Magnificat Mai 2021

«Vous voyez à Vos pieds, ô Marie conçue sans péché, des pécheurs et des malheureux, confessant qu’ils ne sont si malheureux que parce qu’ils sont pécheurs. Chez nous, la majesté de Dieu a été publiquement insultée; Son saint jour violé par le négoce, le travail et le plaisir; Son Église avilie, méconnue et persécutée. Nous nous sommes abandonnés, sans mesure et sans frein, aux joies coupables, au luxe, secouant le joug salutaire de toute obéissance et de tout respect, et nous n’avons plus poursuivi qu’un seul but: le bien-être matériel, oubliant ainsi nos devoirs de famille, nos vrais intérêts, nos éternelles destinées… ô Dieu, venez à notre secours! 122 Vol. LVI, No 5 Magnificat Venez, car sans Vous nous sommes perdus! Nous nous présentons à Vous sous le patronage de notre Mère, la Vierge Immaculée.» Plus la situation devient alarmante, plus le cri de foi devient pressant. Janvier 1871 arrive, et Paris ne peut presque plus soutenir les efforts d’une défense héroïque. Alors se déroule à Notre-Dame desVictoires un spectacle d’une beauté surnaturelle. C’était le soir même du 17 janvier, vers les six heures, pour être précis. Une foule compacte remplit le sanctuaire, accourue pour prendre part à la neuvaine publique en l’honneur de Notre-Dame. Parmi les initiateurs de cette neuvaine: l’abbé Laurent Amodru, vicaire. Ce «On peut dire que si la France était poussée à la défaite par la faiblesse de son organisation, elle a en outre épuisé toute la série des chances contraires. Ainsi, quoi de plus fatal pour elle que le rôle qu’ont joué les saisons? Les circonstances météorologiques ont constamment lutté contre nous. Il semblait que la nature eût fait un pacte avec nos ennemis. Chaque fois qu’ils se mettaient en marche, ils étaient favorisés par un temps admirable, tandis que tous nos mouvements étaient contrariés par la pluie ou le froid. […] Qui ne se rappelle le temps exceptionnel qui a régné […] alors que l’armée prussienne marchait sur Paris et installait les travaux de siège? Qui ne se rappelle également la température printanière qui a régné dès la fin de janvier, aussitôt après l’armistice?... Autant l’hiver avait été rude pour les mouvements de notre armée de l’Est, autant il a été propice pour le retour des Prussiens en Allemagne... Oui, un ensemble de coïncidences malheureuses s’est joint à la faiblesse organique de la France pour déjouer tous ses efforts. Et cet ensemble a été tel que véritablement, quand on l’envisage, on est tenté de se demander s’il n’y a pas eu là quelque raison supérieure aux causes physiques, une sorte d’expiation de fautes nationales... En présence de si prodigieuses infortunes, on ne s’étonne plus que les âmes religieuses aient pu dire: Digitus Dei est hic! Le doigt de Dieu est là.» Charles de Freycinet, La Guerre en province.

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