Magnificat Janvier 2023

18 Vol. LVIII, No 1 Magnificat Après ces premiers épanchements, Raguel ordonne de préparer le festin. Tout étant prêt, il invite ses hôtes à se mettre à table. Mais prenant la parole, Tobie lui dit: «Je ne mangerai ni ne boirai à votre table, avant que, accédant à ma demande, vous ne m’ayez promis de me donner en mariage votre fille Sara.» Raguel resta silencieux, comme frappé de stupeur. Se rappelant les sept fiancés de Sara, il hésitait à répondre. Pouvait-il exposer son jeune parent à une mort presque certaine? Heureusement l’Ange coupa court à ses perplexités: «Ne craignez pas de donner votre fille à ce jeune homme, car il est l’ami de Dieu: elle doit lui appartenir, et voilà pourquoi les autres ont péri.» On dressa donc l’acte et les conventions du mariage, puis tous célébrèrent le festin des noces en louant Dieu de tout leur cœur. Le bonheur de Raguel était si grand, qu’il donna à Tobie la moitié de ses biens, lui assurant l’autre moitié après sa mort et celle de son épouse. Des avances si généreuses mettaient, ce semble, le jeune Tobie dans l’impuissance de résister aux empressements de son beaupère, qui le conjurait de demeurer dans sa maison encore deux semaines. Mais, d’un autre côté, s’il devait beaucoup à Raguel, il devait encore plus à son père et à sa mère, que le moindre retard allait jeter dans de mortelles inquiétudes. Pour obéir à leurs ordres, il fallait qu’il continuât son voyage jusqu’à Ragès de Médie, afin de retirer les dix talents prêtés à Gabélus. Dans cette incertitude, il conjura son guide d’aller lui-même remettre à Gabélus son obligation, et de le prier de venir prendre part aux réjouissances de ses noces. L’Ange partit, reçut l’argent, et ramena Gabélus. À la vue du fils de son bienfaiteur, Gabélus, attendri jusqu’aux larmes, s’écria: «Que le Dieu d’Israël vous comble de Ses faveurs, car vous êtes le fils d’un grand homme de bien. Puissiez-vous voir vos enfants et les enfants de vos enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération! Que votre race soit bénie, favorisée par le Dieu d’Israël qui règne aux siècles des siècles!» Tous les assistants répondirent: «Amen!» On fit honneur à Gabélus, on renouvela toute la joie du festin des noces, joie toujours réglée sur la crainte de Dieu, dont tous les conviés étaient les fidèles adorateurs. Retour du fils Guérison du père Quand les quinze jours furent écoulés, on voulut encore retenir le jeune Tobie, mais il répondit: «Je sais que mon père et ma mère comptent les jours, et qu’ils sont dans de grandes inquiétudes.» Alors Raguel lui remit sa fille, et avec elle la moitié de tout ce qu’il possédait en serviteurs, en troupeaux et en autres biens. Les père et mère de Sara donnèrent à leur fille le baiser d’adieu et la laissèrent aller, non sans l’avertir encore d’honorer ses beaux-parents, d’aimer son mari, de bien administrer sa maison et de rester irréprochable aux yeux de tous. La caravane se mit en route. Le voyage se prolongeait. On conduisait des troupeaux nombreux qui ne pouvaient suivre que lentement. L’Ange dit alors à Tobie: «Vous savez en quel état vous avez laissé vos parents. Si vous voulez, prenons les devants. Votre épouse, les domestiques, les troupeaux et les ba- Départ de Tobie et Sara pour Ninive

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