Magnificat Janvier 2023

12 Vol. LVIII, No 1 Magnificat La patience est une vertu chrétienne qui nous fait supporter avec égalité d’âme, par amour pour Dieu et en union avec JésusChrist, les souffrances physiques ou morales. Tous nous souffrons assez pour être des saints, si nous savons le faire vaillamment et pour des motifs surnaturels; mais beaucoup ne souffrent qu’en se plaignant, en maugréant, parfois même en maudissant la Providence; d’autres souffrent par orgueil ou cupidité et perdent ainsi le fruit de leur patience. Le vrai motif qui doit nous inspirer, c’est la soumission à la volonté de Dieu, et, pour nous y aider, l’espoir de la récompense éternelle qui couronnera notre patience. Mais le stimulant le plus puissant, c’est la méditation de Jésus souffrant et mourant pour nous. Si Lui, l’innocence même, a enduré si héroïquement tant de tortures physiques et morales, et cela par amour pour nous, pour nous racheter et nous sanctifier, n’est-il pas juste que nous, qui sommes coupables et avons par nos péchés causé Ses souffrances, consentions à souffrir avec Lui et dans les mêmes intentions que Lui, pour collaborer avec Lui à l’œuvre de notre purification et de notre sanctification, et avoir part à Sa gloire après avoir eu part à Ses souffrances? Les âmes nobles et généreuses y ajoutent un motif d’apostolat: elles souffrent pour compléter la Passion du Sauveur Jésus, et travailler ainsi à la rédemption des âmes. Là est le secret de la patience héroïque des Saints et de leur amour pour la croix. Les degrés de patience correspondent aux trois stages de la vie spirituelle. Au début, on accepte la souffrance, comme venant de Dieu, sans murmure et sans révolte, soutenu par l’espérance des biens célestes; on l’accepte pour réparer ses fautes et purifier son cœur, pour maîtriser ses penchants déréglés, en particulier la tristesse et l’abattement; on l’accepte, malgré les répugnances de la sensibilité, et si on demande que le calice s’éloigne, on ajoute que, malgré tout, on se soumet à la volonté divine. Au second degré, on embrasse les souffrances avec ardeur et détermination, en union avec Jésus-Christ, et pour se conformer davantage à ce divin Chef. On aime donc à parcourir avec Lui la voie douloureuse qu’Il a suivie de la crèche au Calvaire, on L’admire, on Le loue, on L’aime dans tous les états douloureux où Il a passé: dans le dénuement où Il S’est condamné à Son entrée dans le monde, Sa résignation dans l’humble crèche qui Lui sert de berceau, où Il souffre encore plus de l’ingratitude des hommes que du froid de la saison; les souffrances de l’exil; les obscurs travaux de la vie cachée; les labeurs, les fatigues et les humiliations de la vie publique, mais surtout, les souffrances physiques et morales de Sa longue et douloureuse Passion. Armé de cette pensée: Le Christ a souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée1, on se sent plus courageux en face de la douleur ou de la tristesse; on s’étend amoureusement sur la croix, à côté de Jésus et par amour pour Lui: Avec le Christ, j’ai été cloué à la croix.2 Quand on souffre davantage, on jette un regard compatissant et amoureux sur Lui, et on L’entend nous dire: Bienheureux ceux qui pleurent… Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice.3 L’espoir de partager Sa gloire dans le Ciel rend plus supportables les crucifiements qu’on subit avec Lui: Pourvu toutefois que nous souffrions avec Lui, afin d’être glorifiés avec Lui.4 On en vient même parfois, comme saint Paul, à se réjouir de ses misères et de ses tribu1. Première épître de saint Pierre 4, 1 2. Saint Paul aux Galates 2, 19 3. S. Matth. 5, 5 et 10 4. Saint Paul aux Romains 8, 17 - La Patience - R.P. Adolphe Tanquerey, P.S.S.

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