Magnificat Mai 2021

Michel Guérin est né le 8 juin 1801, à Laval, en France. Attiré de bonne heure par le sacerdoce, il doit aux généreux sacrifices de sa mère, prématurément veuve, de pouvoir continuer ses études et entrer au séminaire du Mans. C’est en cette ville qu’il est ordonné prêtre, le 19 juillet 1829. Dès l’abord, le jeune abbéGuérin se montre vrai «prêtre de Marie». Nommé vicaire à Saint-Ellier1, il y fait fleurir les grandes dévotions de son cœur: la «Bonne Mère», la Sainte Croix et la Passion de Jésus. Il est particulièrement ému du triste état de Pontmain. Depuis une dizaine d’années, ce pauvre hameau n’avait plus de prêtre résident. Pour assister à la messe et recevoir les sacrements, les habitants devaient parcourir plusieurs kilomètres, 1. Aujourd’hui Saint‐Ellier‐du‐Maine. Le Père Michel Guérin, curé de Pontmain (1801-1872) La douleur de deuils successifs, les tracas d’une existence pauvre et pénible, conduiront souvent Mme Guérin aux pieds de NotreDame d’Avesnières (Laval), pour implorer le secours et la consolation de cette Mère céleste. C’est en l’accompagnant en ces pieuses visites que le petit Michel sentit naître en son cœur cet ardent amour pour Marie, qui ira grandissant jusqu’à sa mort. Toute sa vie il conservera un culte particulier pour Notre-Dame d’Avesnières. Lors de la guerre de 1871, les habitants de Laval pressèrent Mgr Wicart de prononcer un vœu en l’honneur de leur puissante Protectrice. Ce qui fut fait le 20 janvier 1871. Le même jour, les Prussiens se retirèrent définitivement de la contrée, tandis que la nouvelle de l’Apparition de Pontmain parvenait à la cité délivrée. par tous les temps et par de très mauvais chemins, aussi la plupart avaient désappris le chemin de l’église. Du côté matériel, ce n’était guère mieux. La vie dans ce village éloigné et difficilement accessible était dure, dépourvue des moindres commodités; malgré un pénible et continuel labeur, la population demeurait pauvre. Ayant sollicité son évêque, l’abbéGuérin obtient en 1836 de s’installer à Pontmain et d’en assurer la charge spirituelle. Le nouveau curé va se livrer à ses ouailles sans réserve. «C’est Dieu qui a tout fait, leur déclare-t-il en arrivant. Il veut que je sois à vous sans partage. Désormais, c’est avec vous, à la vie à la mort.» Avec une générosité inlassable, l’abbéGuérin se met à l’œuvre. Il commence par restaurer l’église qui menace ruine, et la pourvoir des objets nécessaires au culte. En 1842, il fonde une école dont il confie la direction aux religieuses Adoratrices de la Justice de Dieu2. Par ses soins, les routes sont améliorées, le cimetière est agrandi, une œuvre de bienfaisance chargée de l’assistance aux plus pauvres est créée, des petits commerces, procurant les choses élémentaires à la vie, voient le jour. Pour financer ses projets charitables, il ne craint pas de se fairemendiant, quêtant auprès des préfets, des maires, des évêques, des mieux nantis et jusqu’à l’impératrice Eugénie! 2. Fondée en 1831 par Mère Marie‐Thérèse de la Croix (1787‐1865, née Anne Boivent) et le Père Jean‐Baptiste Le Taillandier, la Congrégation des Sœurs Adoratrices de la Jus‐ tice de Dieu est également connue sous le nom de Sœurs de Rillé (parce que la maison‐mère de la Congrégation fut installée dans l’ancienne abbaye de Rillé, à Fougères). Suite au Concile Vatican II, la Congrégation prit le nom de Sœurs du Christ‐Rédempteur. Elle est, aujourd’hui encore, vouée à l’enseignement et au soin des malades. 136 Vol. LVI, No 5 Magnificat

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