Magnificat Mai 2021

Âgées respectivement de 11 et 9 ans, Françoise et Jeanne-Marie, deux petites Bretonnes, étaient pensionnaires chez les religieuses de Pontmain. Au soir du 17 janvier, on vint les chercher en toute hâte, ainsi qu’une compagne, pour «voir quelque chose de beau». Si la petite compagne n’eut pas la joie de «voir», Françoise et Jeanne-Marie s’exclamèrent aussitôt: «Oh, la belle Dame!» Après l’Événement, beaucoup de pèlerins voulaient interroger les voyants. Ceux-ci se prêtaient de bon cœur à ces exigences, même s’ils regrettaient parfois leurs récréations. «Nous devons parler, disaient les fillettes avec résignation, c’est la SainteVierge qui le veut.» Un jour, un officier de passage à Pontmain interrogea Jeanne-Marie sur sa vision. Puis, tout à coup, lui mettant son épée sur la poitrine, il lui dit d’une voix terrible: «Tu mens! Si tu ne veux pas l’avouer, je te tue.» Tremblante, mais convaincue, la pauvre enfant répondit: «Je ne peux tout de même pas dire autre chose que ce que j’ai vu.» Françoise Richer demeura toute sa vie ce qu’elle était déjà au moment de l’Apparition: une âme simple et profondément chrétienne, accomplissant son devoir quotidien «pour faire plaisir au bon Dieu et à la bonneVierge». Elle se dévoua d’abord comme enseignante dans plusieurs écoles de campagne. Plus tard, elle vint se mettre au service d’Eugène Barbedette, curé, pour tenir son presbytère. C’est chez lui qu’elle mourut, le 28 mars 1915. Quant à Jeanne-Marie, elle entra chez les Sœurs de la Sainte-Famille de Talence-Bordeaux, où elle reçut le nom de Sœur SaintAndré. Comme les autres voyants, elle se distinguait par son humilité et sa patience. Paralysée pendant les onze dernières années de sa vie, elle accepta son épreuve avec une courageuse résignation jusqu’à sa mort, survenue le 12 décembre 1933. Outre les quatre voyants retenus comme témoins officiels de l’Apparition, trois autres enfants ont vu la Vierge, en cette mémorable soirée de janvier 1871. Le petit EUGÈNE FRITEAU, six ans et demi, était déjà bien malade au moment des faits. Cependant, sur l’invitation de Sœur Marie-Édouard, sa grand-mère l’habilla chaudement et le porta jusqu’à la grange Barbedette. Quelle joie pour l’innocent enfant de contempler sa Mère céleste! Il ne tarda pas à La revoir… au Ciel. Petit ange prêté à la terre, Eugène mourut le 4 mai 1871, ayant eu le bonheur de faire sa Première communion quelques jours auparavant. Sa piété, son respect pour le prêtre et les choses d’Église, son empressement à rendre service, l’avaient fait surnommer «le petit saint». Quand AUGUSTE AVICE, âgé de 5 ans, arriva en face de la maisonGuidecoq, il s’exclama tout joyeux: «Oh! la belle Dame! Elle me regarde et me sourit!» Or son père lui imposa promptement silence. Docile, le petit ne parla pas de l’événement, mais il n’oublia jamais la céleste Vision. Des années plus tard, il affirmera par trois fois, dont une fois sur son lit de mort, avoir vu la Vierge à Pontmain. Entre-temps, Magnificat Vol. LVI, No 5 139

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