d’ignominie, on Le ramène à Pilate. Celui-ci Le présente à la foule: Voilà l’Homme. 16 Le grand prophète Isaïe avait décrit l’Homme, l’Homme des douleurs, 17 l’Homme dési- gnant le Messie annoncé par les prophéties. Voilà l’Homme, c’est Lui que le monde attend depuis des siècles, le Fils de Dieu fait Homme. Mes frères, c’est ce Roi que nous suivons, c’est Lui que je vous invite à imiter tout particulièrement en cette année sainte. Qu’elle soit sainte dans toute la force du mot. Et vous, chers amis qui retournez chacun chez vous, communiquez cela à votre entourage. Dites-leur que nous faisons de 2025 une année sainte, que nous allons suivre Jésus. Vous le ferez beaucoup mieux que moi. Même ce jeune garçon dans l’assistance en est capable. Certains de ses copains vont le comprendre mieux si c’est lui qui le dit avec les mots de son âge plutôt que moi. Je vous invite, tous ceux qui le peuvent, à communiquer ces vérités autour de vous. Commu- niquez-le d’abord à votre cœur, à votre âme, dans la prière, dans la supplication. Tous ensemble, nous voulons suivre notre Roi.

L’histoire du jeune Gaston

Permettez-moi de vous raconter une petite histoire qui va vous intéresser. Un jour, un jeune garçon de 15 ou 16 ans demande à son papa s’il peut devenir frère. Le garçon en question était très doué, premier de classe partout, il avait reçu des diplômes, il était même médaillé du Lieutenant-Gouverneur comme le meilleur élève de la région. Quand il demande à son papa pour être frère, celui- ci lui répond: «Quoi? Tu veux être frère? Avec le talent que tu as, tu pourrais aller loin... Va au séminaire! Tu seras ordonné prêtre. Puis brillant comme tu es, tu vas devenir un évêque, et un évêque fameux à part de ça. Pas un frère, mon garçon! Je sais que tu aimes la religion. Ça fait longtemps que je le vois, depuis que tu es petit bout de chou. Tu es un vrai mangeux de balustres, tu es en train de tout user les prie-Dieu, on est à la veille de recevoir un compte de la fabrique 18 pour usure des bancs d’église! Je sais que tu aimes la religion, mais si tu aimes la religion tant que ça, fais-toi pas frère! Sais-tu, mon garçon, si je rencontre un chien et un frère en même temps, je salue le chien avant le frère», dit le papa au petit garçon qui s’appelait Gaston. Et le jeune Gaston lui répond: «Papa, c’est justement pour ça que je veux être frère. Quoi? dit son père, quoi! C’est pour ça que je veux être frère, parce que tu viens de me dire que si tu rencontres un chien et un frère, tu salues le chien avant le frère. Qu’est-ce que tu veux dire? Parce que je veux être moins que le chien. Tu veux être moins que le chien? Qu’est-ce qui te prend, mon fils? Papa, c’est toi qui m’as enseigné la religion; maman, le curé, le catéchiste, vous m’avez tous enseigné. Dieu, le Fils de Dieu est venu sur la terre, Il S’est abaissé jusqu’à l’homme. Juste l’écart entre Dieu et l’homme est incommensurable. Non seulement Il a fait ça, mais une fois qu’Il a pris la condition d’homme, Il a été piétiné par les hommes comme un ver. On L’a bafoué, on L’a traîné dans la boue, on a craché sur Lui et Il est mort comme un criminel. Jésus, Dieu Lui-même! C’est vous autres qui m’avez enseigné ça. Je crois profondément, papa, que si je deviens moins qu’un chien, je fais beaucoup moins que ce que Jésus a fait, et Jésus est mon modèle. Je veux tellement Lui ressembler, c’est la passion de ma vie. Je veux ressembler à mon Modèle. Ah! dit le papa, si c’est ça que tu veux, va, mon garçon, deviens frère.» Le jeune Gaston Tremblay est devenu Frère Jean Grande dans l’Ordre des Frères Hospitaliers de Saint- Jean-de-Dieu, et Frère Jean Grande est devenu Père Jean de la Trinité, qui est devenu Père Jean-Grégoire XVII. Vous comprenez pourquoi je vous raconte cette histoire? Dieu a mis dans le cœur de cet enfant cette lumière insigne de la grandeur de l’humilité, de la grandeur du mépris, de la grandeur de l’abjection. Il avait compris que c’est l’exemple principal que notre Dieu, notre Roi, notre Jésus nous a donné, que c’est l’exemple principal qu’il nous faut suivre. Dieu avait mis cette lumière dans le cœur de ce petit enfant, ce jeune garçon, parce qu’il était destiné à établir cette communauté des Derniers Temps et être à la tête de l’Église rénovée.

Épris de dame Humilité

Pour clore l’année 2024, les sœurs ont mis en scène quelques épisodes de la vie de saint François d’Assise. Encore jeune homme, dans le processus de sa conversion, François a une vision de ce qu’il a nommé dame Pauvreté. La Pauvreté s’est présentée à lui sous les dehors d’une jeune dame pleine d’attraits, pleine de charmes. Il a compris que c’était la pauvreté que Jésus avait embrassée et il s’est donc épris de dame Pau- vreté. Et avec elle, il a rénové l’Église de son temps (13e siècle). Mes frères, je fais ici un parallèle. Dieu a parlé à l’âme, au cœur de notre Père Jean-Grégoire XVII. Et c’est dame Humilité qui s’est manifestée à lui, dame Abjection, dame Mépris universel, dame Rejetée, dame Avilie, dame Abnégation, qui s’oublie elle-même pour donner toute la place à Jésus. Père Jean-Grégoire a été séduit par elle. Elle a été la boussole de toute sa vie, son guide, sa lumière. C’est à travers cette lumière que Dieu a voulu commencer la rénovation de l’Église qui – et je crois qu’on peut tous être d’accord là-dessus – se trouve actuellement dans un état beaucoup plus pitoyable qu’au temps de saint François d’Assise, il y a 800 ans. Dieu a manifesté à notre Père Jean-Grégoire dame Humilité, et à travers elle l’image, la figure de Jésus, ce Jésus abaissé, ce Jésus avili, ce Jésus qui S’est humilié: notre Roi. Père Jean s’est amouraché de son Roi avili et il a voulu Le suivre. C’est mon invitation, mon souhait, mon mot d’ordre pour cette année. Voici le texte de l’Apocalypse que l’Église a inséré dans la liturgie de la messe du dimanche du Christ-Roi: Il est digne, l’Agneau qui a été immolé... L’Agneau, c’est ce Roi immolé que je viens de vous décrire. Notre religion, l’Évangile, les enseignements de Dieu, c’est tout un. C’est toujours le même seul et unique enseigne- ment qui se rejoint partout. Jésus l’a dit à Pilate: Tu le dis, Je suis Roi! Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité. Quiconque est du parti de la Vérité entend Ma voix. Et pour ceux qui entendent cette voix, le règne de Dieu arrive. Il est digne l’Agneau qui a été immolé – ce Roi immolé – de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force et l’honneur. À Lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles. 19 Son règne va arriver, mes frères et sœurs, si nous suivons cet Agneau immolé, notre Roi. Jésus parlait aux foules du royaume de Dieu. Son règne va arriver. Dieu va manifester et Sa puissance, et Sa divinité, et Sa sagesse, et Sa force. Son honneur va être exalté. À Lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen. Sainte Année! chers amis, chers frères, chères sœurs. Je vous la souhaite royale dans toute la force du mot que vous venez d’entendre. C’est la voie royale.

Mot

d’ordre

et

souhait

pour

2025

1. Une Année Sainte, ou Jubilé, est une période spéciale dans l’Église, allant de Noël à Noël, qui revient généralement tous les vingt-cinq ans. Ce temps de grâce est marqué par un accroissement de prière, de pénitence et de manifestations reli- gieuses, ainsi que par l’octroi d’une indulgence plénière générale, moyennant certaines pratiques prescrites par l’Église. 2. Sainte Marie de Jésus Crucifié, Paroles et élévations, p. 100-101. Disponible aux Éditions Magnificat, voir p. 27. 3. Cf. Apocalypse 12, 4 4. C’est d’ailleurs depuis cette funeste chute de nos premiers parents que nous naissons tous avec le péché originel. 5. Cf. S. Jean 18, 33-38 6. Cf. S. Matth. 16, 24; S. Marc 8, 34; S. Luc 9, 23 7. Cf. S. Matth. 22, 37-39: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est là le plus grand et le premier commandement. Mais le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi- même. 8. Cf. S. Matth. 2, 1-6 et suite. 9. Cf. Chan. Alfred Weber, Les Quatre Évangiles en un seul, Éditions Magnificat, 2002, p. 174-179. Récit tiré de S. Matth. 14, 13-36; S. Marc 6, 30-56; S. Luc 9, 10-17; S. Jean 6, 1-21 10. Cf. S. Jean 18, 36 11. Père Sylvio du Cœur de l’Immaculée, O.D.M. (1934-2021), né Sylvio Salvas. Décédé en odeur de sainteté en Guadeloupe où il était missionnaire. 12. Cf. S. Luc 23, 11 13. Cf. S. Matth. 27, 15-26; S. Marc 15, 6-15; S. Luc 23, 13-25; S. Jean 18, 39-40 14. Cf. S. Luc 19, 14 15. Cf. S. Matth. 27, 29 16. S. Jean 19, 5 17. Cf. Isaïe 53, 1-7 18. La fabrique, c’est les marguilliers, les conseillers de la paroisse, qui font l’entretien et voient à l’administration de l’église. 19. Cf. Apocalypse 5, 12 et 13
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L’Oubli de soi,

pour suivre Jésus dans

Sa voie royale

par Père Mathurin de la Mère de Dieu

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il. En ce premier jour de l’An, j’offre tout d’abord mes vœux à notre Père Éternel, à qui tout honneur et toute gloire appartiennent, comme on vient de Le prier dans la liturgie. L’Église a coutume, chaque 25 ans, de procla- mer une année sainte. Pour l’occasion, à la basi- lique de Saint-Pierre-de-Rome, on ouvre la porte sainte qui entre-temps demeure scellée, geste sym- bolique qui manifeste de manière tangible l’ouver- ture de l’année sainte. 1 Une année sainte, le mot le dit, c’est une année que l’on sanctifie. Déjà, Nous avions fait de 2024 une année sainte pour souligner le 800 e anniversaire de la stigmatisation de saint François d’Assise. Répon- dant au désir qui vous a été manifesté, vous avez été nombreux à faire le chemin de croix chaque vendredi. Spontanément et avec générosité, tous ceux qui l’ont pu l’ont fait à la Montagne du Via Crucis, dans toutes sortes de conditions et d’intem- péries. Je vous en remercie, mes frères, mes sœurs. Je crois que l’amour des souffrances de Jésus pour nous s’est accru dans vos cœurs par cet exercice du chemin de la croix. Ce fut donc une année sainte. Eh bien, je vous invite à faire de cette année 2025 une année plus sainte encore. C’est possible, plus sainte, c’est toujours possible. Quand Dieu prête vie à Son enfant, c’est qu’Il le destine à plus. Et chaque moment de nos vies que Dieu nous prête, c’est parce qu’Il nous destine à plus. Depuis l’origine des temps, les ministres de l’Église nous présentent la religion de toutes sortes de façons, mais à la base, c’est toujours la même vérité: Jésus est venu, Il nous a montré le chemin du Ciel, Il nous l’a prêché, puis Il est mort, nous donnant un exemple éclatant de ce qu’Il attend de nous. Cette année 2025 souligne un autre anniver- saire, et c’est sous cet angle-là que nous allons nous motiver davantage pour la sanctifier. En 1925, le pape Pie XI instituait la fête du Christ-Roi, la fixant au dernier dimanche d’octobre. Cela fait donc cent ans que la fête de la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ a été établie dans l’Église. Pour vous qui aimez les belles formules, je vous invite à faire de 2025 une année sainte royale, royale à la façon de notre Roi Jésus.

Mot d’Ordre et Souhait

Cette année, Nous vous faisons ce souhait: que Jésus soit vraiment notre Roi. Je vous souhaite, mes frères, mes sœurs, que chacun de vous, dans vos cœurs, désiriez avec ardeur être les vrais servi- teurs, les vrais disciples de notre Jésus-Roi. Pour y arriver, je vous donne un mot d’ordre qui peut sembler assez simple: l’oubli de soi. Sainte Marie de Jésus Crucifié disait en extase: «Le moi – l’égo – c’est ce qui perd le monde.» 2 C’est la raison pour laquelle Nous vous donnons ce mot d’ordre: l’oubli de soi. Que cha- cun de vous s’applique, cette année, à s’oublier. Que chacun s’applique à faire abstraction de son moi, de son égo, dans toutes ses actions, mais d’abord dans ses pensées. Vous le savez, les mêmes idées reviennent tou- jours, et si je répète souvent cette même histoire de nos origines, c’est pour qu’elle soit bien gravée dans notre esprit et dans notre cœur, afin que cette notion oriente toute notre vie. Avant d’être le Ser- pent, l’ange réprouvé, Lucifer était le plus bel ange que Dieu avait créé. Or, quand Dieu lui présenta Son projet de l’Incarnation du Verbe, l’amour- propre de Lucifer, son égo, s’était trouvé froissé, blessé, contrarié. Cela a provoqué son «non ser- viam, je ne servirai pas, je n’adhère pas à ça.» L’amour démesuré de son moi, de son égo, a conduit Lucifer à se révolter contre Dieu, et l’Apo- calypse nous apprend qu’il entraîna un tiers des anges dans ce même mouvement de révolte. 3 Cela a fait l’enfer. Quand, éventuellement, l’homme eut été créé, Satan l’entraîna dans le même vice: l’amour- propre. «Dieu ne veut pas que vous touchiez à la pomme, car si vous mangez de ce fruit défendu, vous serez comme des dieux, vous serez égaux à Lui.» Adam et Ève vivaient dans une intimité, une familiarité avec Dieu, notre Père des Cieux. Cepen- dant, le Serpent – un serpent! – a réussi à les faire tomber en flattant leur égo, leur amour-propre. La ruse de Satan a fonctionné à merveille avec nos premiers parents, qui n’avaient pourtant pas le péché originel. 4 Quand nos premiers parents sont tombés dans le péché en mordant la pomme, c’est comme si le Serpent les avait eux-mêmes mordus. Ils ont été mordus par ce venin d’amour-propre, de vanité pour leur petit personnage, leur égo. Le même orgueil qui a perdu Satan et les anges, a perdu nos premiers parents. Cet orgueil de la créature libre est quasiment un mystère! Et pourtant nous l’expérimentons tous, nous le portons tous en nous. Je répète la petite phrase dite par sainte Marie de Jésus Crucifié en extase: «Le moi est ce qui perd le monde.» Quand on voit ce qui s’est passé dès l’origine et à la suite des siècles, on n’a pas besoin d’extase pour comprendre cette grande vérité que c’est bien l’orgueil, le moi qui perd le monde... Mais si Dieu nous le rappelle par le biais d’une extase, c’est parce que nous, les humains, nous sommes aveuglés et dans l’illusion, tant par notre frivolité que par notre trop plein d’égo qui altère le jugement. Chacun de nous trouve son égo pas mal spécial, assez singulier. Parfois, trop sou- vent même, on estime son égo meilleur que celui du voisin. Pire encore, même si on ne se l’avoue pas, les volontés de Dieu, Ses projets, Ses plans sont mis en balance avec notre égo. Notre moi éva- lue tout.

Jésus, notre grand Modèle

Le grand Modèle, ici comme ailleurs, qui nous motive à la pratique de toutes les vertus, mais sin- gulièrement de celle du renoncement à soi-même, c’est Jésus, le Rédempteur, le Réparateur. Il est témoin du péché de l’homme, c’est Lui qui est offensé. Il nous voit tomber dans cette stupidité. C’est le terme le plus charitable qu’on puisse dire, parce qu’en réalité on est pas mal stupide, on se comporte comme des imbéciles. Justement, en rai- son de notre peu d’intelligence, Dieu nous fait miséricorde. De toute évidence nous sommes beaucoup plus stupides que le Serpent, parce que lui n’a pas eu droit à la miséricorde de Dieu. Que voulez-vous? Notre Dieu a pitié de nous. Au moins, sachons reconnaître que nous sommes dépourvus d’intelligence. Pour nous sortir de notre fange, Jésus vient donc nous montrer la voie royale. Vous vous sou- venez de l’occasion où Jésus a proclamé Sa royauté? C’est précisément l’évangile de la Messe du dimanche du Christ-Roi. La foule des juifs a traîné Jésus devant le tribunal de Pilate, qui Lui demande: «Ils disent que Tu es roi, es-Tu vraiment roi? – Oui, dit Jésus, oui, Je suis Roi.» Depuis la veille, Ses ennemis et toute cette populace s’acharnent sur Lui. Jésus a été frappé publiquement par des valets devant le tribunal de Caïphe et d’Anne. Il a passé la nuit dans le cachot. Les soldats ne se sont pas gênés, ils L’ont frappé, ils L’ont souffleté, ils ont craché sur Lui et pire encore. Toute la nuit on L’a accablé d’affronts, d’injures, de coups. C’est abominable les injures qu’ils ont faites à notre Dieu, à notre Jésus. C’est abominable ce qu’ils ont fait. C’est dans cet apparat, dans ce décor, que Jésus comparaît devant Pilate et qu’Il répond à sa question: Es-Tu Roi? – Tu le dis, oui, Je suis Roi. Immédiatement, Jésus enchaîne: Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est du parti de la vérité entend Ma voix. 5 C’est pour cela que Jésus est venu, pour faire entendre la vérité, et qui- conque est du parti de la vérité entend Sa voix. Pilate, sceptique, ajoute: «Qu’est-ce que la vérité?» Sans attendre la réponse, il se lève et s’en va. Mais la vérité! Jésus la proclame tout au long de ce scénario que nous contemplons où Il est bafoué, avili et piétiné comme un ver. «Je suis Roi. Et ceux qui sont de la vérité, qui sont du parti de la vérité, entendent Ma voix, ils Me comprennent et ils Me reconnaissent pour leur Roi. Ceux qui veulent la vérité, qui la désirent vraiment, la reconnaissent. Eux autres vont Me suivre.» C’est Notre souhait pour cette année: Suivez la voie royale de Jésus. Contemplez-Le, suppliez-Le. Dites-Lui combien vous voulez Le suivre, et surtout appliquez-vous à vous oublier. C’est Notre mot d’ordre: faites mourir votre ego, votre moi. Je vous lis le texte complet de sainte Marie de Jésus Crucifié en extase: «Le moi est ce qui perd le monde. Ceux qui ont le moi portent la tristesse, l’angoisse avec eux. On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Si on a le moi, on n’a pas Dieu; et si on a Dieu, on n’a pas le moi. Vous n’avez pas deux cœurs, vous n’en avez qu’un… Tout réussit à celui qui n’a pas le moi; tout le contente… il y a le moi, il n’y a pas l’humilité, ni la douceur, ni aucune vertu. On prie, on supplie, et la prière ne monte pas, n’arrive pas à Dieu… Celui qui n’a pas le moi a toutes les vertus et la paix et la joie.» Le moi est ce qui perd le monde. Ceux qui ont le moi: c’est-à-dire ceux qui sont pleins de leur moi. Mais y a-t-il quelque chose qui habite davan- tage chacun de nous que notre moi? Comment fait-on pour se défaire de son moi? Car c’est le moi qui perd le monde. Et Ceux qui ont le moi portent la tristesse, l’angoisse avec eux. Écoutez la pro- chaine phrase: On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Plus on fait disparaître cet égo, ce moi, ce vaniteux, pour y mettre Jésus, plus on devient des êtres divins. C’est la voie royale à laquelle je vous invite cette année. Dieu et le moi ne peuvent habiter ensemble. Sainte Marie de Jésus Crucifié le répète dans trois phrases qui disent la même chose, puis elle ren- verse les deux. On ne peut pas avoir Dieu et le moi ensemble. Impossible. Si on a le moi, on n’a pas Dieu. Si on a Dieu, on n’a pas le moi. Les extases de sainte Marie de Jésus Crucifié étaient divines, réelles, elle n’a pas inventé ces mots. Dieu parlait vraiment par elle. Ce message réfère à ce qu’on pourrait appeler la phrase centrale de l’Évangile. Si vous avez peine à vous rappeler tout l’Évangile, vous pouvez le résu- mer dans cette seule parole de Jésus: Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il se renonce soi-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et qu’il Me suive. 6 Quand Il prononce ces mots, Il n’avait pas encore proclamé Sa royauté. «Mais si quelqu’un veut Me reconnaître et Me suivre comme étant son Roi, et veut être Mon serviteur, Mon disciple, être Mien, alors qu’il se renonce. Qu’il se renonce à lui-même et qu’il Me suive.»

Amour de Dieu et du prochain

J’invite les prédicateurs à développer le thème cette année. Sujet vaste! Le moi est aussi vaste que la vanité de l’homme. C’est sournois ce moi, subtil et rusé comme l’orgueil de l’homme. Mon Dieu, que ce moi-là est subtil et cruel! Mes frères et mes sœurs, je vous invite à être sans pitié pour votre moi. Démasquez-le. Soyez tout amour pour Dieu, tout amour pour votre prochain. D’ailleurs, c’est la recette. Voulez-vous faire mourir votre égo? Appliquez votre cœur, votre pensée à Jésus, à Dieu et à votre prochain. Vous l’avez certainement déjà éprouvé. Expérimentez-le de plus en plus. On s’applique à Dieu par l’obéissance, par la pratique de l’Évangile et des commandements, par l’humble soumission aux supérieurs, par l’accomplissement des règles et règlements, de ses devoirs. Tout cela, c’est chercher Dieu. Et l’amour du prochain est semblable au premier commandement. 7 Appli- quez-vous à cela, dans l’oubli de votre égo et nous vivrons une année royale. Oh! ce sera une année sainte!

Les leçons de Jésus, notre Roi

Je voudrais contempler avec vous l’exemple de Jésus, faire le portrait de notre Roi en cette année centenaire de la fête de Sa royauté. Comment notre Roi S’est-Il manifesté? Tandis que l’Enfant- Jésus était dans la crèche, à Bethléem, trois rois partis d’Orient arrivent à Jérusalem et s’enquièrent: «Où est le Roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu Son étoile et nous sommes venus L’adorer. 8 – Comment ça, un roi?» leur répond-on. Dieu, le grand Roi des Juifs, notre Roi éternel S’incarne, Il vient Se manifester à l’homme, et Il est tellement caché et inconnu que personne ne le sait. Il est descendu dans de tels abaisse- ments, que rien n’indique Sa venue, rien! C’est ainsi qu’Il commence Son royaume, Son règne. Il faut être très attentifs, mes frères, pour bien capter les leçons que notre Roi nous donne dès la crèche, dès l’origine de Sa venue en ce monde. Intrigué, le roi Hérode réunit les sages et les scribes qui connaissent les Écritures concernant la venue du Messie: «Ah oui! C’est à Bethléem qu’Il doit naître.» Aussitôt nos bons rois mages s’y rendent. Et, dit l’Évangile – la phrase est capitale – le roi Hérode fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Mes chers frères, mes chères sœurs, prenez garde! Est-ce pour la gloire de Dieu que vous êtes troublés? Normalement, la gloire de Dieu ne trouble personne. Elle remplit de zèle, mais ne trouble pas. Quand nous sommes disposés à suivre notre Roi, nous ne sommes pas troublés. Quand l’âme est troublée, cela ne vient pas de Dieu. Si le trouble n’est pas de Dieu, d’où vient-il donc? De l’égo, du moi. Quand l’égo est froissé, les humains se troublent. Hérode est troublé, tout Jérusalem est troublé. Le Roi vient de naître, ils sont troublés. Le Fils de Dieu vient en ce monde et ils sont trou- blés, parce qu’ils ne sont pas disposés à Le suivre. Inversement, quand on est disposé à suivre notre Roi, à prendre la voie Royale, on n’est pas troublé. Les mages ne se sont pas troublés, parce qu’ils étaient des âmes droites. Ils sont allés trouver Jésus dans la simplicité de leur cœur, sans aucune pensée détournée. Quand nous sommes motivés par toutes sortes de pensées détournées, que nous empruntons des chemins de travers, nous sommes conduits par notre orgueil. Nous ne sommes pas disposés à suivre notre Roi. Toutes sortes de petits replis sur soi-même, souvent inavoués, nous troublent. Presque toujours ce sont des petites vanités auxquelles nous ne voulons pas renoncer. Quand vous sentez le trouble envahir votre cœur, ne regardez pas à côté, et plutôt que d’en rejeter la cause sur autrui, examinez bien votre cœur, sous l’œil de Dieu: «Mon Dieu, si je suis troublé, c’est que quelque chose en moi n’est pas conforme à Vous, mon Roi.» Notre Roi nous donne des belles leçons, et c’est intéressant de les faire ressortir. En cette année royale, vous repasserez Ses leçons. Voici un autre exemple de notre cher Jésus: Un jour, nous dit l’Évan- gile, 9 Jésus avait parlé longuement à la foule du royaume de Dieu. Le jour était très avancé, la nuit arrivait. Et Jésus a eu pitié. «Ils ont faim. Avez-vous quelque chose à leur donner à manger?» demande-t-Il aux Apôtres. Ceux-ci trou- vèrent un jeune garçon, qui avait cinq pains d’orge et deux poissons. Avec cinq pains d’orge et deux poissons, Jésus nourrit la foule. L’Évangile dit qu’ils étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Il y avait beau- coup de monde! Ajoutez au moins autant de femmes et ça fait dix mille. Et comptez autant d’enfants et on arrive à quinze mille. Fort proba- blement ils étaient beaucoup plus, mais retenons ce chiffre conservateur d’environ quinze mille per- sonnes. La foule est enthousiaste. Jésus leur a parlé du royaume de Dieu, comme Il savait si bien le faire. Il multiplie les pains. La réaction de la foule est de vouloir Le proclamer roi. «Regardez ce qu’Il fait! Il est bien le Fils de David annoncé par les pro- phètes, c’est Lui que nous attendons.» C’est écrit en toutes lettres dans l’Évangile: la foule veut Le proclamer roi. Alors Jésus presse Ses Apôtres de partir: «Allez, retournez de l’autre côté du lac.» Et pendant ce temps, Jésus congédie la foule: «C’est un peu trop tard pour des cérémonies. Retirez- vous.» Lui-même Se retire dans la montagne, et Il prie. Quelle leçon! Ce n’est pas le genre de Roi qu’Il veut être, Son Royaume n’est pas de ce monde. 10 Dieu a permis tout ce scénario pour nous ins- truire, nous, vaniteux. La plupart des humains saisissent la moindre occasion de vanité, pour se rehausser et être valorisés. On se fait un butin de la plus petite gloriole, on s’en nourrit. Quelques exceptions échappent à cette tentation, notamment les Saints, parmi lesquels nos saints défunts. Je parlais à nos amis du Père Sylvio, 11 qui ne recher- chait aucune occasion de vanité; c’était tout le contraire, il était un phénomène d’humilité et d’oubli de lui-même. Contemplez Jésus, regardez Ses exemples, sup- pliez-Le. Il Se retire dans la montagne, Il prie. Est- ce que Sa prière était pour les vaniteux à venir? Je me pose la question. Peut-être priait-Il pour nous, afin que nous ne tombions pas dans ce maudit péché de la vanité; que nous cessions de vouloir nous valoriser à la moindre occasion et de recher- cher sans cesse l’estime de notre entourage? Pendant que Jésus prie, les Apôtres sont sur leur petit bateau. Une tempête se lève. C’est Dieu qui a mis au point tout ce scénario pour nous ins- truire. Les Apôtres pensent encore à la foule qui veut proclamer Jésus roi... Ils ne comprennent pas trop ce qui se passe. Ils sont pris dans leur égo. Eux aussi, ils sont pris avec leur moi. Et la tempête arrive. Quand on est aux prises avec notre moi, ça soulève des tempêtes, et quelles tempêtes! Les pires tempêtes d’une âme surviennent quand la vanité est interpellée. On a mentionné le trouble chez Hérode et tout Jérusalem… La tempête se déchaîne sur les Apôtres. Ils n’ont peut-être pas le moi aussi fort que les autres, mais Dieu a permis ce scénario pour nous faire réfléchir, pour que nous demandions Sa sagesse, Sa pensée. La tempête que traversent les Apôtres, c’est l’image des âmes sous l’emprise de leur vanité. Pour la foule, ça peut passer, mais les Apôtres, eux, sont choisis par Dieu. C’est important pour eux de se défaire de leur égo. Souvent la tempête est nécessaire pour brasser la cage et nous faire réali- ser que nous sommes remplis d’amour-propre. La tempête dure le temps nécessaire. Ça brasse. Pendant ce temps Jésus prie. Et quand, dans Sa divine sagesse, Il juge le moment opportun, Il S’avance sur l’eau. Le bon Pierre est là, il n’est pas encore saint: «Seigneur, dit-il, si c’est Vous, permettez- moi d’aller jusqu’à Vous.» Et Pierre se met à marcher sur l’eau. Après quelques pas, il réalise qu’il est entre les deux: Jésus en avant de lui et le bateau en arrière. «Mon Dieu, Seigneur, qu’est-ce qui se passe?» En commençant à douter, il se met à sombrer dans l’eau. «Seigneur, au secours!» Et Jésus le sort des flots et le ramène dans le bateau. Dès que Jésus fut monté dans la barque, dit l’Évangile, le vent cessa, et ils se trou- vèrent immédiatement à l’endroit où ils allaient. Ça fait drôle à dire! Quand vous réussissez à vous défaire de votre moi, quand vous l’extirpez et que vous mettez Jésus à la place, vous arrivez à votre destination. Le bon Dieu peut agir par vous, vous devenez un instrument utile. Son royaume s’établit. C’est le genre de serviteur qu’Il cherche. C’est le genre de disciple, d’apôtre dont notre Roi a besoin. C’est ainsi qu’Il établit Son royaume: sur la ruine de notre égo. Malheureusement, les humains doivent traverser bien des tempêtes pour se débarrasser de leur égo. C’est toujours la même logique. Voilà pourquoi je vous rappelle les circonstances concernant la royauté de Jésus depuis la crèche, à travers les Mages. Ceux qui ne veulent pas de la royauté de Jésus, les orgueilleux, sont troublés. Comme on l’a dit plus haut, la prochaine occa- sion où Jésus parle de Sa royauté, c’est devant Pilate. Es-Tu Roi? – Je suis Roi, Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est du parti de la vérité entend Ma voix. Après que Jésus S’est proclamé roi devant Pilate, ce dernier L’envoie chez Hérode qui Le fait affubler d’une robe blanche pour s’en amuser. À l’époque, pour identifier les fous, on les affublait d’une robe blanche. L’Évangile dit qu’Hérode et toute sa garde ont couvert Jésus de mépris, ils s’en sont amusés. 12 Je vous raconte tout cela pour mettre au grand jour notre Roi, pour vous inviter à Le suivre. Il est difficile de trouver les qualificatifs appropriés pour Hérode, cet être si vil qui se moque de Jésus; il L’a affublé de blanc pour Le ridiculiser, pour Le bafouer, pour s’en moquer. Attention, mes frères! Quand on se laisse aller à notre égo, notre amour-propre peut nous faire des- cendre jusqu’aux plus viles bassesses. Il ne faut pas se donner de chances, il faut être impitoyable envers son petit moi. Ensuite Hérode renvoie Jésus chez Pilate. Le gouverneur romain cherche une porte de sortie. Pensant calmer la haine de la foule, Pilate leur pré- sente Jésus en disant: «Voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs? Lequel voulez-vous? Barabbas – le plus grand criminel de Palestine – ou Jésus, votre Roi? – Barabbas! Barabbas plutôt, et Celui-là, crucifiez-Le!» 13 C’est ainsi qu’on a traité Jésus. «Nous ne voulons pas de ce Roi-là!» Mon Dieu, mais quelle terrible leçon! Je le répète: si on se laisse aller à sa vanité et qu’on ne l’attaque pas de plain-pied, si on ne met pas la cognée à la racine de l’arbre de cette vanité, de cet égo, on en vient à choisir Barabbas. «On ne veut pas de ce Roi-là, a crié la foule. On ne veut pas qu’Il règne sur nous. 14 Pas Lui! Ce n’est pas la sorte de Roi dont on a rêvé. Ce n’est pas ainsi qu’on veut L’avoir.» Ce que le peuple a fait à ce moment-là, chaque être humain en est menacé, s’il n’est pas sur ses gardes, s’il ne fait pas attention à l’ennemi. Le moi est ce qui perd le monde... Revenons à Pilate qui ne sait plus quoi faire. Il veut trouver une espèce d’expédient: il va faire châtier Jésus et Le libérer ensuite. Donc, il Le livre aux soldats qui L’amènent dans leurs quartiers pour Le flageller. Ils commencent par Le dépouiller de Ses vêtements. Si vous voulez suivre votre Roi, mes frères, en cette année royale, dépouillez-vous de votre égo. Dépouillez-vous de votre égo. Pour S’en moquer, la soldatesque revêt Jésus d’un manteau écarlate: «Tu veux être un roi? Bien!» Ce manteau écarlate n’est qu’un vieux chif- fon trouvé dans un coin quelque part, probable- ment tout souillé. «Tu es un roi? À un roi, il faut une couronne.» Ils couronnent Jésus d’épines. La couronne d’épines est le symbole par excellence des ignominies de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’était l’emblème de Notre prédécesseur, Grégoire XVII, et c’est aussi le Nôtre. Notre Père Jean-Grégoire avait ce désir passionné de suivre Jésus bafoué et avili. À sa suite, Nous le désirons aussi, et Nous voulons vous communiquer, mes chers frères et sœurs, ce même désir passionné de suivre notre Roi. Après avoir revêtu Jésus d’un manteau écarlate et L’avoir couronné d’épines, Ses bourreaux Lui mettent un roseau dans la main droite, un sceptre, comme un roi. Ils font des génuflexions dérisoires devant Lui, Le couvrent de railleries. Les choses sont rapportées ainsi dans l’Évangile. Pourquoi tous ces affronts? Parce ce qu’Il est ROI! Et c’est avec bouffonnerie et dérision diabolique que les soldats proclament Sa Royauté: «Salut, Roi des Juifs, salut Roi!» 15 Mes frères, voici notre Roi. C’est Lui qu’il faut suivre. Après avoir bafoué Jésus avec tant d’ignominie, on Le ramène à Pilate. Celui-ci Le présente à la foule: Voilà l’Homme. 16 Le grand prophète Isaïe avait décrit l’Homme, l’Homme des douleurs, 17 l’Homme désignant le Messie annoncé par les pro- phéties. Voilà l’Homme, c’est Lui que le monde attend depuis des siècles, le Fils de Dieu fait Homme. Mes frères, c’est ce Roi que nous suivons, c’est Lui que je vous invite à imiter tout particulière- ment en cette année sainte. Qu’elle soit sainte dans toute la force du mot. Et vous, chers amis qui retournez chacun chez vous, communiquez cela à votre entourage. Dites-leur que nous faisons de 2025 une année sainte, que nous allons suivre Jésus. Vous le ferez beaucoup mieux que moi. Même ce jeune garçon dans l’assistance en est capable. Certains de ses copains vont le com- prendre mieux si c’est lui qui le dit avec les mots de son âge plutôt que moi. Je vous invite, tous ceux qui le peuvent, à communiquer ces vérités autour de vous. Communiquez-le d’abord à votre cœur, à votre âme, dans la prière, dans la supplication. Tous ensemble, nous voulons suivre notre Roi.

L’histoire du jeune Gaston

Permettez-moi de vous raconter une petite histoire qui va vous intéresser. Un jour, un jeune garçon de 15 ou 16 ans demande à son papa s’il peut devenir frère. Le garçon en ques- tion était très doué, pre- mier de classe partout, il avait reçu des diplômes, il était même médaillé du Lieutenant-Gouverneur comme le meilleur élève de la région. Quand il demande à son papa pour être frère, celui-ci lui répond: «Quoi? Tu veux être frère? Avec le talent que tu as, tu pourrais aller loin... Va au séminaire! Tu seras ordonné prêtre. Puis brillant comme tu es, tu vas devenir un évêque, et un évêque fameux à part de ça. Pas un frère, mon garçon! Je sais que tu aimes la religion. Ça fait longtemps que je le vois, depuis que tu es petit bout de chou. Tu es un vrai mangeux de balustres, tu es en train de tout user les prie-Dieu, on est à la veille de recevoir un compte de la fabrique 18 pour usure des bancs d’église! Je sais que tu aimes la religion, mais si tu aimes la religion tant que ça, fais-toi pas frère! Sais-tu, mon garçon, si je rencontre un chien et un frère en même temps, je salue le chien avant le frère», dit le papa au petit garçon qui s’appelait Gaston. Et le jeune Gaston lui répond: «Papa, c’est justement pour ça que je veux être frère. Quoi? dit son père, quoi! C’est pour ça que je veux être frère, parce que tu viens de me dire que si tu rencontres un chien et un frère, tu salues le chien avant le frère. Qu’est-ce que tu veux dire? Parce que je veux être moins que le chien. Tu veux être moins que le chien? Qu’est-ce qui te prend, mon fils? Papa, c’est toi qui m’as enseigné la religion; maman, le curé, le catéchiste, vous m’avez tous enseigné. Dieu, le Fils de Dieu est venu sur la terre, Il S’est abaissé jusqu’à l’homme. Juste l’écart entre Dieu et l’homme est incommensurable. Non seule- ment Il a fait ça, mais une fois qu’Il a pris la condi- tion d’homme, Il a été piétiné par les hommes comme un ver. On L’a bafoué, on L’a traîné dans la boue, on a craché sur Lui et Il est mort comme un criminel. Jésus, Dieu Lui-même! C’est vous autres qui m’avez enseigné ça. Je crois profondément, papa, que si je deviens moins qu’un chien, je fais beaucoup moins que ce que Jésus a fait, et Jésus est mon modèle. Je veux tellement Lui ressembler, c’est la passion de ma vie. Je veux ressembler à mon Modèle. Ah! dit le papa, si c’est ça que tu veux, va, mon garçon, deviens frère.» Le jeune Gaston Tremblay est devenu Frère Jean Grande dans l’Ordre des Frères Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, et Frère Jean Grande est devenu Père Jean de la Trinité, qui est devenu Père Jean-Grégoire XVII. Vous comprenez pourquoi je vous raconte cette histoire? Dieu a mis dans le cœur de cet enfant cette lumière insigne de la gran- deur de l’humilité, de la grandeur du mépris, de la grandeur de l’abjection. Il avait compris que c’est l’exemple principal que notre Dieu, notre Roi, notre Jésus nous a donné, que c’est l’exemple prin- cipal qu’il nous faut suivre. Dieu avait mis cette lumière dans le cœur de ce petit enfant, ce jeune garçon, parce qu’il était destiné à établir cette com- munauté des Derniers Temps et être à la tête de l’Église rénovée.

Épris de dame Humilité

Pour clore l’année 2024, les sœurs ont mis en scène quelques épisodes de la vie de saint François d’Assise. Encore jeune homme, dans le processus de sa conversion, François a une vision de ce qu’il a nommé dame Pauvreté. La Pauvreté s’est présen- tée à lui sous les dehors d’une jeune dame pleine d’attraits, pleine de charmes. Il a compris que c’était la pauvreté que Jésus avait embrassée et il s’est donc épris de dame Pauvreté. Et avec elle, il a rénové l’Église de son temps (13e siècle). Mes frères, je fais ici un parallèle. Dieu a parlé à l’âme, au cœur de notre Père Jean-Grégoire XVII. Et c’est dame Humilité qui s’est manifestée à lui, dame Abjection, dame Mépris universel, dame Rejetée, dame Avilie, dame Abnégation, qui s’oublie elle-même pour donner toute la place à Jésus. Père Jean-Grégoire a été séduit par elle. Elle a été la boussole de toute sa vie, son guide, sa lumière. C’est à travers cette lumière que Dieu a voulu commencer la rénovation de l’Église qui – et je crois qu’on peut tous être d’accord là-dessus – se trouve actuellement dans un état beaucoup plus pitoyable qu’au temps de saint François d’Assise, il y a 800 ans. Dieu a manifesté à notre Père Jean- Grégoire dame Humilité, et à travers elle l’image, la figure de Jésus, ce Jésus abaissé, ce Jésus avili, ce Jésus qui S’est humilié: notre Roi. Père Jean s’est amouraché de son Roi avili et il a voulu Le suivre. C’est mon invitation, mon souhait, mon mot d’ordre pour cette année. Voici le texte de l’Apocalypse que l’Église a inséré dans la liturgie de la messe du dimanche du Christ-Roi: Il est digne, l’Agneau qui a été immolé... L’Agneau, c’est ce Roi immolé que je viens de vous décrire. Notre religion, l’Évangile, les enseignements de Dieu, c’est tout un. C’est tou- jours le même seul et unique enseignement qui se rejoint partout. Jésus l’a dit à Pilate: Tu le dis, Je suis Roi! Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité. Quiconque est du parti de la Vérité entend Ma voix. Et pour ceux qui entendent cette voix, le règne de Dieu arrive. Il est digne l’Agneau qui a été immolé – ce Roi immolé – de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force et l’honneur. À Lui, gloire et puis- sance dans les siècles des siècles. 19 Son règne va arriver, mes frères et sœurs, si nous suivons cet Agneau immolé, notre Roi. Jésus parlait aux foules du royaume de Dieu. Son règne va arriver. Dieu va manifester et Sa puissance, et Sa divinité, et Sa sagesse, et Sa force. Son honneur va être exalté. À Lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen. Sainte Année! chers amis, chers frères, chères sœurs. Je vous la souhaite royale dans toute la force du mot que vous venez d’entendre. C’est la voie royale.

Mot

d’ordre

et

souhait

pour

2025

pour la conservation
de la foi et de la vérité
1. Une Année Sainte, ou Jubilé, est une période spé- ciale dans l’Église, allant de Noël à Noël, qui revient généralement tous les vingt-cinq ans. Ce temps de grâce est marqué par un accroissement de prière, de pénitence et de manifestations religieuses, ainsi que par l’octroi d’une indulgence plénière générale, moyennant certaines pratiques prescrites par l’Église. 2. Sainte Marie de Jésus Crucifié, Paroles et élévations, p. 100-101. Disponible aux Éditions Magnificat, voir p. 27. 3. Cf. Apocalypse 12, 4 4. C’est d’ailleurs depuis cette funeste chute de nos pre- miers parents que nous naissons tous avec le péché originel. 5. Cf. S. Jean 18, 33-38 6. Cf. S. Matth. 16, 24; S. Marc 8, 34; S. Luc 9, 23 7. Cf. S. Matth. 22, 37-39: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est là le plus grand et le premier com- mandement. Mais le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 8. Cf. S. Matth. 2, 1-6 et suite. 9. Cf. Chan. Alfred Weber, Les Quatre Évangiles en un seul, Éditions Magnificat, 2002, p. 174-179. Récit tiré de S. Matth. 14, 13-36; S. Marc 6, 30-56; S. Luc 9, 10-17; S. Jean 6, 1-21 10. Cf. S. Jean 18, 36 11. Père Sylvio du Cœur de l’Immaculée, O.D.M. (1934- 2021), né Sylvio Salvas. Décédé en odeur de sainteté en Guadeloupe où il était missionnaire. 12. Cf. S. Luc 23, 11 13. Cf. S. Matth. 27, 15-26; S. Marc 15, 6-15; S. Luc 23, 13-25; S. Jean 18, 39-40 14. Cf. S. Luc 19, 14 15. Cf. S. Matth. 27, 29 16. S. Jean 19, 5 17. Cf. Isaïe 53, 1-7 18. La fabrique, c’est les marguilliers, les conseillers de la paroisse, qui font l’entretien et voient à l’adminis- tration de l’église. 19. Cf. Apocalypse 5, 12 et 13