Magnificat Mai 2021

Magnificat Vol. LVI, No 5 137 Son activité débordante ne le détourne pas de «l’unique nécessaire»: le salut des âmes confiées à ses soins. Pour ramener son troupeau à Dieu – l’esprit révolutionnaire avait fait ses ravages, même dans ce hameau perdu! – il décide de «mettre la Mère de Dieu dans ses intérêts». Deux mois à peine après son arrivée, il affilie sa paroisse à l’archiconfrérie de NotreDame des Victoires. Prélevant sur ses maigres ressources, il achète une statuette deMarie pour chaque famille, et vient luimême l’introniser, gagnant par là le surnom de «curé aux BonnesVierges». À partir de cemoment, le chapelet était prié quotidiennement, dans toutes les familles. Il organise les pieuses pratiques dumois deMarie, des litanies et des processions. Malgré une situation financière peu brillante, il entreprend de bâtir une chapelle digne de sa «Bonne Mère», qui, Dieu aidant, est solennellement inaugurée le 31 octobre 1850. Comme à Saint-Ellier, il insuffle à ses ouailles le culte de la Passion du Sauveur, plaçant le saint Crucifix à l’honneur dans tous les foyers du village, encourageant vivement l’exercice du chemin de la croix et faisant ériger plusieurs croix de chemin. Grand dévot à l’Eucharistie, il préconise également la communion fréquente et l’adoration du Saint-Sacrement. Dieu récompensa largement les efforts de Son serviteur. Petit à petit, Pontmain fut transformé. À l’époque de la guerre franco-prussienne, le village est devenu une communauté chrétienne modèle, dont la prière s’élève constamment vers le Ciel. Après l’événement du 17 janvier 1871, les habitants en attribuent le principal mérite à leur saint pasteur. «Vénérable et saint prêtre, modèle de toutes les vertus, remarquable surtout par sa tendre piété envers la Sainte Vierge, il mérita à Pontmain, on l’a dit souvent et avec raison, l’honneur d’être le théâtre des tendresses maternelles de Marie», dira le Père Joseph Barbedette. Moins d’un an après l’Apparition, le 13 janvier 1872, le bon abbéGuérin est victime d’un accident de voiture. Grièvement blessé, il succombe le 29 mai suivant, à l’âge de 70 ans. APPARITION DE MARIE AU FRÈRE FIACRE Les premières gloires du sanctuaire de Notre-Dame des Victoires lui vinrent des apparitions de Marie au Frère Fiacre (1637). La Vierge Se montra la nuit, revêtue d’une longue robe étoilée. En souvenir de cela et poussé par son amour pour le Cœur Immaculé de Marie (dont l’Archiconfrérie fut établie à l’église Notre-Dame des Victoires par l’abbé Charles des Genettes), l’abbé Guérin fit décorer de ces mêmes étoiles la voûte de son église restaurée. Or, l’apparition de Pontmain, nocturne comme celle de 1637, où la Vierge portait encore une robe étoilée, se produit à l’instant même où, à Paris, le vicaire de Notre-Dame des Victoires, l’abbé Amodru, prononçait devant une foule immense un vœu à la Sainte Vierge, réclamant la fin de la guerre. La statue de Marie en faïence que le «curé aux Bonnes Vierges» a fait placer dans le clocher de l’église paroissiale veille encore sur le village de Pontmain!

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