I S 1,1. Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, dans la montagne d'Ephraïm, qui s'appelait Elcana; il était fils de Jéroham, fils d'Eliu, fils de Thohu, fils de Suph, Ephraïmite.
I S 1,2. Il avait deux femmes, dont l'une s'appelait Anne, et la seconde Phénenna. Phénenna avait des enfants et Anne n'en avait pas.
I S 1,3. Cet homme allait de sa ville à Silo aux jours ordonnés, pour adorer le Seigneur des armées, et pour Lui offrir des sacrifices. Les deux fils d'Héli, Ophni et Phinées, y faisaient la fonction de prêtres du Seigneur.
I S 1,4. Un jour donc Elcana, ayant offert son sacrifice, donna à Phénenna sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles leur part de la victime.
I S 1,5. Il n'en donna qu'une à Anne, tout triste, parce qu'il l'aimait. Mais le Seigneur l'avait rendue stérile.
I S 1,6. Phénenna, qui avait de la jalousie contre elle, l'affligeait aussi et la tourmentait extrêmement, jusqu'à l'insulter de ce que le Seigneur l'avait rendue stérile.
I S 1,7. Elle la traitait ainsi tous les ans lorsque le temps était venu de monter au temple du Seigneur; et Anne se mettait à pleurer, et ne mangeait point.
I S 1,8. Elcana, son mari, lui dit donc: Anne, pourquoi pleurez-vous? Pourquoi ne mangez-vous pas et pourquoi votre coeur s'afflige-t-il? Ne suis-je pas pour vous plus que ne vous seraient dix enfants?
I S 1,9. Après donc qu'Anne eut mangé et bu à Silo, elle se leva, et tandis que le grand prêtre Héli était assis sur son siège devant la porte du temple du Seigneur,
I S 1,10. Anne, qui avait le coeur plein d'amertume, pria le Seigneur en répandant beaucoup de larmes,
I S 1,11. et elle fit un voeu en ces termes: Seigneur des armées, si Vous daignez regarder l'affliction de Votre servante, si Vous Vous souvenez de moi, si Vous n'oubliez point Votre servante, et, si Vous donnez à Votre esclave un enfant mâle, je le donnerai à mon Seigneur pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête.
I S 1,12. Comme Anne demeurait ainsi longtemps en prière devant le Seigneur, Héli jeta les yeux sur sa bouche.
I S 1,13. Or Anne parlait dans son coeur, et l'on voyait seulement remuer ses lèvres, sans qu'on entendît aucune parole. Héli crut qu'elle avait bu avec excès;
I S 1,14. et il lui dit: Jusqu'à quand serez-vous ivre? Laissez un peu reposer le vin qui vous trouble.
I S 1,15. Anne lui répondit: Pardonnez-moi, mon seigneur, je suis une femme comblée d'affliction; je n'ai bu ni vin, ni rien qui puisse enivrer; mais j'ai répandu mon âme en la présence du Seigneur.
I S 1,16. Ne croyez pas que votre servante soit comme l'une des filles de Bélial; car il n'y a que l'excès de ma douleur et de mon affliction qui m'ait fait parler jusqu'à cet instant.
I S 1,17. Alors Héli lui dit: Allez en paix; et que le Dieu d'Israël vous accorde la demande que vous Lui avez faite.
I S 1,18. Anne lui répondit: Plaise à Dieu que votre servante trouve grâce devant vos yeux! Elle s'en alla ensuite, elle mangea, et elle ne changea plus de visage comme auparavant.
I S 1,19. S'étant ensuite levés dès le matin, ils adorèrent le Seigneur, s'en retournèrent et arrivèrent à leur maison à Ramatha. Or Elcana fut avec sa femme, et le Seigneur se souvint d'elle.
I S 1,20. Quelque temps après elle conçut, et enfanta un fils, qu'elle appela Samuel, parce qu'elle l'avait demandé au Seigneur.
I S 1,21. Elcana son mari vint ensuite avec toute sa maison, pour immoler au Seigneur la victime accoutumée, et pour Lui rendre son voeu.
I S 1,22. Mais Anne n'y alla point, et elle dit à son mari: Je n'irai pas au sanctuaire jusqu'à ce que l'enfant soit sevré, et je le mènerai afin qu'il soit présenté au Seigneur, et qu'il demeure toujours devant Lui.
I S 1,23. Elcana son mari lui dit: Faites ce qui vous semblera bon; et restez jusqu'à ce que vous ayez sevré l'enfant. Je prie le Seigneur d'accomplir Sa parole. Anne demeura donc, et elle nourrit son fils de son lait, jusqu'à ce qu'elle l'eut sevré.
I S 1,24. Et lorsqu'elle l'eut sevré, elle prit avec elle trois veaux, trois boisseaux de farine, et un vase plein de vin, et elle amena son fils à Silo dans la maison du Seigneur. Or l'enfant était encore tout petit.
I S 1,25. Ils le présentèrent à Héli, après avoir immolé un veau.
I S 1,26. Et Anne lui dit: Je vous en prie, mon seigneur; aussi vrai que votre âme vit, je suis cette femme que vous avez vu ici prier le Seigneur.
I S 1,27. Je Le suppliais pour cet enfant, et le Seigneur m'a accordé la demande que je Lui ai faite.
I S 1,28. C'est pourquoi je le Lui prête pour tous les jours où il sera prêté au Seigneur. Ils adorèrent donc le Seigneur en ce lieu, et Anne pria en ces termes:
I S 2,1. Mon coeur a tressailli d'allégresse dans le Seigneur, et mon Dieu m'a comblée de gloire. Ma bouche s'est ouverte contre mes ennemis, parce que je me suis réjouie dans le salut que j'ai reçu de Vous.
I S 2,2. Nul n'est saint comme le Seigneur; car il n'y en a point, Seigneur, d'autre que Vous, et nul n'est fort comme notre Dieu.
I S 2,3. Cessez donc de vous glorifier avec des paroles insolentes. Que votre ancien langage ne sorte plus de votre bouche; parce que le Seigneur est le Dieu de toute science, et qu'Il pénètre le fond des pensées.
I S 2,4. L'arc des forts à été brisé, et les faibles ont été remplis de force.
I S 2,5. Ceux qui étaient auparavant comblés de biens se sont loués pour avoir du pain, et ceux qui étaient pressés de la faim ont été rassasiés. Celle qui était stérile est devenue mère de beaucoup d'enfants; et celle qui avait des fils nombreux a été affaiblie.
I S 2,6. C'est le Seigneur qui ôte et qui donne la vie; qui conduit aux enfers et qui en retire.
I S 2,7. C'est le Seigneur qui fait le pauvre et qui fait le riche; c'est Lui qui abaisse et qui élève.
I S 2,8. Il tire le pauvre de la poussière et l'indigent du fumier, pour le faire asseoir entre les princes, et lui donner un trône de gloire. C'est au Seigneur qu'appartiennent les fondements de la terre, et Il a posé le monde sur eux.
I S 2,9. Il gardera les pieds de Ses Saints, et les impies seront réduits au silence dans leurs ténèbres; car l'homme ne sera point affermi par sa propre force.
I S 2,10. Les ennemis du Seigneur trembleront devant Lui; Il tonnera sur eux du haut des cieux. Le Seigneur jugera toute la terre; Il donnera l'empire à Celui qu'Il a fait roi, et Il comblera de gloire le règne de son Christ.
I S 2,11. Après cela Elcana s'en retourna à sa maison à Ramatha. Et l'enfant servait en la présence du Seigneur devant le grand prêtre Héli.
I S 2,12. Or les enfants d'Héli étaient des enfants de Bélial, qui ne connaissaient point le Seigneur,
I S 2,13. ni le devoir des prêtres à l'égard du peuple; car lorsque quelqu'un avait immolé une victime, le serviteur du prêtre venait pendant qu'on en faisait cuire la chair, et tenant à la main une fourchette à trois dents,
I S 2,14. il la mettait dans la chaudière ou dans le chaudron, dans la marmite ou dans le pot, et tout ce qu'il pouvait enlever avec la fourchette était pour le prêtre. Ils traitaient ainsi tout le peuple d'Israël qui venait à Silo.
I S 2,15. Avant qu'on fît aussi brûler la graisse de la victime, le serviteur du prêtre venait, et disait à celui qui immolait: Donnez-moi de la chair, afin que je la fasse cuire pour le prêtre; car je ne recevrai point de vous de chair cuite, mais j'en veux de crue.
I S 2,16. Celui qui immolait lui disait: Qu'on fasse auparavant brûler la graisse selon la coutume, et après cela prenez de la chair autant que vous en voudrez. Mais le serviteur lui répondait: Non; vous en donnerez immédiatement, ou j'en prendrai par force.
I S 2,17. Et ainsi le péché de ces fils d'Héli était très grand devant le Seigneur, parce qu'ils détournaient les hommes du sacrifice du Seigneur.
I S 2,18. Cependant l'enfant Samuel servait devant le Seigneur, vêtu d'un éphod de lin.
I S 2,19. Et sa mère lui faisait une petite tunique qu'elle apportait aux jours solennels, lorsqu'elle venait avec son mari pour offrir le sacrifice accoutumé.
I S 2,20. Et Héli bénit Elcana et sa femme, et il dit à Elcana: Que le Seigneur vous rende des enfants de cette femme pour le dépôt que vous avez mis entre les mains du Seigneur. Et ils s'en retournèrent chez eux.
I S 2,21. Le Seigneur visita donc Anne; et elle conçut, et enfanta trois fils et deux filles; et l'enfant Samuel grandit devant le Seigneur.
I S 2,22. Or Héli était extrêmement vieux, et ayant appris la manière dont ses fils se conduisaient envers tout Israël, et qu'ils dormaient avec les femmes qui veillaient l'entrée du tabernacle,
I S 2,23. il leur dit: Pourquoi faites-vous toutes ces choses que j'entends, ces crimes détestables que j'apprends de tout le peuple?
I S 2,24. Ne faites plus cela, mes enfants; car c'est un bruit très triste qui court à votre sujet, que vous portez le peuple du Seigneur à violer Ses commandements.
I S 2,25. Si un homme péche contre un homme, on lui peut rendre Dieu favorable; mais si un homme pèche contre le Seigneur, qui priera pour lui? Et les fils d'Héli n'écoutèrent point la voix de leur père, parce que le Seigneur voulait les perdre.
I S 2,26. Cependant l'enfant Samuel s'avançait et croissait, et il plaisait à Dieu et aux hommes.
I S 2,27. Or un homme de Dieu vint trouver Héli, et lui dit: Voici ce que dit le Seigneur: Ne Me suis-Je pas révélé visiblement à la maison de votre père lorsqu'ils étaient en Egypte dans la maison du Pharaon?
I S 2,28. Je l'ai choisi de toutes les tribus d'Israël pour être Mon prêtre, pour monter à Mon autel, pour M'offrir des parfums et porter l'éphod en Ma présence; et J'ai fait participer la maison de votre père à tous les sacrifices des enfants d'Israël.
I S 2,29. Pourquoi avez-vous foulé aux pieds Mes victimes et les dons que J'ai ordonné qu'on M'offrit dans le temple? et pourquoi avez-vous plus honoré vos enfants que Moi, pour manger avec eux les prémices de tous les sacrifices de Mon peuple Israël?
I S 2,30. C'est pourquoi voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d'Israël: J'ai dit et j'ai certifié autrefois que votre maison et la maison de votre père servirait à jamais devant Ma face. Mais maintenant Je suis bien éloigné de cette pensée, dit le Seigneur; car Je glorifierai quiconque M'aura rendu gloire, et ceux qui Me méprisent tomberont dans le mépris.
I S 2,31. Il va venir un temps où Je couperai votre bras, et le bras de la maison de votre père, de sorte qu'il n'y aura point de vieillard dans votre maison.
I S 2,32. Et lorsque tout Israël sera dans la prospérité, vous verrez dans le temple un homme qui sera l'objet de votre envie: et il n'y aura jamais de vieillard dans votre maison.
I S 2,33. Néanmoins Je n'éloignerai pas entièrement de Mon autel ceux de votre race; mais Je ferai que vos yeux soient obscurcis, et que votre âme sèche de langueur; et une grande partie de ceux de votre maison mourront lorsqu'ils seront venus en âge d'homme.
I S 2,34. Le signe que vous en aurez, est ce qui arrivera à vos deux fils Ophni et Phinées, qui mourront tous deux en un même jour.
I S 2,35. Et Je Me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon Mon coeur et selon Mon âme. Je lui établirai une maison stable, et il marchera toujours devant Mon christ.
I S 2,36. Alors quiconque restera de votre maison viendra, afin que l'on prie pour lui et il offrira une pièce d'argent et un morceau de pain, en disant: Donnez-moi, je vous prie, une portion sacerdotale, afin que j'aie une bouchée de pain à manger.
I S 3,1. Or le jeune Samuel servait le Seigneur en présence d'Héli. La parole du Seigneur était alors rare et précieuse, et Dieu ne Se découvrait point clairement.
I S 3,2. Il arriva donc un jour qu'Héli était couché en son lieu ordinaire; ses yeux s'étaient obscurcis et il ne pouvait voir.
I S 3,3. La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte, et Samuel dormait dans le temple du Seigneur, où était l'arche de Dieu.
I S 3,4. Et le Seigneur appela Samuel, qui répondit et dit: Me voici.
I S 3,5. Il courut aussitôt à Héli, et lui dit: Me voici, car vous m'avez appelé. Héli lui dit: Je ne vous ai point appelé; retournez et dormez. Et il s'en alla, et il dormit.
I S 3,6. Le Seigneur appela encore Samuel. Et Samuel, s'étant levé, alla auprès d'Héli, et lui dit: Me voici, car vous m'avez appelé. Héli lui répondit: Mon fils, je ne vous ai pas appelé; retournez, et dormez.
I S 3,7. Or Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas été révélée.
I S 3,8. Le Seigneur appela donc encore pour la troisième fois Samuel, lequel, se levant, alla auprès d'Héli,
I S 3,9. et lui dit: Me voici, car vous m'avez appelé. Héli reconnut alors que le Seigneur appelait l'enfant; et il dit à Samuel: Allez, et dormez; et si l'on vous appelle encore une fois, répondez: Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute. Samuel s'en retourna donc en son lieu et s'endormit.
I S 3,10. Le Seigneur vint encore, et Se présenta, et Il appela comme Il avait fait, en le nommant par deux fois: Samuel, Samuel. Samuel lui répondit: Parlez, Seigneur, parce que Votre serviteur Vous écoute.
I S 3,11. Et le Seigneur dit à Samuel: Je vais faire en Israël une chose que nul ne pourra entendre sans que ses oreilles ne lui tintent.
I S 3,12. En ce jour-là J'exécuterai tout ce que J'ai dit contre Héli et contre sa maison; Je commencerai et J'achèverai.
I S 3,13. Car Je lui ai prédit que Je punirais à jamais sa maison à cause de son iniquité; parce que sachant que ses fils se conduisaient d'une manière indigne, il ne les a pas repris.
I S 3,14. C'est pourquoi J'ai juré à la maison d'Héli que l'iniquité de cette maison ne sera jamais expiée, ni par des victimes, ni par des présents.
I S 3,15. Or Samuel ayant dormi jusqu'au matin, alla ouvrir les portes de la maison du Seigneur, et il craignait de dire à Héli la vision qu'il avait eue.
I S 3,16. Héli appela donc Samuel, et lui dit: Samuel, mon fils. Il lui répondit: Me voici.
I S 3,17. Héli lui demanda: Qu'est-ce que le Seigneur vous a dit? Ne me le cachez pas, je vous prie. Que le Seigneur vous traite dans toute sa sévérité, si vous me cachez une seule de toutes les paroles qui vous ont été dites.
I S 3,18. Samuel lui dit donc tout ce qu'il avait entendu, et il ne lui cacha rien. Héli répondit: Il est le Seigneur; qu'Il fasse ce qui est agréable à Ses yeux.
I S 3,19. Or Samuel croissait en âge; le Seigneur était avec lui, et nulle de ses paroles ne tomba par terre.
I S 3,20. Et tout Israël connut, depuis Dan jusqu'à Bersabée, que Samuel était le fidèle prophète du Seigneur.
I S 3,21. Le Seigneur continua à apparaître dans Silo; car ce fut à Silo qu'Il Se découvrit à Samuel, et qu'Il lui fit connaître Sa parole. Et ce que Samuel dit à tout Israël fut accompli.
I S 4,1. Or il arriva en ce temps-là que les Philistins s'assemblèrent pour faire la guerre. Le peuple d'Israël s'avança aussi contre les Philistins, et l'armée campa contre la Pierre du secours. Les Philistins vinrent à Aphec,
I S 4,2. et rangèrent leurs troupes contre Israël. La bataille s'étant donnée, les Israélites furent mis en fuite par les Philistins, qui, courant partout à travers champs, en tuèrent environ quatre mille dans ce combat.
I S 4,3. Lorsque le peuple fut revenu dans le camp, les anciens d'Israël dirent: Pourquoi le Seigneur nous a-t-Il frappés aujourd'hui de cette plaie devant les Philistins? Amenons ici de Silo l'arche de l'alliance du Seigneur, et qu'elle vienne au milieu de nous, pour nous sauver de la main de nos ennemis.
I S 4,4. Le peuple ayant donc envoyé à Silo, on en fit venir l'arche de l'alliance du Seigneur des armées, assis sur les chérubins; et les deux fils d'Héli, Ophni et Phinées, étaient avec l'arche de l'alliance de Dieu.
I S 4,5. Lorsque l'arche de l'alliance du Seigneur fut venue dans le camp, tout le peuple d'Israël jeta un grand cri, qui retentit au loin.
I S 4,6. Les Philistins l'ayant entendu s'entredisaient: Quel est ce grand bruit de voix qui vient du camp des Hébreux? Et ils apprirent que l'arche du Seigneur était venue dans le camp.
I S 4,7. Les Philistins eurent donc peur, et ils dirent: Dieu est venu dans leur camp. Et ils gémirent en disant:
I S 4,8. Malheur à nous! car ils n'étaient pas dans une si grande joie hier et avant-hier. Malheur à nous! Qui nous sauvera de la main de ces Dieux si puissants? Ce sont ces Dieux qui frappèrent l'Egypte de toute sorte de plaies dans le désert.
I S 4,9. Mais prenez courage, Philistins, et agissez en hommes de coeur. Ne devenez point les esclaves des Hébreux, comme ils ont été les vôtres. Prenez courage et combattez vaillamment.
I S 4,10. Les Philistins donnèrent donc la bataille, et Israël fut défait. Tous s'enfuirent dans leurs tentes; et la perte fut si grande du côté des Israélites, qu'il demeura trente mille hommes de pied sur la place.
I S 4,11. L'arche de Dieu fut prise, et les deux fils d'Héli, Ophni et Phinées, furent tués.
I S 4,12. Le jour même, un homme de Benjamin échappé du combat vint en courant à Silo. Il avait ses vétements déchirés, et sa tête couverte de poussière.
I S 4,13. Au moment où il arrivait, Héli était assis sur son siège et tourné vers le chemin; car son coeur tremblait de crainte pour l'arche de Dieu. Cet homme, étant donc entré dans la ville, donna les nouvelles, et il s'éleva de grands cris dans toute la ville.
I S 4,14. Héli, ayant entendu le bruit de ces clameurs, demanda: Qu'est-ce que ce bruit confus? Alors le messager vint à Héli en grande hâte, et lui dit la nouvelle.
I S 4,15. Héli avait alors quatre-vingt-dix-huit ans; ses yeux s'étaient obscurcis, et il ne pouvait plus voir.
I S 4,16. Et l'homme dit à Héli: C'est moi qui reviens de la bataille, et qui me suis échappé aujourd'hui du combat. Héli lui dit: Qu'est-il arrivé, mon fils?
I S 4,17. Le messager lui répondit: Israël a fui devant les Philistins; une grande partie du peuple a été taillée en pièces; et même vos deux fils, Ophni et Phinées, ont été tués; et l'arche de Dieu a été prise.
I S 4,18. Lorsqu'il eut nommé l'arche de Dieu, Héli tomba de son siège à la renverse près de la porte, et s'étant fracassé la tête, il mourut. Il était vieux et très avancé en âge, et il avait jugé Israël pendant quarante ans.
I S 4,19. La femme de Phinées, belle-fille d'Héli, était alors enceinte et sur le point d'enfanter; et ayant appris que l'arche de Dieu avait été prise, et que son beau-père et son mari étaient morts, se trouvant surprise tout d'un coup par la douleur, elle se baissa et accoucha.
I S 4,20. Et comme elle allait mourir, les femmes qui étaient auprès d'elle lui dirent: Ne craignez point, car vous avez enfanté un fils. Elle ne leur répondit rien, et ne fit pas attention.
I S 4,21. Mais elle nomma son fils Ichabod, en disant: Israël a perdu sa gloire. En effet, l'arche de Dieu avait été prise, et son beau-père et son mari étaient morts;
I S 4,22. et elle dit qu'Israël avait perdu sa gloire, puisque l'arche de Dieu avait été prise.
I S 5,1. Les Philistins ayant donc pris l'arche de Dieu, l'emmenèrent de la Pierre du secours à Azot.
I S 5,2. Ils mirent l'arche de Dieu, qu'ils avaient prise, dans le temple de Dagon, et la placèrent auprès de Dagon.
I S 5,3. Le lendemain les habitants d'Azot, s'étant levés dès le point du jour, trouvèrent Dagon tombé le visage contre terre devant l'arche du Seigneur; et ils le relevèrent et le remirent à sa place.
I S 5,4. Le jour suivant s'étant encore levés dès le matin, ils trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l'arche du Seigneur: la tête et les deux mains avaient été brisées et gisaient sur le seuil;
I S 5,5. et le tronc seul de Dagon était demeuré en sa place. C'est pour cette raison que jusqu'à ce jour les prêtres de Dagon et tous ceux qui entrent dans son temple à Azot ne marchent point sur le seuil de la porte.
I S 5,6. Or la main du Seigneur s'appesantit sur les habitants d'Azot, et Il ruina leur pays. Il frappa ceux de la ville et de la campagne de maladies dans les parties secrètes du corps. Et il sortit tout à coup des champs et des villages une multitude de rats, et l'on vit dans toute la ville une confusion de mourants et de morts.
I S 5,7. Les habitants d'Azot, voyant une telle plaie, s'entredirent: Que l'arche du Seigneur d'Israël ne demeure point parmi nous, parce que Sa main pèse sur nous et sur Dagon notre dieu.
I S 5,8. Et ayant envoyé chercher tous les princes des Philistins, ils leur dirent: Que ferons-nous de l'arche du Dieu d'Israël? Les habitants de Geth répondirent: Qu'on mène l'arche du Dieu d'Israël de ville en ville. Ils commencèrent donc à mener l'arche du Dieu d'Israël d'un lieu dans un autre.
I S 5,9. Et pendant qu'ils la menaient ainsi, le Seigneur étendait Sa main sur chaque ville, et y tuait un grand nombre d'hommes. Il frappait tous les habitants, depuis le plus petit jusqu'au plus grand; et les intestins, sortant hors du conduit naturel, se pourrissaient. C'est pourquoi les habitants de Geth ayant tenu conseil, se firent des sièges de peaux.
I S 5,10. Ils envoyèrent ensuite l'arche de Dieu à Accaron. Et lorsque l'arche de Dieu fut venue à Accaron, les habitants de la ville se mirent à crier et à dire: Ils nous ont amené l'arche du Dieu d'Israël, pour qu'elle nous tue, nous et notre peuple.
I S 5,11. Ils envoyèrent donc chercher tous les princes des Philistins, qui, s'étant assemblés, leur dirent: Renvoyez l'arche du Dieu d'Israël, et qu'elle retourne au lieu où elle était, afin qu'elle ne nous tue plus, nous et notre peuple.
I S 5,12. Car chaque ville était remplie de la frayeur de la mort, et la main de Dieu s'appesantissait lourdement. Ceux qui n'en mourraient pas étaient frappés dans les secrètes parties du corps, et les cris de chaque ville montaient jusqu'au ciel.
I S 6,1. L'arche du Seigneur demeura donc dans le pays des Philistins pendant sept mois.
I S 6,2. Alors les Philistins firent venir leurs prêtres et leurs devins, et leur dirent: Que ferons-nous de l'arche du Seigneur? Dites-nous comment nous la renverrons au lieu où elle était. Ils leur répondirent:
I S 6,3. Si vous renvoyez l'arche du Dieu d'Israël, ne la renvoyez pas vide; mais rendez-Lui ce que vous Lui devez pour votre péché, et alors vous serez guéris, et vous saurez pourquoi Sa main ne se retire point de dessus vous.
I S 6,4. Ils leur demandèrent ensuite: Qu'est-ce que nous devons Lui rendre pour notre péché? Les prêtres répondirent:
I S 6,5. Faites anus d'or, et cinq rats d'or selon le nombre des provinces des Philistins; parce que vous avez tous été frappés, vous et vos princes, d'une même plaie. Vous ferez dons des figures de la partie qui a été malade, et des figures des rats qui ont ravagé la terre; et vous rendrez gloire au Dieu d'Israël, pour voir s'Il retirera Sa main de dessus vous, de dessus vos dieux, et de dessus votre terre.
I S 6,6. Pourquoi appesantissez-vous vos coeurs comme l'Egypte, et comme Pharaon appesantit son coeur? Ne renvoya-t-il pas enfin les Israélites après avoir été frappé, et ne les laissa-t-il point partir?
I S 6,7. Prenez donc un chariot que vous ferez faire tout neuf, et attelez-y deux vaches qui nourrissent leur veau, auxquelles on n'aura pas encore imposé le joug, et renfermez leurs veaux dans l'étable.
I S 6,8. Prenez l'arche du Seigneur et placez-la sur le chariot, et ayant mis à côté dans une cassette les figures d'or que vous Lui aurez payées pour votre péché, laissez-la aller.
I S 6,9. Et vous regarderez. Si elle va par le chemin qui mène en son pays vers Bethsamès, ce sera le Dieu d'Israël qui nous a fait tous ces grands maux. Et si elle n'y va pas, nous reconnaîtrons que ce n'est point Sa main qui nous a frappés, mais que ces maux sont arrivés par hasard.
I S 6,10. Ils firent donc ce que leurs prêtres leur avaient conseillé; et prenant deux vaches qui nourrissaient leurs veaux de leur lait, ils les attelèrent au chariot, après avoir renfermé leurs veaux dans l'étable;
I S 6,11. et ils mirent l'arche de Dieu sur le chariot avec la cassette où étaient les rats d'or et les figures des anus.
I S 6,12. Les vaches, ayant commencé de marcher, allèrent tout droit par le chemin qui mène à Bethsamès, et elles avançaient toujours d'un même pas en beuglant, sans se détourner ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins les suivirent jusque sur les terres de Bethsamès.
I S 6,13. Les Bethsamites moissonnaient alors le blé dans une vallée; et, levant les yeux, ils aperçurent l'arche, et eurent une grande joie en la voyant.
I S 6,14. Le chariot vint dans le champ du Bethsamite Josué, et s'arrêta là. Il y avait en ce lieu une grande pierre; et les Bethsamites, ayant mis en pièces le bois du chariot, placèrent les vaches dessus et les offrirent au Seigneur en holocauste.
I S 6,15. Les lévites descendirent l'arche de Dieu avec la cassette qui était auprès, contenant les figures d'or, et ils les mirent sur cette grande pierre. Les Bethsamites offrirent alors des holocaustes, et immolèrent des victimes au Seigneur.
I S 6,16. Les cinq princes des Philistins ayant vu cela, retournèrent le même jour à Accaron.
I S 6,17. Voici les cinq anus d'or que les Philistins rendirent au Seigneur pour leur péché: Azot, Gaza, Ascalon, Geth et Accaron en donnèrent chacun un,
I S 6,18. et avec autant de rats d'or qu'il y avait de villes dans les cinq provinces des Philistins, depuis les villes murées jusqu'aux villages sans murs, jusqu'à la pierre nommée le grand Abel, sur laquelle ils mirent l'arche du Seigneur, et qui est encore aujourd'hui dans le champ du Bethsamite Josué.
I S 6,19. Or le Seigneur punit de mort les habitants de Bethsamès, parce qu'ils avaient regardé l'arche du Seigneur; et Il fit mourir soixante-dix personnes et cinquante mille hommes du peuple; et ils pleurèrent tous de ce que le Seigneur avait frappé le peuple d'une si grande plaie.
I S 6,20. Alors les Bethsamites dirent: Qui pourra subsister en la présence de ce Seigneur, de ce Dieu si saint? Et chez lequel d'entre nous pourra-t-Il demeurer?
I S 6,21. Ils envoyèrent donc des messagers aux habitants de Cariathiarim et leur firent dire: Les Philistins ont ramené l'arche du Seigneur; venez et emmenez-la chez vous.
I S 7,1. Les habitants de Cariathiarim, étant venus, emmenèrent l'arche du Seigneur; ils la mirent dans la maison d'Abinadab à Gabaa, et consacrèrent son fils Eléazar, afin qu'il gardât l'arche du Seigneur.
I S 7,2. Ils s'était écoulé des jours nombreux depuis que l'arche du Seigneur demeurait à Cariathiarim, et c'était déjà la vingtième année, lorsque toute la maison d'Israël commença à chercher son repos dans le Seigneur.
I S 7,3. Alors Samuel dit à toute la maison d'Israël: Si vous revenez au Seigneur de tout votre coeur, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, les Baals et les Astaroth; tenez vos coeurs prêts à obéir au Seigneur, et ne servez que Lui seul; et Il vous délivrera de la main des Philistins.
I S 7,4. Les enfants d'Israël rejetèrent donc les Baals et les Astaroth, et ne servirent que le Seigneur.
I S 7,5. Et Samuel leur dit: Assemblez tout Israël à Masphath, afin que je prie le Seigneur pour vous.
I S 7,6. Et ils s'assemblèrent à Masphath, et ils puisèrent de l'eau qu'ils répandirent devant le Seigneur; ils jeûnèrent ce jour-là, et dirent: Nous avons péché devant le Seigneur. Or Samuel jugea les enfants d'Israël à Masphath.
I S 7,7. Quand les Philistins surent que les enfants d'Israël s'étaient assemblés à Masphath, leurs princes marchèrent contre Israël; les enfants d'Israël, l'ayant appris, eurent peur des Philistins.
I S 7,8. Et ils dirent à Samuel: Ne cessez point de crier pour nous au Seigneur notre Dieu, afin qu'Il nous sauve de la main des Philistins.
I S 7,9. Samuel prit donc un agneau qui têtait encore, et il l'offrit tout entier en holocauste au Seigneur. Samuel cria au Seigneur pour Israël, et le Seigneur l'exauça.
I S 7,10. Tandis que Samuel offrait son holocauste, les Philistins commencèrent le combat contre Israël, et le Seigneur fit éclater ce jour-là Son tonnerre avec un bruit épouvantable sur les Philistins, et Il les frappa de terreur. Ainsi ils furent défaits par Israël.
I S 7,11. Les Israélites, étant sortis de Masphath, poursuivirent les Philistins en les taillant en pièces jusqu'au lieu qui est au-dessous de Bethchar.
I S 7,12. Et Samuel prit une pierre qu'il mit entre Masphath et Sen; et il appella ce lieu la Pierre du secours, en disant: Le Seigneur est venu jusqu'ici à notre secours.
I S 7,13. Les Philistins furent alors humiliés, et ils n'osèrent plus venir sur les terres d'Israël. Car la main du Seigneur fut sur les Philistins tant que Samuel gouverna le peuple.
I S 7,14. Les villes que les Philistins avaient prises sur Israël, depuis Accaron jusqu'à Geth, furent rendues avec toutes leurs terres au peuple d'Israël. Ainsi Samuel délivra les Israélites de la main des Philistins; et il y avait paix entre Israël et les Amorrhéens.
I S 7,15. Samuel jugeait Israël pendant tous les jours de sa vie.
I S 7,16. Il allait tous les ans à Béthel, à Galgala, et à Masphath, et il y jugeait Israël.
I S 7,17. Il retournait ensuite à Ramatha, qui était le lieu de sa demeure, et où il jugeait aussi le peuple. Il y bâtit même un autel au Seigneur.
I S 8,1. Samuel, étant devenu vieux, établit ses enfants pour juges sur Israël.
I S 8,2. Son fils aîné s'appelait Joël, et le second Abia. Ils exerçaient la fonction de juges à Bersabée.
I S 8,3. Mais ils ne marchèrent point dans ses voies; ils se laissèrent corrompre par l'avarice, reçurent des présents, et rendirent des jugements injustes.
I S 8,4. Tous les anciens d'Israël s'étant donc assemblés, vinrent trouver Samuel à Ramatha,
I S 8,5. et ils lui dirent: Voici que vous avez vieilli, et vos enfants ne marchent point dans vos voies. Etablissez donc sur nous un roi, comme en ont toutes les nations, afin qu'il nous juge.
I S 8,6. Cette proposition déplut à Samuel, quand il vit qu'ils lui disaient: Donnez-nous un roi, afin qu'il nous juge. Il pria donc le Seigneur.
I S 8,7. Et le Seigneur lui dit: Ecoutez la voix de ce peuple dans tout ce qu'ils vous disent; car ce n'est point vous, mais c'est Moi qu'ils rejettent, afin que Je ne règne point sur eux.
I S 8,8. C'est ainsi qu'ils ont toujours fait depuis le jour où Je les ai tirés d'Egypte jusqu'à présent. Comme ils M'ont abandonné, et qu'ils ont servi des dieux étrangers, ils vous traitent aussi de même.
I S 8,9. Ecoutez donc maintenant ce qu'ils vous disent; mais protestez-leur de Ma part, et déclarez-leur quel sera le droit du roi qui doit régner sur eux.
I S 8,10. Samuel rapporta au peuple, qui lui avait demandé un roi, tout ce que le Seigneur lui avait dit;
I S 8,11. et il ajouta: Voici quel sera le droit du roi qui vous gouvernera : Il prendra vos enfants pour conduire ses chariots; il s'en fera des cavaliers, et il les fera courir devant son char;
I S 8,12. il en fera ses officiers, pour commander, les uns mille hommes et les autres cent; il prendra les uns pour labourer ses champs et pour recueillir ses blés, et les autres pour lui faire des armes et des chariots.
I S 8,13. Il se fera de vos filles des parfumeuses, des cuisinières, et des boulangères.
I S 8,14. Il prendra aussi vos champs, vos vignes, et vos meilleures oliveraies, et il les donnera à ses serviteurs.
I S 8,15. Il vous fera payer la dîme de vos blés et du revenu de vos vignes, pour avoir de quoi donner à ses eunuques et à ses officiers.
I S 8,16. Il prendra vos serviteurs, vos servantes, et les jeunes gens les plus forts, avec vos ânes, et il les fera travailler pour lui.
I S 8,17. Il prendra aussi la dîme de vos troupeaux, et vous serez ses serviteurs.
I S 8,18. Vous crierez alors contre votre roi que vous vous serez élu; et le Seigneur ne vous exaucera point, parce que c'est vous-mêmes qui avez demandé d'avoir un roi.
I S 8,19. Le peuple ne voulu point écouter ce discours de Samuel: Non, lui dirent-ils, nous aurons un roi qui nous gouverne.
I S 8,20. Nous serons comme toutes les autres nations. Notre roi nous jugera, il marchera à notre tête, et il combattra pour nous dans toutes nos guerres.
I S 8,21. Samuel, ayant entendu toutes ces paroles du peuple, les rapporta au Seigneur.
I S 8,22. Et le Seigneur dit à Samuel: Faites ce qu'ils vous disent, et établissez un roi pour les gouverner. Samuel dit donc au peuple d'Israël: Que chacun retourne dans sa ville.
I S 9,1. Il y avait un homme de la tribu de Benjamin qui s'appelait Cis. Il était fils d'Abiel, fils de Séror, fils de Béchorath, fils d'Aphia, fils d'un Benjaminite. C'était un homme puissant et fort.
I S 9,2. Il avait un fils appelé Saûl, qui était parfaitement bien fait; et de tous les enfants d'Israël il n'y en avait pas de mieux fait que lui. Il était plus grand que tout le peuple de toute la tête.
I S 9,3. Cis, père de Saûl, avait des ânesses qui s'étaient égarées; et il dit à son fils Saûl : Prenez avec vous un des serviteurs, et allez chercher ces ânesses.
I S 9,4. Ayant donc passé par la montagne d'Ephraïm, et par le pays de Salisa sans les avoir trouvées, ils parcoururent encore le pays de Salim sans les rencontrer, et le pays de Jémini sans en avoir de nouvelles.
I S 9,5. Lorsqu'ils furent venus sur la terre de Suph, Saûl dit au serviteur qui était avec lui : Allons, retournons-nous-en, de peur que mon père, oubliant ses ânesses, ne soit trop inquiet à notre sujet.
I S 9,6. Le serviteur lui dit : Voici qu'il y a dans cette ville un homme de Dieu qui est très célèbre; tout ce qu'il dit arrive infailliblement. Allons donc le trouver maintenant; peut-être nous donnera-t-il quelque indication sur le sujet qui nous a fait venir ici.
I S 9,7. Saûl dit à son serviteur : Allons-y; mais que porterons-nous à l'homme de Dieu? Il n'y a plus de pain dans notre sac, et nous n'avons ni argent ni quoi que ce soit pour donner à l'homme de Dieu.
I S 9,8. Le serviteur répliqua à Saûl: Voici le quart d'un sicle d'argent que j'ai trouvé sur moi; donne-le à l'homme de Dieu, afin qu'il nous découvre ce que nous devons faire.
I S 9,9. (Autrefois, dans Israël, tous ceux qui allait consulter Dieu s'entredisaient : Venez, allons au Voyant; car celui qui s'appelle aujourd'hui Prophète, s'appelait alors le Voyant.)
I S 9,10. Saûl répondit à son serviteur : Ce que vous dites est très bien. Venez, allons-y. Et ils allèrent dans la ville où était l'homme de Dieu.
I S 9,11. Comme ils montaient par le coteau qui mène à la ville, ils trouvèrent des jeunes filles qui en sortaient pour aller puiser de l'eau; et ils leur dirent : Le Voyant est-il ici?
I S 9,12. Elles leur répondirent: Il y est, le voilà devant vous. Hâtez-vous, car il est venu aujourd'hui dans la ville, parce que le peuple doit offrir un sacrifice sur le haut lieu.
I S 9,13. Vous ne serez pas plus tôt entrés dans la ville que vous le trouverez avant qu'il monte au haut lieu pour le repas du sacrifice; et le peuple ne mangera point jusqu'à ce qu'il soit venu; car c'est lui qui bénit la victime; et après cela, ceux qui ont été invités commencent à manger. Montez donc maintenant; car aujourd'hui vous le trouverez.
I S 9,14. Ils montèrent donc à la ville; et, étant arrivés au milieu de la ville, ils virent Samuel qui venait au-devant d'eux, prêt à monter au haut lieu.
I S 9,15. Or le Seigneur avait révélé à Samuel la venue de Saûl un jour avant qu'il arrivât, en lui disant:
I S 9,16. Demain à cette même heure Je vous enverrai un homme de la tribu de Benjamin, et vous l'oindrez comme chef de Mon peuple Israël; et il sauvera Mon peuple de la main des Philistins: car J'ai regardé Mon peuple, et leurs cris sont venus jusqu'à Moi.
I S 9,17. Et tandis que Samuel regardait Saül, le Seigneur lui dit : Voici l'homme dont Je vous ai parlé; c'est lui qui règnera sur Mon peuple.
I S 9,18. Saûl s'approcha de Samuel au milieu de la porte, et il lui dit: Je vous prie de m'indiquer où est la maison du Voyant.
I S 9,19. Samuel répondit à Saûl : C'est moi qui suis le Voyant. Montez avec moi au haut lieu, afin que vous mangiez aujourd'hui avec moi; et demain matin je vous renverrai. Je vous dirai tout ce que vous avez au coeur.
I S 9,20. Quant aux ânesses que vous avez perdues il y a trois jours, n'en soyez point en peine, parce qu'elles sont retrouvées. Et à qui sera tout ce qu'il y a de meilleur dans Israël, sinon à vous et à toute la maison de votre père?
I S 9,21. Saûl lui répondit : Ne suis-je pas de la tribu de Benjamin, qui est la plus petite d'Israël? et ma famille n'est-elle point la moindre de toutes celles de cette tribu? Pourquoi donc me tenez-vous ce langage?
I S 9,22. Samuel ayant prit Saûl et son serviteur, les mena dans la salle, et les fit asseoir au-dessus des conviés, qui étaient environ trente personnes;
I S 9,23. puis il dit au cuisinier : Servez le morceau de viande que je vous ai donné, et que je vous ai commandé de mettre à part.
I S 9,24. Le cuisinier prit une épaule et la servit devant Saûl. Et Samuel lui dit : Voilà ce qui est demeuré; mettez-le devant vous et mangez, parce que je l'ai fait garder exprès pour vous lorsque j'ai invité le peuple. Et Saûl mangea ce jour-là avec Samuel.
I S 9,25. Ils descendirent ensuite du haut lieu dans la ville, et Samuel parla à Saûl sur la terrasse de la maison, et il y fit préparer un lit où Saûl dormit.
I S 9,26. Après qu'ils se furent levés le matin lorsqu'il faisait déjà jour, Samuel appela Saûl qui était sur la terrasse, et lui dit: Levez-vous, afin que je vous congédie. Saûl se leva, et ils sortirent tous deux, lui et Samuel.
I S 9,27. Et tandis qu'ils descendaient au bas de la ville, Samuel dit à Saûl: Dites à votre serviteur de passer et d'aller devant nous. Pour vous demeurez un peu, afin que je vous fasse savoir ce que le Seigneur m'a dit.
I S 10,1. En même temps, Samuel prit une petite fiole d'huile, qu'il répandit sur la tête de Saül, et il le baisa, et lui dit: C'est le Seigneur qui par cette onction vous sacre pour prince sur Son héritage; et vous délivrerez Son peuple de la main de ses ennemis qui l'environnent. Voici la marque que vous aurez que c'est Dieu qui vous a sacré pour prince:
I S 10,2. Lorsque vous m'aurez quitté aujourd'hui, vous trouverez deux hommes près du sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin, vers le midi, et ils vous diront: Les ânesses que vous étiez allé chercher sont retrouvées; votre père n'y pense plus, mais il est en peine de vous; il il dit: Que ferai-je pour retrouver mon fils?
I S 10,3. Lorsque vous serez sorti de là, et qu'ayant passé outre vous serez arrivé au chêne de Thabor, vous serez rencontré par trois hommes qui iront adorer Dieu à Béthel; l'un portera trois chevreaux, l'autre trois tourtes de pain, et l'autre une bouteille de vin.
I S 10,4. Après qu'ils vous auront salué, ils vous donneront deux pains, et vous les recevrez de leurs mains.
I S 10,5. Vous viendrez ensuite à la colline de Dieu, où il y a une garnison de Philistins; et lorsque vous serez entré dans la ville, vous rencontrerez une troupe de prophètes qui descendront du haut lieu précédés de lyres, de tambours, de flûtes et de harpes, et ces prophètes prophétiseront.
I S 10,6. En même temps l'Esprit du Seigneur saisira de vous; vous prophétiserez avec eux, et vous serez changé en un autre homme.
I S 10,7. Lors donc que tous ces signes vous seront arrivés, faites tout ce qui se présentera à faire, car le Seigneur sera avec vous.
I S 10,8. Vous descendrez avant moi à Galgala, où j'irai vous rejoindre, afin que vous offriez un sacrifice et que vous immoliez des victimes pacifiques. Vous m'attendrez pendant sept jours, jusqu'à ce que je vienne vous trouver, et que je vous déclare ce que vous aurez à faire.
I S 10,9. Aussitôt que Saül se fut détourné pour quitter Samuel, Dieu lui changea le coeur, et tous ces signes se réalisèrent le même jour.
I S 10,10. Lorsqu'il fut venu avec son serviteur à la colline qui lui avait été marquée, il fut rencontré par une troupe de prophètes. L'Esprit du Seigneur se saisit de lui, et il prophétisa au milieu d'eux.
I S 10,11. Et tous ceux qui l'avait connu peu auparavant, voyant qu'il était avec les prophètes, et qu'il prophétisait, s'entredisaient: Qu'est-il donc arrivé au fils de Cis? Saül est-il aussi parmi les prophètes?
I S 10,12. Et d'autres leur répondirent: Et qui est le père de ces prophètes? C'est pourquoi cette parole passa en proverbe: Saül est-il aussi parmi les prophètes?
I S 10,13. Saül, ayant cessé de prophétiser, vint au haut lieu;
I S 10,14. et son oncle lui dit, à lui et à son serviteur: Où avez-vous donc été? Ils lui répondirent: Nous avons été chercher des ânesses; et, ne les ayant point trouvées, nous nous sommes adressés à Samuel.
I S 10,15. Son oncle lui dit: dites-moi ce que Samuel vous a dit.
I S 10,16. Saül répondit à son oncle: Il nous a appris que les ânesses étaient retrouvées. Mais il ne découvrit rien à son oncle de ce que Samuel lui avait dit touchant sa royauté.
I S 10,17. Après cela, Samuel fit assembler tout le peuple devant le Seigneur à Maspha;
I S 10,18. et il dit aux enfants d'Israël: Voici ce que dit le Seigneur Dieu d'Israël: C'est Moi qui ai tiré Israël de l'Egypte, et qui vous ai délivrés de la main des Egyptiens, et de la main de tous les rois qui vous affligeaient.
I S 10,19. Mais vous avez aujourd'hui rejeté votre Dieu, qui seul vous a sauvés de tous les maux et de toutes les misères qui vous accablaient. Nous ne vous écouterons point, M'avez-vous répondu; mais établissez un roi sur nous. Maintenant donc présentez-vous devant le Seigneur, selon vos tribus et vos familles.
I S 10,20. Et Samuel ayant jeté le sort pour toutes les tribus d'Israël, le sort tomba sur la tribu de Benjamin.
I S 10,21. Il jeta ensuite le sort pour la tribu de Benjamin et pour ses familles; et il tomba sur la famille de Métri, et enfin jusque sur la personne de Saül, fils de Cis. On le chercha donc; mais on ne le trouva pas.
I S 10,22. Ils consultèrent ensuite le Seigneur pour savoir s'il viendrait en ce lieu-là; et le Seigneur leur répondit: Vous le trouverez caché dans sa maison.
I S 10,23. Ils y coururent donc, le prirent et l'amenèrent; et lorsqu'il fut au milieu du peuple, il parut plus grand que tous les autres de toute la tête.
I S 10,24. Samuel dit alors à tout le peuple: Vous voyez quel est celui que le Seigneur a choisi, et qu'il n'y en a pas dans tout le peuple qui lui soit semblable. Et tout le peuple s'écria: Vive le roi!
I S 10,25. Samuel prononça ensuite devant le peuple la loi du royaume, et il l'écrivit dans un livre, qu'il mit en dépôt devant le Seigneur. Après cela, Samuel renvoya tout le peuple chacun chez soi.
I S 10,26. Saül s'en retourna aussi chez lui à Gabaa, accompagné d'une partie de l'armée; c'étaient ceux dont Dieu avait touché le coeur.
I S 10,27. Mais les enfants de Bélial commencèrent à dire: Comment celui-ci pourrait-il nous sauver? Et ils le méprisèrent, et ne lui firent point de présents; mais Saül faisait semblant de ne les pas entendre.
I S 11,1. Environ un mois après, Naas, roi des Ammonites, se mit en campagne, et attaqua Jabès de Galaad. Et tous les habitants de Jabès dirent à Naas: Recevez-nous à composition, et nous vous serons assujettis.
I S 11,2. Naas, roi des Ammonites, leur répondit: La composition que je ferai avec vous, sera de vous arracher à tous l'oeil droit, et de faire de vous l'opprobre de tout Israël.
I S 11,3. Les anciens de Jabès lui répondirent: Accordez-nous sept jours, afin que nous envoyions des messagers dans tout Israël; et s'il ne se trouve personne pour nous défendre, nous nous rendrons à vous.
I S 11,4. Les messagers, étant venus à Gabaa, où Saül demeurait, firent ce rapport devant le peuple; et tout le peuple, élevant la voix, se mit à pleurer.
I S 11,5. Saül revenait alors des champs en suivant ses boeufs; et il dit: Qu'a le peuple pour pleurer ainsi? On lui raconta ce que les habitants de Jabès avaient envoyé dire.
I S 11,6. Aussitôt que Saül eut entendu ces paroles, l'Esprit du Seigneur se saisit de lui, et il entra dans une très grande colère.
I S 11,7. Il prit ses deux boeufs, les coupa en morceaux, et les envoya par des messagers dans toutes les terres d'Israël, en disant: c'est ainsi qu'on traitera les boeufs de quiconque ne se mettra pas en campagne à la suite de Saül et de Samuel. Alors le peuple fut frappé de la crainte du Seigneur, et ils sortirent tous en armes comme un seul homme.
I S 11,8. Saül en ayant fait la revue à Bézech, il se trouva dans son armée trois cent mille hommes des enfants d'Israël, et trente mille de la tribu de Juda.
I S 11,9. Et ils dirent aux messagers qui étaient venus de Jabès: Vous direz ceci aux habitants de Jabès-Galaad: Vous serez sauvés demain, lorsque le soleil sera dans sa force. Les messagers portèrent donc cette nouvelle aux habitants de Jabès, qui la reçurent avec joie.
I S 11,10. Et ils dirent aux Ammonites: Demain matin nous nous rendrons à vous, et vous nous traiterez comme il vous plaira.
I S 11,11. Le lendemain étant venu, Saül divisa son armée en trois corps, et étant entré à la pointe du jour au milieu du camp ennemi, il tailla en pièces les Ammonites jusqu'à ce que le soleil fût dans sa force. Ceux qui échappèrent furent dispersés, sans qu'il en demeurât seulement deux ensemble.
I S 11,12. Alors le peuple dit à Samuel: Quels sont ceux qui ont dit: Saül sera-t-il notre roi? Livrez-nous ces gens-là, et nous les ferons mourir.
I S 11,13. Mais Saül leur dit: On ne fera mourir personne en ce jour, parce que c'est le jour où le Seigneur a sauvé Israël.
I S 11,14. Or Samuel dit au peuple: Venez, allons à Galgala, et renouvelons-y l'élection du roi.
I S 11,15. Tout le peuple alla donc à Galgala, et il y reconnut de nouveau Saül pour roi en présence du Seigneur. Ils immolèrent au Seigneur des victimes pacifiques; et Saül et tous les Israëlites firent là de très grandes réjouissances.
I S 12,1. Alors Samuel dit à tout Israël: Vous voyez que je me suis rendu à tout ce que vous m'avez demandé, et que j'ai établi un roi sur vous.
I S 12,2. Votre roi maintenant marche devant vous. Pour moi, j'ai vieilli et blanchi, et mes enfants sont avec vous. Ayant donc vécu parmi vous depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour, me voici prêt à répondre de toute ma vie.
I S 12,3. Déclarez devant le Seigneur et devant son christ, si j'ai pris le boeuf ou l'âme de personne; si j'ai imputé à quelqu'un de faux crimes; si j'ai opprimé par violence; si j'ai reçu des présents de qui que ce soit; et je ferai connaître le peu d'attache que j'y ai en le restituant aujourd'hui.
I S 12,4. Ils lui répondirent: Vous ne nous avez ni calomniés ni opprimés, et vous n'avez rien pris de personne.
I S 12,5. Samuel ajouta: Le Seigneur m'est aujourd'hui témoin contre vous, et son christ aussi m'est témoin, que vous n'avez rien trouvé dans mes mains qui vous appartînt. Le peuple répondit: Ils en sont témoins.
I S 12,6. Alors Samuel dit au peuple: Le Seigneur qui a fait Moïse et Aaron, et qui a tiré nos pères de la terre d'Egypte, m'est donc témoin.
I S 12,7. Venez maintenant en Sa présence, afin que je vous appelle en jugement devant Lui touchant toutes les miséricordes que le Seigneur a faites à vous et à vos pères.
I S 12,8. Vous savez de quelle manière Jacob entra en Egypte, que vos pères crièrent au Seigneur, que le Seigneur envoya Moïse et Aaron, qu'Il tira vos pères de l'Egypte, et qu'Il les établit en ce pays-ci.
I S 12,9. Mais ils oublièrent le Seigneur leur Dieu; et Il les livra entre les mains de Sisara, général de l'armée d'Hasor, entre les mains des Philistins, et entre les mains du roi de Moab, qui combattirent contre eux.
I S 12,10. Ils crièrent ensuite au Seigneur et ils Lui dirent: Nous avons péché, parce que nous avons abandonné le Seigneur, et servi les Baals et les Astaroth; mais délivrez-nous maintenant de la main de nos ennemis, et nous Vous servirons.
I S 12,11. Le Seigneur envoya alors Jérobaal, Badan, Jephté et Samuel; Il vous délivra de la main des ennemis qui vous environnaient, et vous avez habité en une pleine assurance.
I S 12,12. Cependant, voyant que Naas, roi des enfants d'Ammon, marchait contre vous, vous étes venus me dire: Non, nous ne ferons point ce que vous dites, mais nous aurons un roi pour nous commander; quoique alors le Seigneur votre Dieu fût votre roi.
I S 12,13. Maintenant donc, vous avez votre roi que vous avez choisi et demandé. Vous voyez que le Seigneur vous a donné un roi.
I S 12,14. Si vous craignez le Seigneur, si vous Le servez, si vous écoutez Sa voix, et que vous ne vous rendiez point rebelles à Sa parole, vous serez, vous et le roi qui vous commande, à la suite du Seigneur votre Dieu, comme Son peuple.
I S 12,15. Mais si vous n'écoutez point la voix du Seigneur, et que vous vous rendiez rebelles à Sa parole, la main de Seigneur sera sur vous, comme elle a été sur vos pères.
I S 12,16. Et maintenant prenez garde, et considérez bien cette grande chose que le Seigneur va faire sous vos yeux.
I S 12,17. Ne fait-on pas aujourd'hui la moisson du froment? Et cependant je vais invoquer le Seigneur, et Il fera éclater les tonnerres et tomber les pluies, afin que vous sachiez et que vous voyiez combien est grand devant le Seigneur le mal que vous avez fait en demandant un roi.
I S 12,18. Samuel cria donc au Seigneur, et le Seigneur en ce jour-là fit éclater les tonnerres et tomber les pluies.
I S 12,19. Et tout le peuple fut saisi de la crainte du Seigneur et de Samuel. Et ils dirent tous ensemble à Samuel: Priez le Seigneur votre Dieu pour vos serviteurs, afin que nous ne mourions pas; car nous avons encore ajouté ce péché à tous les autres, de demander un roi pour nous commander.
I S 12,20. Samuel répondit au peuple: Ne craignez point. Il est vrai que vous avez fait tout ce mal; néanmoins ne quittez point le Seigneur, et servez-Le de tout votre coeur.
I S 12,21. Ne vous détournez pas de Lui pour suivre des choses vaines, qui ne vous serviront point, et qui ne vous délivreront point, parce qu'elles sont vaines.
I S 12,22. Le Seigneur n'abandonnera pas Son peuple, à cause de Son grand nom; parce qu'Il a juré qu'Il ferait de vous Son peuple.
I S 12,23. Pour moi, Dieu me garde de commettre ce péché contre Lui, que je cesse jamais de prier pour vous. Je vous enseignerai toujours la bonne et la droite voie.
I S 12,24. Craignez donc le Seigneur, et servez-Le dans la vérité et de tout votre coeur; car vous avez vu les merveilles qu'Il a faites parmi vous.
I S 12,25. Que si vous persévérez à faire le mal, vous périrez tous ensemble, vous et votre roi.
I S 13,1. Saül était comme un enfant d'un an lorsqu'il commença de régner, et il régna deux ans sur Israël.
I S 13,2. Il choisit trois mille hommes du peuple d'Israël: deux mille étaient avec lui à Machmas et sur la montagne de Béthel, et mille avec Jonathas à Gabaa de Benjamin; et il renvoya le reste du peuple chacun chez soi.
I S 13,3. Or Jonathas battit la garnison des Philistins qui étaient à Gabaa, et les Philistins l'apprirent aussitôt; et Saül le fit publier à son de trompe dans tout le pays en disant: Que les Hébreux entendent!
I S 13,4. Ainsi ce bruit se répandit dans tout Israël: Saül a battu la garnison des Philistins. Et Israël se leva contre les Philistins. Et le peuple s'assembla avec de grands cris auprès de Saül à Galgala.
I S 13,5. Les Philistins s'assemblèrent aussi pour combattre contre Israël; ils avaient trente mille chars, six mille chevaux, et une multitude de fantassins aussi nombreuse que le sable qui est sur le rivage de la mer. Et ils vinrent camper à Machmas, à l'orient de Béthaven.
I S 13,6. Les Israëlites, ayant vu qu'ils étaient comme à l'extrémité (car le peuple était tout abattu), allèrent se cacher dans les cavernes, dans les lieux les plus secrets, dans les rochers, dans les antres et dans les citernes.
I S 13,7. Les autres Hébreux passèrent le Jourdain, et vinrent au pays de Gad et de Galaad. Saül était encore à Galgala; mais tout le peuple qui le suivait était dans l'effroi.
I S 13,8. Il attendit sept jours, comme Samuel le lui avait ordonné. Cependant Samuel ne venait point à Galgala; et peu à peu tout le peuple abandonnait le roi.
I S 13,9. Saül dit donc: Amenez-moi l'holocauste et les victimes pacifiques. Et il offrit l'holocauste.
I S 13,10. Lorsqu'il achevait d'offrir l'holocauste, Samuel arriva. Et Saül alla au-devant de lui pour le saluer.
I S 13,11. Samuel lui dit: Qu'avez-vous fait? Saül lui répondit: Voyant que le peuple me quittait l'un après l'autre, que vous n'étiez point venu au jour que vous aviez dit, et que les Philistins s'étaient assemblés à Machmas,
I S 13,12. j'ai dit en moi-même: Les Philistins vont venir m'attaquer à Galgala, et je n'ai point encore apaisé le Seigneur. Etant donc contraint par cette nécessité, j'ai offert l'holocauste.
I S 13,13. Samuel dit à Saül: Vous avez agi follement, et vous n'avez point observé les ordres que le Seigneur votre Dieu vous avait donnés. Si vous n'aviez pas fait cette faute, le Seigneur aurait maintenant affermi à jamais votre règne sur Israël;
I S 13,14. mais votre règne ne subsistera pas à l'avenir. Le Seigneur S'est cherché un homme selon Son coeur, et Il lui a commandé d'être chef de Son peuple, parce que vous n'avez point observé ce qu'Il vous a ordonné.
I S 13,15. Samuel s'en alla ensuite, et passa de Galgala à Gabaa de Benjamin; et le reste du peuple, marchant avec Saül contre les troupes qui les attaquaient, passa aussi de Galgala à Gabaa, sur la colline de Benjamin. Saül, ayant fait la revue du peuple qui était demeuré avec lui, trouva environ six cents hommes.
I S 13,16. Saül et Jonathas son fils étaient donc à Gabaa de Benjamin avec ceux qui les avaient suivis; et les Philistins étaient campés à Machmas.
I S 13,17. Il sortit alors trois bandes du camp des Philistins pour aller piller. L'une prit le chemin d'Ephra vers le pays de Sual;
I S 13,18. l'autre marcha comme pour aller à Béthoron; et la troisième tourna vers le chemin du coteau qui domine la vallée de Séboïm du côté du désert.
I S 13,19. Or il ne se trouvait point de forgeron dans toutes les terres d'Israël. Car les Philistins avaient pris cette précaution, de peur que les Hébreux ne pussent forger des épées ou des lances.
I S 13,20. Et tous les Israélites étaient obligés d'aller chez les Philistins pour faire aiguiser le soc de leurs charrues, leurs hoyaux, leurs haches et leurs sarcloirs.
I S 13,21. C'est pourquoi le tranchant des socs de charrues, des hoyaux, des fourches et des haches était émoussé, sans qu'on pût redresser la pointe d'un aiguillon.
I S 13,22. Et lorsque le jour du combat fut venu, il ne se trouva, excepté Saül et Jonathas, son fils, personne de tous ceux qui les avaient suivis, qui eût une lance ou une épée à la main.
I S 13,23. Or un poste de Philistins sortit et vint s'établir à Machmas.
I S 14,1. Un jour il arriva que Jonathas, fils de Saül, dit au jeune homme qui était son écuyer: Venez, et passons jusqu'à ce poste des Philistins qui est au delà de ce lieu. Et il ne dit point cela à son père.
I S 14,2. Cependant Saül se tenait à l'extrémité de Gabaa, sous le grenadier de Magron; et il avait environ six cents hommes avec lui.
I S 14,3. Achias, fils d'Achitob, frère d'Ichabod, fils de Phinées, fils d'Héli, grand prêtre du Seigneur à Silo, portait l'éphod. Et le peuple ne savait pas non plus où était allé Jonathas.
I S 14,4. Le lieu par où Jonathas essayait de monter au poste des Philistins, était bordé de côté et d'autre de deux rochers élevés et escarpés, qui se dressaient en pointe comme des dents. L'un s'apellait Bosès, et l'autre Séné.
I S 14,5. L'un de ces rochers était situé du côté du septentrion vis-à-vis de Machmas, et l'autre du côté du midi vis-à-vis de Gabaa.
I S 14,6. Jonathas dit donc au jeune homme son écuyer : Viens, passons jusqu'au poste de cet incirconcis; peut-être que le Seigneur combattra pour nous; car il ne Lui est pas difficile de sauver soit avec un grand nombre, soit avec un petit nombre.
I S 14,7. Son écuyer lui répondit: Faites tout ce qu'il vous plaira; allez où vous voudrez, et je vous suivrai partout.
I S 14,8. Jonathas lui dit: Nous allons vers ces gens-là. Lors donc qu'ils nous auront aperçus,
I S 14,9. s'ils nous tiennent ce langage: Demeurez là jusqu'à ce que nous allions à vous; demeurons à notre place, et n'allons point à eux.
I S 14,10. Mais s'ils nous disent: Montez vers nous; montons-y, car ce sera la marque que le Seigneur les aura livrés entre nos mains.
I S 14,11. Or, lorsque la garde des Philistins les eut aperçus tous deux, les Philistins dirent: Voilà les Hébreux qui sortent des cavernes où ils s'étaient cachés.
I S 14,12. Et les hommes du poste, s'adressant à Jonathas et à son écuyer, leur dirent: Montez ici, et nous vous ferons voir quelque chose. Jonathas dit alors à son écuyer: Montons, suis-moi; car le Seigneur les a livrés entre les mains d'Israël.
I S 14,13. Jonathas monta donc, grimpant avec les mains et avec les pieds, et son écuyer derrière lui; aussitôt on vit les uns tomber sous la main de Jonathas, et son écuyer, qui le suivait, tuait les autres.
I S 14,14. Telle fut la première défaite des Philistins, où Jonathas et son écuyer tuèrent environ vingt hommes, dans la moitié d'autant de terre qu'une paire de boeufs en peut labourer en un jour.
I S 14,15. Et l'effroi se répandit au camp des Philistins à travers la campagne. Et tous ceux du poste qui étaient allés pour piller furent frappés d'étonnement, tout le pays fut en trouble, et ce fut comme une terreur envoyée par Dieu.
I S 14,16. Or les sentinelles de Saül qui étaient à Gabaa de Benjamin, jetant les yeux de ce côté-là, virent une multitude d'hommes étendus à terre, et d'autres qui fuyaient çà et là.
I S 14,17. Alors Saül dit à ceux qui étaient avec lui: Cherchez et voyez qui est sorti de notre camp. Et quand on eut fait cette recherche, on trouva que Jonathas et son écuyer étaient absents.
I S 14,18. Saül dit donc à Achias: Consultez l'arche de Dieu. Car l'arche de Dieu était alors là avec les enfants d'Israël.
I S 14,19. Et pendant que Saül parlait au prêtre, on entendit un bruit tumultueux, qui, venant du camp des Philistins, s'augmentait peu à peu, et qui retentissait de plus en plus. Saül dit donc au prêtre: C'est assez.
I S 14,20. Et aussitôt il jeta un grand cri, que répéta tout le peuple qui était avec lui; et étant venus au lieu du combat, ils trouvèrent que les Philistins s'étaient percés l'un l'autre de leurs épées, et qu'il s'en était fait un grand carnage.
I S 14,21. Et les Hébreux qui avaient été auparavant avec les Philistins, et qui étaient allés dans leur camp avec eux, vinrent se joindre aux Israélites qui étaient avec Saül et Jonathas.
I S 14,22. De plus, tous les Israélites qui s'étaient cachés dans la montagne d'Ephraïm, ayant appris que les Philistins fuyaient, se réunirent avec leurs compatriotes pour les combattre; et il y eut alors environ dix mille hommes avec Saül.
I S 14,23. En ce jour-là le Seigneur sauva Israël, et le combat se prolongea jusqu'à Bethaven.
I S 14,24. Et les Israélites se réunirent en ce jour-là; et Saül engagea alors tout le peuple par ce serment: Maudit soit celui qui mangera avant le soir, jusqu'à ce que je me sois vengé de mes ennemis. C'est pourquoi tout le peuple s'abstint de manger.
I S 14,25. Or ils vinrent tous dans un bois où la terre était couverte de miel.
I S 14,26. Le peuple, étant entré dans le bois, vit paraître ce miel qui découlait, et personne n'osa en porter à sa bouche, parce qu'ils craignaient le serment du roi.
I S 14,27. Mais Jonathas n'avait pas entendu cette adjuration que son père avait faite devant le peuple; c'est pourquoi, étendant le bout d'une baguette qu'il tenait à la main, il le trempa dans un rayon de miel; il porta ensuite la main à sa bouche, et ses yeux reprirent une nouvelle vigueur.
I S 14,28. Et quelqu'un du peuple lui dit : Votre père a engagé tout le peuple par serment, en disant: Maudit soit celui qui mangera aujourd'hui. Or le peuple était épuisé.
I S 14,29. Et Jonathas répondit: Mon père a troublé tout le monde; vous avez vu vous-mêmes que mes yeux ont repris une nouvelle vigueur, parce que j'ai goûté un peu de ce miel.
I S 14,30. Combien plus le peuple se serait-il fortifié, s'il eût mangé de ce qu'il a rencontré dans le butin des ennemis? La défaite des Philistins n'en aurait-elle pas été plus grande?
I S 14,31. Les Hébreux battirent les Philistins en ce jour-là, et les poursuivirent depuis Machmas jusqu'à Aïalon. Et le peuple, étant extrêmement las,
I S 14,32. se jeta sur le butin, prit des brebis, des boeufs et des veaux, et les tua sur place; et le peuple mangea la chair avec le sang.
I S 14,33. Saül en fut averti, et on lui dit que le peuple avait péché contre le Seigneur en mangeant de la chair avec le sang. Saül leur dit: Vous avez violé la loi; qu'on me roule ici une grande pierre.
I S 14,34. Et il ajouta : Allez à travers tout le peuple, et dites-leur: Que chacun amène ici son boeuf et son bélier; égorgez-les sur cette pierre, et ensuite mangez-en, et vous ne pécherez pas contre le Seigneur en mangeant de la chair avec le sang. Chacun vint donc amener là son boeuf jusqu'à la nuit, et ils immolèrent sur la pierre.
I S 14,35. Alors Saül bâtit un autel au Seigneur; et ce fut là la première fois qu'il Lui éleva un autel.
I S 14,36. Saül dit ensuite : Jetons-nous cette nuit sur les Philistins, et taillons-les en pièces jusqu'au point du jour sans qu'il en reste un seul d'entre eux. Le peuple lui répondit: Faites tout ce qu'il vous plaira. Alors le prêtre lui dit: Allons ici consulter Dieu.
I S 14,37. Saül consulta donc le Seigneur, et lui dit: Poursuivrai-je les Philistins? Les livrerez-Vous entre les mains d'Israël? Mais le Seigneur ne lui répondit pas cette fois.
I S 14,38. Alors Saül dit: Faites venir ici tous les principaux du peuple; qu'on s'informe, et qu'on sache quel est celui par qui ce péché a été commis aujourd'hui.
I S 14,39. Vive le Seigneur, sauveur d'Israël! Si Jonathas mon fils se trouve coupable de ce péché, il mourra sans rémission. Et nul du peuple ne le contredit lorsqu'il parla ainsi.
I S 14,40. Saül dit donc à tout Israël: Mettez-vous tous d'un côté; et je me tiendrai de l'autre avec mon fils Jonathas. Le peuple répondit à Saül: Faites tout ce qu'il vous plaira.
I S 14,41. Et Saül dit au Seigneur Dieu d'Israël: Seigneur Dieu d'Israël, donnez un signe: d'où vient que Vous n'avez pas répondu aujourd'hui à Votre serviteur? Si cette iniquité est en moi ou en mon fils Jonathas, découvrez-le-nous; ou si elle est dans Votre peuple, sanctifiez-le. Le sort tomba sur Jonathas et sur Saül, et le peuple fut hors de cause.
I S 14,42. Saül dit alors: Jetez le sort entre moi et Jonathas mon fils. Et le sort tomba sur Jonathas.
I S 14,43. Saül dit donc à Jonathas : Découvre-moi ce que tu as fait. Jonathas avoua tout, et lui dit: J'ai pris un peu de miel au bout d'une baguette que je tenais à la main, et j'en ai goûté; et voici que je meurs.
I S 14,44. Saül lui dit : Que Dieu me traite avec toute Sa sévérité si tu ne meurs très certainement, Jonathas.
I S 14,45. Le peuple dit à Saül: Quoi donc! Jonathas mourra-t-il, lui qui a sauvé Israël d'une manière si merveilleuse? Cela ne se peut. Vive le Seigneur! il ne tombera pas sur la terre un seul cheveu de sa tête; car il a agi aujourd'hui visiblement avec Dieu. Le peuple délivra donc Jonathas, et le sauva de la mort.
I S 14,46. Or Saül se retira, sans poursuivre davantage les Philistins; et les Philistins s'en retournèrent aussi chez eux.
I S 14,47. Saül ayant affermi sa royauté sur Israël combattait de tous côtés contre tous ses ennemis: contre Moab, et les enfants d'Ammon, contre Edom, et les rois de Soba, et les Philistins. Et de quelque côté qu'il se tournât, il triomphait.
I S 14,48. Et ayant réuni son armée, il défit les Amalécites, et délivra Israël de la main de ceux qui le pillaient.
I S 14,49. Or les fils de Saül étaient Jonathas, Jessui et Melchisua. Ses deux filles s'appelaient, l'aînée Mérob, et la plus jeune Michol.
I S 14,50. La femme de Saül se nommait Achinoam, et était fille d'Achimaas. Le général de son armée était Abner, fils de Ner, cousin germain de Saül;
I S 14,51. car Cis, père de Saül, et Ner, père d'Abner, étaient fils d'Abiel.
I S 14,52. Pendant tout le règne de Saül il y eut une guerre acharnée contre les Philistins. Et aussitôt que Saül avait reconnu qu'un homme était vaillant, et propre à la guerre, il le prenait auprès de lui.
I S 15,1. Et Samuel dit à Saül : Le Seigneur m'a envoyé pour vous oindre roi sur Son peuple Israël. Ecoutez donc maintenant ce que dit le Seigneur.
I S 15,2. Voici ce que dit le Seigneur des armées : Je Me suis souvenu de tout ce que Amalec a fait à Israël, et de la manière dont il s'opposa à lui dans son chemin lorsqu'il sortait d'Egypte.
I S 15,3. C'est pourquoi allez, et frappez Amalec, et détruisez tout ce qui est à lui. Ne l'épargnez pas, et ne désirez rien de ce qui lui appartient; mais tuez tout, depuis l'homme jusqu'à la femme, jusqu'aux petits enfants, aux nourrissons, jusqu'aux boeufs, aux brebis, aux chameaux et aux ânes.
I S 15,4. Saül convoqua donc le peuple, et il en fit la revue comme s'ils en avaient été des agneaux; il y avait deux cent mille hommes de pied, et dix mille hommes de Juda.
I S 15,5. Il marcha ensuite jusqu'à la ville d'Amalec et dressa des embuscades dans le torrent.
I S 15,6. Et il dit aux Cinéens: Allez, retirez-vous, séparez-vous des Amalécites, de peur que je ne vous enveloppe avec eux. Car vous avez usé de miséricorde envers tous les enfants d'Israël lorsqu'ils venaient d'Egypte. Les Cinéens se retirèrent donc du milieu des Amalécites.
I S 15,7. Et Saül tailla en pièces les Amalécites, depuis Hévila jusqu'à Sur, qui est vis-à-vis de l'Egypte.
I S 15,8. Et il prit vivant Agag, roi des Amalécites, et fit passer tout le peuple au fil de l'épée.
I S 15,9. Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag, et ce qu'il y avait de meilleur dans les troupeaux de brebis et de boeufs, dans les béliers, dans les vêtements, habits, et tout ce qui était beau, et ils ne voulurent point le perdre; mais ils détruisirent tout ce qui se trouva de vil et de méprisable.
I S 15,10. Le Seigneur adressa alors la parole à Samuel, et lui dit:
I S 15,11. Je me repens d'avoir fait Saül roi, parce qu'il M'a abandonné, et qu'il n'a point exécuté Mes ordres. Samuel en fut attristé, et il cria au Seigneur toute la nuit.
I S 15,12. Et comme il s'était levé avant le jour pour aller trouver Saül au matin, on vint lui dire que Saül était venu à Carmel, où il s'était dressé un arc de triomphe, et qu'au sortir de là il était descendu à Galgala. Samuel vint donc trouver Saül, qui offrait au Seigneur un holocauste des prémices du butin qu'il avait amené d'Amalec.
I S 15,13. Samuel s'étant approché de Saül, Saül lui dit: Soyez béni du Seigneur. J'ai accompli la parole du Seigneur.
I S 15,14. Samuel lui dit : D'où vient donc ce bruit des troupeaux de brebis et de boeufs que j'entends, et qui retentit à mes oreilles?
I S 15,15. Saül lui dit : On les a amenés d'Amalec; car le peuple a épargné ce qu'il y avait de meilleur parmi les brebis et les boeufs, pour les immoler au Seigneur votre Dieu; et nous avons tué tout le reste.
I S 15,16. Samuel dit à Saül : Laissez-moi, et je vous indiquerai ce que le Seigneur m'a dit cette nuit. Et Saül lui dit: Parlez.
I S 15,17. Samuel ajouta: Lorsque vous étiez petit à vos yeux, n'êtes-vous pas devenu le chef de toutes les tribus d'Israël? Et le Seigneur vous a oint roi sur Israël;
I S 15,18. et Il vous a envoyé à cette guerre, et Il vous a dit: Allez, et massacrez ces pécheurs d'Amalec; combattez contre eux jusqu'à ce que vous ayez tout tué.
I S 15,19. Pourquoi donc n'avez-vous pas écouté la voix du Seigneur? Pourquoi vous êtes-vous jeté sur le butin, et avez-vous fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur?
I S 15,20. Et Saül dit à Samuel: Au contraire, j'ai écouté la voix du Seigneur et j'ai suivi la voie par laquelle Il m'avait envoyé: j'ai amené Agag, roi d'Amalec, et j'ai tué les Amalécites.
I S 15,21. Mais le peuple a pris sur le butin des brebis et des boeufs, comme prémices de ce qui a été tué, pour les immoler au Seigneur son Dieu à Galgala.
I S 15,22. Samuel lui répondit: Le Seigneur demande-t-Il des holocaustes et des victimes, et ne veut-Il pas plutôt que l'on obéisse à Sa voix? Car l'obéissance est meilleure que les victimes, et il vaut mieux écouter Sa voix, que de Lui offrir la graisse des béliers.
I S 15,23. Car la désobéissance est un péché aussi grave que la magie, et ne se rendre pas à Sa volonté, c'est comme le crime d'idolâtrie. Puis donc que vous avez rejeté la parole du Seigneur, le Seigneur vous a rejeté, afin que vous ne soyez plus roi.
I S 15,24. Et Saül dit à Samuel: J'ai péché, parce que j'ai agi contre la parole du Seigneur, et contre vos ordres; je craignais le peuple, et j'ai écouté sa voix.
I S 15,25. Mais portez, je vous prie, mon péché, et venez avec moi, afin que j'adore le Seigneur.
I S 15,26. Samuel répondit à Saül: Je n'irai point avec vous, parce que vous avez rejeté la parole du Seigneur, et que le Seigneur vous a rejeté, et ne veut plus que vous soyez roi d'Israël.
I S 15,27. En même temps Samuel se retourna pour s'en aller; mais Saül le prit par le coin de son manteau, qui se déchira.
I S 15,28. Alors Samuel lui dit: Le Seigneur a déchiré aujourd'hui le royaume d'Israël, et vous l'a arraché des mains pour le donner à un autre, qui vaut mieux que vous.
I S 15,29. Celui qui triomphe dans Israël ne pardonnera point, et Il ne Se repentira pas de ce qu'Il a fait; car Il n'est point un homme pour Se repentir.
I S 15,30. Saül lui dit: J'ai péché; mais honorez-moi maintenant devant les anciens de mon peuple et devant Israël; et revenez avec moi, afin que j'adore le Seigneur votre Dieu.
I S 15,31. Samuel retourna donc, et suivit Saül, et Saül adora le Seigneur.
I S 15,32. Alors Samuel dit: Amenez-moi Agag, roi d'Amalec. Et on lui présenta Agag, qui était très gras, et tout tremblant. Et Agag dit: Faut-il qu'une mort amère me sépare ainsi de tout?
I S 15,33. Samuel lui dit: comme votre épée a ravi les enfants à tant de mères, ainsi votre mère parmi les femmes sera sans enfants. Et il le coupa en morceaux devant le Seigneur à Galgala.
I S 15,34. Samuel partit ensuite pour Ramatha, et Saül s'en alla dans sa maison à Gabaa.
I S 15,35. Et Samuel ne vit plus Saül jusqu'au jour de sa mort; mais il le pleurait sans cesse, parce que le Seigneur Se repentait de l'avoir établi roi sur Israël.
I S 16,1. Enfin le Seigneur dit à Samuel: Jusqu'à quand pleurerez-vous Saül, puisque Je l'ai rejeté, et que Je ne veux plus qu'il règne sur Israël? Remplissez d'huile votre corne, et venez, afin que Je vous envoie chez Isaï le Bethléémite, car Je Me suis choisi un roi parmi ses fils.
I S 16,2. Et Samuel lui répondit: Comment irai-je; car Saül l'apprendra et il me fera mourir. Et le Seigneur lui dit: Prenez avec vous un veau du troupeau, et vous direz: Je suis venu sacrifier au Seigneur.
I S 16,3. Vous appellerez Isaï au sacrifice, et Je vous indiquerai ce que vous aurez à faire, et vous oindrez celui que Je vous aurai montré.
I S 16,4. Samuel fit donc ce que le Seigneur lui avait dit. Il vint à Bethléem, et les anciens de la ville en furent tout surpris; ils allèrent au-devant de lui, et ils lui dirent: Nous apportez-vous la paix?
I S 16,5. Il leur répondit: Je vous apporte la paix; je suis venu pour sacrifier au Seigneur. Purifiez-vous, et venez avec moi, afin que j'offre la victime. Samuel purifia donc Isaï et ses fils, et les appela au sacrifice.
I S 16,6. Et lorsqu'ils furent entrés, Samuel dit en voyant Eliab: Est-ce là celui que le Seigneur a choisi pour être Son christ?
I S 16,7. Le Seigneur dit à Samuel: N'ayez égard ni à sa bonne mine ni à sa taille avantageuse, parce que Je l'ai rejeté, et que Je ne juge pas avec les yeux des hommes; car l'homme ne voit que ce qui paraît au dehors, mais le Seigneur regarde le coeur.
I S 16,8. Isaï appella ensuite Abinadab, et le présenta à Samuel. Et Samuel lui dit: Ce n'est point lui non plus que le Seigneur a choisi.
I S 16,9. Il lui présenta Samma; et Samuel lui dit: Le Seigneur n'a pas non plus choisi celui-là.
I S 16,10. Isaï fit donc venir ses sept fils devant Samuel; et Samuel lui dit: Dieu n'a choisi aucun de ceux-ci.
I S 16,11. Alors Samuel dit à Isaï: Sont-ce là tous vos fils? Isaï lui répondit: Il reste encore le plus jeune, qui garde les brebis. Envoyez le chercher, dit Samuel; car nous ne nous mettrons point à table qu'il ne soit venu.
I S 16,12. Isaï l'envoya donc chercher et le présenta à Samuel. Or il était blond, beau à contempler, et d'une physionomie agréable. Le Seigneur lui dit: Levez-vous, oignez-le, car c'est lui.
I S 16,13. Samuel prit donc la corne pleine d'huile, et il l'oignit au milieu de ses fréres. Et dès lors l'Esprit du Seigneur fut toujours en David. Et se levant, Samuel retourna à Ramatha.
I S 16,14. Or l'Esprit du Seigneur se retira de Saül, qui était agité par un esprit mauvais envoyé par le Seigneur.
I S 16,15. Alors les officiers de Saül lui dirent: Voici qu'un mauvais esprit envoyé de Dieu vous agite.
I S 16,16. Que notre seigneur commande, et vos serviteurs, qui sont auprès de vous, chercheront un homme qui sache toucher la harpe, afin qu'il en joue lorsque le mauvais esprit envoyé par le Seigneur vous agitera, et que vous en receviez du soulagement.
I S 16,17. Saül dit à ses officiers: Cherchez-moi donc quelqu'un qui sache bien jouer de la harpe, et amenez-le moi.
I S 16,18. Et l'un d'entre eux répondit: J'ai vu l'un des fils d'Isaï le Bethléémite, qui sait jouer de la harpe. C'est aussi un jeune homme très robuste, propre à la guerre, sage dans ses paroles, et plein de beauté; et le Seigneur est avec lui.
I S 16,19. Saül fit donc dire à Isaï: Envoyez-moi votre fils David, qui est avec vos troupeaux.
I S 16,20. Isaï prit aussitôt un âne qu'il chargea de pain, d'une amphore de vin et d'un chevreau, et il les envoya à Saül par son fils David.
I S 16,21. David vint trouver Saül, et se présenta devant lui. Et Saül l'aima extrêmement, et le fit son écuyer.
I S 16,22. Il envoya ensuite dire à Isaï: Que David demeure auprès de moi, car il a trouvé grâce à mes yeux.
I S 16,23. Ainsi toutes les fois que le mauvais esprit envoyé par le Seigneur se saisissait de Saül, David prenait sa harpe et en jouait; et Saül en était soulagé, et se trouvait mieux, car l'esprit malin se retirait de lui.
I S 17,1. Or les Philistins, assemblant de nouveau leurs troupes pour combattre Israël, se réunirent à Socho de Juda, et campèrent entre Socho et Azéca, sur les confins de Dommim.
I S 17,2. De leur côté, Saül et les enfants d'Israël s'étant aussi assemblés, vinrent dans la vallée du Térébinthe, et mirent leur armée en bataille pour combattre les Philistins.
I S 17,3. Les Philistins étaient d'un côté, sur une montagne; Israël était de l'autre côté, sur une autre montagne; et il y avait une vallée entre eux.
I S 17,4. Or un homme qui était bâtard sortit du camp des Philistins. Il s'appelait Goliath; il était de Geth, et il avait six coudées et un palme de haut.
I S 17,5. Il avait un casque d'airain sur la tête; il était revêtu d'une cuirasse à écailles, qui pesait cinq mille sicles d'airain.
I S 17,6. Il avait aux cuisses des cuissards d'airain, et un bouclier d'airain lui couvrait les épaules.
I S 17,7. La hampe de sa lance était comme l'ensouple des tisserands, et le fer de sa lance pesait six cents sicles de fer; et son écuyer marchait devant lui.
I S 17,8. Et se tenant debout en face des bataillons d'Israël, il leur criait: Pourquoi venez-vous combattre en bataille rangée? Ne suis-je pas Phlilistin, et vous serviteurs de Saül? Choisissez un homme d'entre vous, et qu'il vienne se battre seul à seul.
I S 17,9. S'il ose se battre contre moi et qu'il m'ôte la vie, nous serons vos esclaves; mais si j'ai l'avantage sur lui, et si je le tue, vous serez nos esclaves, et vous nous serez assujettis.
I S 17,10. Et ce Philistin disait: J'ai défié aujourd'hui toute l'armé d'Israël, et je leur ai dit: Donnez-moi un homme, et qu'il vienne se battre contre moi.
I S 17,11. Saül et tous les Israélites, entendant ce Philistin parler de la sorte, étaient frappés de stupeur, et tremblaient extrêmement.
I S 17,12. Or David était fils de cet Ephrathéen de Bethléem de Juda, nommé Isaï, dont il a été parlé auparavant, qui avait huit fils, et qui était vieux et avancé en âge au temps de Saül.
I S 17,13. Les trois plus grands de ses fils avaient suivi Saül à l'armée; l'aîné de ces trois, qui étaient allés à la guerre, s'appelait Eliab, le second Abinadab, et le troisième Samma.
I S 17,14. David était le plus jeune de tous. Et lorsque les trois aînés eurent suivi Saül,
I S 17,15. il était revenu d'auprès de Saül, et était allé à Bethléem pour mener paître le troupeau de son père.
I S 17,16. Cependant ce Philistin se présentait au combat le matin et le soir, et cela dura pendant quarante jours.
I S 17,17. Or Isaï dit à David son fils: Prends pour tes frères un éphi de farine et ces dix pains, et cours à eux jusqu'au camp.
I S 17,18. Porte aussi ces dix fromages pour leur maître de camp. Vois comment tes frères se portent, et sache en quelle compagnie ils sont.
I S 17,19. Or Saül et ces fils d'Isaï, et tous les enfants d'Israël combattaient contre les Philistins dans la vallée du Térébinthe.
I S 17,20. David, s'étant donc levé dès la pointe du jour, laissa à un homme le soin de son troupeau, et s'en alla portant son fardeau, selon l'ordre qu'Isaï lui avait donné. Il vint au lieu appelé Magala, où l'armée s'était avancée pour livrer la bataille; et l'on entendait les cris pour signal du combat.
I S 17,21. Car Israël avait rangé en bataille toutes ses troupes; et les Philistins étaient en ligne de l'autre côté.
I S 17,22. David, ayant donc laissé ce qu'il avait apporté entre les mains du gardien des bagages, courut au lieu du combat, et s'enquit de l'état de ses frères, et s'ils se portaient bien.
I S 17,23. Tandis qu'il parlait encore, ce Philistin de Geth, appelé Goliath, qui était bâtard, sortit du camp des Philistins; et David lui entendit proférer ses mêmes paroles.
I S 17,24. Tous les Israëlites, ayant vu Goliath, s'enfuirent devant lui tremblants de peur.
I S 17,25. Et quelqu'un d'Israël se mit à dire: Voyez-vous cet homme qui se présente au combat? Il vient pour insulter Israël. Si quelqu'un le tue, le roi le comblera de richesses, lui donnera sa fille en mariage, et rendra la maison de son père exempte de tribut dans Israël.
I S 17,26. Et David dit à ceux qui étaient auprès de lui: Que donnera-t-on à celui qui tuera ce Philistin, et qui ôtera l'opprobre d'Israël? Car qui est ce Philistin incirconcis, pour insulter ainsi l'armée du Dieu vivant?
I S 17,27. Et le peuple lui répétait les mêmes choses, en disant: On donnera telle récompense à celui qui l'aura tué.
I S 17,28. Mais Eliab, frère aîné de David, l'ayant entendu parler ainsi avec d'autres, s'irrita contre lui, et lui dit: Pourquoi es-tu venu, et pourquoi as-tu abandonné dans le désert ce peu de brebis? Je sais quel est ton orgueil et la malignité de ton coeur, et que tu n'es venu ici que pour voir le combat.
I S 17,29. David lui dit: Qu'ai-je fait? N'est-il pas permis de parler?
I S 17,30. Et il se détourna un peu de lui, pour aller vers un autre, et il dit la même chose; et le peuple lui répondit comme auparavant.
I S 17,31. Or ces paroles de David furent entendues, et on les répéta devant Saül.
I S 17,32. Et Saül l'ayant fait venir en sa présence, David lui dit: Que personne n'aie peur de ce Philistin; moi votre serviteur, j'irai et je le combattrai.
I S 17,33. Saül lui dit: Vous ne sauriez résister à ce Philistin, ni combattre contre lui; parce que vous êtes un enfant, tandis qu'il est un homme de guerre depuis sa jeunesse.
I S 17,34. David répondit à Saül: Lorsque votre serviteur conduisait le troupeau de son père, il venait quelquefois un lion ou un ours, qui emportait un bélier du milieu du troupeau;
I S 17,35. et alors je courais après eux, je les battais, et j'arrachais la proie de leur gueule; et lorsqu'ils se jetaient sur moi, je les prenais à la gorge, je les étranglais et les tuais.
I S 17,36. C'est ainsi que votre serviteur a tué un lion et un ours, et ce Philistin incirconcis sera comme l'un deux. J'irai contre lui, et je ferai cesser l'opprobre du peuple. Car qu'est ce Philistin incirconcis, pour oser maudire l'armée du Dieu vivant?
I S 17,37. Et David ajouta: Le Seigneur qui m'a délivré de la griffe du lion et de la patte de l'ours, me délivrera aussi de la main de ce Philistin. Saül dit donc à David: Allez, et que le Seigneur soit avec vous.
I S 17,38. Il le revêtit ensuite de ses armes, lui mit sur la tête un casque d'airain, et l'arma d'une cuirasse.
I S 17,39. Et David, ayant ceint l'épée de Saül par-dessus ses vêtements, se mit à essayer s'il pourrait marcher avec ces armes, car il ne l'avait pas fait jusqu'alors. Et il dit à Saül: Je ne saurais marcher ainsi, parce que je n'y suis pas accoutumé. Ayant donc quitté ces armes,
I S 17,40. il prit le bâton qu'il avait toujours à la main; il choisit dans le torrent cinq pierres très polies, et les mit dans sa panetière de berger; et tenant à la main sa fronde, il marcha contre le Philistin.
I S 17,41. Le Philistin s'avança aussi, et s'approcha de David, ayant devant lui son écuyer.
I S 17,42. Et lorsqu'il eut aperçu David, et qu'il l'eut envisagé, voyant que c'était un jeune homme, blond et fort beau, il le méprisa,
I S 17,43. et lui dit: Suis-je un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton? Et ayant maudit David en jurant par ses dieux,
I S 17,44. il ajouta: Viens à moi, et je donnerai ta chair aux oiseaux du ciel, et aux bêtes de la terre.
I S 17,45. Mais David dit au Philistin: Tu viens à moi avec l'épée, la lance, et le bouclier; mais moi je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu des troupes d'Israël, auxquelles tu as insulté aujourd'hui.
I S 17,46. Le Seigneur te livrera entre mes mains; je te tuerai, et je te couperai la tête; et je donnerai aujourd'hui les cadavres des Philistins aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre; afin que toute la terre sache qu'il y a un Dieu dans Israël,
I S 17,47. et que toute cette multitude d'hommes reconnaisse que ce n'est point par l'épée ni par la lance que le Seigneur sauve; car Il est l'arbitre de la guerre, et c'est Lui qui vous livrera entre nos mains.
I S 17,48. Le Philistin s'avança donc et marcha contre David. Et lorsqu'il s'en fut rapproché, David se hâta, et courut contre lui pour le combattre.
I S 17,49. Il mit la main dans sa panetière, il en prit une pierre, la lança avec sa fronde, et en frappa le Philistin au front. La pierre s'enfonça dans le front du Philistin, et il tomba le visage contre terre.
I S 17,50. Ainsi David remporta la victoire sur le Philistin, avec une fronde et une pierre; il le renversa par terre et le tua. Et comme il n'avait point d'épée à la main,
I S 17,51. il courut, et se jeta sur le Philistin; il prit son épée, la tira du fourreau, et acheva de lui ôter la vie en lui coupant la tête. Et les Philistins voyant que le plus vaillant d'entre eux était mort, s'enfuirent.
I S 17,52. Et les Israélites et ceux de Juda se levant avec un grand cri, les poursuivirent jusqu'à la vallée et aux portes d'Accaron. Et plusieurs des Philistins tombèrent percés de coups dans le chemin de Saraïm jusqu'à Geth et Accaron.
I S 17,53. Les enfants d'Israël, étant revenus après avoir poursuivi les Philistins, pillèrent leur camp.
I S 17,54. Et David prit la tête du Philistin et la porta à Jérusalem, mais il mit ses armes dans sa tente.
I S 17,55. Lorsque Saül vit David qui marchait pour combattre le Philistin, il dit à Abner, général de son armée: Abner, de quelle famille est ce jeune homme? Abner lui répondit: Seigneur, je vous jure que je n'en sais rien.
I S 17,56. Et le roi lui dit: Informez-vous de qui ce jeune homme est fils.
I S 17,57. Et lorsque David fut revenu du combat, après avoir tué le Philistin, Abner l'amena et le présenta à Saül; David avait à la main la tête du Philistin.
I S 17,58. Et Saül dit à David: Jeune homme, de quelle famille êtes-vous? David lui répondit: Je suis fils de votre serviteur Isaï, le Bethléémite.
I S 18,1. Lorsque David achevait de parler à Saül, l'âme de Jonathas s'attacha étroitement à celle de David, et il l'aima comme lui-même.
I S 18,2. Saül, depuis ce jour-là, voulut toujours avoir David auprès de lui, et il ne lui permit plus de retourner dans la maison de son père.
I S 18,3. David et Jonathas firent aussi alliance ensemble; car Jonathas l'aimait comme lui-même.
I S 18,4. C'est pourquoi il se dépouilla de la tunique dont il était revêtu, et la donna à David avec le reste de ses vêtements, jusqu'à son épée, son arc, et son baudrier.
I S 18,5. David allait partout où Saül l'envoyait, et il se conduisait avec beaucoup de prudence; et Saül lui donna le commandement sur des gens de guerre. Il était très aimé du peuple, et surtout des officiers de Saül.
I S 18,6. Or, quand David revint après avoir tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d'Israël au-devant du roi Saül, en chantant et en dansant, au son des joyeux tambourins et des fifres.
I S 18,7. Et les femmes chantaient et jouaient en disant: Saül en a tué mille, et David dix mille.
I S 18,8. Saül s'irrita vivement et cette parole déplut à ses yeux. Ils ont donné, dit-il, dix mille hommes à David, et à moi mille; que lui reste-t-il après cela que d'être roi?
I S 18,9. Depuis ce jour-là, Saül ne regarda jamais David de bon oeil.
I S 18,10. Le lendemain, l'esprit malin envoyé de Dieu se saisit de Saül, qui eut des transports au milieu de sa maison. Et David jouait de la harpe devant lui, comme il avait coutume de faire. Or Saül, ayant sa lance à la main,
I S 18,11. la poussa contre David, dans le dessein de le percer d'outre en outre avec la muraille; mais David se détourna, et évita le coup par deux fois.
I S 18,12. Or Saül se mit à redouter David, voyant que le Seigneur était avec David, et qu'Il S'était retiré de lui.
I S 18,13. C'est pourquoi il l'éloigna d'auprès de sa personne, et lui donna le commandement de mille hommes. Ainsi David sortait et rentrait à la tête du peuple.
I S 18,14. Et David se conduisait dans tous ses actes avec une grande prudence, et le Seigneur était avec lui.
I S 18,15. Saül voyant donc qu'il était extraordinairement prudent, commença à s'en défier.
I S 18,16. Mais tout Israël et tout Juda aimait David, parce qu'il sortait et rentrait à leur tête.
I S 18,17. Alors Saül dit à David: Voici Mérob, ma fille aînée; je vous la donnerai en mariage; soyez seulement courageux, et combattez les guerres du Seigneur. En même temps il disait en lui-même: Je ne veux point le tuer de ma main, mais je veux qu'il meure par la main des Philistins.
I S 18,18. David répondit à Saül: Qui suis-je? et qu'est ma vie? et quelle est dans Israël la famille de mon Père, pour que je devienne gendre du roi?
I S 18,19. Mais lorsque le temps fut venu où Mérob, fille de Saül, devait être donnée à David, elle fut donnée en mariage à Hadriel le Molathite.
I S 18,20. Or Michol, la seconde fille de Saül, avait de l'affection pour David; on l'apprit à Saül, qui s'en réjouit.
I S 18,21. Et il dit: Je donnerai celle-ci à David, afin qu'elle soit la cause de sa ruine, et qu'il tombe entre les mains des Philistins. C'est pourquoi il lui dit: Vous serez aujourd'hui mon gendre, à deux conditions.
I S 18,22. Et Saül donna cet ordre à ses serviteurs: Parlez à David comme de vous-mêmes, et dites-lui: Voici que vous plaisez au roi, et que tous ses officers vous aiment. Soyez donc maintenant gendre du roi.
I S 18,23. Les officiers de Saül dirent toutes ces choses à David. Et David leur répondit: Croyez-vous que ce soit peu de chose que d'être gendre du roi? Pour moi je suis pauvre et sans biens.
I S 18,24. Les serviteurs de Saül lui rapportèrent cela et lui dirent: David nous a fait cette réponse.
I S 18,25. Mais Saül leur dit: Voici ce que vous direz à David: Le roi n'a pas besoin de douaire pour sa fille; il ne vous demande que cent prépuces de Philistins, afin que le roi soit vengé de ses ennemis. Mais le dessein de Saül était de faire tomber David entre les mains des Philistins.
I S 18,26. Les serviteurs de Saül ayant rapporté à David ce que Saül leur avait dit, il agréa la proposition qu'ils lui firent, pour devenir gendre du roi.
I S 18,27. Peu de jours après il marcha avec les hommes qu'il commandait; et ayant tué deux cents Philistins, il en apporta et en compta les prépuces au roi, afin de devenir son gendre. Saül lui donna donc en mariage sa fille Michol.
I S 18,28. Et il comprit clairement que le Seigneur était avec David. Quant à Michol sa fille, elle avait beaucoup d'affection pour David.
I S 18,29. Saül commença donc à le craindre de plus en plus, et son aversion pour lui croissait tous les jours.
I S 18,30. Or les princes des Philistins se mirent encore en campagne. Et dès qu'ils parurent, David fit paraître plus de sagesse que tous les officiers de Saül; de sorte que son nom devint très célèbre.
I S 19,1. Or Saül parla à Jonathas son fils et à tous ses officiers pour les porter à tuer David; mais Jonathas son fils aimait extrêmement David.
I S 19,2. Et Jonathas avertit David, et lui dit: Saül mon père cherche le moyen de vous tuer; c'est pourquoi tenez-vous sur vos gardes, je vous prie, demain matin: retirez-vous en un lieu secret, où vous vous tiendrez caché.
I S 19,3. Pour moi je sortirai avec mon père, et je me tiendrai auprès de lui dans le champ où vous serez. Je parlerai de vous à mon père, et je viendrai vous dire tout ce que j'aurai pu apprendre.
I S 19,4. Jonathas parla donc favorablement de David à Saül son père, et lui dit: Seigneur roi, ne faites pas de mal à David votre serviteur, car il ne vous en a pas fait, et il vous a rendu des services très importants.
I S 19,5. Il a exposé sa vie à un extrême péril; il a tué le Philistin, et le Seigneur a sauvé tout Israël d'une manière merveilleuse. Vous l'avez vu, et vous en avez eu de la joie. Pourquoi donc voulez-vous maintenant faire une faute en répandant le sang innocent, et en tuant David, qui n'est point coupable?
I S 19,6. Saül, ayant entendu ce discours, fut apaisé par la voix de Jonathas, et jura: Vive le Seigneur, je vous promets qu'il ne mourra point.
I S 19,7. Jonathas appela aussitôt David, lui rapporta tout ce qui s'était passé, et le présenta de nouveau à Saül; et David demeura auprès de Saül, comme il y avait été auparavant.
I S 19,8. La guerre recommença ensuite; et David marcha contre les Philistins, les combattit, en tailla en pièces un grand nombre, et mit le reste en fuite.
I S 19,9. Et le malin esprit envoyé par le Seigneur se saisit encore de Saül. Il était assis dans sa maison une lance à la main; et comme David jouait de la harpe,
I S 19,10. Saül tâcha de le percer avec sa lance contre la muraille; mais David se détourna, et la lance, sans l'avoir blessé, pénétra dans la muraille. Il s'enfuit aussitôt, et se sauva ainsi pour cette nuit-là.
I S 19,11. Saül envoya donc ses gardes dans la maison de David pour s'assurer de lui et le tuer le lendemain matin. Michol femme de David l'en avertit, et lui dit: Si vous ne vous sauvez cette nuit, vous êtes mort demain matin.
I S 19,12. Elle le descendit aussitôt par une fenêtre. David s'échappa, s'enfuit et se sauva.
I S 19,13. Michol prit ensuite une statue qu'elle coucha sur le lit de David. Elle lui mit autour de la tête une peau de chèvre avec le poil, et couvrit le corps de vêtements.
I S 19,14. Or Saül envoya des gardes pour prendre David, et on leur dit qu'il était malade.
I S 19,15. Il envoya encore d'autres gens avec ordre de le voir, et il leur dit: Apportez-le-moi dans son lit, afin qu'il meure.
I S 19,16. Ces messagers étant venus, on ne trouva sur le lit qu'une statue, qui avait la tête couverte d'une peau de chèvre.
I S 19,17. Alors Saül dit à Michol: Pourquoi m'avez-vous trompé ainsi, et pourquoi avez-vous laissé échapper mon ennemi? Michol répondit à Saül: C'est qu'il m'a dit: Laissez-moi aller, ou je vous tuerai.
I S 19,18. C'est ainsi que David se sauva en prenant la fuite; et étant venu trouver Samuel à Ramatha, il lui rapporta la manière dont Saül l'avait traité, et ils s'en allèrent ensemble à Naïoth, où ils demeurèrent quelque temps.
I S 19,19. Et on vint en avertir Saül, en disant: David est à Naïoth de Ramatha.
I S 19,20. Saül envoya donc des gardes pour prendre David; mais les gardes, ayant vu une troupe de prophètes qui prophétisaient, et Samuel qui présidait parmi eux, furent saisis eux-mêmes de l'Esprit du Seigneur, et ils commencèrent à prophétiser eux-mêmes.
I S 19,21. Saül, en ayant été averti, envoya d'autres messagers, qui prophétisèrent aussi comme les premiers. Il en envoya pour la troisième fois, qui prophétisèrent pour la troisième fois, qui prophétisèrent encore. Et entrant dans une grande colère,
I S 19,22. il s'en alla lui-même à Ramatha, s'avança jusqu'à la grande citerne qui est à Socho, et il demanda en quel lieu étaient Samuel et David. On lui répondit: Ils sont à Naïoth de Ramatha.
I S 19,23. Aussitôt il y alla, et fut saisi lui-même de l'Esprit du Seigneur; et il prophétisait durant tout le chemin, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Naïoth près de Ramatha.
I S 19,24. Il se dépouilla aussi lui-même de ses vêtements, prophétisa avec les autres devant Samuel, et demeura nu à terre tout le jour et toute la nuit; ce qui donna lieu à ce proverbe: Saül est-il donc aussi devenu prophète?
I S 20,1. Or David s'enfuit de Naïoth de Ramatha, et il vint dire à Jonathas: Qu'ai-je fait? Quel est mon crime? Quelle faute ai-je commise contre ton père, pour qu'il en veuille à ma vie?
I S 20,2. Jonathas lui dit: Non, tu ne mourras point; car mon père ne fait aucune chose, ni grande ni petite, sans m'en parler. N'y aurait-il donc que cela seul qu'il eût voulu me cacher? Non, cela ne sera point.
I S 20,3. Et il se lia de nouveau à David par serment. Mais David lui dit: Ton père sait très bien que j'ai trouvé grâce à tes yeux; c'est pourquoi il aura dit en lui-même: Il ne faut pas que Jonathas sache cela, de crainte qu'il ne s'en afflige; car je jure par le Seigneur, et par ta vie, qu'il n'a, pour ainsi dire, qu'un point entre ma vie et ma mort.
I S 20,4. Jonathas lui répondit: Je ferai pour toi tout ce que tu me diras.
I S 20,5. C'est demain, dit David, le premier jour du mois, et j'ai coutume de m'asseoir auprès du roi pour manger; laisse-moi donc me cacher dans un champ jusqu'au soir du troisième jour.
I S 20,6. Si ton père, regardant à côté de lui, me réclame, tu lui répondras: David m'a prié de le laisser aller promptement à Bethléem, sa patrie, parce qu'il y a là un sacrifice solennel pour tous ceux de sa tribu.
I S 20,7. S'il dit: Bien! il n'y a rien à craindre pour ton serviteur; mais s'il s'irrite, sache que sa mauvaise volonté est arrivée à son comble.
I S 20,8. Aie donc pitié de ton serviteur, puisque tu as voulu que ton serviteur contractât avec toi une alliance devant le Seigneur. S'il y a en moi quelque crime, ôte-moi toi-même la vie; mais ne m'oblige pas de paraître devant ton père.
I S 20,9. Jonathas lui dit: Dieu t'en garde! car il n'est pas possible que, si j'apprends avec certitude que la haine de mon père contre toi est sans remède, je ne t'en avertisse pas.
I S 20,10. David dit à Jonathas: S'il arrive que ton père te donne une réponse fâcheuse à mon sujet, par qui le saurai-je?
I S 20,11. Jonathas lui répondit: Viens, et sortons à la campagne. Quand ils furent tous deux sortis dans les champs,
I S 20,12. Jonathas dit à David: Seigneur Dieu d'Israël, si je puis découvrir le dessein de mon père demain ou après-demain, et si voyant quelque chose de favorable pour David, je ne le lui envoie pas dire aussitôt,
I S 20,13. traitez, Seigneur, Jonathas avec toute Votre sévérité. Mais si la mauvaise volonté de mon père continue toujours contre toi, je t'en avertirai, et je te renverrai, afin que tu ailles en paix, et que le Seigneur soit avec toi comme il a été avec mon père.
I S 20,14. Et si je vis, tu me traiteras avec la bonté du Seigneur; mais si je meurs,
I S 20,15. tu ne cesseras jamais d'en user avec bonté envers ma maison, quand le Seigneur aura exterminé les ennemis de David de dessus la terre jusqu'au dernier. Si je te manque de parole, que Dieu retranche Jonathas de sa maison, et que le Seigneur venge David de ses ennemis.
I S 20,16. Jonathas fit donc alliance avec la maison de David, en disant: Que le Seigneur se venge des ennemis de David.
I S 20,17. Jonathas conjura encore David par l'amour qu'il lui portait; car il l'aimait comme sa vie.
I S 20,18. Et il dit à David: C'est demain le premier jour du mois, et on s'informera de toi;
I S 20,19. car on verra ta place vide ces deux jours-ci. Tu viendras donc promptement le jour d'après la fête, et tu te rendras au lieu où tu dois te cacher, et tu te tiendras près de la pierre nommée Ezel.
I S 20,20. Je tirerai trois flèches près de cette pierre, comme si je m'exerçais à tirer au blanc.
I S 20,21. J'enverrai aussi un jeune enfant, et je lui dirai: Va et apporte-moi mes flèches.
I S 20,22. Si je lui dis: Les flèches sont en deçà de toi, ramasse-les; alors viens, car tout sera en paix pour toi, et tu n'auras rien à craindre, aussi vrai que le Seigneur vit. Si je dis à l'enfant: Les flèches sont au delà de toi; va-t'en en paix, parce que le Seigneur te renvoie.
I S 20,23. Mais pour la parole que nous nous sommes donnée l'un à l'autre, que le Seigneur en soit à jamais témoin entre toi et moi.
I S 20,24. David se cacha donc dans le champ. Et le premier jour du mois étant venu, le roi se mit à table pour manger;
I S 20,25. et lorsqu'il se fut assis, selon la coutume, sur son siège qui était contre la muraille, Jonathas se leva, et Abner s'assit à côté de Saül, et la place de David demeura vide.
I S 20,26. Saül n'en parla point ce jour-là, ayant cru que peut-être David ne se serait pas trouvé pur.
I S 20,27. Je second jour de la fête étant venu, la place de David se trouva encore vide. Alors Saül dit à Jonathas son fils: Pourquoi le fils d'Isaï n'est-il venu manger ni hier ni aujourd'hui?
I S 20,28. Jonathas répondit à Saül: Il m'a prié avec beaucoup d'instance d'agréer qu'il allât à Bethléem,
I S 20,29. en me disant: Laisse-moi aller, je te prie, parce qu'il y a un sacrifice solennel dans notre ville, et l'un de mes frères est venu me chercher; si donc j'ai trouvé grâce à tes yeux, permets-moi d'y aller promptement pour voir mes frères. C'est pour cela qu'il n'est pas venu manger avec le roi.
I S 20,30. Alors Saül, s'irritant contre Jonathas, lui dit: Fils de femme prostituée, est-ce que j'ignore que tu aimes le fils d'Isaï à ta honte et à la honte de ta mère infâme?
I S 20,31. Car tant que le fils d'Isaï vivra sur la terre, il n'y aura de sûreté, ni pour toi, ni pour ta royauté. Envoie-le donc chercher dès maintenant et amène-le-moi; car il faut qu'il meure.
I S 20,32. Jonathas répondit à Saül son père: Pourquoi mourra-t-il? Qu'a-t-il fait?
I S 20,33. Saül prit une lance pour l'en percer. Jonathas reconnut donc que son père était résolu de faire mourir David,
I S 20,34. et il se leva de table dans une violente colère, et ne mangea point ce second jour de la fête; car il était affligé à cause de David, parce que son père l'avait outragé.
I S 20,35. Le lendemain, dès le point du jour, Jonathas vint dans le champ, selon qu'il en était convenu avec David, et il amena avec lui un petit garçon,
I S 20,36. auquel il dit: Va, et rapporte-moi les flèches que je tirerai. L'enfant ayant couru, Jonathas tira une autre flèche plus loin.
I S 20,37. L'enfant étant donc venu au lieu où était la première flèche que Jonathas avait tirée, Jonathas cria derrière lui, et lui dit: Voilà que la flèche est au delà de toi.
I S 20,38. Il lui cria encore, et il lui dit: Hâte-toi, ne t'arrête pas. L'enfant, ayant ramassé les flèches de Jonathas, les rapporta à son maître,
I S 20,39. sans rien comprendre à ce qui se passait; car Jonathas et David étaient seuls à le savoir.
I S 20,40. Jonathas donna ensuite ses armes à l'enfant, et lui dit: Va, reporte-les à la ville.
I S 20,41. Quand l'enfant fut parti, David sortit du lieu où il était, qui regardait le midi; et, se baissant jusqu'à terre, il se prosterna trois fois; et s'embrassant, ils pleurèrent tous deux, mais David encore plus.
I S 20,42. Jonathas dit donc à David: Va en paix; que ce que nous avons juré tous deux au nom du Seigneur demeure ferme; et que le Seigneur, comme nous avons dit, en soit témoin entre toi et moi, et entre ta race et ma race à jamais.
I S 20,43. Et David se leva et s'en alla, et Jonathas rentra dans la ville.
I S 21,1. Or David alla à Nobé, vers le grand prêtre Achimélech. Et Achimélech fut tout surpris de sa venue, et il lui dit: Pourquoi êtes-vous seul, et n'y a-t-il personne avec vous?
I S 21,2. David répondit au grand prêtre Achimélech: Le roi m'a donné un ordre, et m'a dit: Que personne ne sache pourquoi je vous envoie, ni ce que je vous ai commandé. J'ai même donné rendez-vous à mes gens en tel et tel lieu.
I S 21,3. Si donc vous avez quelque chose à manger, quand ce ne serait que cinq pains, ou quoi que ce soit, donnez-le-moi.
I S 21,4. Le grand prêtre répondit à David: Je n'ai point ici de pains ordinaires; je n'ai que du pain consacré. Vos hommes sont-ils purs, surtout à l'égard des femmes?
I S 21,5. David répondit au prêtre, et lui dit: S'il s'agit des femmes, depuis hier et avant-hier que nous sommes partis, nous nous en sommes abstenus, et nos corps ont été saints. Cette voie est profane; mais elle sera elle-même sanctifiée aujourd'hui dans nos corps.
I S 21,6. Le grand prêtre lui donna donc du pain sanctifié; car il n'y en avait pas d'autre là, excepté les pains de proposition, qui avaient été ôtés de devant le Seigneur, pour être remplacés par des pains chauds.
I S 21,7. Or il y avait là, en ce même jour, un certain homme des officiers de Saül, au dedans du tabernacle du Seigneur. C'était un Iduméen nommé Doëg, le chef des bergers de Saül.
I S 21,8. David dit encore à Achimélech: N'avez-vous point ici une lance ou une épée? Car je n'ai pas apporté avec moi mon épée ni mes armes, parce que l'ordre du roi était pressant.
I S 21,9. Le grand prêtre lui répondit: Il y a ici l'épée du Philistin Goliath, que vous avez tué dans la vallée du Térébinthe. Elle est enveloppée dans un drap derrière l'éphod. Si vous la voulez, prenez-la, parce qu'il n'y en a pas d'autre ici. David lui dit: Il n'y en a point qui vaille celle-là; donnez-la-moi.
I S 21,10. David partit donc alors, et s'enfuit de devant Saül, et il se réfugia chez Achis, roi de Geth.
I S 21,11. Les officiers d'Achis ayant vu David, dirent à Achis: N'est-ce pas là ce David qui est comme roi dans son pays? N'est-ce pas pour lui qu'on a chanté en choeur: Saül en a tué mille, et David dix mille?
I S 21,12. David fut frappé de ces paroles jusqu'au coeur; et il eut une grande crainte d'Achis, roi de Geth.
I S 21,13. C'est pourquoi il se contrefit le visage devant les Philistins, il se laissait tomber entre leurs mains, il se heurtait contre les poteaux de la porte, et sa salive découlait sur sa barbe.
I S 21,14. Achis dit donc à ses officiers: Vous voyiez bien que cet homme était fou; pourquoi me l'avez-vous amené?
I S 21,15. Est-ce que nous manquons de fous, pour que vous ameniez celui-ci, afin qu'il fasse des folies en ma présence? Doit-on laisser entrer un tel homme dans ma maison?
I S 22,1. David sortit donc de Geth, et se retira dans la caverne d'Odollam. Ses frères et toute la maison de son père l'ayant appris, vinrent l'y trouver.
I S 22,2. Et tous ceux qui se trouvaient dans la détresse, et ceux qui étaient accablés de dettes, et mécontents, s'assemblèrent auprès de lui. Il devint leur chef, et il se trouva avec lui environ quatre cents hommes.
I S 22,3. Il s'en alla de là à Maspha, qui est au pays de Moab; et il dit au roi de Moab: Permettez, je vous prie, que mon père et ma mère demeurent avec vous, jusqu'à ce que je sache ce que Dieu ordonnera de moi.
I S 22,4. Il les laissa auprès du roi de Moab, et ils y demeurèrent tout le temps que David fut dans la forteresse.
I S 22,5. Ensuite le prophète Gad dit à David: Ne demeurez pas dans ce fort; sortez-en, et allez dans la terre de Juda. David partit donc de ce lieu-là, et vint dans la forêt de Haret.
I S 22,6. Saül fut aussitôt averti que David avait paru avec les hommes qui l'accompagnaient. Or, pendant qu'il demeurait à Gabaa, un jour qu'il était dans un bois près de Rama, ayant sa lance à la main, et étant environné de tous ses officiers,
I S 22,7. il dit à ceux qui étaient auprès de lui: Ecoutez-moi, enfants de Benjamin. Le fils d'Isaï vous donnera-t-il à tous des champs et des vignes, et vous fera-t-il tous tribuns et centeniers,
I S 22,8. pour que vous ayez tous conjuré contre moi, comme vous avez fait, sans qu'il y ait personne pour m'avertir; à ce point que mon fils a fait alliance avec le fils d'Isaï? Il n'y en a pas un d'entre vous qui soit touché de mon malheur, ni qui m'avertisse que mon propre fils a soulevé contre moi l'un de mes serviteurs, lequel ne cesse jusqu'à ce jour de me tendre des pièges.
I S 22,9. Doëg l'Iduméen, qui était alors présent et le premier d'entre les officiers de Saül, lui répondit: J'ai vu le fils d'Isaï à Nobé, chez le grand prêtre Achimélech fils d'Achitob.
I S 22,10. Celui-ci a consulté le Seigneur pour lui, et lui a donné des vivres, et même l'épée du Philistin Goliath.
I S 22,11. Le roi envoya donc chercher le grand prêtre Achimélech fils d'Achitob, avec tous les prêtres de la maison de son père qui étaient à Nobé; et ils vinrent tous auprès du roi.
I S 22,12. Saül dit alors à Achimélech: Ecoutez, fils d'Achitob. Achimélech lui répondit: Me voici, seigneur?
I S 22,13. Saül ajouta: Pourquoi avez-vous conjuré contre moi, vous et le fils d'Isaï? Pourquoi lui avez-vous donné des pains et une épée, et pourquoi avez-vous consulté Dieu pour lui afin qu'il s'élevât contre moi, lui qui ne cesse jusqu'à ce jour de me tendre des embûches?
I S 22,14. Achimélech répondit au roi: Y a-t-il quelqu'un parmi tous vos serviteurs qui vous soit aussi fidèle que David, lui qui est le gendre du roi, qui marche pour exécuter vos ordres, et qui est honoré dans votre maison?
I S 22,15. Est-ce aujourd'hui que j'ai commencé à consulter le Seigneur pour lui? Loin de moi! et que le roi ne conçoive pas un soupçon si désavantageux de moi, ni de toute la maison de mon père; car votre serviteur n'a su quoi que ce soit de cette affaire.
I S 22,16. Le roi lui dit: Vous mourrez, Achimélech, vous et toute la maison de votre père.
I S 22,17. Il dit ensuite aux gardes qui l'environnaient: Tournez-vous et tuez les prêtres du Seigneur; car ils sont d'intelligence avec David. Ils savaient qu'il s'enfuyait, et ils ne m'ont point averti. Mais les officiers du roi ne voulurent pas porter leurs mains sur les prêtres du Seigneur.
I S 22,18. Alors le roi dit à Doêg: Toi, tourne-toi et jette-toi sur ces prêtres. Et Doêg l'Iduméen, se tournant contre les prêtres, se jeta sur eux, et tua en ce jour-là quatre-vingt-cinq hommes qui portaient l'éphod de lin.
I S 22,19. Il alla ensuite à Nobé, qui était une ville des prêtres, et il fit passer au fil de l'épée les hommes et les femmes, sans épargner les petits enfants, ni ceux même qui étaient à la mamelle, ni les boeufs, ni les ânes, ni les brebis.
I S 22,20. Mais l'un des fils d'Achimélech, fils d'Achitob, qui s'appelait Abiathar, s'échappa et s'enfuit vers David;
I S 22,21. et il vint lui dire que Saül avait tué les prêtres du Seigneur.
I S 22,22. David répondit à Abiathar: Je savais bien, ce jour-là, que Doëg l'Iduméen, qui était présent, ne manquerait pas d'avertir Saül. Je suis cause de la mort de toute la maison de votre père.
I S 22,23. Demeurez avec moi, et ne craignez rien. Si quelqu'un cherche ma vie, il cherchera aussi la vôtre, et vous serez sauvé avec moi.
I S 23,1. Et l'on vint dire à David: Voilà que les Philistins attaquent Céïla, et pillent les aires.
I S 23,2. David consulta le Seigneur, et Lui dit: Marcherai-je contre les Philistins, et pourrai-je les défaire? Le Seigneur répondit à David: Allez, vous battrez les Philistins, et vous sauverez Céïla.
I S 23,3. Les hommes qui étaient avec David lui dirent alors: Vous voyez qu'étant ici en Judée nous n'y sommes pas sans crainte; combien serons-nous plus en danger si nous allons à Céïla attaquer les troupes des Philistins?
I S 23,4. David consulta encore le Seigneur, qui lui répondit: Allez, marchez à Céïla; car Je livrerai les Philistins entre vos mains.
I S 23,5. David s'en alla donc avec ses hommes à Céïla; il combattit contre les Philistins, en fit un grand carnage, emmena leurs troupeaux, et sauva les habitants de Céïla.
I S 23,6. Or, quand Abiathar fils d'Achimélech se réfugia auprès de David à Céïla, il apporta avec lui l'éphod.
I S 23,7. Lorsque Saül eut appris que David était venu à Céïla, il dit: Dieu l'a livré entre mes mains. Il est pris, puisqu'il est entré dans une ville où il y a des portes et des serrures.
I S 23,8. Il ordonna donc à tout le peuple de marcher contre Céïla, et d'y assiéger David et ses hommes.
I S 23,9. Mais David fut averti que Saül se préparait secrètement à le perdre; et il dit au prêtre Abiathar: Prenez l'éphod.
I S 23,10. Et David dit: Seigneur Dieu d'Israël, Votre serviteur a entendu dire que Saül se prépare à venir à Céïla pour détruire cette ville à cause de moi.
I S 23,11. Les habitants de Céïla me livreront-ils entre ses mains? Et Saül y viendra-t-il comme Votre serviteur l'a entendu dire? Seigneur Dieu d'Israël, faites-le connaître à Votre serviteur. Le Seigneur répondit: Saül viendra.
I S 23,12. David dit encore: Les habitants de Céïla me livreront-ils avec mes hommes entre les mains de Saül? Le Seigneur lui répondit: Ils vous livreront.
I S 23,13. David s'en alla donc avec ses hommes, qui étaient environ six cents; et, étant partis de Céïla, ils erraient çà et là, sans savoir où s'arrêter. Or Saül, ayant appris que David s'était retiré de Céïla, et s'était sauvé, ne parla plus d'y aller.
I S 23,14. Or David demeurait dans le désert, en des lieux très forts; et il se retira sur la montagne du désert de Ziph, qui était couverte d'arbres. Saül le cherchait sans cesse, mais Dieu ne le livra pas entre ses mains.
I S 23,15. Et David vit que Saül s'était mis en campagne pour attenter à sa vie; il demeura donc au désert de Ziph dans la forêt.
I S 23,16. Et Jonathas, fils de Saül, vint l'y trouver, et il le réconforta en Dieu, et lui dit:
I S 23,17. Ne crains point; car la main de Saül, mon père, ne te trouvera pas. Tu seras roi d'Israël, et je serai le second après toi; et mon père lui-même le sait bien.
I S 23,18. Ils firent donc tous deux alliance devant le Seigneur. Et David demeura dans la forêt, et Jonathas retourna dans sa maison.
I S 23,19. Cependant les habitants de Ziph vinrent trouver Saül à Gabaa, et lui dirent: Ne savez-vous pas que David est caché parmi nous, dans l'endroit le plus fort de la forêt, vers la colline d'Hachila, qui est à droite du désert?
I S 23,20. Maintenant donc, puisque vous désirez le trouver, vous n'avez qu'à venir, et à nous de le livrer entre les mains du roi.
I S 23,21. Saül leur répondit: Bénis soyez-vous du Seigneur, vous qui avez été touchés de mes maux.
I S 23,22. Allez donc, je vous prie; faites toute sorte de diligence, cherchez avec tout le soin possible; considérez bien où il peut être, ou qui peut l'avoir vu; car il se doute que je l'observe pour le surprendre.
I S 23,23. Examinez et remarquez tous les lieux où il a coutume de se cacher; et lorsque vous vous serez bien assurés de tout, revenez me trouver, afin que j'aille avec vous. Quand il se serait caché au fond de la terre, j'irai l'y chercher avec tout ce qu'il y a d'hommes dans Juda.
I S 23,24. Les habitants de Ziph s'en retournèrent ensuite chez eux avant Saül. Or David et ses hommes étaient alors dans le désert de Maon, dans la plaine, à la droite de Jésimon.
I S 23,25. Saül, accompagné de tous ses hommes, alla donc l'y chercher. David, en ayant été averti, se retira aussitôt au rocher du désert de Maon, dans lequel il demeurait. Saül l'apprit, et entra dans le désert de Maon pour l'y poursuivre.
I S 23,26. Saül côtoyait la montagne d'un côté, et David avec ses hommes la côtoyait de l'autre. Et David désespérait de pouvoir échapper des mains de Saül; car Saül et ses hommes tenaient David, et ceux qui étaient avec lui, cernés comme dans un cercle, pour les prendre.
I S 23,27. Mais un courrier vint dire à Saül: Hâtez-vous de venir; car les Philistins sont entrés en grand nombre sur les terres d'Israël.
I S 23,28. Saül cessa donc de poursuivre David, pour aller à la rencontre des Philistins. C'est pourquoi l'on appela ce lieu: le Rocher de séparation.
I S 24,1. De là David monta vers les lieux très forts d'Engaddi, où il demeura.
I S 24,2. Et lorsque Saül fut revenu, après avoir poursuivi les Philistins, on vint lui dire que David était dans le désert d'Engaddi.
I S 24,3. Il prit donc avec lui trois mille hommes choisis de tout Israël, et il s'avança pour chercher David et ses hommes jusque sur les rochers les plus escarpés, accessibles seulement aux chèvres sauvages.
I S 24,4. Et il vint à des parcs de brebis qu'il rencontra dans son chemin; et il y avait là une caverne, où il entra pour une nécessité naturelle. Or David et ses hommes s'étaient cachés dans le fond de cette caverne.
I S 24,5. Les hommes de David lui dirent: Voici le jour dont le Seigneur vous a dit: Je vous livrerai votre ennemi, afin que vous le traitiez comme il vous plaira. David, s'étant donc avancé, coupa doucement le pan du manteau de Saül.
I S 24,6. Et aussitôt le coeur lui battit, parce qu'il avait coupé le pan du manteau de Saül.
I S 24,7. Et il dit à ses gens: Dieu me garde de commettre contre mon maître et l'oint du Seigneur cet excès de porter la main sur lui; car il est le christ du Seigneur.
I S 24,8. David, par ses paroles, arrêta la violence de ses hommes, et les empêcha de se jeter sur Saül. Or Saül sortit de la caverne et continua son chemin.
I S 24,9. David le suivit, et, étant sorti de la caverne, il cria après lui, et lui dit: Monseigneur le roi! Saül regarda derrière lui; et David s'inclina le visage contre terre et se prosterna;
I S 24,10. et il lui dit: Pourquoi écoutez-vous les paroles de ceux qui vous disent: David ne cherche qu'une occasion de vous perdre?
I S 24,11. Vous voyez aujourd'hui de vos yeux que le Seigneur vous a livré entre mes mains dans la caverne. On a voulu me porter à vous tuer, mais je vous ai épargné. Car j'ai dit: Je ne porterai pas la main sur mon maître, parce qu'il est le christ du Seigneur.
I S 24,12. Voyez vous-même, mon père, et reconnaissez le pan de votre manteau dans ma main; car, en coupant le pan de votre manteau, je n'ai pas voulu porter la main sur vous. Considérez et voyez que je ne suis coupable d'aucun mal ni d'aucune injustice, et que je n'ai point péché contre vous. Et cependant vous cherchez tous les moyens de m'ôter la vie.
I S 24,13. Que le Seigneur soit juge entre vous et moi. Que le Seigneur me venge Lui-même de vous; mais pour moi je ne porterai jamais la main sur vous.
I S 24,14. C'est aux impies à faire des actions impies, selon l'ancien proverbe. Ainsi il ne m'arrivera jamais de porter la main sur vous.
I S 24,15. Qui poursuivez-vous, ô roi d'Israël? qui poursuivez-vous? C'est un chien mort, et une puce que vous poursuivez.
I S 24,16. Que le Seigneur soit juge, et qu'Il juge entre vous et moi; qu'Il considère et qu'Il prenne la défense de ma cause, et me délivre de vos mains.
I S 24,17. Lorsque David eut fini d'adresser ces paroles à Saül, Saül lui dit: N'est-ce pas là votre voix, ô mon fils David? Et Saül éleva la voix et pleura.
I S 24,18. Et il ajouta: Vous êtes plus juste que moi; car vous ne m'avez fait que du bien, et je ne vous ai rendu que du mal.
I S 24,19. Et vous m'avez montré aujourd'hui votre bonté à mon égard, puisque, le Seigneur m'ayant livré entre vos mains, vous m'avez conservé la vie.
I S 24,20. Car qui est celui qui, ayant rencontré son ennemi, le laisse aller sans lui faire aucun mal? Que le Seigneur récompense cette bonté que vous m'avez témoignée aujourd'hui.
I S 24,21. Et comme je sais que vous régnerez très certainement, et que vous posséderez le royaume d'Israël,
I S 24,22. jurez-moi par le Seigneur, que vous ne détruirez point ma race après moi, et que vous n'exterminerez pas mon nom de la maison de mon père.
I S 24,23. Et David le jura à Saül. Ainsi Saül retourna dans sa maison; et David et ses gens se retirèrent en des lieux plus sûrs.
I S 25,1. Or Samuel mourut; et tout Israël, s'étant assemblé, le pleura; et il fut enterré dans sa maison de Ramatha. Alors David descendit dans le désert de Pharan.
I S 25,2. Or il y avait dans le désert de Maon un homme dont les biens étaient à Carmel. Cet homme était extrêmement riche. Il avait trois mille brebis et mille chèvres. Et il arriva qu'il faisait tondre ses brebis à Carmel.
I S 25,3. Il s'appelait Nabal, et sa femme, Abigaïl. Abigaïl était très prudente et fort belle; mais son mari était un homme dur, brutal, et très méchant. Il était de la race de Caleb.
I S 25,4. David, ayant donc appris dans le désert que Nabal faisait tondre ses brebis,
I S 25,5. lui envoya dix jeunes hommes, auxquels il dit: Montez à Carmel et allez trouver Nabal. Saluez-le de ma part civilement,
I S 25,6. et dites-lui: Que la paix soit à mes frères et à vous; que la paix soit sur votre maison; que la paix soit sur tout ce que vous possédez.
I S 25,7. J'ai su que vos pasteurs, qui étaient avec nous dans le désert, tondent vos brebis; nous ne leur avons jamais été a charge, et ils n'ont rien perdu de leur troupeau pendant tout le temps qu'ils ont été avec nous à Carmel.
I S 25,8. Interrogez vos serviteurs, et ils vous le diront. Maintenant donc que vos serviteurs trouvent grâce devant vos yeux; car nous venons dans un jour de joie. Donnez à vos serviteurs et à David votre fils tout ce qu'il vous plaira.
I S 25,9. Les gens de David, étant venus trouver Nabal, lui dirent toutes ces paroles de la part de David; puis ils se turent.
I S 25,10. Mais Nabal leur répondit: Qui est David, et qui est le fils d'Isaï? On ne voit autre chose aujourd'hui que des serviteurs qui fuient leurs maîtres.
I S 25,11. Quoi donc! j'irai prendre mon pain et mon eau, et la chair du bétail que j'ai tué pour mes tondeurs, et je les donnerai à des gens que je ne connais pas!
I S 25,12. Les serviteurs de David, étant retournés sur leurs pas, vinrent le trouver, et lui rapportèrent tout ce que Nabal avait dit.
I S 25,13. Alors David dit à ses gens: Que chacun prenne son épée. Tous prirent leurs épées; et David prit aussi la sienne, et marcha suivi d'environ quatre cents hommes, et deux cents demeurèrent pour garder les bagages.
I S 25,14. Alors un des serviteurs de Nabal dit à sa femme Abigaïl: David a envoyé du désert des messagers pour bénir notre maître, qui les a traités avec rudesse.
I S 25,15. Ces hommes nous ont été très utiles, et ils ne nous ont fait aucune peine. Tant que nous avons été avec eux dans le désert, nous n'avons éprouvé aucune perte.
I S 25,16. Ils nous servaient comme de muraille la nuit et le jour, tout le temps que nous avons fait paître nos troupeaux au milieu d'eux.
I S 25,17. C'est pourquoi voyez et pensez à ce que vous avez à faire; car quelque grand malheur s'apprête à tomber sur votre maison, parce que cet homme-là est un fils de Bélial, et personne ne saurait lui parler.
I S 25,18. Alors Abigaïl prit en grande hâte deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons tout cuits, cinq boisseaux de farine d'orge, cent masses de raisins secs, et deux cents de figues sèches. Elle mit le tout sur des ânes;
I S 25,19. et elle dit à ses gens: Allez devant moi, je marcherai derrière vous. Et elle ne dit rien de tout cela à Nabal son mari.
I S 25,20. Etant donc montée sur un âne, comme elle descendait au pied de la montagne, elle rencontra David et ses hommes, qui venaient dans le même chemin.
I S 25,21. David disait alors: C'est bien en vain que j'ai conservé dans le désert tout ce qui était à cet homme, sans qu'il s'en soit rien perdu; puisqu'il me rend le mal pour le bien.
I S 25,22. Que Dieu traite les ennemis de David dans toute Sa sévérité, si je laisse en vie demain matin qui que ce soit de ce qui appartient à Nabal.
I S 25,23. Or Abigaïl n'eut pas plus tôt aperçu David, qu'elle descendit de dessus son âne. Elle tomba sur sa face devant lui, en se prosternant jusqu'à terre.
I S 25,24. et elle se jeta à ses pieds, et lui dit: Que cette iniquité, mon seigneur, tombe sur moi. Permettez, je vous prie, à votre servante de vous parler; et écoutez les paroles de votre servante.
I S 25,25. Que le coeur de mon seigneur le roi ne soit pas sensible à l'injustice de Nabal; parce qu'il est insensé, et son nom même marque sa folie. Car pour moi, mon seigneur, je n'ai pas vu les gens que vous avez envoyés.
I S 25,26. Maintenant donc, mon seigneur, aussi vrai que le Seigneur est vivant et que votre âme est vivante, c'est le Seigneur qui vous a empêché de venir répandre le sang, et qui a conservé vos mains innocentes. Et maintenant, que vos ennemis, qui cherchent à vous nuire, deviennent semblables à Nabal.
I S 25,27. Mais recevez ce présent que votre servante vous apporte, mon seigneur, et faites-en part aux gens qui vous suivent.
I S 25,28. Remettez l'iniquité de votre servante; car le Seigneur établira certainement votre maison, parce que vous combattez pour Lui. Qu'il ne se trouve donc en vous aucune iniquité pendant tous les jours de votre vie.
I S 25,29. Que s'il s'élève un jour quelqu'un, mon seigneur, qui vous persécute, et qui cherche à vous ôter la vie, votre âme sera conservée auprès du Seigneur votre Dieu, comme étant liée dans le faisceau des vivants; mais l'âme de vos ennemis sera agitée, comme une pierre qui est lancée d'une fronde avec grand effort.
I S 25,30. Lors donc que le Seigneur vous aura fait tous les grands biens qu'Il a prédits de vous, et qu'Il vous aura établi chef sur Israël,
I S 25,31. le coeur de mon seigneur n'aura point ce scrupule ni ce remords, d'avoir répandu le sang innocent, et de s'être vengé lui-même. Et quand Dieu vous aura comblé de biens, vous vous souviendrez, mon seigneur, de votre servante.
I S 25,32. David répondit à Abigaïl: Que le Seigneur Dieu d'Israël soit béni, de vous avoir envoyée aujourd'hui au-devant de moi. Que votre parole soit bénie,
I S 25,33. et soyez bénie vous-même, de ce que vous m'avez empêché de répandre le sang, et de me venger de ma propre main.
I S 25,34. Car sans cela, je jure par le Seigneur Dieu d'Israël, qui m'a empêché de vous faire du mal, que si vous ne fussiez venue promptement au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit en vie demain matin dans la maison de Nabal.
I S 25,35. David reçut donc de sa main tout ce qu'elle avait apporté, et il lui dit: Allez en paix dans votre maison; j'ai fait ce que vous m'avez demandé, et je vous ai accueillie favorablement.
I S 25,36. Abigaïl vint ensuite auprès de Nabal; et voici qu'il donnait dans sa maison un festin comme un festin de roi. Il avait le coeur joyeux, et était tout à fait ivre. Abigaïl ne lui parla de rien jusqu'au matin.
I S 25,37. Mais le lendemain, lorsqu'il eut un peu dissipé les vapeurs du vin, sa femme lui rapporta tout ce qui s'était passé; et son coeur devint en lui-même comme mort et semblable à une pierre.
I S 25,38. Dix jours s'étant passés, le Seigneur frappa Nabal, et il mourut.
I S 25,39. Lorsque David eut appris la mort de Nabal, il dit: Béni soit le Seigneur qui m'a vengé de l'outrage de Nabal, et qui a préservé son serviteur du mal, et qui a fait que l'iniquité de Nabal est retombée sur sa tête. David envoya donc vers Abigaïl, et lui fit parler pour la demander en mariage.
I S 25,40. Les serviteurs de David vinrent la trouver à Carmel, et lui dirent: David nous a envoyés vers vous, pour vous témoigner qu'il souhaite de vous épouser.
I S 25,41. Abigaïl se prosterna aussitôt jusqu'à terre, et elle dit: Que votre servante soit employée à servir et à laver les pieds des serviteurs de mon seigneur.
I S 25,42. Abigaïl se leva ensuite promptement, et monta sur un âne; et cinq jeunes filles qui la servaient allèrent avec elle. Elle suivit les gens de David, et elle l'épousa.
I S 25,43. David épousa aussi Achinoam qui était de Jezraël, et l'une et l'autre fut sa femme.
I S 25,44. Mais Saül donna Michol, sa fille, femme de David, à Phalti, fils de Laïs, qui était de Gallim.
I S 26,1. Cependant les habitants de Ziph vinrent trouver Saül à Gabaa, et lui dirent: David est caché dans la colline d'Hachila, qui est vis-à-vis du désert.
I S 26,2. Saül prit aussitôt avec lui trois mille hommes choisis de tout Israël, et alla chercher David dans le désert de Ziph.
I S 26,3. Il campa sur la colline d'Hachila, qui est vis-à-vis du désert sur le chemin. David demeurait alors dans ce désert. Comme on lui dit que Saül l'y venait chercher.
I S 26,4. il envoya des espions, et il apprit qu'il était venu très certainement.
I S 26,5. Il partit donc sans bruit, et s'en vint au lieu où était Saül; il remarqua l'endroit où était la tente de Saül et d'Abner, fils de Ner, général de son armée. Et voyant que Saül dormait dans sa tente, et tous ses gens autour de lui,
I S 26,6. il dit à Achimélech l'Héthéen, et à Abisaï, fils de Sarvia, frère de Joab: Qui veut venir avec moi dans le camp de Saül? Abisaï lui dit: J'irai avec vous.
I S 26,7. David et Abisaï allèrent donc la nuit parmi les gens de Saül, et ils trouvèrent Saül couché et dormant dans sa tente; sa lance était à son chevet fichée en terre, et Abner avec tous ses gens dormaient autour de lui.
I S 26,8. Alors Abisaï dit à David: Dieu vous livre aujourd'hui votre ennemi entre les mains; je vais donc avec ma lance le percer jusqu'en terre d'un seul coup, et il n'en faudra pas un second.
I S 26,9. David répondit à Abisaï: Ne le tuez pas; car qui étendra la main sur l'oint du Seigneur, et sera innocent?
I S 26,10. Et il ajouta: Vive le Seigneur! à moins que le Seigneur ne frappe Lui-même Saül, ou que le jour de sa mort n'arrive, ou qu'il ne soit tué dans une bataille, il ne mourra point.
I S 26,11. Dieu me garde de porter la main sur l'oint du Seigneur. Prenez seulement sa lance qui est à son chevet, et sa coupe, et allons-nous-en.
I S 26,12. David prit donc la lance, et la coupe qui était au chevet de Saül, et ils s'en allèrent. Il n'y eut personne qui les vit, ni qui sût ce qui se passait, ou qui s'éveillât; mais tous dormaient, parce que le Seigneur les avait assoupis d'un profond sommeil.
I S 26,13. David étant passé de l'autre côté, s'arrêta au loin sur le sommet de la montagne, à un grand intervalle du camp.
I S 26,14. De là il appela à haute voix les gens de Saül, et Abner, fils de Ner, et lui cria: Abner, ne répondrez-vous pas? Abner répondit: Qui êtes-vous qui criez de la sorte, et qui troublez le roi?
I S 26,15. David dit à Abner: N'êtes-vous pas un homme de coeur? et y a-t-il quelqu'un dans Israël qui vous soit égal? Pourquoi donc n'avez-vous pas gardé le roi votre seigneur? Car il est venu quelqu'un d'entre le peuple pour tuer le roi votre seigneur.
I S 26,16. Vous n'avez pas bien agi en cette rencontre. Je jure par le Seigneur que vous méritez tous la mort, pour avoir si mal gardé votre maître, qui est l'oint du Seigneur. Voyez donc maintenant où est la lance du roi, et sa coupe qui était à son chevet.
I S 26,17. Saül reconnut la voix de David, et lui dit: N'est-ce pas là votre voix que j'entends, mon fils David? David lui dit: C'est ma voix, mon seigneur le roi.
I S 26,18. Et il ajouta: Pourquoi mon seigneur persécute-t-il son serviteur? Qu'ai-je fait? De quel crime ma main est-elle souillée?
I S 26,19. Souffrez donc, mon seigneur le roi, que votre serviteur vous dise cette parole: Si c'est le Seigneur qui vous pousse contre moi, qu'il aspire le parfum de mon sacrifice; mais si ce sont les hommes, ils sont maudits devant le Seigneur, eux qui m'ont chassé aujourd'hui, afin que je n'habite point dans l'héritage du Seigneur, en me disant: Allez, servez les dieux étrangers.
I S 26,20. Que mon sang ne soit donc pas répandu sur la terre en face du Seigneur. Le roi d'Israël s'est mis en campagne pour courir après une puce, ou comme on court par les montagnes après une perdrix?
I S 26,21. Saül lui répondit: J'ai péché; revenez, mon fils David; je ne vous ferai plus de mal à l'avenir, puisque ma vie a été aujourd'hui précieuse à vos yeux. Car il paraît que j'ai agi comme un insensé, et que j'ai été mal informé de beaucoup de choses.
I S 26,22. David dit ensuite: Voici la lance du roi; que l'un de ses serviteurs passe ici, et qu'il l'emporte.
I S 26,23. Au reste le Seigneur rendra à chacun selon Sa justice, et selon Sa fidélité; car le Seigneur vous a livré aujourd'hui entre mes mains, et je n'ai pas voulu porter la main sur l'oint du Seigneur.
I S 26,24. Et comme votre âme a été aujourd'hui précieuse à mes yeux, qu'ainsi mon âme soit précieuse aux yeux du Seigneur, et qu'Il me délivre de tous les maux.
I S 26,25. Saül répondit à David: Béni soyez-vous, mon fils David; vous réussirez certainement dans vos entreprises, et votre puissance sera grande. David s'en alla ensuite, et Saül s'en retourna chez lui.
I S 27,1. Or David dit en lui-même: Je tomberai quelque jour entre les mains de Saül. Ne vaut-il pas mieux que je m'enfuie, et que je me sauve au pays des Philistins; afin que Saül désespère de me trouver et qu'il cesse de me chercher, comme il fait, dans toutes les terres d'Israël? Je me tirerai donc d'entre ses mains.
I S 27,2. Ainsi David partit, et s'en alla avec ses six cents hommes chez Achis, fils de Maoch, roi de Geth.
I S 27,3. Il y demeura avec ses gens, dont chacun avait sa famille; et il y amena ses deux femmes, Achinoam de Jezraël et Abigaïl, femme de Nabal, de Carmel.
I S 27,4. Et Saül fut averti que David s'était retiré à Geth, et il ne se mit plus en peine de le chercher.
I S 27,5. Or David dit à Achis: Si j'ai trouvé grâce à vos yeux, donnez-moi un lieu dans une des villes de ce pays, où je puisse demeurer; car pourquoi votre serviteur demeurera-t-il avec vous dans la ville royale?
I S 27,6. Achis lui donna donc alors Sicéleg; et c'est ainsi que Sicéleg est venue aux rois de Juda, qui la possèdent encore aujourd'hui.
I S 27,7. David demeura dans le pays des Philistins pendant quatre mois.
I S 27,8. Il faisait des incursions avec ses hommes, et pillait Gessuri, Gerzi et les Amalécites; car ces bourgs étaient autrefois habités dans la direction de Sur jusqu'au pays d'Egypte.
I S 27,9. Et il ravageait toute la contrée, et il ne laissait en vie ni homme ni femme; et après qu'il avait enlevé les brebis, les boeufs, les ânes, les chameaux et les vêtements, il revenait trouver Achis.
I S 27,10. Et lorsqu'Achis lui disait: Contre qui avez-vous fait une incussion aujourd'hui? David lui répondait: Vers la partie méridionale de Juda, vers le midi de Jéraméel et le midi de Céni.
I S 27,11. David ne laissait en vie ni homme ni femme, et il n'en amenait pas un à Geth; de peur, disait-il, que ces gens-là ne parlent contre nous. C'est ainsi que David se conduisait; et c'est ce qu'il avait coutume de faire pendant tout le temps qu'il demeura parmi les Philistins.
I S 27,12. Achis se fiait donc tout à fait à David, et il disait en lui-même: Il a fait de grands maux à Israël son peuple: c'est pourquoi il demeurera toujours attaché à mon service.
I S 28,1. En ce temps-là les Philistins rassemblèrent leurs troupes, et se préparèrent à combattre contre Israël. Alors Achis dit à David: Sachez bien que je vous mènerai avec moi à la guerre, vous et vos gens.
I S 28,2. David lui répondit: Vous saurez maintenant ce que fera votre serviteur. Et moi, lui dit Achis, je vous confierai toujours la garde de ma personne.
I S 28,3. Or Samuel était mort; tout Israël l'avait pleuré, et il avait été enterré dans la ville de Ramatha, où il était né. Et Saül avait chassé les magiciens et les devins de son royaume.
I S 28,4. Les Philistins s'étant donc assemblés, vinrent camper à Sunam. Saül, de son côté, assembla toutes les troupes d'Israël, et vint à Gelboé.
I S 28,5. Et ayant vu l'armée des Philistins, il fut frappé de crainte, et l'angoisse le saisit jusqu'au fond du coeur.
I S 28,6. Il consulta le Seigneur; mais le Seigneur ne lui répondit ni par les songes, ni par les prêtres, ni par les prophètes.
I S 28,7. Alors Saül dit à ses officiers: Cherchez-moi une femme qui ait un esprit de python; j'irai la trouver, et je saurai par elle ce qui doit nous arriver. Ses serviteurs lui dirent: Il y a à Endor une femme qui a l'esprit de python.
I S 28,8. Saül se déguisa donc, prit d'autres vêtements, et s'en alla accompagné de deux hommes seulement. Ils vinrent la nuit chez cette femme, et il lui dit: Découvrez-moi l'avenir par l'esprit de python, et évoquez-moi celui que je vous dirai.
I S 28,9. Cette femme lui répondit: Vous savez tout ce qu'a fait Saül, et comment il a exterminé les magiciens et les devins de tout le pays; pourquoi donc me dressez-vous un piège pour me faire mourir.
I S 28,10. Saül lui jura par le Seigneur, et lui dit: Vive le Seigneur, il ne vous arrivera aucun mal pour cela.
I S 28,11. La femme lui dit: Qui voulez-vous que je vous évoque? Il lui répondit: Faites-moi venir Samuel.
I S 28,12. La femme ayant vu paraître Samuel, jeta un grand cri, et dit à Saül: Pourquoi m'avez-vous trompée? Car vous êtes Saül.
I S 28,13. Le roi lui dit: Ne craignez pas; qu'avez-vous vu? J'ai vu, lui dit-elle, un Dieu qui sortait de la terre.
I S 28,14. Saül lui dit: Comment est-il fait? C'est, dit-elle, un vieillard couvert d'un manteau. Saül reconnut que c'était Samuel, et il s'inclina le visage contre terre et se prosterna.
I S 28,15. Samuel dit à Saül: Pourquoi m'avez-vous troublé, en me faisant venir ici? Saül lui répondit: Je suis dans une grande détresse; car les Philistins me font la guerre, et Dieu s'est retiré de moi. Il n'a pas voulu me répondre, ni par les prophètes, ni par les songes; c'est pourquoi je vous ai fait venir, afin que vous m'appreniez ce que je dois faire.
I S 28,16. Samuel lui dit: Pourquoi vous adressez-vous à moi, puisque le Seigneur vous a abandonné, et qu'Il est passé vers votre rival?
I S 28,17. Car le Seigneur vous traitera comme je vous l'ai dit de Sa part; Il déchirera votre royaume d'entre vos mains, pour le donner à un autre, à David,
I S 28,18. parce que vous n'avez pas obéi à la voix du Seigneur, et que vous n'avez pas exécuté l'arrêt de Sa colère contre Amalec: C'est pour cela que le Seigneur vous envoie aujourd'hui ce que vous souffrez.
I S 28,19. Le Seigneur livrera aussi Israël avec vous entre les mains des Philistins; demain vous serez avec moi, vous et vos fils; et le Seigneur abandonnera aux Philistins le camp même d'Israël.
I S 28,20. Saül tomba aussitôt, et demeura étendu à terre; car les paroles de Samuel l'avaient épouvanté, et les forces lui manquaient, parce qu'il n'avait pas mangé de tout ce jour-là.
I S 28,21. La magicienne s'approcha de Saül qui était très effrayé, et elle lui dit: Vous voyez que votre servante vous a obéi, que j'ai exposé ma vie pour vous, et que je me suis rendue à ce que vous avez désiré de moi.
I S 28,22. Ecoutez donc aussi maintenant votre servante, et souffrez que je vous serve un peu de pain, afin qu'ayant mangé vous repreniez vos forces, et que vous puissiez vous mettre en chemin.
I S 28,23. Il refusa, et dit: Je ne mangerai pas. Mais ses serviteurs et cette femme le contraignirent de manger; et s'étant enfin rendu à leurs prières, il se leva de terre, et s'assit sur le lit.
I S 28,24. Or cette femme avait dans sa maison un veau gras, qu'elle alla tuer aussitôt; elle prit de la farine, la pétrit, et elle en fit des pains sans levain,
I S 28,25. qu'elle servit devant Saül et ses serviteurs. Après qu'ils eurent mangé, ils s'en allèrent et marchèrent toute la nuit.
I S 29,1. Toutes les troupes des Philistins s'assemblèrent donc à Aphec, et Israël vint camper près de la fontaine de Jezraël.
I S 29,2. Les princes des Philistins marchaient avec leurs bataillons de cent hommes et de mille hommes; et David, accompagné de ses gens, était à l'arrière-garde avec Achis.
I S 29,3. Alors les princes des Philistins dirent à Achis: Que font ici ces Hébreux? Achis répondit aux princes des Philistins: Ne connaissez-vous pas David, qui a été serviteur de Saül, roi d'Israël? Il est avec moi depuis plus d'un an, et je n'ai rien trouvé à redire en lui depuis le jour où il s'est réfugié chez moi jusqu'à présent.
I S 29,4. Mais les princes des Philistins s'irritèrent contre lui, et lui dirent: Que cet homme-là s'en retourne, qu'il demeure au lieu où vous l'avez mis, et qu'il ne se trouve point avec nous à la bataille, de peur qu'il ne se tourne contre nous quand nous aurons commencé à combattre. Car comment pourra-t-il apaiser autrement son maître que par notre sang?
I S 29,5. N'est-ce pas là ce David, auquel on chantait en choeurs: Saül en a tué mille, et David dix mille?
I S 29,6. Achis appela donc David, et lui dit: Je vous jure par le Seigneur qu'à mes yeux vous êtes droit et bon, et que j'approuve toutes vos démarches dans mon camp; je n'ai rien trouvé de mauvais en vous, depuis le jour où vous êtes venu auprès de moi jusqu'à maintenant; mais vous n'agréez pas aux princes.
I S 29,7. Retournez-vous-en donc, et allez en paix; afin que vous ne blessiez point les yeux des princes des Philistins.
I S 29,8. David dit à Achis: Qu'ai-je donc fait, et qu'avez-vous trouvé en moi, votre serviteur, depuis le temps où j'ai paru devant vous jusqu'à ce jour, pour m'interdire d'aller avec vous, et de combattre contre les ennemis de mon seigneur le roi?
I S 29,9. Achis répondit à David: Il est vrai que pour moi je vous estime comme un ange de Dieu; mais les princes des Philistins ont dit: Il n'ira pas avec nous au combat.
I S 29,10. C'est pourquoi tenez-vous prêts dès le matin, vous et les serviteurs de votre maître qui sont venus avec vous; levez-vous la nuit, et partez dès que le jour commencera à paraître.
I S 29,11. Ainsi David se leva avec ses gens pendant la nuit, pour partir dès le matin, et pour retourner au pays des Philistins; et les Philistins montèrent à Jezraël.
I S 30,1. Lorsque David arriva le troisième jour à Sicéleg avec ses hommes, les Amalécites avaient fait une incursion du sud à Sicéleg, l'avaient prise, et y avaient mis le feu.
I S 30,2. Ils en avaient emmené les femmes captives, et tous les autres, depuis le plus petit jusqu'au plus grand. Ils n'avaient tué personne; mais ils avaient tout emmené avec eux, et ils s'en retournaient.
I S 30,3. David et ses gens étant arrivés à Sicéleg, et ayant trouvé la ville brûlée, et leurs femmes, leurs fils et leurs filles emmenés captifs,
I S 30,4. commencèrent tous à crier et à pleurer jusqu'à ce que leurs larmes fussent épuisées.
I S 30,5. Les deux femmes de David, Achinoam de Jezraël, et Abigaïl, veuve de Nabal, de Carmel, avaient aussi été emmenées captives.
I S 30,6. David fut saisi d'une extrême affliction; car le peuple voulait le lapider, tous étant dans une douleur amère pour avoir perdu leurs fils et leurs filles. Mais il mit sa force dans le Seigneur son Dieu.
I S 30,7. Et il dit au grand prêtre Abiathar, fils d'Achimélech: Approchez de moi I'éphod. Et Abiathar approcha l'éphod de David.
I S 30,8. Et David consulta le Seigneur, en Lui disant: Poursuivrai-je ces brigands, et les atteindrai-je, oui ou non? Le Seigneur lui répondit: Poursuivez-les; car vous les atteindrez certainement, et vous reprendrez le butin.
I S 30,9. David marcha donc avec les six cents hommes qui l'accompagnaient, et ils vinrent jusqu'au torrent de Bésor, où quelques-uns s'arrêtèrent, fatigués.
I S 30,10. Et David poursuivit les Amalécites avec quatre cents hommes; car deux cents s'étaient arrêtés, n'ayant pu passer le torrent de Bésor parce qu'ils étaient las.
I S 30,11. Ils trouvèrent dans la campagne un Egyptien qu'ils amenèrent à David, et ils lui donnèrent du pain à manger et de l'eau à boire,
I S 30,12. avec une partie d'une masse de figues et deux gâteaux de raisins secs. L'Egyptien, ayant mangé, reprit ses esprits et revint à lui; car il y avait déjà trois jours et trois nuits qu'il n'avait ni mangé de pain, ni bu d'eau.
I S 30,13. David lui dit: A qui es-tu? d'où viens-tu? et où vas-tu? Il lui répondit: Je suis un esclave égyptien, au service d'un Amalécite. Mon maître m'a laissé là, parce que je tombai malade avant-hier.
I S 30,14. Car nous avons fait une irruption vers la partie méridionale des Céréthiens, vers Juda et vers le midi de Caleb, et nous avons brûlé Sicéleg.
I S 30,15. David lui dit: Pourras-tu me guider vers cette troupe? L'Egyptien lui répondit: Jurez-moi par le nom de Dieu, que vous ne me tuerez pas, et que vous ne me livrerez pas entre les mains de mon maître, et je vous conduirai vers cette troupe. Et David le lui jura.
I S 30,16. L'Egyptien l'ayant donc conduit, ils trouvèrent les Amalécites étendus à terre par toute la campagne, mangeant et buvant, et faisant une grande fête, pour tout le butin et les dépouilles qu'ils avaient pris sur les terres des Philistins et de Juda.
I S 30,17. David les battit depuis ce soir-là jusqu'au soir du lendemain, et il ne s'en échappa aucun, hormis quatre cents jeunes hommes, qui montèrent sur des chameaux et s'enfuirent.
I S 30,18. David recouvra donc tout ce que les Amalécites avaient pris, et il délivra ses deux femmes.
I S 30,19. Il ne leur manqua rien, ni petit ni grand, ni fils, ni fille, ni butin, et David ramena tout ce qu'ils avaient enlevé.
I S 30,20. Il reprit tous les troupeaux de moutons et de boeufs, et les fit marcher devant lui. Et l'on disait: Voilà le butin de David.
I S 30,21. David rejoignit ensuite les deux cents hommes, qui, étant las, s'étaient arrêtés et n'avaient pu le suivre, et auxquels il avait ordonné de demeurer sur le bord du torrent de Bésor. Ils vinrent au-devant de lui, et de ceux qui l'accompagnaient. David, s'approchant d'eux, les salua gracieusement.
I S 30,22. Mais tous les hommes méchants et corrompus qui avaient suivi David, commencèrent à dire: Puisqu'ils ne sont point venus avec nous, nous ne leur donnerons rien du butin que nous avons pris. Que chacun se contente de sa femme et de ses enfants, et après cela qu'il s'en aille.
I S 30,23. Mais David leur dit: Ce n'est pas ainsi, mes frères, que vous devez disposer de ce que le Seigneur nous a mis entre les mains; c'est Lui qui nous a conservés, et qui a livré entre nos mains ces brigands qui étaient venus nous piller.
I S 30,24. Personne n'écoutera cette proposition. Car celui qui aura combattu et celui qui sera demeuré au bagage auront la même part du butin, et ils partageront également.
I S 30,25. C'est ce qui s'est pratiqué depuis ce temps-là, et il s'en est fait ensuite une règle stable dans Israël, et comme une loi qui dure encore aujourd'hui.
I S 30,26. David, étant arrivé à Sicéleg, envoya une part du butin aux anciens de Juda qui étaient ses proches, en leur faisant dire: Recevez cette bénédiction des dépouilles des ennemis du Seigneur.
I S 30,27. Il en envoya à ceux qui étaient à Béthel, à ceux de Ramoth vers le midi, à ceux de Jéther,
I S 30,28. à ceux d'Aroër, de Séphamoth, d'Esthamo,
I S 30,29. et de Rachal, à ceux qui étaient dans les villes de Jéraméel et dans les villes de Céni,
I S 30,30. à ceux d'Arama, à ceux du lac d'Asan, à ceux d'Athach,
I S 30,31. à ceux d'Hébron, et à tous les autres qui étaient dans les lieux où David avait demeuré avec ses gens.
I S 31,1. Cependant les Philistins livrèrent bataille aux Israélites. Les Israélites prirent la fuite devant les Philistins, et tombèrent morts sur la montagne de Gelboé.
I S 31,2. Et les Philistins vinrent fondre sur Saül et sur ses enfants; et ils tuèrent Jonathas, Abinadab, et Melchisua, fils de Saül;
I S 31,3. et tout l'effort du combat tomba sur Saül. Les archers le joignirent, et le blessèrent grièvement.
I S 31,4. Alors Saül dit à son écuyer: Tirez votre glaive et tuez-moi, de peur que ces incirconcis ne m'insultent avant de m'ôter la vie. Mais l'écuyer ne voulut pas, car il était saisi d'une crainte violente. Saül prit donc son épée, et se jeta dessus.
I S 31,5. Et son écuyer, voyant qu'il était mort, se jeta lui-même sur son épée, et mourut avec lui.
I S 31,6. Ainsi Saül mourut en ce jour-là, et avec lui trois de ses fils, son écuyer, et tous ses gens.
I S 31,7. Or les Israélites qui étaient au delà de la vallée, et au delà du Jourdain, ayant appris la défaite de l'armée d'Israël, et la mort de Saül et de ses fils, abandonnèrent leurs villes et s'enfuirent; et les Philistins y vinrent, et s'y établirent.
I S 31,8. Le lendemain, les Philistins vinrent dépouiller les morts, et ils trouvèrent Saül avec ses trois fils, étendus sur la montagne de Gelboé.
I S 31,9. Ils coupèrent la tête de Saül, et lui enlevèrent ses armes, et ils envoyèrent des courriers par tout le pays des Philistins, pour publier cette nouvelle dans le temple des idoles, et parmi les peuples.
I S 31,10. Puis ils mirent les armes de Saül dans le temple d'Astaroth, et ils pendirent son corps sur la muraille de Bethsan.
I S 31,11. Lorsque les habitants de Jabès de Galaad eurent appris comment les Philistins avaient traité Saül,
I S 31,12. tous les plus vaillants sortirent, marchèrent toute la nuit, et ayant enlevé les corps de Saül et de ses fils du mur de Bethsan, ils revinrent à Jabès de Galaad, où ils les brûlèrent.
I S 31,13. Ils prirent leurs os et les ensevelirent dans le bois de Jabès; et ils jeûnèrent pendant sept jours.
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