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Liturgie pour les Dimanches et Fêtes principales
Réflexion sur la Liturgie du jour – tiré de L’Année Liturgique, par Dom Prosper Guéranger
Introit
Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que j’ai crié vers Vous tout le jour; car, Seigneur, Vous êtes doux et bon, et plein de miséricorde pour tous ceux qui Vous invoquent. Psaume. Seigneur, abaissez vers moi Votre oreille et exaucez-moi; car je suis pauvre et dans l’indigence. Gloire au Père… Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que j’ai crié vers Vous tout le jour…
Collecte
Que Votre grâce, Seigneur, nous prévienne et nous suive toujours, et qu’elle nous rende sans cesse adonnés aux bonnes œuvres. Par notre Seigneur Jésus-Christ.
Épître
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul Apôtre, aux Ephésiens, Chap. III.
Mes Frères, je vous supplie de ne point perdre courage en me voyant souffrir tant de tribulations pour vous, puisque c’est là votre gloire. C’est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, de qui relève toute famille au ciel et sur la terre, afin que, dans les richesses de Sa gloire, Il vous donne d’être fortifiés par Son Esprit quant à l’homme intérieur, qu’Il fasse habiter le Christ par la foi dans vos cœurs, et qu’étant enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les Saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de ce mystère, connaître aussi l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez comblés de toute la plénitude de Dieu. À celui qui peut tout faire, bien au delà de ce que nous demandons ou comprenons, par la vertu qui opère en nous: à Lui gloire dans l’Église et le Christ Jésus dans toute la suite des siècles. Amen.
Réflexion sur l’Épître
Apprenons donc le mystère de l’Évangile, en écoutant saint Paul, le héraut qui reçut pour mission spéciale d’annoncer aux nations ce trésor resté caché en Dieu depuis les siècles éternels. C’est comme ambassadeur qu’il vient vers nous; les chaînes qui chargent ses bras, loin d’affaiblir l’autorité de son message, sont l’insigne glorieux qui l’accréditent auprès des disciples du Dieu du Calvaire.
Dieu seul au reste, il le déclare, peut fortifier suffisamment en nous les sens de l’homme intérieur pour nous permettre de connaître, avec les Saints, les dimensions du grand mystère du Christ habitant l’homme afin de le remplir de la plénitude de Dieu. C’est pourquoi, fléchissant les genoux devant Celui de qui découle tout don parfait et qui nous a engendrés dans la vérité par Son amour, il Lui demande d’ouvrir par la foi et la charité les yeux de notre cœur, afin que nous comprenions les richesses glorieuses de l’héritage qu’Il réserve à Ses fils et le déploiement de puissance dont sont l’objet nos âmes ici-bas même.
Le monde n’était point encore, et déjà Dieu nous voyait dans Son Verbe; Il assignait à chacun de nous la place qu’il devait occuper dans le corps de Son Christ; par avance, Son regard paternel nous contemplait revêtus de cette grâce qui Lui fait trouver dans l’Homme-Dieu Ses complaisances, et Il nous prédestinait, comme étant les membres de ce Fils bien-aimé, à nous asseoir avec Lui à Sa droite au plus haut des cieux.
Combien grandes ne sont pas nos obligations envers le Père souverain dont la bienveillance a décrété d’accorder de tels dons à la terre! Sa volonté est Son seul conseil, l’unique règle de Ses actes; et Sa volonté n’est qu’amour. C’est de la mort coupable du péché qu’Il nous appelle à cette vie qui n’est autre que la Sienne à Lui-même; c’est de l’abîme ignominieux des vices, qu’après nous avoir lavés dans le sang de Son Fils, Il nous élève à cette gloire dont le spectacle étonne les anges et les plonge dans un saint tremblement.
Soyons donc saints à l’honneur de Sa grâce. Le Christ est, dans Sa divinité, la splendeur substantielle du Père et Sa louange éternelle.
Graduel
Les nations craindront Votre Nom, Seigneur, et tous les rois de la terre connaîtront Votre gloire. Parce que le Seigneur a bâti Sion, et qu’Il y paraîtra dans Sa majesté. Alléluia, alléluia. Chantez au Seigneur un cantique nouveau; car le Seigneur a fait des merveilles. Alléluia.
Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Luc, Chap. XIV.
En ce temps-là, Jésus entra dans la maison d’un des principaux pharisiens pour y manger, et ceux qui étaient là L’observaient. Or un homme hydropique se trouvait devant Lui. Jésus, S’adressant aux docteurs de la loi et aux pharisiens, leur dit: Est-il permis de guérir au jour du sabbat? Mais ils se turent. Pour Lui, prenant cet homme, Il le guérit et le renvoya. Et S’adressant à eux, Il leur dit: Qui est celui d’entre vous qui, voyant son âne ou son bœuf tomber dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, même le jour du sabbat? Et ils ne pouvaient rien répondre à cela. Il disait aussi aux invités cette parabole, en voyant comment ils choisissaient les premières places: Lorsque vous serez invité à des noces, ne prenez point la première place, de peur qu’il ne se trouve parmi les conviés quelqu’un de plus considérable, et que celui qui vous aura invités l’un et l’autre ne vienne vous dire: Donnez votre place à celui-ci; et qu’alors vous ne soyez obligé de prendre en rougissant la dernière place. Mais quand vous aurez été invité, allez, mettez-vous à la dernière place, afin que, lorsque viendra celui qui vous a convié, il vous dise: Mon ami, montez plus haut. Alors ce sera pour vous une gloire devant ceux qui seront à table avec vous. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.
Réflexion sur l’Évangile
La sainte Église découvre aujourd’hui le but suprême qu’elle poursuit en ses fils depuis les jours de la Pentecôte. Les noces dont il est question dans notre Évangile sont celles du ciel, qui ont ici-bas pour prélude l’union divine consommée au banquet sacré. L’appel divin s’adresse à tous; et cette invitation ne ressemble point à celles de la terre, où l’époux et l’épouse convient leurs proches comme simples témoins d’une union qui leur reste d’ailleurs étrangère. L’Époux est ici le Christ, et l’Église est l’Épouse; comme membres de l’Église, ces noces sont donc aussi les nôtres; et c’est pourquoi la salle du banquet n’est autre aussi que la chambre nuptiale où n’entrent point les invités des noces vulgaires.
Mais si l’on veut que l’union soit féconde autant qu’elle doit l’être à l’honneur de l’Époux, il faut que l’âme apporte à Celui-ci, dans le sanctuaire de la conscience, une fidélité qui ne soit pas d’un moment, un amour qui dure au delà de la rencontre sacrée des Mystères. L’union divine, quand elle est vraie, domine l’existence; elle la fixe dans la contemplation persévérante du Bien-Aimé, dans la poursuite active de Ses intérêts et l’aspiration continuelle du cœur vers Lui, lors même qu’Il semble Se dérober au regard de l’âme et à son amour. L’Épouse mystique doit-elle moins faire pour Dieu, en effet, que celles de ce monde pour un époux terrestre. C’est à cette condition seulement que l’âme peut être considérée comme étant dans les voies la vie unitive, et qu’elle en porte les fruits.