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Liturgie pour les Dimanches et Fêtes principales
Réflexion sur la Liturgie du jour – tiré de L’Année Liturgique, par Dom Prosper Guéranger
Aujourd’hui commence une série de trois jours consacrés à la pénitence. Cet incident inattendu paraît au premier abord une sorte d’anomalie dans le Temps pascal; et néanmoins, quand on y réfléchit, on arrive à reconnaître que cette institution n’est pas sans une relation intime avec les jours auxquels elle se rapporte. Il est vrai que le Sauveur disait avant sa Passion que «durant le séjour de l’Époux au milieu de nous, il ne serait pas temps de jeûner» (Luc 5, 34); mais ces dernières heures qui précèdent son départ pour le ciel n’ont-elles pas quelque chose de mélancolique? et n’étions-nous pas portés tout naturellement hier à penser à la tristesse résignée et contenue qui oppresse le cœur de la divine Mère et celui des disciples, à la veille de perdre Celui dont la présence était pour eux l’avant-goût des joies célestes?
Il nous faut maintenant raconter comment et à quelle occasion le Cycle liturgique s’est complété, dans cette saison, par l’introduction de ces trois jours durant lesquels la sainte Église, toute radieuse qu’elle était des splendeurs de la Résurrection, semble vouloir tout à coup rétrograder jusqu’au deuil quadragésimal. L’Esprit-Saint, qui la dirige en toutes choses, a voulu qu’une simple Église des Gaules, un peu après le milieu du Ve siècle, vit commencer dans son sein ce rite imposant qui s’étendit rapidement à toute la catholicité, dont il fut reçu comme un complément de la liturgie pascale.
L’Église de Vienne, l’une des plus illustres et des plus anciennes de la Gaule méridionale, avait alors saint Mamert pour évêque. Des calamités de tout genre étaient venues désoler cette province récemment conquise par les Burgundes. Des tremblements de terre, des incendies, des phénomènes effrayants agitaient les populations, comme autant de signes de la colère divine. Le saint évêque désirant relever le courage de son peuple, en le portant à s’adresser à Dieu dont la justice avait besoin d’être apaisée, prescrivit trois jours d’expiation durant lesquels les fidèles se livreraient aux œuvres de la pénitence, et marcheraient en procession en chantant des psaumes. Les trois jours qui précèdent l’Ascension furent choisis pour l’accomplissement de cette pieuse résolution. Sans s’en douter, le saint évêque de Vienne jetait ainsi les fondements d’une institution que l’Église entière allait adopter.
Alléluia.
Louez le Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais.
Demandez, et vous recevrez; cherchez, et vous trouverez; frappez, et on vous ouvrira. Car quiconque demande, reçoit; quiconque cherche, trouve; et à celui qui frappe, on ouvrira.
Daignez, Seigneur, agréer favorablement nos vœux; afin qu’en recevant vos dons au milieu de notre tribulation, la consolation que vous nous donnez nous fasse croître dans votre amour. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
Épître
Lecture de l’Épître de saint Jacques Apôtre. Chap. v.
Mes bien aimés, confessez vos fautes les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez sauvés; car la prière persévérante du juste peut beaucoup. Élie était un homme semblable à nous, sujet à la souffrance : cependant, quand il eut prié avec instance pour obtenir que la pluie cessât de tomber sur la terre, il n’y eut pas de pluie durant trois ans et six mois; puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit. Mes frères, si l’un de vous s’écarte de la vérité, et que, quelqu’un l’y fasse rentrer, il doit savoir que celui qui aura fait sortir un pécheur de l’erreur de sa voie, sauvera de la mort son âme à soi, et couvrira la multitude de ses péchés.
Réflexion
La cérémonie des Rogations, qui signifie demandes humbles et prières, a été instituée en l’an 469 par saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné (France), à la suite d’une période de tempêtes, inondations et tremblements de terre qui s’abattirent sur la région. Pour faire cesser ces fléaux et rassurer ses fidèles, le saint évêque conçut le projet de Rogations solennelles qui consistaient en un jeûne de trois jours et en prières publiques. L’observance des Rogations se généralisa dans toute la Gaule au VIe siècle. Rome en adopta l’usage à la fin du VIIIe siècle où elles prirent le nom de «litanies mineures» qui faisaient pendant aux «litanies majeures» réservées à la procession de la Saint-Marc le 25 avril pour la bénédiction des semences.
Les Rogations désignent des cérémonies au cours desquelles les champs sont bénis pour les futures récoltes et se déroulent pendant les trois jours précédant l’Ascension. Les cérémonies prennent la forme d’une longue procession à travers le village et les champs au cours de laquelle le curé et ses fidèles récitent des litanies qui accompagnent les bénédictions. À l’occasion de la procession des Rogations, les croix de chemin étaient jadis autant de points stratégiques au carrefour des terres cultivées de la paroisse et servaient de reposoir où s’arrêtait le défilé.
Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Luc. Chap. XI.
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: Si l’un de vous a un ami, et que, l’allant trouver au milieu de la nuit, il lui dise: Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis en voyage est venu chez moi, et je n’ai rien à lui donner; et que du dedans de la maison l’autre réponde: Ne m’importune pas, la porte est fermée, et mes serviteurs sont au lit comme moi; je ne puis me lever et te rien donner. Si cependant le premier continue de frapper, quand même il ne se lèverait pas d’abord et ne lui donnerait rien par le motif de l’amitié; à cause de son importunité, je vous le dis, il se lèvera et lui donnera ce dont il a besoin. Je vous dis de même: Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande, reçoit; et qui cherche, trouve; et à qui frappe, on ouvrira. Est-il parmi vous un père qui donnât à son fils une pierre, lorsqu’il lui demande du pain? ou qui lui donnât un serpent, lorsqu’il lui demanderait un poisson? ou qui lui donnât un scorpion, lorsqu’il lui demanderait un œuf? Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants; combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit bon à ceux qui le lui demandent?