Magnificat Mai 2021

«Une Madone invisible nous barre le chemin!» Dieu vous exaucera en peu de temps, Mon Fils Se laisse toucher, avait dit la belle Dame, répondant à la suppliante prière de Son peuple pour la cessation de la guerre et l’arrêt des armées d’invasion. Ce message d’espérance devait trouver un prompt et éclatant accomplissement. Comment ne pas reconnaître l’intervention de Notre-Dame dans le retrait soudain des Prussiens? Les voilà, mardi 17 janvier, victorieux sur tous les fronts, marchant résolument sur Laval. Le général Schmidt a reçu l’ordre de s’emparer de la ville; à l’avance, il l’a taxée d’une contribution de trois millions, tant le succès de son entreprise lui paraît certain! Mais à la tombée de la nuit, entre cinq heures et demie et six heures, un étrange mouvement se fait dans les troupes allemandes. Un mot du général arrête l’avance, les troupes sont installées en cantonnement. Le lendemain, 18 janvier, au matin, retraite. «Pourquoi ce mouvement subit, incroyable? lit-on dans la Semaine religieuse de Laval, au 13 janvier 1894. Qui a empêché l’ennemi de marcher sur Laval et de s’en emparer dès le lendemain? Chanzy a sans doute massé les débris de ses troupes au nord de la ville, il a pris toutes les précautions d’un habile capitaine. Mais que peutil espérer? Que feraient ses troupes affaiblies, démoralisées par des échecs successifs? Que peut Laval qu’aucun fort ne protège? Encore une fois, pourquoi l’ennemi a-t-il reculé? La réponse, pour nous qui croyons au miracle, est à Pontmain. Là, le 17 au soir, au milieu des étoiles, paraît la Vierge, forte comme une armée rangée en bataille. À Ses pieds se déroule l’inscription dorée: “Mais priez, Mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils Se laisse toucher”. «Que ceux qui ne croient pas aux surnaturelles interventions expliquent cette merveilleuse coïncidence. Qu’ils nous disent ANTOINE ALFRED CHANZY est un général français qui fit carrière en Algérie. Rappelé en France avec ses troupes pendant le conflit franco-prussien, il commande l’armée de la Loire, formée par le gouvernement de la Défense nationale pour continuer la guerre contre les Allemands après la défaite de Sedan. Chrétien convaincu et pratiquant, il puise dans sa foi le secret de son dévouement inlassable à sa patrie. Malgré les efforts héroïques de son armée, Chanzy ne parvient cependant pas à arrêter la marche des Prussiens et essuie une désastreuse défaite au Mans (11 et 12 janvier 1871). Il se replie alors sur Laval. Une lettre inédite du général, datant de fin janvier, rapporte plusieurs détails frappants sur cette nuit inoubliable du 17 janvier. D’abord, le général, qui observe les moindres gestes de l’ennemi, confirme que les troupes allemandes sont bien là, aux abords de Laval, toutes proches de ses propres troupes. Visiblement, les bataillons allemands n’attendent qu’un signe pour prendre la ville. Puis soudain, à partir de 6 heures du soir – il précise l’heure! l’heure même où débute vraiment l’Apparition de Pontmain – survient un changement total d’attitude. Parmi les soldats et les officiers allemands règne une sorte de panique généralisée. Les hommes rassemblent leurs affaires dans une excitation que les observateurs français, dont Chanzy lui-même, ne peuvent pas comprendre. Le général parle d’un vent de folie qui s’abat sur les soldats prussiens, eux, d’habitude si ordonnés, si réglés. La même nuit, les troupes prussiennes s’éclipsent comme en déroute. Quelques jours plus tard Chanzy découvre l’explication de ce mystère par le biais de soldats allemands, faits prisonniers par les Français: ce soir-là, vers 6 heures, «une Dame leur barrait le passage et les repoussait de la main. À chaque tentative de résistance de leur part, ils ressentaient une force, sous la forme d’une chaleur intense et insupportable, émanant de la Dame. Ils ne pouvaient qu’essayer de rassembler leurs affaires et fuir au plus vite.» (1823‐1882) 132 Vol. LVI, No 5 Magnificat

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