Magnificat Vol. LVIII, No 1 17 Voyage de Tobie le jeune Suivi de son chien, le jeune Tobie, conduit par l’Ange, s’éloignait de plus en plus. La première journée, les voyageurs arrivèrent sur les bords du Tigre, dans lequel Tobie voulut se laver les pieds, mais voilà que, tout à coup, un poisson monstrueux s’élança pour le dévorer. Le jeune homme épouvanté lança un cri de détresse: «Seigneur, il va m’engloutir!» Mais l’Ange le rassura: «Saisissez le poisson par les nageoires et attirez-le sur le rivage.» Ainsi fut fait. «Ouvrez le poisson maintenant, dit l’Ange, mettez à part le cœur, le fiel et le foie. Ils vous serviront un jour pour opérer une guérison.» Ensuite, faisant rôtir sur des charbons une partie des chairs de l’animal, ils les emportèrent avec eux et salèrent le reste, qui suffit à leur nourriture jusqu’au terme du voyage. Après une longue marche, ils arrivèrent auprès d’une ville de Médie. «Où voulezvous que nous allions loger? demanda Tobie à son compagnon. – Vous avez ici un de vos proches parents, nommé Raguel, répondit l’Ange. Il a une fille unique, nommée Sara, que le Seigneur vous destine, avec toute sa fortune. Demandez-la à son père, elle ne vous sera pas refusée.» Cette brusque proposition surprit d’autant plus le jeune Tobie que des faits étranges, arrivés dans cette famille, avaient mis en émoi tout le pays. «J’ai appris que Sara a été mariée sept fois, et que tous ses maris ont été tués par le démon. Je crains qu’il ne m’en arrive autant et que mes parents, dont je suis l’unique appui, ne meurent de douleur.» L’Ange le rassura: «Ces maris ont été tués par le démon, parce que leurs vues n’étaient pas saintes. Pour vous, ne craignez rien. Vivez dans l’innocence et la prière, et le démon n’aura sur vous aucun empire.» L’Ange finissait de parler lorsqu’ils entrèrent dans la maison de Raguel. C’était un Israélite plein d’honneur, de franchise et de religion, proche parent et ami de Tobie le père, qu’il avait fort connu dans sa jeunesse. Il reçut ses hôtes avec joie. Ayant fixé les yeux sur Tobie, il dit tout bas à sa femme Anne: «Combien ce jeune homme ressemble à mon cousin Tobie!» Ensuite, se tournant vers les voyageurs, il les interrogea: «D’où êtes-vous, mes frères? – De la tribu de Nephtali, du nombre des captifs. – Connaissez-vous Tobie, mon cousin? – Nous le connaissons.» Et comme Raguel se répandait en éloges sur le compte de son cousin, l’Ange ajouta: «Ce Tobie dont vous parlez est le père de ce jeune homme.» Raguel se jette au cou de son jeune parent, l’arrose de ses pleurs, et le tenant tendrement embrassé: «Mon fils, lui dit-il, que Dieu vous bénisse, car vous êtes le fils du meilleur et du plus vertueux des hommes.» De leur côté, Anne et Sara, témoins de ce spectacle, versaient des larmes d’attendrissement. Mariage de Sara et Tobie «Ouvrez le poisson; mettez à part le cœur, le fiel et le foie...» dit l’Ange Raphaël à Tobie.
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