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Voix du Bien-Aimé
1. Quand vous auriez la pureté des anges et la sainteté de Jean-Baptiste, vous ne seriez pas digne de recevoir ni même de toucher ce sacrement. Car ce ne sont pas les mérites de l'homme qui lui donnent le droit de consacrer et de toucher le corps de Jésus-Christ et de se nourrir du pain des anges. O mystère ineffable! ô sublime dignité des prêtres, auxquels est donné ce qui n'a point été accordé aux anges! Car les prêtres validement ordonnés dans l'Eglise ont seuls le pouvoir de célébrer et de consacrer le corps de Jésus-Christ. Le prêtre est le ministre de Dieu; il use de la parole de Dieu selon le commandement et l'institution de Dieu; mais Dieu, à la volonté de qui tout est soumis, à qui tout obéit lorsqu'il commande, est le principal auteur du miracle qui s'accomplit sur l'autel, et c'est lui qui l'opère invisiblement.
2. Vous devez donc, dans cet auguste sacrement, croire plus à la toute-puissance de Dieu qu'à vos propres sens et à ce qui paraît aux yeux, et vous ne sauriez dès lors approcher de l'autel avec assez de respect et de crainte. Pensez à ce que vous êtes et considérez quel est Celui dont vous avez été fait le ministre par l'imposition des mains de l'évêque. Vous avez été fait prêtre, et consacré pour célébrer les saints mystères; maintenant soyez fidèle à offrir à Dieu le sacrifice avec ferveur, au temps convenable, et que toute votre conduite soit irrépréhensible. Votre fardeau n'est pas plus léger; vous êtes lié au contraire par des obligations plus étroites, et obligé à une plus grande sainteté. Un prêtre doit être orné de toutes les vertus et donner aux autres l'exemple d'une vie pure. Ses moeurs ne doivent point ressembler à celles du peuple: il ne doit pas marcher dans les voies communes; mais il doit vivre comme les anges dans le ciel ou comme les hommes parfaits sur la terre.
3. Le prêtre, revêtu des habits sacrés, tient la place de Jésus-Christ afin d'offrir à Dieu d'humbles supplications pour lui-même et pour tout le peuple. Il porte devant et derrière lui le signe de la croix du Sauveur afin que le souvenir de sa passion lui soit toujours présent. Il porte devant lui la croix sur la chasuble afin de considérer attentivement les traces de Jésus-Christ et de s'animer à les suivre. Il porte la croix derrière lui afin d'apprendre à souffrir avec douceur pour Dieu tout ce que les hommes peuvent lui faire de mal. Il porte la croix devant lui afin de pleurer ses propres péchés; derrière lui afin que, par une tendre compassion, il pleure aussi les péchés des autres; et se souvenant qu'il est établi médiateur entre Dieu et le pécheur, il ne se lasse point d'offrir des prières et des sacrifices, jusqu'à ce qu'il ait obtenu grâce et miséricorde. Quand le prêtre célèbre, il honore Dieu, il réjouit les anges, il édifie l'Église, il procure des secours aux vivants, du repos aux morts, et se rend lui-même participant de tous les biens.
Réflexion
Pour comprendre la grandeur du sacerdoce chrétien, il faut considérer les caractères qui le distinguent immuablement, et fortement, comme le sceau divin dont il fut marqué à son origine. Et d'abord il est un; de même qu'il n'y a qu'un Dieu, il n'y a qu'un Médiateur de Dieu et des hommes, Jésus-Christ (Tim. 2, 5), apôtre et pontife de notre foi (Hebr. 3, 1), toujours vivant pour intercéder en notre faveur (Ibid. 7, 25).
Tout prêtre, dans l'exercice de ses célestes fonctions, représente Jésus-Christ, ou plutôt est Jésus-Christ même qui seul opère véritablement ce qu'annoncent les paroles et les actes de son ministre, seul lie et délie, seul dispense la grâce, seul immole et offre à son Père la victime de propitiation, qui est une aussi: car Jésus entrant par son sang une seule fois dans le saint des saints, a consommé la rédemption éternelle (Ibid. 9, 12; 7, 27). Aussi un sacrifice, un prêtre, un sacerdoce, qui, dans son immense hiérarchie, n'est que le Pontife invisible des biens futurs (Ibid. 9, 11), est multiplié visiblement sur tous les points de la terre pour y continuer sa grande mission jusqu'à la fin des siècles (Matth. 28, 20).
Et non seulement le sacerdoce est un, il est encore universel: car tous les peuples ont été donnés en héritage à Jésus-Christ (Ps. 2, 8), et depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, en tous lieux, le sacrifice doit être accompli, et l'offrande pure présentée au Seigneur (Malach. 1, 11). Il est éternel, car de toute éternité Dieu a dit au Christ: Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui; et encore: Tu es prêtre éternellement selon l'ordre de Melchisédech (Hebr. 5, 5, 6; 6, 20). Il est Saint: car il convenait que nous eussions un tel Pontife, saint, pur, sans tache, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des cieux (Ibid. 7, 26); et les démons mêmes, vaincus par Celui qui possède le sacerdoce éternel (Ibid. 24), lui ont rendu témoignage: Je sais qui vous êtes, le Saint de Dieu (Mc 1, 24).
Oh! qu'elle est élevée, qu'elle est sublime, la dignité du prêtre! Mais aussi qu'elle est redoutable! Associé à la puissance de Jésus-Christ Pontife, dans l'unité de son sacerdoce, ministre avec lui et en lui du sacrifice de la Croix, renouvelé chaque jour sur l'autel d'une manière non sanglante; distributeur du pain de vie, du corps et du sang du Rédempteur, sur lesquels il lui a été donné pouvoir; revêtu de la mission du Fils de Dieu pour le salut du monde, ses devoirs sont proportionnés à une si haute vocation, et c'est à lui surtout qu'il est dit: Soyez saint, parce que moi, le Seigneur Dieu, je suis saint (Levit. 19, 2). Pauvre pécheur, si faible, si languissant, si infirme, comment pourrai-je m'élever, ô Jésus! à la sainteté que vous exigez de moi? Je tremble à cette pensée, et je perdrais toute espérance, si votre bonté ne daignait me rassurer, disant: Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu (Matth. 19, 26).
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Éditions Magnificat, Mont-Tremblant, Québec. http://www.magnificat.ca/textes/index.html