20 Vol. LVIII, No 1 Magnificat Il n’était pas à craindre que cette famille si vertueuse manquât au devoir sacré de la reconnaissance. Après les réjouissances saintes par lesquelles on célébra tant d’événements heureux, Tobie père appela son fils et lui dit: «Que pouvons-nous offrir à ce saint homme qui vous a si bien servi de guide? – Tout ce que nous pourrions lui donner, reprit Tobie fils, n’est rien en comparaison des services qu’il m’a rendus; mais, je vous en prie, mon père, demandez-lui s’il daignerait accepter la moitié de tout ce que j’ai apporté.» D’accord sur ce point, le père et le fils prièrent le mystérieux guide de recevoir ce présent en témoignage de leur gratitude, mais celui-ci se contenta de leur répondre: «Bénissez le Seigneur de Ses miséricordes à votre égard, et manifestez-les à tous, car s’il convient de laisser dans l’ombre les secrets des rois, il est bon de révéler les œuvres de Dieu. Voici donc la vérité tout entière. Quand vous priiez avec larmes, quand, laissant votre repas, vous cachiez les cadavres pour les ensevelir pendant la nuit, c’est moi qui présentais vos supplications au Seigneur. Parce que vous étiez agréable à Dieu, il fallait que vous soyez éprouvé. C’est pourquoi aussi Dieu m’a envoyé vers vous pour vous guérir, et délivrer Sara, l’épouse de votre fils, du démon qui l’obsédait. Ô saint vieillard, je suis l’Ange Raphaël, un des sept Esprits assistants au trône de l’Éternel.» À cette révélation, stupéfaits et tremblants, le père et le fils tombèrent la face contre terre, mais l’Ange les rassura doucement. «La paix soit avec vous, dit-il. Je suis venu à vous par la volonté de Dieu: c’est Lui seul qu’il faut bénir et glorifier. Il est temps que je retourne à Celui qui m’a envoyé. Pour vous, glorifiez Dieu en racontant lesmerveilles dont vous avez été témoins.» Après avoir dit ces mots, l’Ange disparut, et ils le cherchèrent vainement du regard. Ils restèrent encore prosternés pendant trois heures, et quand Tobie se releva, ce fut pour chanter un hymne de louanges au Dieu qui l’avait sauvé. «Seigneur, disait-il, Vous êtes le grand Dieu, le Dieu qui règne dans tous les siècles. Votre main flagelle et guérit, tue et ressuscite: qui peut lui échapper? «Enfants d’Israël, louez le Seigneur en face des nations. Il vous a dispersés parmi les Gentils qui L’ignorent, afin que par le récit de Ses merveilles vous leur appreniez qu’il n’y a point d’autre Dieu que Lui. S’Il nous a châtiés dans Sa justice, Il nous sauvera dans Sa miséricorde. Voyez comme Il a traité Tobie et sa famille, et glorifiez-Le par vos œuvres. «Convertissez-vous donc, dirai-je aux pécheurs, et Il vous fera miséricorde, et la joie deviendra votre partage.» Tobie vécut encore longtemps, et il vit son fils et ses petits-fils marcher dans la voie de la justice. Après la mort de son père, le jeune Tobie retourna auprès de Raguel et de son épouse, et il fut leur consolation dans les jours de leur vieillesse. Lui-même, âgé de quatre-vingt-dix ans, alla rejoindre son père, laissant après lui une nombreuse postérité, aussi chère à Dieu qu’aux hommes, par les vertus dont elle donna constamment les plus beaux exemples. Sources: R.P. Auguste Berthe, Rédemptoriste, Jéhovah et Son peuple, depuis Adam jusqu’à Jésus-Christ, Mont-Tremblant, Qc, Éditions Magnificat, 2015, tome second, p. 171188; Mgr Jean-Joseph Gaume, Catéchisme de Persévérance, Paris, Gaume et Cie, éditeurs, 1889, tome second, p. 356-369. Tobie et son père offrent au mystérieux guide une grande quantité de biens en reconnaissance pour les services rendus.
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