L’Ordre du Magnificat de la Mère de Dieu a pour fin particulière la conservation du Dépôt de la Foi par l’enseignement religieux sous toutes ses formes. Dieu l’a établi comme «un rempart devant l’apostasie quasi générale» qui a envahi la chrétienté et en particulier l’Église romaine.
Mes chers frères et sœurs, c’est dans la joie que nous fêtons la Résurrection de Jésus. Durant la Semaine sainte, la Grande Semaine que nous venons de vivre, nous avons médité et contemplé Jésus dans ce qu’Il a fait de plus grand pour nous: mourir sur une croix. Après avoir vécu trente-trois ans sur la terre, Jésus est mort, on L’a mis au tombeau, et Il est ressuscité. C’est ainsi qu’Il a répandu Sa lumière.
Je me souviens comment, étant petit garçon, la cérémonie de la lumière de la Veillée pascale m’impressionnait énormément. Ce n’est pas au hasard que l’Église a voulu une cérémonie aussi forte en images et en symboles pour justement frapper les esprits des enfants de tous âges.
Au début de la Veillée pascale, on éteint toutes les lumières. Tout est dans le noir, dans l’obscurité et le silence. Puis vous percevez un rayon de lumière très faible venant du fond de la chapelle, symbole de Jésus sortant du tombeau. Le prêtre s’avance portant le Cierge pascal, tandis que le diacre entonne Lumen Christi, «Lumière du Christ». Plus le Cierge avance, plus tout devient lumineux.
Durant la cérémonie, les enfants tendent leur petit cierge vers la flamme du grand Cierge pascal. Ensuite, chaque assistant allume sa chandelle au contact des cierges des enfants. Puis de cierge en cierge, la flamme se communique à toute l’assemblée.
C’est exactement ainsi que cela se passe dans le domaine surnaturel. Le petit enfant doit faire l’effort personnel de s’approcher du grand Cierge pour avoir la lumière. À peine reçoit-il la lumière, qu’il peut déjà la communiquer à un autre, faisant lui aussi le geste de tendre son cierge. C’est ainsi que Jésus Se sert de Ses enfants pour communiquer la lumière au monde. Mais il y a un geste à poser. Chacun doit fournir son effort, chacun doit faire des actes dans sa vie pour recevoir la lumière offerte, pour recevoir tout l’enseignement de Jésus.
Jésus est venu de la part de Son Père nous communiquer Son enseignement. Je suis la lumière du monde. Celui qui Me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.1 Par nous-mêmes, nous sommes dans les ténèbres. Qui de vous n’a jamais expérimenté les ténèbres, l’obscurité? Le moindrement que nous laissons Dieu un peu de côté, nous l’expérimentons. Plus nous nous éloignons de Lui, plus nous sommes dans les ténèbres. Pour être dans la lumière, il faut volontairement, comme dans la cérémonie de la Veillée pascale, s’approcher de Jésus. Nous devons nous mettre en Son contact, au contact de l’Évangile, au contact de la prière, au contact de l’Eucharistie, de la Communion, de la sainte Messe. Ensuite, il faut garder ce contact avec Dieu pour conserver la lumière. C’est l’explication de cette belle cérémonie que nous venons de célébrer.
Jésus, Lumière du monde, est venu, Il a fait toute Sa part, Il a donné Sa vie sur la croix. La veille de Sa Passion, Il S’est donné en Eucharistie, en nourriture. Mais il nous faut faire l’effort de communier dignement, correctement. Ainsi Jésus nous éclaire, Il illumine notre vie. Notre cierge tout petit s’allume et nous commençons à distinguer le chemin.
Comment se fait-il que les gens ne savent pas trop où ils vont? Approchez-vous de Jésus, vraie Lumière, et vous verrez le chemin! Mettez-vous en prière. Mettez-vous au contact de l’Évangile. Appliquez-vous à le vivre. Suppliez Jésus qu’Il vous en donne la grâce, et vous aurez la lumière. Dieu va guider vos vies. Je vous l’assure, mes frères, mes sœurs et mes amis. Ceux qui veulent se mettre au contact de la Lumière et fournissent leur effort personnel, la reçoivent. Les trois principales voies pour s’approcher de la lumière sont la prière, la méditation de l’Évangile et la fréquentation des Sacrements. Jésus l’a voulu ainsi.
Les chefs, les pharisiens, les prêtres avaient peur de Jésus mort. Témoins de Ses miracles, ils se rappelaient qu’Il avait dit qu’Il ressusciterait. Quand ils demandèrent à Jésus: Quel signe as-Tu à nous montrer pour agir de la sorte? – Détruisez ce temple, répondit-Il, et en trois jours Je le relèverai.2 Et à une autre occasion, les Scribes et les Pharisiens Lui dirent: Maître, nous voulons de Vous un signe que nous voyions. – Il ne vous sera donné d’autre signe que le signe du prophète Jonas. Comme Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson, ainsi le Fils de l’Homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.3
Les Juifs ont tellement compris que, dès la mort de Jésus, ils se sont adressés au gouverneur Pilate, qui représentait l’autorité de Rome en Judée. Ils lui dirent: «Nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit, lorsqu’Il vivait encore: Après trois jours Je ressusciterai. Ordonnez donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que Ses disciples ne viennent dérober Son corps et ne disent au peuple: Il est ressuscité d’entre les morts. Cette dernière imposture serait pire que la première.»4 Il faut garder le mort pour ne pas qu’il sorte du tombeau! Exaspéré, Pilate leur répond: «Vous avez des gardes, mettez-les! et ne m’importunez plus.»5
Je vous mets dans le contexte pour vous faire mieux saisir ce qui s’est passé. Les Apôtres eux, ont oublié que Jésus a annoncé à plusieurs reprises qu’Il ressusciterait le troisième jour. Les disciples de Jésus, Ses amis, Ses proches ont peur, ils se sont cachés. Mais apparemment, Ses ennemis croient tellement à la résurrection de Jésus qu’ils font garder le tombeau par des soldats. Jésus avait donné de nombreuses preuves qu’Il était vraiment le Fils de Dieu. Bien des signes ont marqué Sa mort, entre autres un fort tremblement de terre le Vendredi saint au moment où le Sauveur expira sur le Calvaire. L’Évangile rapporte que de nouveau au matin de Pâques, la terre tremble violemment.6 Les soldats foudroyés, tombés comme morts de peur, assistent au spectacle: un Ange brillant comme l’éclair roule la pierre du tombeau et s’assit dessus.
Remis un peu de leur effroi, les soldats vont jeter un coup d’œil dans le tombeau et découvrent qu’il est vide. Jésus était déjà parti quand l’Ange a roulé la pierre. Les gardes vont se rapporter aux prêtres, aux autorités juives qui les ont mis en poste, et racontent ce qu’ils ont vécu. Ils en tremblent encore de tous leurs membres. Ceux-ci se réunirent en conseil avec les Anciens du peuple, dit l’Évangile, et, après avoir délibéré, ils remirent aux soldats une forte somme d’argent, en leur imposant cette consigne: «Dites que Ses Disciples sont venus durant la nuit et l’ont enlevé tandis que vous dormiez. Et si le gouverneur vient à savoir quelque chose, nous le gagnerons et nous vous mettrons à l’abri de toute peine.»7
Or la loi romaine condamnait à mort ipso facto toute sentinelle qui dormait au poste. Les soldats ne savaient peut-être pas lire ni écrire, mais ils savaient que ce propos mettait leur vie en danger. «Dire qu’on dormait? On va se faire tuer!» L’Évangile ne relève pas ce détail mais la réponse des scribes le laisse entendre: «Ne vous inquiétez pas pour le gouverneur, nous allons nous occuper de lui. Nous vous donnons de l’argent, nous en avons aussi pour lui. Tout va s’arranger. Nous connaissons le gouverneur, cela fait longtemps que nous faisons affaire avec lui. Vous direz que les Apôtres ont emporté le corps de Jésus pendant que vous dormiez.»
D’abord, quand vous dormez, savez-vous ce qui se passe? Si les gardes dormaient, comment auraient-ils pu voir les Apôtres prendre le corps? Et si les Apôtres l’avaient pris, le gouverneur romain et toutes les autorités de Jérusalem se seraient mis en branle pour trouver le cadavre. Pensez-vous qu’ils les auraient laissé faire si facilement? Et ce propos, aussi absurde qu’il était, a passé à l’histoire. Le démon se pense bien fin, mais son affaire est loin d’être brillante. Le fait d’avoir placé des gardes au tombeau a fourni une preuve de la vérité de la Résurrection. S’il n’y avait pas eu de gardes, nous pourrions dire: Nous n’avons pas de preuves. Mais nous en avons.
En quelque sorte plus que les Apôtres, ces Juifs infidèles croyaient à la Résurrection de Jésus. Voyez jusqu’où peut mener l’endurcissement du cœur. Malgré des signes évidents on peut s’endurcir et lutter contre Dieu, parce qu’on ne veut pas Lui obéir. On veut suivre ses caprices, on veut suivre son orgueil, sa vanité, et Dieu nous contrarie.
Peu avant de mourir sur la croix, Jésus nous a dit, à chacun de nous: «Mes petits enfants, Mes petits garçons, Mes petites filles, si vous voulez être Mes disciples, renoncez-vous, prenez votre croix chaque jour, et marchez à Ma suite.»8 Si Jésus n’était pas Dieu, ce serait pas mal effronté de dire une telle chose. Mais Il est Dieu, Il l’a prouvé.
Pour prouver qu’Il est vraiment le Fils de Dieu, Il annonce Sa Résurrection: «Ils vont Me détruire, Me tuer, mais Je vais ressusciter.» Saint Paul dit: Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi.9 Si Jésus n’est pas ressuscité le jour de Pâques, tout ce qu’Il nous a enseigné ne tient pas. Mes frères, mes sœurs qui êtes religieux, et vous qui vous êtes déplacés pour venir prier pendant trois jours avec nous, si Jésus n’était pas ressuscité, vous perdriez votre temps. Vous auriez pu aussi bien rester chez vous et avoir du plaisir.
Mais Jésus est ressuscité, et Il est ressuscité parce qu’Il est Dieu. S’Il est Dieu, Son enseignement, Ses exemples sont vrais, et nous sommes tous obligés de les suivre. Dès Sa naissance, et durant les trente ans qu’Il a vécu caché, Jésus nous enseigne par Ses exemples, pour que nous fassions comme Il a fait. Et durant les trois années de Sa vie publique, Il nous enseigne par Ses paroles inscrites dans l’Évangile. C’est sérieux. Nous ne pouvons plus nous amuser. Tout se tient dans notre religion, il n’y a pas de pièce manquante. La pièce centrale, nous la voyons aujourd’hui: la Résurrection de Jésus, preuve suprême de Sa divinité.
Jésus est Dieu incarné. Il a quitté le Ciel et a pris un corps d’homme pour me montrer le chemin. Je suis la Voie, la Vérité et la Vie, nous dit-Il. Nul ne vient au Père que par Moi.10 Nous ne pouvons pas aller à Dieu, au Ciel, vers l’éternité bienheureuse, sans suivre Jésus. En ce jour de la Résurrection, un beau jour de joie, nous parlons encore de la croix, de la Passion, on ne s’en sort pas. Je vous parle de la Résurrection, mais tant que nous sommes sur la terre, nous sommes toujours ramenés à la Passion de Jésus. Nous aussi, nous sommes appelés à ressusciter et à participer un jour à Son bonheur. Mais pour ressusciter nous-mêmes avec Lui, il faut d’abord Le suivre, non pas seulement pour un petit bout de chemin, pour s’enfuir ensuite quand les choses commencent à se corser. Quand cela devient coûteux, difficile, douloureux, nous serions tentés de prendre une tangente, de prendre une autre direction? Non, il faut suivre Jésus jusqu’au bout. C’est cela notre religion. C’est cela la vérité.
Au petit matin, Marie-Madeleine était partie vers le tombeau de Jésus avec des aromates, voulant encore témoigner son respect pour Lui.11 Tandis que les Apôtres sont craintifs et les soldats apeurés, Marie-Madeleine, elle, est pleine d’amour. Arrivée au sépulcre, trouvant la pierre déjà roulée, elle se précipite à l’intérieur sans hésitation. Quand on aime, on n’a pas peur, on suit, même jusqu’au calvaire. Marie-Madeleine aimait vraiment. Grande pécheresse convertie par le Maître, elle est restée au Calvaire. Aucun soldat ne l’a effrayée. Et elle est la première au tombeau qu’elle trouve vide.
Les Apôtres aimaient aussi Jésus, mais leur amour étant trop faible, la peur a pris le dessus. Madeleine, qui sait où ils se sont cachés, va voir Pierre et Jean et leur dit: «Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et je ne sais où ils L’ont mis.» Aussitôt Pierre et Jean courent au tombeau. Jean, arrivé le premier, est resté à l’entrée du sépulcre, attendant Pierre qui, plus âgé, courait moins vite. Ce sont de petits détails qui disent beaucoup. Déjà à ce moment, Jean reconnaît l’autorité de Pierre, établi par Jésus chef de Son Église. Il est conscient de la chute de Pierre, de son reniement; il sait qu’il n’a pas suivi le Sauveur sur le Calvaire, tandis que lui, Jean, y était. Il reste humblement à l’entrée, laissant Pierre entrer le premier, par respect pour son autorité. En voyant le tombeau vide, ils ont vu et ils ont cru, dit l’Évangile. Ils n’ont pas cru à la Résurrection, remarquez-le bien. Ils ont cru à la parole de Madeleine qui disait que Jésus n’était plus là.
Revenant au sépulcre, Madeleine tout en pleurs aperçoit deux Anges dans le tombeau. Et se retournant, elle voit Jésus, mais elle ne Le reconnaît pas. Pensant que c’est le jardinier, elle lui demande: «Si c’est vous qui L’avez enlevé, dites-moi où vous L’avez mis, et j’irai Le prendre. Je veux Le voir.» Jésus lui dit: «Marie!» Le reconnaissant aussitôt, Marie répond: «Rabonni! Mon Maître, mon Dieu!»
Croyant instantanément, elle se précipite vers Jésus. Celui-ci la retient: «Ne Me touche pas, garde ta distance, car Je ne suis pas encore monté vers Mon Père. Mais va vers Mes frères, et dis-leur: Je monte vers Mon Père et votre Père, vers Mon Dieu et votre Dieu.» Va dire à Mes frères, ce mot est très touchant. Jésus Se servira de ces mêmes mots quand Il apparaît aux saintes femmes. «Allez dire à Mes frères que Je vais les précéder en Galilée.»
Les Apôtres demeurent Ses enfants, ils demeurent Ses amis, comme Il les avait appelés à la dernière Cène. Mais maintenant que Jésus est ressuscité, les choses prennent une nouvelle dimension. Jésus les appelle «Mes frères». Le Maître doit bientôt partir et eux doivent prendre la relève. Ils sont Ses Apôtres, ils sont d’autres Christ. Ils doivent aller enseigner la vérité au monde.
Quand Marie-Madeleine revient annoncer aux Apôtres qu’elle a vu Jésus, ils ne la croient pas. Ils ne croient pas non plus les saintes femmes qui affirment L’avoir vu elles aussi.
Un autre épisode se passe en cette même journée de Pâques. Il s’agit des «disciples d’Emmaüs». Ayant suivi Jésus et vécu en Sa compagnie si agréable, ils avaient écouté Sa voix et L’avaient vu agir. Ils voyaient en Lui l’espérance d’Israël, le Messie attendu depuis des millénaires. Jésus était leur espoir, leur amour. Mais le Maître est mort. Ils L’ont vu condamné, humilié, bafoué, conspué de la pire manière, montant au Calvaire, crucifié, mis au tombeau. Pour nos deux hommes, Jésus étant mort, il n’y a plus rien à faire à Jérusalem. Alors ils retournent chez eux dans un abattement mortel. Je vous invite à lire l’épisode raconté dans l’Évangile12. Leur histoire vient nous chercher.
En retournant vers Emmaüs, on les voit tristes et abattus, comme ayant vécu des déceptions à tous les niveaux. Vous avez déjà vu des gens découragés, au bord du désespoir? Ils se traînent les pieds, les épaules arrondies, le soleil ne brille plus. Pour eux, il n’y a plus rien qui compte, c’est la mort. Les deux disciples s’en retournent en plein jour, le dimanche de la Résurrection, dans une tristesse extrême, car ils ne croient pas encore que Jésus était ressuscité, malgré les affirmations des saintes femmes.
Chemin faisant, un étranger croise leur route, Se joint à eux et engage conversation: «Mes bons amis, vous avez l’air tristes. Qu’est-ce qui vous arrive?» Cléophas et son compagnon répondent: «Êtes-vous donc un étranger en Israël? Vous ne savez pas ce qui s’est passé ces derniers jours? – Non, quoi donc? – Jésus était un prophète parmi nous, un homme puissant en œuvres et en paroles. Si vous L’aviez entendu! quand Il parlait, les foules vibraient. Nous, nous étions des gens terre à terre, nous ne vivions que pour la matière. Une fois que nous avons entendu cet Homme, la terre ne comptait plus pour nous. Nous voulions vivre pour Dieu, faire quelque chose pour Lui. Nous avons été témoins des miracles qu’Il opérait. Mais Ses ennemis ont réussi à s’en débarrasser. Nous ne comprenons pas ce qui s’est passé. Nous Le croyions le Fils de Dieu, le Messie. Voilà le troisième jour qu’on L’a tué. Il est mort, tout est fini. – Ô hommes sans intelligence, leur dit Jésus, ô cœurs lents à croire tout ce que les Prophètes ont annoncé! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses, et qu’ainsi Il entrât dans Sa gloire?»
Et tout en marchant avec eux, Il commence à développer l’Écriture sainte, citant les prophéties de l’Ancien Testament. «N’est-ce pas que tel prophète a annoncé le rejet du Messie par les Siens; qu’Il serait abandonné, méprisé, humilié, et qu’Il mourrait de la mort la plus cruelle? Regardez! Tel prophète l’avait prédit, ainsi que tel et tel autre. Ce Jésus dont vous parlez a réalisé les Écritures. Il est donc vraiment le Messie.»
Ils arrivent chez eux au petit bourg d’Emmaüs à la fin du jour; il commence à faire sombre. L’Étranger fait mine de continuer Sa route. Nos deux hommes Le retiennent: «Il fait nuit. Vous ne pouvez pas poursuivre votre route. Entrez souper chez nous.» Leur invitation est un peu intéressée. Ils veulent continuer à se réchauffer le cœur! Cet homme leur parle tellement bien des choses de Dieu, ils veulent en entendre davantage. L’Étranger accepte. Assis au milieu d’eux, Celui-ci prend le pain et le rompt. L’Évangile dit qu’à ce moment précis, les disciples ont reconnu Jésus. Ils avaient été témoins le soir du Jeudi saint de l’institution de la sainte Eucharistie. Vous imaginez combien leur cœur a fondu, combien grande a été leur confusion de se voir en train d’abandonner Jésus après L’avoir suivi, aimé. Par une miséricorde immense, Jésus Lui-même caché sous l’aspect d’un étranger, vient à eux, leur révèle le sens des Écritures. Les disciples ont raconté ensuite: «Notre cœur était tout brûlant d’amour lorsqu’Il nous parlait en chemin et nous révélait le sens des Écritures.»
Mais Jésus n’est déjà plus là, Il est reparti. Se retrouvant seuls tous les deux, ils repassent ces événements dans leur esprit. Ces mêmes hommes qui de jour au grand soleil, avaient marché de Jérusalem à Emmaüs tout abattus, la mort dans l’âme comme deux condamnés, partent maintenant au pas de course pour refaire le chemin à l’inverse, en pleine nuit, séance tenante, dit l’Évangile. Ils s’en retournent à Jérusalem pour annoncer aux Apôtres: «Il est ressuscité! Nous L’avons vu! Nous avons marché avec Lui. Nous avons parlé avec Lui. Il nous a expliqué les Écritures. Il nous a tout révélé.»
Lorsque la foi des disciples d’Emmaüs a vacillé, ils ont tout abandonné. En recouvrant la foi, ils ont tout repris en main. Mes frères, mes sœurs, quand on a la foi, quand on a l’espérance, quand on a l’amour en nous, on court, on vole. On ne se traîne plus les pieds. Pourquoi nous traînons-nous parfois les pieds? C’est parce qu’on perd la foi, parce qu’on perd l’amour, on perd l’espérance. On se traîne: «Ce n’est pas drôle ce que le bon Dieu nous demande. C’est bien dur. Il nous fait monter au calvaire.» Mais quand on a la foi, quand on a l’espérance, quand on a l’amour, ce n’est plus pareil. On entre dans la voie de Dieu, on marche sur Ses traces, on Le suit avec une ardeur, une volonté, une énergie, et la grâce de Dieu nous porte.
Mes frères, mes sœurs, en ce jour de Pâques, c’est la grâce que je vous souhaite: la grâce de la foi, de la vraie foi. Quand on a la foi, on aime. Quand on a la foi, on espère. Gardez la foi, mes frères. Augmentez-la. Quand on perd la foi, on perd tout. On la perd par ses négligences, par l’habitude du péché, par l’amour et l’attache à ses petits péchés. Si on ne fréquente pas les Sacrements, ou on les fréquente avec négligence, avec distraction, indignement, on perd la foi. On ne joue pas avec les grâces de Dieu.
En terminant, je voudrais ajouter un mot en l’honneur de notre bonne Mère du Ciel, la Vierge Marie. Nous L’avons accompagnée durant ces jours dans Sa douleur, surtout hier, Samedi saint, spécifiquement consacré à contempler la Vierge douloureuse. Son Fils est mort, Il est au tombeau, mais Elle demeure. Notre bonne Mère est là, seule, qui tient l’Église, tandis que les Apôtres pris de peur se sont tous enfuis. Elle a gardé la foi et Elle sait que Jésus ressuscitera.
Mais quelle douleur est la Sienne! une douleur immense, incommensurable, infinie. En ce Samedi saint, Elle porte seule toutes les souffrances du monde. La Vierge Marie continue la Rédemption. Elle a la foi, Elle a l’espérance, Elle a l’amour à son plus haut niveau.
Jésus est parti, Il S’est fié à Elle. Il savait à qui Se fier. L’Évangile ne le rapporte pas mais on peut croire que la toute première manifestation de Jésus a été pour Sa Mère. S’il y avait une personne heureuse le dimanche de la Résurrection, c’était la Vierge Marie. Elle a exulté davantage de joie, parce que c’est Elle qui avait le plus souffert, en suivant Son Fils sur Son chemin de douleur, Son chemin de croix.
À la Vierge Marie, en ce jour de Pâques, toute la louange, toute la gloire qu’Elle mérite. Elle a porté l’Église, Elle a porté la croix, Elle a continué de souffrir. Jésus le Lui rend bien aujourd’hui, Il Lui donne un réconfort qui dépasse toute conception humaine. L’Évangile n’en dit rien. La Vierge Marie S’est effacée. Quand Elle Le voit ressuscité, ce Fils qu’Elle a vu mourir et dont Elle a tenu le cadavre, quelle joie est la Sienne! Quel drame douloureux Elle a vécu avec Son Fils, ce qu’Elle a souffert après la mort de Son Jésus! Maintenant Il est ressuscité!
Nous Vous demandons, Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de la Résurrection, la grande grâce de la foi. Nous Vous la demandons pour nous-mêmes, et pour tous nos frères et sœurs.
Le jour de la Résurrection, l’Église nous recommande, et avec beaucoup de raison, de demander la foi. La foi est le fondement de tout l’édifice surnaturel. Nous allons offrir ce saint Sacrifice de la Messe pour demander ce don immense de la foi. Que rien ne nous arrête. Que nous croyions vraiment que Jésus est Dieu.
La vraie foi nous rend agissant. Une foi qui ne fait pas agir est une fiction. La foi sans les œuvres est une foi morte13, dit saint Jacques. Si je dis que je crois, et que je n’agis pas, est-ce que j’ai la foi? non. Ce ne sont que de vains mots. La vraie foi nous fait agir. Si nous croyons que Jésus est le Fils de Dieu, il nous faut Le suivre, il faut marcher sur Ses traces, suivre Son chemin de croix, Sa voie douloureuse. Il faut monter au calvaire avec Lui.
Durant cette messe pascale, demandons la grâce de la foi, d’être vrais, de vivre pleinement cette foi. La foi n’est pas très répandue aujourd’hui. Il n’y en a pas beaucoup sur cette terre, malheureusement, même parmi les chrétiens et peut-être parmi nous, qui ont une foi vraie et agissante, une foi qui les fait suivre ce chemin du calvaire. Nous devons être vrais devant Dieu. C’est la grâce que nous allons Lui demander, ce don suprême de la vraie foi qui va nous mettre en mouvement, pour vraiment suivre Jésus.
Tandis que Jésus va S’immoler dans mes mains sur l’autel, faisons ensemble cette prière pour tous nos frères et sœurs de la terre, pour toutes les âmes de bonne volonté. Voyez les disciples d’Emmaüs, ils étaient de bonne volonté, ils n’étaient pas méchants. Mais ils perdaient la foi et étaient en train d’abandonner Jésus. Faisons une prière attentive, une prière d’Église, pour demander ce don de la foi pour toutes les âmes de bonne volonté. Une quantité d’âmes sont rendues plus loin que les disciples d’Emmaüs dans leur abandon de la foi. Ces gens ne sont pas méchants, ils n’ont peut-être pas mauvaise volonté, mais ils ont abandonné le chemin de la foi. Demandons ce don de la vraie foi qui va nous mettre nous-mêmes et nos frères et sœurs sur le vrai chemin. C’est cette grâce inestimable que je vous souhaite et que nous allons demander.
1 . S. Jean 8, 12
2 . S. Jean 2, 19
3 . S. Matth. 12, 39-40; S. Luc 11, 29-30
4 . S. Matth. 27, 62-64
5 . Les Grands-Prêtres avaient une garde à leur disposition pour le service du Temple. Pilate les autorisa à s’en servir pour leur dessein.
6 . S. Matth. 27, 62-66; 28, 11-15
7 . S. Matth. 28, 12-14
8 . S. Matth. 16, 24; S. Marc 8, 34; S. Luc 9, 23; S. Luc 14, 27
9 . I Cor. 15, 14
10 . S. Jean 14, 6
11 . Cf. S. Jean 20, 1-18
12 . S. Luc 24, 13-35
13 . S. Jacques 2, 26
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Signe de la Croix
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
Prière préparatoire
Ô Jésus! Nous allons parcourir avec Vous le chemin du Calvaire qui Vous fut si douloureux. Faites-nous comprendre la grandeur de Vos souffrances, touchez nos coeurs d’une tendre compassion à la vue de Vos tourments, afin d’augmenter en nous le regret de nos fautes et l’amour que nous voulons avoir pour Vous.
Daignez nous appliquer à tous, les mérites infinis de Votre Passion, et en mémoire de Vos douleurs, faites miséricorde aux âmes du purgatoire, surtout à celles qui sont les plus abandonnées.
Ô divine Marie! qui la première, nous avez enseigné à faire le Chemin de la Croix, obtenez-nous la grâce de suivre Jésus avec les sentiments dont Votre Coeur fut rempli en L’accompagnant sur la route du Calvaire. Faites que nous pleurions avec Vous, et que nous aimions comme Vous Votre divin Fils. Nous Vous le demandons au nom de Son Coeur adorable. Ainsi soit-il.
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