Magnificat Vol. LVIII, No 1 19 gages nous suivront, et nous annoncerons leur arrivée. Prenez ce qui reste du fiel du poisson, car vous en aurez besoin.» Tobie se rendit sans hésiter à l’avis de son conducteur, et ils partirent. Leur diligence ne put prévenir les inquiétudes du vieux Tobie et de sa femme. Ils n’entendaient point parler de leur fils; pourtant, d’après leurs calculs, il devait être revenu. Toujours soumis aux ordres de la Providence, Tobie se contentait de dire de temps en temps à Anne, son épouse: «Ne te laisse point abattre. J’ai confiance que notre fils est en bonne santé. Son compagnon de voyage est un homme fidèle.» Or la pauvre mère était inconsolable; souvent, elle allait s’asseoir au sommet d’une colline qui dominait la route, et de là, ses yeux obscurcis par les larmes interrogeaient l’horizon. Un jour qu’elle se trouvait comme d’habitude à son poste d’observation, elle distingua dans le lointain deux voyageurs. Les yeux d’une mère reconnaissent un fils de plus loin que ceux des autres. Courant à la maison, elle dit à son mari: «Voilà votre fils qui vient!» Déjà ils approchaient de la maison, déjà le chien fidèle accourait joyeusement audevant de ses maîtres, comme un messager de bonheur. Le père de Tobie, tout aveugle qu’il était, se leva et, appuyé sur un serviteur, trébuchant à chaque pas, se précipita au-devant de son fils. Et bientôt Anne et Tobie pressaient sur leur cœur cet enfant bien-aimé, mêlant leurs larmes à leurs embrassements. Quand ils eurent adoré et remercié le Seigneur, ils s’assirent au foyer redevenu joyeux. Suivant les conseils de l’Ange, Tobie le jeune prit alors le fiel du poisson et l’étendit sur les yeux de son père. Après une demi-heure d’attente, on vit une taie blanche, semblable à la pellicule d’un œuf, se détacher des paupières. Tobie la saisit de ses mains, l’arracha sans effort, et le vieillard recouvra immédiatement la vue. Il rendit au Seigneur les plus vives actions de grâces. «Vous étiez agréable à Dieu…» Sept jours après, Sara, l’épouse du jeune Tobie, et tout son nombreux convoi, arrivaient heureusement à Ninive. La caravane apportait aussi les dix talents d’argent et les sommes considérables remises par Raguel à sa fille. Alors le jeune Tobie ayant raconté à ses parents tous les incidents de son voyage, et comment Dieu S’était servi de son compagnon pour le combler de bienfaits, tous admirèrent les miséricordes de Dieu. Tobie le jeune guérit son père avec le remède indiqué par l’Ange. Tobie et ses parents accueillent Sara, arrivée à bon port avec la nombreuse caravane.
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