Ô Jésus Crucifié! aidez-nous à porter notre croix comme Vous avez porté la Vôtre!

Chemin de la Croix

médité par Père Mathurin de la Mère de Dieu

Prière préparatoire. Mon Dieu, nous voulons faire ce Chemin de la Croix en esprit de réparation et d’amour, pour les mêmes raisons qui motivèrent Jésus, le Fils de Dieu, à venir Lui-même suivre ce chemin de douleur. Il est venu réparer nos péchés, nous montrer le chemin du Ciel, nous montrer le chemin du vrai amour. Mon Jésus, nous voulons Vous suivre, Vous contempler dans cette voie douloureuse. Nous voulons le faire en union avec Votre très Sainte Mère, qui Vous a accompagné sur ce chemin de douleur que Vous avez parcouru. Votre douleur et Vos tourments étaient Sa douleur, Son tourment. Ô Sainte Mère des douleurs, nous Vous prions de bien vou - loir graver dans nos cœurs les souffrances de Votre Jésus. Nous offrons ce Chemin de la Croix en esprit de réparation pour nos nombreux péchés, pour ceux de l’Église, pour ceux du monde entier. Bon Jésus, nous Vous demandons pardon et miséricorde pour nous-mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre.
On est au matin lorsque Jésus paraît devant le gouver - neur Ponce Pilate. Depuis la veille au soir et pour une grande partie de la nuit, on L’avait traîné de tribunal en tribunal. Et dans chacun de ces tribunaux la foule enra - gée criait avec haine et avec mépris: «Crucifiez-Le! Crucifiez-Le!» Cette foule à qui Jésus a fait tant de bien, pour qui Il a multiplié les miracles, les bontés, les miséricordes… veut Sa mort. Voilà l’orgueil, l’infi - délité et le mépris de la grâce ont mené ces hommes. Pilate, lui, n’est pas du même avis. Dans cet Homme qui Se tient devant lui, il ne voit rien qui mérite la mort. Le gouverneur trouve Jésus innocent, mais par lâcheté, il va Le faire torturer. «Je Le ferai donc flageller, dit-il à la foule, non parce qu’Il est coupable, mais pour calmer votre rage, votre haine. Puis je Le laisserai libre.» Quand Jésus revient, labouré des coups de la flagellation et du couronnement d’épines, Il est méconnaissable. On peut compter tous Ses os, dit le prophète. Pilate Le présente ainsi à la foule: «Voici l’Homme!», comme pour dire: «Ayez-en donc pitié!» Mais redoublant de rage, les juifs crient: «Crucifiez-Le!» Et Pilate, par lâcheté, leur livre le Fils de Dieu. «Faites comme bon vous semble. Crucifiez-Le, si vous le voulez.» Mon Jésus, en Vous contemplant dans cette station, nous Vous prions de donner un peu de courage à notre âme. Nous sommes si lâches, nous avons tellement peur de souffrir! Nous craignons les commentaires des hommes, nous craignons tout type de souffrance. Pour ne pas souffrir, nous irions facilement jusqu’à Vous laisser crucifier... Bon Jésus, gravez dans nos cœurs Vos divins exemples. Que Votre docilité à Vous laisser condamner touche nos cœurs. Montrez-nous la force de cette douceur qui accepte le plan de Dieu, qui veut l’accomplir. Nous Vous prions de convertir nos cœurs. Nous Vous le demandons, Jésus, pour nous- mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre.
I. Jésus est condamné à mort
Autant pour les Juifs que pour les Romains, la croix était le supplice le plus infamant. Non seulement c’était un objet de tourment extrême, c’était aussi l’instrument choisi pour mépriser et avilir le condamné. Normalement tout condamné s’approchait de la croix avec révolte. Mais, est-ce possible? Quelle est cette scène qui s’offre à nos yeux? Jésus qui a déjà subi tant de tourments, une terrible flagellation et un couronne - ment d’épines cruel, en voyant cette croix, semble S’animer. Il va vers la croix et l’embrasse; Il la presse sur Son cœur, comme un objet désiré, recherché, aimé. Il la charge sur Ses épaules. Contemplons notre Sauveur: ce n’est pas seulement de la résignation; plus qu’ accepter la croix, Il l’ aime. Il l’étreint contre Lui, tout Son être respire l’amour. Bon Jésus, en Vous contemplant Vous chargeant de cette croix, nous Vous deman - dons, par Votre très sainte Mère, la grâce d’aimer la croix. C’est avec peine que nous nous résignons à porter la croix; c’est tout juste si nous l’acceptons. Mon Jésus, éclairez-nous, touchez nos cœurs, convertissez-nous. Faites de nous de vrais chrétiens marchant à Votre suite, imitant Votre exemple, désirant plus que tout nous identifier à Vous. Nous voulons aimer Votre croix, Jésus, nous voulons aimer la croix que Vous nous donnez.
II. Jésus est chargé de Sa Croix
Existe-t-il, dans toute l’histoire de l’humanité, un mo - ment plus douloureux, plus difficile à décrire que la ren - contre de Jésus et Marie en ce moment? Pas un mot n’est échangé entre Eux. Dans ce silence intense le temps est suspendu, chacun perçoit dans l’autre une souffrance infinie, incommensurable, une souffrance qui ne peut se dire, mais que Leur regard comprend dans l’Autre. Par Son regard, Jésus semble dire à Sa Mère: «Ce chemin de douleurs, Je le veux. C’est pour cela que Je suis venu.» Et Sa sainte Mère de Lui - pondre: «Je le veux avec Toi, Mon Fils.» Ils sont vrai - ment à l’unisson. Un jour Jésus parlait à la foule, quelqu’un félicita Celle qui avait l’honneur d’être Sa Mère. Mais Jésus répondit: Qui est Ma Mère?... Celui qui fait la volonté de Mon Père qui est dans les Cieux, voilà Ma Mère! Dans cette quatrième station, c’est vraiment la Mère de Jésus, Verbe de Dieu, que nous contemplons. La voilà dans toute la force du mot. En tous points, Marie fait la volonté de Dieu. Elle veut ce que Dieu veut. Même dans cette souffrance extrême, Elle veut ce que Dieu veut. Ô sainte Mère des douleurs, nous Vous demandons instamment de convertir nos cœurs. Que notre cœur veuille ce que Dieu veut. Qu’il soit prêt à suivre Jésus, à suivre Sa volonté, à suivre ce chemin de douleurs.
Jésus a déjà tellement reçu de coups. Et quoiqu’Il ait tant désiré la croix de notre salut, Son corps n’en peut plus… Il S’écrase sur les pierres du chemin. Comme elle est douloureuse cette chute de Jésus! Nos chutes à nous, nous les faisons de façon tellement inconsidérée. Mon Jésus, nous Vous offensons si facile - ment et suprême malheur souvent presque sans re - gret. Mon Jésus, pardon! Par Votre première chute, nous Vous demandons, mon Jésus, le don de crainte de Dieu, la crainte de Vous of - fenser. Donnez-nous cette grâce d’avoir de la peine et du chagrin toutes les fois que nous Vous offensons, de la tristesse pour tout ce qui Vous déplaît en nous. N’est-ce pas pour nous mériter ce don insigne que Vous êtes tombé si douloureusement? Ah! si du moins j’éprouvais de la douleur pour mes chutes, pour mes péchés de toutes sortes: orgueil, gourmandise, paresse, sensualité, égoïsme, vantardise, et toute la longue liste. Je Vous en prie, mon Jésus, pour moi-même, pour tous nos frères et sœurs, don - nez-nous cette peine de Vous avoir offensé. Mais surtout, donnez-nous l’humilité pour nous reconnaître pécheurs. Que cette peine ne nous décourage pas. Mon Jésus, si Vous acceptez de tomber sous le poids de la croix, c’est parce que Vous savez combien nous sommes faibles. Nous Vous demandons la grâce de l’humilité, car Vous donnez Votre grâce aux humbles. Celui qui s’humilie vraiment reçoit un secours de Dieu et alors il peut se relever de son manquement.
III. Jésus tombe sous le poids de Sa Croix
IV. Jésus rencontre Sa très sainte Mère
Jésus est à bout de forces. Ses bourreaux craignent qu’Il ne parvienne pas au sommet du Calvaire. Alors ils - quisitionnent Simon, et l’obligent à aider Jésus. Simon est loin de s’imaginer que cet Homme qu’on lui demande de secourir est Dieu Lui-même. Il ne res - semble vraiment pas au Dieu qu’il vénère, qu’il adore dans son cœur. Jésus ne ressemble même plus à un homme! Réquisitionné de force, c’est en murmurant que Simon, contrarié et peut-être même révolté, vient aider Jésus à porter la croix. Mais quel miracle se produit! En se tenant au côté de Jésus, Simon voit la vertu de cet Homme réduit à rien. Quand Il voit Sa douceur, Son humilité, Son acceptation des mépris et de tous les maux et tourments sans une plainte ni murmure… Simon est touché. La grâce de Dieu aidant, il est complètement transformé intérieurement. Lorsqu’on lui de - mandera de laisser la croix à Jésus, Simon sera un tout autre homme. Il deviendra un saint. Mon Jésus, faites-nous la grâce de toujours Vous regarder dans nos souffrances. Donnez-nous de Vous voir dans les contrariétés et les épreuves, lorsqu’une croix se présente. C’est Vous, alors, qui nous demandez de cheminer à Vos côtés. Comme Vous l’avez fait pour Simon, changez notre cœur rebelle, contrarié et murmurateur, peut-être même révolté. De même, mon Jésus, quand Vous nous visitez, caché dans ce prochain qui parfois nous contrarie et nous heurte, donnez- nous de Vous reconnaître en lui. Faites-nous la grâce d’être au côté de notre pro - chain comme Simon l’était pour Vous.
V. Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter Sa Croix
Pour nous, pauvres créatures déchues, tomber c’est fa - cile à comprendre, car la plupart de nos chutes pro - viennent de notre négligence, de notre manque d’amour et de zèle, de notre égoïsme, de nos lâchetés… Mais comment est-il possible que notre Sauveur tombe et re - tombe? Lui, le Dieu fort, Lui qui tient tout l’univers, qui nous possède tous? C’est pour réparer nos nombreuses chutes que Jésus a voulu tomber. À chacun de Ses faux pas, au lieu de s’apitoyer sur la souffrance extrême qui L’accable, les bourreaux et la foule se livrent à de nouvelles moqueries. Jésus a voulu tomber devant ces hommes grossiers. Il a bien voulu accepter ces moqueries pour réparer encore et encore notre orgueil. Nous conservons des at - taches à nos péchés et, cependant, nous aimerions être bien vus de notre entou - rage, nous voudrions être perçus comme innocents, vertueux, et si possible même saints! Nous sommes coupables, nous le savons, mais nous craignons le juge - ment des hommes. Le moindre jugement de notre prochain nous fait souffrir beaucoup plus que le péché. La seule pensée que notre prochain pense peut-être quelque chose de négatif à notre endroit, nous bouleverse, nous agite, nous tour - mente. Contemplons Jésus au milieu de cette foule qui se moque de Lui, qui Le juge à chaque pas. À chaque chute, ces gens augmentent leur mépris, leurs in - sultes et leurs injures. Mon Jésus, par cette deuxième chute, nous Vous demandons de vaincre notre ter - rible orgueil qui nous fait tant redouter le jugement des hommes. Que nous ne travaillions jamais pour la louange des hommes, pour leur bonne appréciation. N’êtes-Vous pas tombé pour nous obtenir cette grâce? Nous Vous la demandons par Votre très sainte Mère. Nous Vous demandons surtout, mon Jésus, la grâce d’aimer le mépris et ceux qui nous méprisent.
VII. Jésus tombe pour la deuxième fois
Dans ce concert général de haine, de méchanceté et de rage, il y a cette petite femme, Véronique, cachée au mi - lieu de la foule. Elle est avec Jésus et elle veut le Lui prouver. Elle veut Le consoler. Cette pauvre petite hu - maine veut, en quelque sorte, donner des forces à Jésus, Le réconforter. Véronique n’a aucun respect humain. Elle ne s’occupe pas de ce que les hommes vont penser d’elle, ces hommes révoltés qui sont prêts elle le voit bien aux plus extrêmes méchancetés. Ce n’est pas non plus pour avoir l’air vertueuse, pour bien paraître. Non! Seul l’amour la pousse, la guide, la fait agir. Elle fend la foule et avance vers Jésus; déjà elle Le réconforte par sa présence bienveillante. Avec un linge, elle essuie Son visage, comme pour enlever quelque chose de Ses tourments infinis. Et Jésus est tellement touché, tellement réconforté, qu’Il lui laisse Son image imprimée sur son linge et en son âme. Quel beau cadeau! C’est la récom - pense de son immense amour pour Dieu. Puissions-nous être cette âme qui réconforte Jésus, qui fait le bien pour Lui seul; non par crainte, non pas pour avoir la louange des hommes et pour être bien vu, non! Mais pour Jésus seul! Mon Jésus, par les mérites de Votre Passion, donnez-nous cette grâce suprême de faire les choses par amour pour Vous, sans aucune autre considération. Que ce soit l’intention profonde, unique de notre cœur. Si c’est vraiment notre inten - tion, mes frères et mes sœurs, nous serons récompensés comme Véronique. Jésus imprimera en nous Son image; nous la porterons en nous. Oh! le grand don!
VI. Véronique essuie la Face de Jésus
Jésus tombe, retombe... et retombe encore. Il semble qu’Il n’arrivera jamais au sommet du Calvaire. À Le re - garder dans cette chute, on croirait qu’Il va mourir sur place, que tout est terminé... Mais quand l’être humain est entièrement vidé de son énergie, il lui reste encore l’amour. En Jésus, c’était l’Amour infini. Cet amour Lui donne de nouvelles forces. À cause de Son amour, Il Se relève, Il ira jusqu’au bout. Oh! la force de l’amour! Nous les humains, nous répétons facilement: «Ah! c’est fini, je ne suis plus capable. Mon Dieu, ne me demandez plus rien. Je suis à bout, je ne peux pas aller plus loin, je n’en peux plus. Vous demandez trop, mon Dieu.» Voilà bien le raisonnement de mon âme, de mon cœur qui manque d’amour pour suivre Jésus, de mon cœur égoïste, qui veut encore et toujours jouir sur cette terre. Ô mon Jésus, par cette troisième chute, nous ne nous lassons jamais de Vous de - mander, redemander et redemander encore Votre Amour infini, pour nous- mêmes et pour tous nos frères et sœurs. Que Votre bon plaisir, Votre volonté soient les seuls guides de notre vie. Mon Jésus, donnez-nous Votre amour qui nous permettra de Vous suivre jusqu’au Calvaire, malgré tous les obstacles, mal - gré les incapacités, les insuccès, les chutes et rechutes, malgré tous les démons et les forces du mal ligués pour nous arrêter.
IX. Jésus tombe pour la troisième fois
Voici d’autres femmes, pleines d’amour, qui viennent consoler Jésus. Or, c’est Jésus Lui que l’on martyrise, Lui que l’on va faire mourir en croix dans quelques ins - tants qui console et qui réconforte. Il S’oublie complètement. Et que dit-Il à ces femmes? « Ne pleurez pas sur Moi! Moi, Je ne suis pas à plaindre. Ne pleurez pas sur Moi! Je réalise Mon projet, Mon projet d’amour que J’ai conçu depuis si longtemps. Je viens réparer vos péchés par cette démonstration d’amour infini, d’amour extrême. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants. Oh oui, pleurez! Pleurez vos péchés, vos ingratitudes, vos distractions; pleurez les péchés de vos enfants, pleurez parce que, malgré Mon Amour infini, tant de vos enfants se perdent. Ne pleurez pas sur l’Amour, pleurez sur l’ingratitude. » Mon Jésus, par cette station, nous Vous demandons l’insigne faveur de pleurer nos ingratitudes et nos péchés, et ceux de nos enfants. Pour mieux y arriver, im - prégnez-nous de cet amour que Vous nous manifestez si éloquemment dans cette Voie douloureuse. Et comme les larmes de repentir sont le début de la conversion, mon Jésus, multipliez-les dans notre cœur.
VIII. Jésus console les filles de Jérusalem
Jésus vient d’accomplir la Rédemption, l’œuvre de notre salut. Mais Marie reste. Contemplons-La au pied de la croix. On détache Son Fils, on retire les clous… Quelle souffrance immense quand Elle reçoit le cadavre de Son Jésus dans Ses bras, qu’Elle contemple toutes Ses plaies. De la beauté de Jésus, il ne reste plus rien. La victime est entièrement consumée; le coup de lance du centurion L’a vidée des dernières gouttes de Son sang divin. Jésus S’est complètement donné. Et Marie, Le tenant dans Ses bras, contemple Son corps livide. Quelle grandeur en Marie! C’est comme si, à la mort de Jésus, Elle devient plus encore Corédemptrice. Marchant sur les traces de Son Fils, Elle reste sur la terre pour continuer de souf - frir, une souffrance «infinie»... Elle nous montre à Son tour le chemin. Jésus est descendu sur terre pour faire la Rédemption, mais aussi pour fonder Son Église. En ce jour du Vendredi saint, cette Église est toute disparue. Les hommes choisis par Jésus pour l’établir se sont enfuis. Le premier d’entre eux L’a renié: «Je ne connais pas cet homme!» Les autres, à l’exception de saint Jean, sont disparus. Mais Marie est là. C’est au pied de la croix qu’Elle est vraiment Mère du Salut. Marie reste pour établir l’Église, pour réunir ces quelques hommes peureux, craintifs à l’extrême, terrorisés, affolés, apeurés. Doucement, avec un amour de Mère, Elle leur rappelle ce que Jésus leur a enseigné, Elle les réunit dans la prière, Elle calme leur effroi. Ô Mère du Salut, Mère de l’Église, priez pour nous, pauvres lâches que nous sommes, pauvres poltrons qui avons si peur de la croix, de la tourmente, des in - jures, des mépris, des coups. Priez pour nous et pour tous les membres de l’Église.
XIII. Jésus est descendu de la Croix et remis à Sa Mère
Nous sommes parvenus sur le sommet du mont Calvaire; nous approchons de la grande victoire de Jésus. Contemplons le dépouillement de notre Sauveur. Après la flagellation, Sa tunique intérieure Lui avait été remise; elle est maintenant toute collée à Ses chairs - chirées. Les bourreaux l’arrachent violemment. Quelle douleur! C’est pour nous donner une leçon que Jésus a permis à Ses bourreaux de Le dépouiller avec tant de violence. Par ce tourment inouï, Il veut nous montrer que, oui, le dépouillement, le détachement fait mal, mais il faut le faire, sans discuter, sans hésiter, en quelque sorte avec violence. Le royaume des cieux souffre violence; il n’y a que les violents qui l’em - portent. Pour suivre notre Sauveur jusqu’au bout, il faut le dépouillement, le déta - chement universel. Se détacher, ça veut dire ne plus tenir à rien sur cette terre, se défaire de tout. Juste d’en parler, notre cœur, notre âme, tout notre être frémit. Celui qui ne renonce pas à tout ne peut être Mon disciple. Dans la mollesse, dans la complaisance envers nous-mêmes, nous entretenons nos attaches, nos caprices, nos recherches, nos péchés même. Puisque c’est pour nous obtenir la grâce que Vous avez enduré ces tourments, nous Vous demandons, mon Jésus, cette grâce du détachement universel. Que nous en fassions l’acte violent qui coûte et qui fait mal, afin d’être tout à Vous. Ô sainte Mère, nous Vous en prions, intercédez pour nous, obtenez-nous cette fa - veur insigne. Enlevez de nos cœurs ce grand obstacle: l’amour des attaches.
X. Jésus est dépouillé de Ses vêtements
Les bourreaux, avec moquerie et rudesse, ordonnent à Jésus de S’étendre sur la croix: Il obéit. On Lui demande Ses mains pour les clouer: Jésus obéit. On Lui demande Ses pieds, Il obéit. Je suis descendu du Ciel, non pour faire Ma volonté, dit-Il, mais la volonté de Celui qui M’a envoyé. Il Se livre au crucifiement pour obéir à Dieu Son Père. Nous aussi, nous voulons obéir à Dieu. Contemplons l’exemple de Jésus, notre divin Modèle. C’est jusque-là que doit aller notre détachement de toutes choses, mais surtout de notre volonté afin de vouloir tout ce que Dieu veut. La volonté de Dieu nous est souvent manifestée par de pauvres mortels qui ont toutes sortes de ma - nières, qui sont rudes, grossiers; ce sont nos confrères, nos supérieurs, nos sujets, notre prochain… Il faut obéir en union avec Jésus qui a obéi jusque-là. Voilà le sacrifice que Dieu demande. La sainteté, c’est de se sacrifier, c’est d’immoler tout son être à Dieu, et surtout notre volonté. Par cette station, nous Vous demandons, Jésus, la grâce d’être des âmes obéis - santes. Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez comme J’ai fait, nous dit-Il. Nous avons été perdus par la désobéissance. C’est pourquoi Jésus est venu ac - complir notre Rédemption dans l’obéissance. Il S’est fait obéissant jusqu’à la mort sur la croix. Mon Jésus, pour nous-mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre, nous demandons cette grâce d’obéir afin de faire notre salut.
XI. Jésus est cloué à la Croix
Durant tout le trajet douloureux, Jésus n’a pas dit une parole, sauf aux saintes femmes. Maintenant qu’Il est crucifié et sur le point de mourir, Il profère sept paroles solennelles. Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Cette première parole, Il la prononce suite à tous les tour - ments qu’on Lui a infligés les coups, les fouets, la crucifixion… et pendant que la foule, au pied de la croix, continue à Le blasphémer, à Le mépriser et ridi - culiser, disant: «Descends de la croix si Tu es vraiment le Messie!» Jésus qui est vraiment le Messie, Fils de Dieu, aurait pu leur faire tout un spectacle! Nous, les humains, nous aimons les spectacles. Nous surveillons la moindre petite chance de faire montre de notre force physique, spirituelle ou intellectuelle. On veut se montrer, se démarquer. Jésus répond, alors qu’on Le provoque de la sorte: Père pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Au lieu d’exhiber Sa force et de nous anéantir, nous les méchants, Il prie Son Père de nous pardonner. Au pied de Votre croix sur le Calvaire, nous Vous demandons, mon Jésus, que cette prière que Vous avez faite ne soit pas vaine pour nos âmes. La foule orgueilleuse n’entend pas Votre prière de pardon. L’âme humble l’entend dans son cœur et, pleine de repentir, demande pardon. Et parce qu’elle se repent et s’humilie, elle reçoit ce pardon. Les voleurs crucifiés avec Jésus L’insultaient eux aussi. Mais se ravisant, le bon larron dit à son compagnon: «Nous, nous méritons ces tourments, mais Lui n’a rien fait.» Puis, s’adressant à Jésus: «Souvenez-Vous de moi quand Vous serez dans Votre royaume.» Jésus lui répond: En vérité, Je te le déclare, aujourd’hui même tu seras avec Moi dans le Paradis. Oh! la belle promesse! Ce criminel, ce bandit coupable est le seul au Calvaire à proclamer Jésus pour ce qu’Il est. Il pro - clame que Son Royaume n’est pas d’ici. Mon Jésus, nous Vous demandons la grâce de ne jamais rougir de Vous, de tou - jours Vous défendre. Lorsque la souffrance nous visite, que nous reconnaissions que nous sommes coupables et que nous la méritons. Mon Jésus, souvenez-Vous de nous, comme Vous Vous êtes souvenu du bon larron. Au moment de quitter ce monde, dans cette souffrance extrême, Jésus oublie Sa propre douleur. Il sait le grand besoin nous sommes. En la personne de saint Jean, Il nous confie à Sa très sainte Mère, la Vierge Marie qui Se tient debout au pied de la croix: Femme, voilà Votre fils. «Voilà Vos enfants. Prenez soin d’eux. Ils ont besoin d’une Mère comme Vous.» Puis Il dit à saint Jean: Voilà ta Mère. Oh! oui, bonne Mère, nous avons besoin de Vous. Souvenez-Vous que c’est sur la croix que Jésus Vous a donnée à nous pour Mère. Permettez-nous de Vous procla - mer toujours notre Mère. Pour suivre Jésus dans cette voie douloureuse, pour Lui ressembler, nous avons besoin de Vous. Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’avez-Vous abandonné? Jésus est égal à Dieu Son Père, mais le Verbe incarné, en tant qu’homme, S’est senti abandonné. Dans Son extrême nécessité, alors qu’Il a le plus besoin du secours divin, Jésus Se sent abandonné, non seulement des hommes, mais même de Dieu Son Père!... Qui pourra jamais comprendre cette douleur immense, infinie!... Ô bonne Mère, Vous avez été témoin de cette souffrance extrême. Cette parole de Jésus Vous a trans - percée, Vous avez ressenti en Votre cœur cet abandon de Votre Fils. Ô mon Jésus, c’est maintenant, cloué à cette croix, que Vous êtes le plus puissant. Votre Père, qui paraît Vous avoir abandonné, oh! combien Il est attentif! Jamais Il n’a été plus attentif à Son Fils qu’en ce moment. Ainsi en est-il pour nous: il ar - rive que nous nous pensions abandonnés. Or, c’est souvent le moment Dieu est le plus attentif à nous. J’ai soif. Sachant que Jésus Se sentait abandonné, nous comprenons de quelle soif il s’agit. Jésus avait besoin de présence, d’amour. Ô mon Jésus, touchez nos cœurs. Donnez-nous de nous oublier et de Vous donner ce que Votre cœur désire, de rassasier Votre soif d’amour, Votre soif de vrai service. Vous avez voulu souf - frir ce tourment extrême pour nous accorder cette grâce. Tout est consommé. Tout ce que le Père M’a commandé, Je l’ai accompli. Voilà une autre grâce que nous Vous demandons, mon Jésus. Puissions-nous dire cette pa - role chaque jour: «Aujourd’hui, tout est consommé. Ce que Dieu voulait de moi aujourd’hui, je l’ai accompli.» Et puissions-nous terminer notre vie en disant comme Vous: Père, Je remets Mon esprit entre Vos mains. Qu’au moment de la mort, notre être, notre esprit, notre âme soient totalement tournés vers Vous, mon Dieu. Qu’à ce moment suprême, il n’y ait absolument rien qui distraie notre âme de Dieu. Oh! la grâce des grâces: mourir complètement détaché de tout, uniquement attaché à Dieu. Jésus crucifié, nous Vous demandons pour nous-mêmes, pour tous nos frères et sœurs de l’Église et de la terre, pour toutes les âmes de bonne volonté, la grâce du plus grand détachement possible durant notre vie, mais surtout au moment de notre mort.
XII. Jésus meurt sur la Croix pour notre salut
C’est le tombeau, c’est la fin. Les ennemis de Jésus ceux qui voulaient en finir avec ce soi-disant Prophète, avec cet Homme qui allait jusqu’à Se faire passer pour Dieu en sont convaincus. Ils sont sûrs d’avoir rem - porté la victoire, d’avoir gagné sur Jésus à force de - chanceté, de malice, de mensonge, d’hypocrisie. Ils avaient pourtant eu des signes. Ils avaient vu les in - nombrables prodiges opérés par Jésus. Certains mi - racles étaient indéniables, comme la guérison de l’aveugle-né. Mais cet aveugle qui a recouvré la vue a en quelque sorte augmenté leur propre aveuglement, leur orgueil. Et l’orgueil les a endurcis, aveuglés de plus en plus. Ils sont entrés dans des ténèbres de plus en plus profondes jusqu’à haïr à mort Jésus. Mais, tout comme Satan, ils ignorent de quelle façon Dieu réalise Ses œuvres, Ses projets. Il les fait d’abord passer par l’enfouissement, par la perte totale appa - rente par la mort. Si le grain de froment jeté en terre n’y meurt, il reste seul et sté - rile; mais s’il meurt, il porte un fruit abondant. Dieu agit ainsi. Il a même créé la nature de cette façon afin de nous convaincre davantage de cette grande vérité. Jusqu’à ce jour, Satan et les ennemis de Dieu ignorent Sa manière divine. Mon Jésus, faites que nous acceptions Vos divins agissements. Donnez-nous une grâce agissante pour que notre vie, notre pensée y soient conformes. Nous vou - lons mourir avec Vous, nous voulons être mis au tombeau avec Vous. Nous vou - lons faire comme Vous voulez. Et Vous, bonne Mère, Vous qui avez Vous-même avec Joseph d’Arimathie, Nicodème, saint Jean et quelques femmes déposé dans le tombeau le corps de Votre Jésus, Vous savez bien qu’il faut passer par là. Bonne Mère, obtenez-nous la grâce d’accepter de suivre Jésus jusqu’au Calvaire et jusqu’au tombeau. Nous croyons, bonne Mère, que c’est le chemin enseigné par Votre Fils, qui a dit: Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Jésus au tombeau, c’est la vie. Nous le verrons bientôt à Pâques.
XIV. Jésus est déposé dans le sépulcre
Ô Sainte Mère des Douleurs, imprimez dans mon pauvre cœur les Plaies de mon doux Sauveur!
Après la Station Après la Station Méditations du Chemin de la Croix Méditations du Chemin de la Croix PRIÈRES LECTURES CATÉCHISME APPRENTISSAGE
Ô Jésus Crucifié! aidez-nous à porter notre croix comme Vous avez porté la Vôtre!

Chemin de la Croix

médité par Père Mathurin de la Mère de Dieu

Prière préparatoire. Mon Dieu, nous voulons faire ce Chemin de la Croix en esprit de réparation et d’amour, pour les mêmes raisons qui motivèrent Jésus, le Fils de Dieu, à venir Lui-même suivre ce chemin de douleur. Il est venu réparer nos péchés, nous montrer le chemin du Ciel, nous montrer le chemin du vrai amour. Mon Jésus, nous voulons Vous suivre, Vous contem - pler dans cette voie douloureuse. Nous voulons le faire en union avec Votre très Sainte Mère, qui Vous a accompagné sur ce chemin de douleur que Vous avez parcouru. Votre douleur et Vos tourments étaient Sa douleur, Son tourment. Ô Sainte Mère des douleurs, nous Vous prions de bien vouloir graver dans nos cœurs les souffrances de Votre Jésus. Nous offrons ce Chemin de la Croix en esprit de répa - ration pour nos nombreux péchés, pour ceux de l’Église, pour ceux du monde entier. Bon Jésus, nous Vous demandons pardon et miséricorde pour nous- mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre.
On est au matin lorsque Jésus paraît devant le gouverneur Ponce Pilate. Depuis la veille au soir et pour une grande partie de la nuit, on L’avait traîné de tribunal en tribunal. Et dans chacun de ces tribu - naux la foule enragée criait avec haine et avec mépris: «Crucifiez-Le! Crucifiez-Le!» Cette foule à qui Jésus a fait tant de bien, pour qui Il a multiplié les miracles, les bontés, les miséricordes… veut Sa mort. Voilà l’orgueil, l’infidélité et le mépris de la grâce ont mené ces hommes. Pilate, lui, n’est pas du même avis. Dans cet Homme qui Se tient devant lui, il ne voit rien qui mérite la mort. Le gouverneur trouve Jésus inno - cent, mais par lâcheté, il va Le faire torturer. «Je Le ferai donc flageller, dit-il à la foule, non parce qu’Il est coupable, mais pour calmer votre rage, votre haine. Puis je Le laisserai libre.» Quand Jésus re - vient, labouré des coups de la flagellation et du cou - ronnement d’épines, Il est méconnaissable. On peut compter tous Ses os, dit le prophète. Pilate Le pré - sente ainsi à la foule: «Voici l’Homme!», comme pour dire: «Ayez-en donc pitié!» Mais redoublant de rage, les juifs crient: «Crucifiez-Le!» Et Pilate, par lâcheté, leur livre le Fils de Dieu. «Faites comme bon vous semble. Crucifiez-Le, si vous le voulez.» Mon Jésus, en Vous contemplant dans cette station, nous Vous prions de donner un peu de courage à notre âme. Nous sommes si lâches, nous avons tel - lement peur de souffrir! Nous craignons les com - mentaires des hommes, nous craignons tout type de souffrance. Pour ne pas souffrir, nous irions facile - ment jusqu’à Vous laisser crucifier... Bon Jésus, gravez dans nos cœurs Vos divins exemples. Que Votre docilité à Vous laisser condamner touche nos cœurs. Montrez-nous la force de cette douceur qui accepte le plan de Dieu, qui veut l’accomplir. Nous Vous prions de convertir nos cœurs. Nous Vous le demandons, Jésus, pour nous-mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre.
I. Jésus est condamné à mort
Ô Sainte Mère des Douleurs, imprimez dans mon pauvre cœur les Plaies de mon doux Sauveur!
Autant pour les Juifs que pour les Romains, la croix était le supplice le plus in - famant. Non seulement c’était un objet de tour - ment extrême, c’était aussi l’instrument choisi pour mépriser et avilir le condamné. Normalement tout condamné s’appro - chait de la croix avec - volte. Mais, est-ce possible? Quelle est cette scène qui s’offre à nos yeux? Jésus qui a déjà subi tant de tourments, une terrible flagellation et un couronnement d’épines cruel, en voyant cette croix, semble S’animer. Il va vers la croix et l’embrasse; Il la presse sur Son cœur, comme un objet désiré, re - cherché, aimé. Il la charge sur Ses épaules. Contemplons notre Sauveur: ce n’est pas seulement de la résignation; plus qu’ accepter la croix, Il l’ aime. Il l’étreint contre Lui, tout Son être respire l’amour. Bon Jésus, en Vous contemplant Vous chargeant de cette croix, nous Vous demandons, par Votre très sainte Mère, la grâce d’aimer la croix. C’est avec peine que nous nous résignons à porter la croix; c’est tout juste si nous l’acceptons. Mon Jésus, éclairez-nous, touchez nos cœurs, convertissez- nous. Faites de nous de vrais chrétiens marchant à Votre suite, imitant Votre exemple, désirant plus que tout nous identifier à Vous. Nous voulons aimer Votre croix, Jésus, nous voulons aimer la croix que Vous nous donnez.
II. Jésus est chargé de Sa Croix
Jésus a déjà tellement reçu de coups. Et quoiqu’Il ait tant désiré la croix de notre salut, Son corps n’en peut plus… Il S’écrase sur les pierres du chemin. Comme elle est douloureuse cette chute de Jésus! Nos chutes à nous, nous les faisons de façon telle - ment inconsidérée. Mon Jésus, nous Vous offensons si facilement et su - prême malheur souvent presque sans regret. Mon Jésus, pardon! Par Votre première chute, nous Vous demandons, mon Jésus, le don de crainte de Dieu, la crainte de Vous offenser. Donnez-nous cette grâce d’avoir de la peine et du chagrin toutes les fois que nous Vous offensons, de la tristesse pour tout ce qui Vous - plaît en nous. N’est-ce pas pour nous mériter ce don insigne que Vous êtes tombé si douloureuse - ment? Ah! si du moins j’éprouvais de la douleur pour mes chutes, pour mes péchés de toutes sortes: orgueil, gourmandise, paresse, sensualité, égoïsme, vantardise, et toute la longue liste. Je Vous en prie, mon Jésus, pour moi-même, pour tous nos frères et sœurs, donnez-nous cette peine de Vous avoir offensé. Mais surtout, donnez-nous l’humilité pour nous re - connaître pécheurs. Que cette peine ne nous décou - rage pas. Mon Jésus, si Vous acceptez de tomber sous le poids de la croix, c’est parce que Vous savez combien nous sommes faibles. Nous Vous deman - dons la grâce de l’humilité, car Vous donnez Votre grâce aux humbles. Celui qui s’humilie vraiment re - çoit un secours de Dieu et alors il peut se relever de son manquement.
III. Jésus tombe sous le poids de Sa Croix
Existe-t-il, dans toute l’histoire de l’humanité, un moment plus doulou - reux, plus difficile à - crire que la rencontre de Jésus et Marie en ce mo - ment? Pas un mot n’est échangé entre Eux. Dans ce silence intense le temps est suspendu, cha - cun perçoit dans l’autre une souffrance infinie, in - commensurable, une souffrance qui ne peut se dire, mais que Leur regard comprend dans l’Autre. Par Son regard, Jésus semble dire à Sa Mère: «Ce chemin de douleurs, Je le veux. C’est pour cela que Je suis venu.» Et Sa sainte Mère de Lui répondre: «Je le veux avec Toi, Mon Fils.» Ils sont vraiment à l’unisson. Un jour Jésus parlait à la foule, quelqu’un félicita Celle qui avait l’honneur d’être Sa Mère. Mais Jésus répondit: Qui est Ma Mère?... Celui qui fait la volonté de Mon Père qui est dans les Cieux, voilà Ma Mère! Dans cette quatrième station, c’est vraiment la Mère de Jésus, Verbe de Dieu, que nous contem - plons. La voilà dans toute la force du mot. En tous points, Marie fait la volonté de Dieu. Elle veut ce que Dieu veut. Même dans cette souffrance ex - trême, Elle veut ce que Dieu veut. Ô sainte Mère des douleurs, nous Vous demandons instamment de convertir nos cœurs. Que notre cœur veuille ce que Dieu veut. Qu’il soit prêt à suivre Jésus, à suivre Sa volonté, à suivre ce chemin de douleurs.
IV. Jésus rencontre Sa très sainte Mère
Jésus est à bout de forces. Ses bourreaux craignent qu’Il ne parvienne pas au sommet du Calvaire. Alors ils réquisitionnent Simon, et l’obligent à aider Jésus. Simon est loin de s’ima - giner que cet Homme qu’on lui demande de se - courir est Dieu Lui- même. Il ne ressemble vraiment pas au Dieu qu’il vénère, qu’il adore dans son cœur. Jésus ne ressemble même plus à un homme! Réquisitionné de force, c’est en murmu - rant que Simon, contrarié et peut-être même - volté, vient aider Jésus à porter la croix. Mais quel miracle se produit! En se tenant au côté de Jésus, Simon voit la vertu de cet Homme réduit à rien. Quand Il voit Sa douceur, Son humilité, Son acceptation des mépris et de tous les maux et tour - ments sans une plainte ni murmure… Simon est touché. La grâce de Dieu aidant, il est complète - ment transformé intérieurement. Lorsqu’on lui de - mandera de laisser la croix à Jésus, Simon sera un tout autre homme. Il deviendra un saint. Mon Jésus, faites-nous la grâce de toujours Vous regarder dans nos souffrances. Donnez-nous de Vous voir dans les contrariétés et les épreuves, lorsqu’une croix se présente. C’est Vous, alors, qui nous demandez de cheminer à Vos côtés. Comme Vous l’avez fait pour Simon, changez notre cœur rebelle, contrarié et murmurateur, peut-être même révolté. De même, mon Jésus, quand Vous nous vi - sitez, caché dans ce prochain qui parfois nous contrarie et nous heurte, donnez-nous de Vous re - connaître en lui. Faites-nous la grâce d’être au côté de notre prochain comme Simon l’était pour Vous.
V. Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter Sa Croix
Dans ce concert général de haine, de méchanceté et de rage, il y a cette petite femme, Véronique, cachée au milieu de la foule. Elle est avec Jésus et elle veut le Lui prouver. Elle veut Le consoler. Cette pauvre petite humaine veut, en quelque sorte, donner des forces à Jésus, Le réconforter. Véronique n’a aucun respect humain. Elle ne s’oc - cupe pas de ce que les hommes vont penser d’elle, ces hommes révoltés qui sont prêts elle le voit bien aux plus extrêmes méchancetés. Ce n’est pas non plus pour avoir l’air vertueuse, pour bien paraître. Non! Seul l’amour la pousse, la guide, la fait agir. Elle fend la foule et avance vers Jésus; déjà elle Le réconforte par sa présence bienveillante. Avec un linge, elle essuie Son visage, comme pour enlever quelque chose de Ses tourments infinis. Et Jésus est tellement touché, tellement réconforté, qu’Il lui laisse Son image imprimée sur son linge et en son âme. Quel beau cadeau! C’est la récompense de son immense amour pour Dieu. Puissions-nous être cette âme qui réconforte Jésus, qui fait le bien pour Lui seul; non par crainte, non pas pour avoir la louange des hommes et pour être bien vu, non! Mais pour Jésus seul! Mon Jésus, par les mérites de Votre Passion, don - nez-nous cette grâce suprême de faire les choses par amour pour Vous, sans aucune autre considé - ration. Que ce soit l’intention profonde, unique de notre cœur. Si c’est vraiment notre intention, mes frères et mes sœurs, nous serons récompensés comme Véronique. Jésus imprimera en nous Son image; nous la porterons en nous. Oh! le grand don!
VI. Véronique essuie la Face de Jésus
Pour nous, pauvres créa - tures déchues, tomber c’est facile à comprendre, car la plupart de nos chutes proviennent de notre négligence, de notre manque d’amour et de zèle, de notre égoïsme, de nos lâchetés… Mais com - ment est-il possible que notre Sauveur tombe et retombe? Lui, le Dieu fort, Lui qui tient tout l’univers, qui nous possède tous? C’est pour réparer nos nombreuses chutes que Jésus a voulu tomber. À chacun de Ses faux pas, au lieu de s’apitoyer sur la souffrance extrême qui L’accable, les bourreaux et la foule se livrent à de nouvelles moqueries. Jésus a voulu tomber devant ces hommes grossiers. Il a bien voulu accepter ces moqueries pour réparer encore et encore notre orgueil. Nous conservons des attaches à nos péchés et, cependant, nous ai - merions être bien vus de notre entourage, nous voudrions être perçus comme innocents, vertueux, et si possible même saints! Nous sommes cou - pables, nous le savons, mais nous craignons le ju - gement des hommes. Le moindre jugement de notre prochain nous fait souffrir beaucoup plus que le péché. La seule pensée que notre prochain pense peut-être quelque chose de négatif à notre endroit, nous bouleverse, nous agite, nous tourmente. Contemplons Jésus au milieu de cette foule qui se moque de Lui, qui Le juge à chaque pas. À chaque chute, ces gens augmentent leur mépris, leurs in - sultes et leurs injures. Mon Jésus, par cette deuxième chute, nous Vous demandons de vaincre notre terrible orgueil qui nous fait tant redouter le jugement des hommes. Que nous ne travaillions jamais pour la louange des hommes, pour leur bonne appréciation. N’êtes- Vous pas tombé pour nous obtenir cette grâce? Nous Vous la demandons par Votre très sainte Mère. Nous Vous demandons surtout, mon Jésus, la grâce d’aimer le mépris et ceux qui nous méprisent.
VII. Jésus tombe pour la deuxième fois
Voici d’autres femmes, pleines d’amour, qui viennent consoler Jésus. Or, c’est Jésus Lui que l’on martyrise, Lui que l’on va faire mourir en croix dans quelques ins - tants qui console et qui réconforte. Il S’oublie complètement. Et que dit-Il à ces femmes? « Ne pleurez pas sur Moi! Moi, Je ne suis pas à plaindre. Ne pleurez pas sur Moi! Je réalise Mon projet, Mon projet d’amour que J’ai conçu depuis si longtemps. Je viens réparer vos péchés par cette démonstration d’amour infini, d’amour extrême. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants. Oh oui, pleurez! Pleurez vos péchés, vos ingratitudes, vos distractions; pleurez les péchés de vos enfants, pleurez parce que, malgré Mon Amour infini, tant de vos enfants se perdent. Ne pleurez pas sur l’Amour, pleurez sur l’ingratitude. » Mon Jésus, par cette station, nous Vous demandons l’insigne faveur de pleurer nos ingratitudes et nos péchés, et ceux de nos enfants. Pour mieux y arri - ver, imprégnez-nous de cet amour que Vous nous manifestez si éloquemment dans cette Voie doulou - reuse. Et comme les larmes de repentir sont le début de la conversion, mon Jésus, multipliez-les dans notre cœur.
VIII. Jésus console les filles de Jérusalem
Jésus tombe, retombe... et retombe encore. Il semble qu’Il n’arrivera jamais au sommet du Calvaire. À Le regarder dans cette chute, on croirait qu’Il va mourir sur place, que tout est terminé... Mais quand l’être humain est entière - ment vidé de son énergie, il lui reste encore l’amour. En Jésus, c’était l’Amour infini. Cet amour Lui donne de nouvelles forces. À cause de Son amour, Il Se relève, Il ira jusqu’au bout. Oh! la force de l’amour! Nous les humains, nous répétons facilement: «Ah! c’est fini, je ne suis plus capable. Mon Dieu, ne me demandez plus rien. Je suis à bout, je ne peux pas aller plus loin, je n’en peux plus. Vous demandez trop, mon Dieu.» Voilà bien le raisonnement de mon âme, de mon cœur qui manque d’amour pour suivre Jésus, de mon cœur égoïste, qui veut encore et toujours jouir sur cette terre. Ô mon Jésus, par cette troisième chute, nous ne nous lassons jamais de Vous demander, redeman - der et redemander encore Votre Amour infini, pour nous-mêmes et pour tous nos frères et sœurs. Que Votre bon plaisir, Votre volonté soient les seuls guides de notre vie. Mon Jésus, donnez-nous Votre amour qui nous permettra de Vous suivre jusqu’au Calvaire, malgré tous les obstacles, malgré les in - capacités, les insuccès, les chutes et rechutes, mal - gré tous les démons et les forces du mal ligués pour nous arrêter.
IX. Jésus tombe pour la troisième fois
Nous sommes parvenus sur le sommet du mont Calvaire; nous approchons de la grande victoire de Jésus. Contemplons le - pouillement de notre Sauveur. Après la flagel - lation, Sa tunique inté - rieure Lui avait été remise; elle est maintenant toute collée à Ses chairs déchi - rées. Les bourreaux l’ar - rachent violemment. Quelle douleur! C’est pour nous donner une leçon que Jésus a per - mis à Ses bourreaux de Le dépouiller avec tant de violence. Par ce tourment inouï, Il veut nous mon - trer que, oui, le dépouillement, le détachement fait mal, mais il faut le faire, sans discuter, sans hésiter, en quelque sorte avec violence. Le royaume des cieux souffre violence; il n’y a que les violents qui l’em - portent. Pour suivre notre Sauveur jusqu’au bout, il faut le dépouillement, le détachement universel. Se détacher, ça veut dire ne plus tenir à rien sur cette terre, se défaire de tout. Juste d’en parler, notre cœur, notre âme, tout notre être frémit. Celui qui ne renonce pas à tout ne peut être Mon disciple. Dans la mollesse, dans la complaisance envers nous- mêmes, nous entretenons nos attaches, nos ca - prices, nos recherches, nos péchés même. Puisque c’est pour nous obtenir la grâce que Vous avez enduré ces tourments, nous Vous demandons, mon Jésus, cette grâce du détachement universel. Que nous en fassions l’acte violent qui coûte et qui fait mal, afin d’être tout à Vous. Ô sainte Mère, nous Vous en prions, intercédez pour nous, obte - nez-nous cette faveur insigne. Enlevez de nos cœurs ce grand obstacle: l’amour des attaches.
X. Jésus est dépouillé de Ses vêtements
Les bourreaux, avec mo - querie et rudesse, or - donnent à Jésus de S’étendre sur la croix: Il obéit. On Lui demande Ses mains pour les clouer: Jésus obéit. On Lui de - mande Ses pieds, Il obéit. Je suis descendu du Ciel, non pour faire Ma volonté, dit-Il, mais la volonté de Celui qui M’a envoyé. Il Se livre au crucifiement pour obéir à Dieu Son Père. Nous aussi, nous voulons obéir à Dieu. Contemplons l’exemple de Jésus, notre divin Modèle. C’est jusque-là que doit aller notre déta - chement de toutes choses, mais surtout de notre volonté afin de vouloir tout ce que Dieu veut. La vo - lonté de Dieu nous est souvent manifestée par de pauvres mortels qui ont toutes sortes de manières, qui sont rudes, grossiers; ce sont nos confrères, nos supérieurs, nos sujets, notre prochain… Il faut obéir en union avec Jésus qui a obéi jusque-là. Voilà le sacrifice que Dieu demande. La sainteté, c’est de se sacrifier, c’est d’immoler tout son être à Dieu, et surtout notre volonté. Par cette station, nous Vous demandons, Jésus, la grâce d’être des âmes obéissantes. Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez comme J’ai fait, nous dit-Il. Nous avons été perdus par la désobéissance. C’est pourquoi Jésus est venu accomplir notre Rédemption dans l’obéissance. Il S’est fait obéissant jusqu’à la mort sur la croix. Mon Jésus, pour nous- mêmes et pour tous nos frères et sœurs de la terre, nous demandons cette grâce d’obéir afin de faire notre salut.
XI. Jésus est cloué à la Croix
Durant tout le trajet dou - loureux, Jésus n’a pas dit une parole, sauf aux saintes femmes. Maintenant qu’Il est cru - cifié et sur le point de mourir, Il profère sept pa - roles solennelles. Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Cette première parole, Il la prononce suite à tous les tourments qu’on Lui a infligés les coups, les fouets, la crucifixion… et pendant que la foule, au pied de la croix, continue à Le blasphémer, à Le - priser et ridiculiser, disant: «Descends de la croix si Tu es vraiment le Messie!» Jésus qui est vraiment le Messie, Fils de Dieu, aurait pu leur faire tout un spectacle! Nous, les humains, nous aimons les spectacles. Nous surveillons la moindre petite chance de faire montre de notre force physique, spi - rituelle ou intellectuelle. On veut se montrer, se - marquer. Jésus répond, alors qu’on Le provoque de la sorte: Père pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Au lieu d’exhiber Sa force et de nous anéantir, nous les méchants, Il prie Son Père de nous pardonner. Au pied de Votre croix sur le Calvaire, nous Vous de - mandons, mon Jésus, que cette prière que Vous avez faite ne soit pas vaine pour nos âmes. La foule or - gueilleuse n’entend pas Votre prière de pardon. L’âme humble l’entend dans son cœur et, pleine de repentir, demande pardon. Et parce qu’elle se re - pent et s’humilie, elle reçoit ce pardon. Les voleurs crucifiés avec Jésus L’insultaient eux aussi. Mais se ravisant, le bon larron dit à son com - pagnon: «Nous, nous méritons ces tourments, mais Lui n’a rien fait.» Puis, s’adressant à Jésus: «Souvenez-Vous de moi quand Vous serez dans Votre royaume.» Jésus lui répond: En vérité, Je te le déclare, aujourd’hui même tu seras avec Moi dans le Paradis. Oh! la belle promesse! Ce criminel, ce ban - dit coupable est le seul au Calvaire à proclamer Jésus pour ce qu’Il est. Il proclame que Son Royaume n’est pas d’ici. Mon Jésus, nous Vous demandons la grâce de ne ja - mais rougir de Vous, de toujours Vous défendre. Lorsque la souffrance nous visite, que nous recon - naissions que nous sommes coupables et que nous la méritons. Mon Jésus, souvenez-Vous de nous, comme Vous Vous êtes souvenu du bon larron. Au moment de quitter ce monde, dans cette souf - france extrême, Jésus oublie Sa propre douleur. Il sait le grand besoin nous sommes. En la per - sonne de saint Jean, Il nous confie à Sa très sainte Mère, la Vierge Marie qui Se tient debout au pied de la croix: Femme, voilà Votre fils. «Voilà Vos enfants. Prenez soin d’eux. Ils ont besoin d’une Mère comme Vous.» Puis Il dit à saint Jean: Voilà ta Mère. Oh! oui, bonne Mère, nous avons besoin de Vous. Souvenez-Vous que c’est sur la croix que Jésus Vous a donnée à nous pour Mère. Permettez-nous de Vous proclamer toujours notre Mère. Pour suivre Jésus dans cette voie douloureuse, pour Lui ressem - bler, nous avons besoin de Vous. Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’avez-Vous aban - donné? Jésus est égal à Dieu Son Père, mais le Verbe incarné, en tant qu’homme, S’est senti abandonné. Dans Son extrême nécessité, alors qu’Il a le plus be - soin du secours divin, Jésus Se sent abandonné, non seulement des hommes, mais même de Dieu Son Père!... Qui pourra jamais comprendre cette douleur immense, infinie!... Ô bonne Mère, Vous avez été témoin de cette souffrance extrême. Cette parole de Jésus Vous a transpercée, Vous avez ressenti en Votre cœur cet abandon de Votre Fils. Ô mon Jésus, c’est maintenant, cloué à cette croix, que Vous êtes le plus puissant. Votre Père, qui paraît Vous avoir abandonné, oh! combien Il est attentif! Jamais Il n’a été plus attentif à Son Fils qu’en ce moment. Ainsi en est-il pour nous: il arrive que nous nous pensions abandonnés. Or, c’est souvent le moment où Dieu est le plus attentif à nous. J’ai soif. Sachant que Jésus Se sentait abandonné, nous comprenons de quelle soif il s’agit. Jésus avait besoin de présence, d’amour. Ô mon Jésus, touchez nos cœurs. Donnez-nous de nous oublier et de Vous donner ce que Votre cœur désire, de rassasier Votre soif d’amour, Votre soif de vrai service. Vous avez voulu souffrir ce tourment extrême pour nous ac - corder cette grâce. Tout est consommé. Tout ce que le Père M’a com - mandé, Je l’ai accompli. Voilà une autre grâce que nous Vous demandons, mon Jésus. Puissions-nous dire cette parole chaque jour: «Aujourd’hui, tout est consommé. Ce que Dieu voulait de moi aujourd’hui, je l’ai accompli.» Et puissions-nous terminer notre vie en disant comme Vous: Père, Je remets Mon esprit entre Vos mains. Qu’au moment de la mort, notre être, notre esprit, notre âme soient totalement tournés vers Vous, mon Dieu. Qu’à ce moment su - prême, il n’y ait absolument rien qui distraie notre âme de Dieu. Oh! la grâce des grâces: mourir com - plètement détaché de tout, uniquement attaché à Dieu. Jésus crucifié, nous Vous demandons pour nous- mêmes, pour tous nos frères et sœurs de l’Église et de la terre, pour toutes les âmes de bonne volonté, la grâce du plus grand détachement possible durant notre vie, mais surtout au moment de notre mort.
XII. Jésus meurt sur la Croix pour notre salut
Jésus vient d’accomplir la Rédemption, l’œuvre de notre salut. Mais Marie reste. Contemplons-La au pied de la croix. On - tache Son Fils, on retire les clous… Quelle souf - france immense quand Elle reçoit le cadavre de Son Jésus dans Ses bras, qu’Elle contemple toutes Ses plaies. De la beauté de Jésus, il ne reste plus rien. La victime est entière - ment consumée; le coup de lance du centurion L’a vidée des dernières gouttes de Son sang divin. Jésus S’est complètement donné. Et Marie, Le tenant dans Ses bras, contemple Son corps livide. Quelle grandeur en Marie! C’est comme si, à la mort de Jésus, Elle devient plus encore Corédemptrice. Marchant sur les traces de Son Fils, Elle reste sur la terre pour continuer de souffrir, une souffrance «infinie»... Elle nous montre à Son tour le chemin. Jésus est descendu sur terre pour faire la Rédemption, mais aussi pour fonder Son Église. En ce jour du Vendredi saint, cette Église est toute dis - parue. Les hommes choisis par Jésus pour l’établir se sont enfuis. Le premier d’entre eux L’a renié: «Je ne connais pas cet homme!» Les autres, à l’ex - ception de saint Jean, sont disparus. Mais Marie est là. C’est au pied de la croix qu’Elle est vraiment Mère du Salut. Marie reste pour établir l’Église, pour réunir ces quelques hommes peureux, craintifs à l’extrême, terrorisés, affolés, apeurés. Doucement, avec un amour de Mère, Elle leur rap - pelle ce que Jésus leur a enseigné, Elle les réunit dans la prière, Elle calme leur effroi. Ô Mère du Salut, Mère de l’Église, priez pour nous, pauvres lâches que nous sommes, pauvres poltrons qui avons si peur de la croix, de la tourmente, des injures, des mépris, des coups. Priez pour nous et pour tous les membres de l’Église.
XIII. Jésus est descendu de la Croix et remis à Sa Mère
Méditations du Chemin de la Croix Méditations du Chemin de la Croix
C’est le tombeau, c’est la fin. Les ennemis de Jésus ceux qui voulaient en finir avec ce soi-disant Prophète, avec cet Homme qui allait jusqu’à Se faire passer pour Dieu en sont convaincus. Ils sont sûrs d’avoir remporté la vic - toire, d’avoir gagné sur Jésus à force de méchan - ceté, de malice, de men - songe, d’hypocrisie. Ils avaient pourtant eu des signes. Ils avaient vu les innombrables prodiges opérés par Jésus. Certains miracles étaient indéniables, comme la guérison de l’aveugle-né. Mais cet aveugle qui a recouvré la vue a en quelque sorte augmenté leur propre aveugle - ment, leur orgueil. Et l’orgueil les a endurcis, aveu - glés de plus en plus. Ils sont entrés dans des ténèbres de plus en plus profondes jusqu’à haïr à mort Jésus. Mais, tout comme Satan, ils ignorent de quelle façon Dieu réalise Ses œuvres, Ses projets. Il les fait d’abord passer par l’enfouissement, par la perte to - tale apparente par la mort. Si le grain de froment jeté en terre n’y meurt, il reste seul et stérile; mais s’il meurt, il porte un fruit abondant. Dieu agit ainsi. Il a même créé la nature de cette façon afin de nous convaincre davantage de cette grande vérité. Jusqu’à ce jour, Satan et les ennemis de Dieu ignorent Sa manière divine. Mon Jésus, faites que nous acceptions Vos divins agissements. Donnez-nous une grâce agissante pour que notre vie, notre pensée y soient conformes. Nous voulons mourir avec Vous, nous voulons être mis au tombeau avec Vous. Nous voulons faire comme Vous voulez. Et Vous, bonne Mère, Vous qui avez Vous-même avec Joseph d’Arimathie, Nicodème, saint Jean et quelques femmes déposé dans le tombeau le corps de Votre Jésus, Vous savez bien qu’il faut passer par là. Bonne Mère, obtenez- nous la grâce d’accepter de suivre Jésus jusqu’au Calvaire et jusqu’au tombeau. Nous croyons, bonne Mère, que c’est le chemin enseigné par Votre Fils, qui a dit: Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Jésus au tombeau, c’est la vie. Nous le verrons bien - tôt à Pâques.
XIV. Jésus est déposé dans le sépulcre
Après la Station