La merveilleuse histoire des Apparitions de Notre-Dame à Fatima
Le Ciel prépare les trois pastoureaux de Fatima à la venue de la Mère de Dieu.
Lucia dos Santos et ses deux cousins, Francisco et Jacinta Marto reçoivent trois fois la visite de l'Ange du Portugal, également reconnu comme saint Michel, l'«Ange de la Paix» et «Protecteur du Portugal».
Première apparition
Après avoir assisté à la Messe, les enfants conduisent les brebis à la Cova da Iria. Ils récitent ensemble leur chapelet, puis s'amusent à construire des «maisons» de pierre. Une belle Dame leur apparaît....
Lire...13 mai, dimancheDeuxième apparition
La Sainte Vierge dit aux enfants que Dieu veut établir dans le monde la dévotion à Son Cœur Immaculé. Une cinquantaine de personnes sont présentes à la Cova da Iria au moment de cette apparition.
Lire...13 juin, mercrediTroisième apparition
Environ 5 000 personnes sont présentes à la Cova. La Sainte Vierge Marie confie aux enfants un Grand Secret en trois parties:
- Après leur avoir montré l'enfer, Elle leur dit: «Vous avez vu l'enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à Mon Coeur Immaculé».
- La Vierge donne aux enfants une prophétie détaillée des événements qui se produiront si le pape et les évêques du monde ne procèdent pas à la consécration du monde et de la Russie au Cœur Immaculé.
- La troisième partie, appelée le Troisième Secret, devait être révélé «au plus tard en 1960», selon la demande expresse de la Sainte Vierge. À cette occasion, la Vierge promet à Lucie de revenir en octobre et d’accomplir un miracle public afin de donner une preuve éclatante de l’authenticité de Ses apparitions.
Quatrième apparition
Les enfants, enlevés par le sous-préfet, manquent au rendez-vous du 13 août. Toutefois, à la Cova, la foule de chrétiens était accourue. Ils purent voir les prodiges habituels, c’est-à-dire le phénomène de la luminosité, ainsi que la nuée blanchâtre. Tout se déroulait comme si la Dame avait été là. L’éclair, jusqu’ici perçu seulement par les trois petits amis de Marie, fut cette fois remarqué par tous. Il était accompagné de deux formidables coups de tonnerre, entendus par tous également.
La rencontre de Marie et des voyants eut lieu le 19 août, aux Valinhos.
Lire...19 août, dimancheCinquième apparition
Trente mille pèlerins se retrouvent à la Cova da Iria. Plusieurs personnes voient différents prodiges qui manifestent la présence de la très Sainte Vierge. Entre autres, des pétales de fleurs descendent sur la foule comme des flocons de neige.
Lire...13 septembre, jeudiSixième apparition - Le grand miracle
La Sainte Vierge revient pour produire le miracle promis, accompagné de cet avertissement: «Les gens doivent s’amender et demander pardon pour leurs péchés. Ils ne doivent pas offenser davantage Notre-Seigneur, car Il est déjà trop offensé». Elle nous dit de continuer à prier le chapelet tous les jours. Quelque 70 000 personnes, rassemblées dans la Cova sous une pluie battante, assistent au Miracle du Soleil: la pluie s’arrête soudain, les nuages disparaissent, le soleil virevolte dans le ciel, se pare de couleurs vives et plonge vers la foule terrifiée, séchant instantanément les vêtements trempés et la boue qui recouvre le sol. De nombreuses personnes sont guéries de maladies sur place, beaucoup d’autres se convertissent à la foi catholique. Même les athées et les journalistes anticléricaux, présents pour se moquer de l’événement, sont forcés d’admettre que le miracle a eu lieu. Un tel miracle, annoncé à l’avance, n’a jamais eu lieu dans l’histoire du monde.
Lire...13 octobre, samediL'incontournable Troisième Secret de Fatima
Les principales péripéties de ce brûlant dossier...
Lire...1960 jusqu'à nos jours...APPARITIONS DE L’ANGE – 1916
Première Apparition
L’Ange de la Paix
«Un beau jour, écrit Lucie, nous nous rendîmes avec nos brebis à un terrain, appartenant à mes parents. Je ne peux préciser les dates avec exactitude, parce que, à cette époque, je ne savais compter ni les années, ni les mois, ni même les jours de la semaine. Il me semble, cependant, que ce devait être au printemps de 1916 que l’Ange nous apparut la première fois, à notre “Loca do Cabeço”.
«Vers le milieu de la matinée, il se mit à tomber une petite pluie fine, un peu plus que de la rosée. Nous sommes montés alors sur le versant de la colline, suivis de nos brebis, à la recherche d’un rocher pour nous abriter. C’est alors que nous sommes entrés pour la première fois dans ce creux béni. Il se trouve au milieu d’une oliveraie qui appartient à mon parrain Anastase. De là, on voit le petit village où je suis née, la maison de mes parents, les hameaux de Casa Velha et de Eira da Pedra. Plusieurs propriétaires se partagent le reste de l’oliveraie qui s’étend jusqu’à ces petits hameaux.
«Nous avons passé la journée à cet endroit, bien que la pluie eût cessé et que le soleil se fût montré de nouveau clair et beau. Nous avons pris notre repas, nous avons dit notre chapelet et, je ne sais s’il n’a pas été l’un de ces chapelets que, dans notre empressement à jouer, nous récitions souvent en faisant passer les grains et en disant seulement à chaque grain Ave Maria et Padre nosso.
«Le chapelet terminé, nous nous étions mis à jouer aux cailloux. Il y avait déjà quelque temps que nous étions en train de jouer, quand un fort vent secoua les arbres et nous fit lever les yeux pour voir ce qui se passait, car le temps était calme. Nous vîmes alors, au-dessus des oliviers qui s’étendaient du côté du Levant, s’avancer vers nous la même figure dont j’ai déjà parlé. Jacinthe et François ne l’avaient encore jamais vue et je ne leur en avais pas parlé. À mesure que l’Apparition s’approchait, nous distinguions mieux ses traits. C’était un jeune homme de 14 ou 15 ans, plus blanc que la neige, que le soleil rendait transparent comme du cristal, et d’une grande beauté. Nous étions surpris, à moitié absents, et nous ne disions mot.
«En arrivant près de nous, il nous dit:
“Ne craignez pas! Je suis l’Ange de la Paix. Priez avec moi!”
«Et s’agenouillant à terre, il courba le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’avons imité et nous avons répété les paroles que nous lui entendions prononcer. Il nous fit répéter trois fois ces paroles:
“Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime! Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne Vous aiment pas.”
«Ensuite, se relevant, il nous dit:
“Priez ainsi! Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications!”
«Puis il disparut.
«Ses paroles se gravèrent de telle manière dans notre esprit que jamais nous ne les avons oubliées. L’atmosphère surnaturelle qui nous enveloppait était si intense que, pendant un grand espace de temps, nous perdîmes presque conscience de notre propre existence. Nous restions dans la position où l’Ange nous avait laissés, répétant sans cesse la même prière. La présence de Dieu se faisait sentir d’une manière si intense et si intime que nous n’osions même plus parler entre nous. Le jour suivant, nous sentions encore notre esprit enveloppé dans cette atmosphère qui ne disparut que très lentement.
«Aucun de nous n’eut l’idée de parler de cette Apparition. Il ne fut même pas nécessaire de recommander le secret. L’Apparition nous l’imposait par elle-même. C’était quelque chose de si intime, qu’il n’était pas facile de prononcer sur elle la moindre parole. Elle nous fit peut-être aussi plus d’impression, parce que c’était la première Apparition aussi manifeste.
«Et depuis lors, nous passions beaucoup de temps, ainsi prosternés, à répéter les paroles de l’Ange, quelquefois jusqu’à tomber de fatigue.»
2e Apparition
L’Ange du Portugal
«Un temps assez long s’écoula. Un jour d’été, alors que nous passions les heures chaudes de la journée à la maison, nous étions en train de jouer sur les dalles d’un puits que mes parents avaient, dans un terrain attenant à la maison, et que nous appelions l’Arneiro. Soudain nous vîmes près de nous la même figure, le même Ange. Il nous dit:
“Que faites-vous? Priez, priez beaucoup. Les saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices.”
«Comment devons-nous nous sacrifier? demandai-je.
“De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre Patrie. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra.”
«Ces paroles de l’Ange se gravèrent dans notre esprit, comme une lumière qui nous faisait comprendre qui est Dieu, combien Il nous aime et veut être aimé de nous, la valeur du sacrifice et combien celui-ci Lui est agréable; comment, par égard pour lui, Dieu convertit les pécheurs. Aussi, dès ce moment, nous avons commencé à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait, mais sans chercher à nous imposer des pénitences particulières, sauf celle de passer des heures entières, prosternés sur le sol, à répéter la prière que l’Ange nous avait enseignée.»
3e Apparition
L’Ange de l’Eucharistie
«La troisième Apparition de l’Ange a dû avoir lieu, il me semble, en octobre, ou à la fin de septembre 1916, parce que nous n’allions déjà plus passer à la maison les heures du milieu du jour.
«Nous allâmes faire paître nos troupeaux dans un terrain appartenant à mes parents, qui se trouve sur le versant de la colline dont j’ai parlé, un peu plus haut que les “Valinhos”. C’est une oliveraie que nous appelions “Preguieira”. Après avoir pris notre repas, nous décidâmes d’aller prier dans la grotte qui se trouve de l’autre côté de la colline. Nous fîmes pour cela un détour, sur la pente de cette colline et il nous fallut escalader des rochers qui se trouvent en haut de la “Preguieira”. Les brebis eurent quelque difficulté à les franchir. Dès que nous fûmes arrivés, nous nous sommes mis à répéter la prière de l’Ange: “Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, etc…”
«Je ne sais combien de fois nous avions répété cette prière, lorsque nous vîmes qu’au-dessus de nous brillait une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés, pour voir ce qui se passait, et nous avons vu l’Ange, tenant dans la main gauche un calice sur lequel était suspendu une Hostie, d’où tombaient quelques gouttes de sang dans le calice. L’Ange laissa le calice suspendu en l’air, s’agenouilla près de nous et nous fit répéter trois fois:
“Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences dont Il est Lui-même offensé. Et, par les mérites infinis de Son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.”
«Puis, se relevant, il prit dans ses mains le calice et l’Hostie. Il me donna à moi la Sainte Hostie et, le Sang du calice, il le partagea entre Jacinthe et François en disant:
“Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats! Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu!”
«Et, se prosternant de nouveau à terre, il répéta avec nous, encore trois fois, la même prière: Très Sainte Trinité, etc…, puis il disparut.
«Nous sommes demeurés dans la même position, répétant toujours les mêmes paroles. Poussés par la force surnaturelle qui nous enveloppait, nous avons imité l’Ange en tout, c’est-à-dire que nous nous étions prosternés comme lui et avions répété les prières qu’il disait. La force de la présence de Dieu était si intense qu’elle nous absorbait et nous anéantissait presque complètement. Elle paraissait nous priver de l’usage des sens corporels et cela pendant un long espace de temps.
«Quand nous nous sommes relevés, nous avons vu qu’il faisait déjà nuit et que c’était l’heure de rentrer à la maison.
«Ces jours-là nous avons accompli les actes matériels comme poussés par la même force surnaturelle qui nous y portait. La paix et le bonheur que nous éprouvions étaient grands, mais seulement intérieurs, et notre âme était complètement concentrée en Dieu. L’abattement physique qui nous laissait prostrés était aussi très grand.»
PREMIÈRE APPARITION de NOTRE-DAME – 13 mai 1917
La belle Dame
Nous sommes au mois de mai 1917. La première guerre mondiale fait rage depuis trois ans et ne paraît pas près de finir. Le Pape Benoît XV, à Rome, vient de demander à l’univers de s’unir dans une grande croisade de prières, pour obtenir, par l’intercession de la Très Sainte Vierge, la cessation du conflit qui ensanglante l’Europe.
En ce 13 mai, un dimanche, Lucie 10 ans, François 9 ans, et Jacinthe 7 ans ont entendu la messe et conduit ensuite leurs brebis au pâturage, dans un petit vallon appelé Cova da Iria. À midi, ayant entendu sonner l’Angélus, ils interrompent leurs jeux pour réciter le chapelet, puis reprennent leurs amusements qui consistent surtout à construire de petites cabanes de pierre.
Soudain un éclair sillonne le ciel. Aucun nuage à l’horizon, toutefois les enfants craignent l’approche d’un orage, se hâtent de rassembler leurs moutons et de donner le signal du départ. Mais un second éclair les éblouit et presque aussitôt, au-dessus d’un petit chêne vert, une dame d’une beauté ravissante leur apparaît.
La première pensée des enfants avait été de fuir, mais d’un geste gracieux l’Apparition les rassura: «N’ayez pas peur, Je ne vous ferai aucun mal», si bien que Lucie prit sur elle de l’interroger:
«D’où venez-vous et que désirez-vous?
— Je viens du Ciel et Je désire que durant six mois vous veniez ici le 13 de chaque mois. La dernière fois, Je vous dirai qui Je suis et ce que Je veux.
— Est-ce que j’irai au Ciel?
— Oui.
— Et Jacinthe?
— Elle aussi.
— Et François?
— Lui aussi, mais il devra réciter souvent le rosaire.»
À présent, c’est l’Apparition qui interroge à son tour: «Voulez-vous vous offrir à Dieu pour faire des sacrifices et accepter volontiers toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer en acte de réparation pour les péchés qui offensent Sa Divine Majesté? Voulez-vous souffrir pour obtenir la conversion des pécheurs, pour réparer les blasphèmes ainsi que toutes les offenses faites au Coeur Immaculé de Marie?
— Oui, nous le voulons.
— Il vous faudra beaucoup souffrir, mais la grâce de Dieu vous soutiendra toujours.»
La belle Dame quitte les enfants en leur recommandant de dire le chapelet tous les jours avec dévotion, pour obtenir la paix du monde et la conversion des pécheurs.
Revenus à eux, les enfants échangent leurs impressions puis se promettent de garder le silence. Mais le secret était trop pesant et une partie tout au moins des faits fut vite connue des parents. Ils traitèrent leurs enfants de menteurs et Lucie reçut de sa mère une sévère correction.
DEUXIÈME APPARITION – 13 juin 1917
Un secret du Ciel
Le 13 juin, Lucie, François et Jacinthe, fidèles au rendez-vous donné par la Dame, prirent le chemin de la grotte d’Iria accompagnés d’une cinquantaine de personnes. Quant aux parents, profitant de ce qu’on célébrait la fête de Saint Antoine, patron aimé et vénéré du pays, ils se rendirent à la foire voisine très ostensiblement, comme pour se désolidariser de leurs enfants.
Arrivés près du chêne vert, les enfants se mirent à réciter le rosaire et à midi, la Dame apparut. Le dialogue reprit aussitôt entre Lucie et la vision.
«Que désirez-vous?
— Que vous appreniez à lire… Et qu’après chaque dizaine du chapelet, vous disiez maintenant: «Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes, spécialement celles qui ont le plus besoin de Votre miséricorde.»
Puis la Dame confia un secret, que Lucie, sur le désir de son confesseur et après avoir reçu de Notre-Seigneur Lui-même l’autorisation, a raconté dix ans plus tard, soit en 1927. «J’avais demandé à la Dame de nous emmener avec Elle en paradis. Elle répondit: «Oui, Je viendrai bientôt prendre Jacinthe et François, mais toi, tu devras rester plus longtemps ici-bas. Jésus veut Se servir de toi pour Me faire connaître et aimer; Il veut établir dans le monde la dévotion à Mon Coeur Immaculé.
— Alors je vais rester seule?
— Non Ma fille, Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Coeur Immaculé sera ton refuge et la voie qui te conduira à Dieu.»
Durant cette vision, comme durant la précédente, les trois enfants voyaient la Dame, mais seulement Lucie et Jacinthe L’entendaient. Il en sera de même au cours des apparitions suivantes.
Lucie raconte que lorsqu’elle et Jacinthe rapportèrent à François que la Vierge avait dit qu’il irait au ciel, mais qu’il devait dire souvent le Rosaire, le petit s’exclama tout heureux: «Ô ma Notre-Dame! Des chapelets, j’en dirai autant que Vous voudrez!»
TROISIÈME APPARITION – 13 juillet 1917
Sacrifiez-vous…
Le 13 juillet, plusieurs milliers de personnes accompagnaient les enfants à la grotte. La troisième rencontre de la Vierge et des enfants allait avoir d’ailleurs une importance particulière. Venue à l’heure fixée, la Dame recommanda une fois de plus aux enfants de dire souvent le chapelet et ajouta de le faire en vue d’obtenir la cessation de la guerre mondiale, (celle de 1914) car, dit-Elle, «Moi seule puis vous être d’un secours efficace». Puis Lucie s’enhardit jusqu’à demander si Elle ne ferait pas un prodige pour prouver la réalité des apparitions. Ce à quoi la Dame répondit qu’Elle le ferait le 13 octobre. Puis «pour ranimer ma ferveur refroidie», avouera humblement Lucie plus tard, la Dame me répéta encore:
«Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, mais spécialement en faisant quelques sacrifices: «Ô Jésus, c’est pour Votre amour, pour la conversion des pécheurs et en réparation des offenses faites au Coeur Immaculé de Marie.»
Vision de l’enfer
Au moment où la Vierge disait ces paroles «sacrifiez-vous»… les enfants eurent une vision de l’enfer. Voici comment Lucie nous décrit cette vision:
«Lorsqu’Elle disait les dernières paroles «sacrifiez-vous», etc. Notre-Dame ouvrit de nouveau les mains comme les deux fois précédentes. Le faisceau de lumière projeté sembla pénétrer la terre et nous vîmes comme une grande mer de feu. En cette mer étaient plongés, noirs et brûlés, des démons et des âmes sous formes humaines, ressemblant à des braises transparentes. Soulevés en l’air par les flammes, ils retombaient de tous les côtés comme des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de grands cris et de hurlements de douleur et de désespoir qui faisaient frémir et trembler d’épouvante.
«Ce fut probablement à cette vue que je poussai l’exclamation d’horreur qu’on dit avoir entendue.
«Les démons se distinguaient des humains par leurs formes horribles et dégoûtantes d’animaux épouvantables et inconnus, mais transparents comme des charbons embrasés.
«Cette vue dura un instant et nous devons remercier notre Mère du Ciel qui, d’avance, nous avait prévenus par la promesse de nous prendre au Paradis. Autrement, je crois, nous serions morts de terreur et d’épouvante.
«Alors, comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers la Sainte Vierge, qui nous dit avec bonté et tristesse:
«Vous avez vu l’enfer où vont aboutir les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, le Seigneur veut établir dans le monde la dévotion à Mon Coeur Immaculé.»
Les trois enfants restèrent extraordinairement marqués par cette vision qui alluma dans leur âme une soif ardente de sacrifices et de prières pour sauver les pécheurs. La petite Jacinthe surtout devint, selon les paroles de Lucie elle-même, «possédée d’un esprit de mortification et de pénitence» très étonnant pour son âge.
«La vision de l’enfer l’avait horrifiée à tel point, écrit Lucie, que toutes les pénitences et les mortifications lui paraissaient peu de chose pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer…»
«Certaines personnes même pieuses ne veulent pas parler aux enfants de l’enfer pour ne pas les effrayer, mais Dieu n’a pas hésité à montrer l’enfer à trois enfants, dont la plus jeune avait seulement sept ans. Il savait bien qu’elle en serait horrifiée au point de se consumer de frayeur, je peux presque le dire.
«Souvent elle s’asseyait par terre ou sur quelques pierres et toute pensive, elle se mettait à dire: “Oh! l’enfer, oh! l’enfer. Que j’ai pitié des âmes qui vont en enfer. Et les gens qui sont là vivants, à brûler comme le bois dans le feu.” Et toute tremblante, elle s’agenouillait les mains jointes pour réciter la prière que Notre-Dame nous avait enseignée…
«Elle demeurait ainsi de longs moments à genoux, répétant la même prière. De temps en temps elle m’appelait ou appelait son frère, comme s’éveillant d’un songe: “François, priez-vous avec moi?… Il faut prier beaucoup pour faire échapper les âmes à l’enfer! Il y en a tant qui y vont! Il y en a tant!”
«D’autres fois elle demandait: “Pourquoi est-ce que Notre-Dame ne montre pas l’enfer aux pécheurs? S’ils le voyaient, ils ne pécheraient plus pour ne pas y aller. Tu dois dire à Notre-Dame qu’Elle montre l’enfer à tous ces gens (elle voulait parler de tous ceux qui se trouvaient à la Cova da Iria au moment de l’Apparition). Tu verras comme ils se convertiront!” Ensuite, un peu mécontente, elle me demandait: “Pourquoi n’as-tu pas dit à Notre-Dame qu’Elle montre l’enfer à tous ces gens?”
— J’ai oublié, était ma réponse.
— Moi aussi j’ai oublié, disait-elle d’un air triste.
«Quelquefois elle me prenait la main et me disait: “Je vais aller au Ciel, mais toi tu vas rester ici. Si Notre-Dame le veut, dis à tout le monde comment est l’enfer, pour qu’ils ne fassent plus de péchés et qu’ils n’y aillent pas!”»
Immodestie et impureté
La Très Sainte Vierge a donné beaucoup d’enseignements aux enfants, non seulement au cours des apparitions, mais aussi dans les jours qui suivirent. C’est ainsi que la petite Jacinthe apprit qu’une multitude d’âmes se damnaient éternellement à cause de l’impureté et de l’immodestie du vêtement.
«Ma chère petite Mère, dit-elle à Mère Godinho, qui prenait soin d’elle au cours de sa maladie, les péchés de la chair, plus que tous les autres conduisent les âmes en enfer. Certaines modes seront introduites qui offenseront Notre-Seigneur gravement et ceux qui servent Dieu ne doivent pas les suivre. L’Église n’a pas de modes. Notre-Seigneur est toujours le même.
«Dans le monde, le nombre de péchés est trop grand… Beaucoup de mariages ne sont pas bons et ne plaisent pas à Notre-Seigneur; ils ne sont pas de Dieu. Si les gens pouvaient se rendre compte de ce qu’est l’éternité, ils feraient tout leur possible pour changer de vie.
«Ma chère mère, fuyez les richesses. Chérissez le silence et la sainte pauvreté. Soyez toujours charitable, même envers les méchants…
«La Mère de Dieu veut qu’un plus grand nombre d’âmes vierges s’engagent par le voeu de chasteté. Je serais heureuse d’entrer au couvent, mais ma joie est plus grande car je m’en vais au Ciel. Pour être religieuse, on doit être bien pure de corps et d’âme.
— Et sais-tu ce que c’est qu’être pur? demanda la Soeur.
— Oui, je le sais. Etre pur de corps signifie garder la chasteté. Etre pur d’âme, c’est ne commettre aucun péché, ne jamais regarder des choses qui seraient péché, ne pas voler, ne pas mentir, mais dire la vérité même s’il en coûte.»
La CONSÉCRATION de la Russie au Coeur Immaculé de Marie
Au cours de la troisième apparition, Notre-Dame de Fatima dit aussi:
«La guerre va vers la fin. Mais si l’on ne cesse pas d’offenser le Seigneur, sous le prochain pontificat, il en recommencera une autre pire.
«Quand vous verrez une nuit éclairée par une grande lumière inconnue, sachez que c’est le signe que Dieu vous donne, qu’il est prochain le châtiment du monde par la guerre, la famine et les persécutions contre l’Église et contre le St-Père.
«Pour empêcher cela, Je viendrai demander la consécration de la Russie à Mon Coeur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois.
«Si l’on écoute Mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs par tout le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église; beaucoup de bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties… Mais enfin, Mon Coeur Immaculé triomphera…»
C’est en 1929, donc 12 ans après les apparitions, que Lucie, devenue religieuse, reçut révélation que l’heure de cette consécration était venue.
«J’avais demandé et obtenu la permission de mes supérieurs de faire une heure sainte de 11hres à minuit, dans la nuit du jeudi au vendredi, écrit Lucie. Me trouvant ainsi seule une nuit, je m’agenouillai au milieu de la balustrade qui est au centre de la chapelle, pour réciter, prosternée, les prières de l’Ange. Me sentant fatiguée, je me relevai et continuai à les réciter les bras en croix. La seule lumière était celle de la lampe du sanctuaire.
«Soudain toute la chapelle s’illumina d’une lumière surnaturelle et sur l’autel apparut une croix de lumière qui s’élevait jusqu’au plafond… (Après le récit de la vision qui s’offrit à ses yeux, Lucie continue):
«Notre-Dame me dit: «Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à Mon Coeur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen. Ils sont tellement nombreux les péchés que la Justice de Dieu condamne… Je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie!»
«Je rendis compte de ceci à mon confesseur qui me demanda d’écrire ce que Notre-Seigneur voulait que l’on fasse.
«Plus tard, par le moyen d’une communication intime, Notre-Seigneur me dit en Se plaignant:
«Ils n’ont pas voulu écouter Ma demande!… Comme le roi de France, ils s’en repentiront et ils le feront, mais CE SERA BIEN TARD. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Le Saint Père aura beaucoup à souffrir!»
***
En 1929, le Pape Pie XI occupait la chaire de Pierre. Il ne fit pas la consécration de la Russie telle que demandée par la Très Sainte Vierge. Sous le règne de Pie XII, Sr Lucie tentera de nouveau de faire aboutir les demandes si explicites de Marie. En voici un exemple.
Lettre adressée au Pape Pie XII par Sr Lucie
Tuy, le 2 décembre 1940
…Je viens, très Saint-Père, renouveler une demande qui a été déjà plusieurs fois présentée à Votre Sainteté. La demande, très Saint-Père, vient de Notre-Seigneur et de notre bonne Mère du Ciel. En 1917, dans la partie des apparitions que nous avons appelé le secret, la Très Sainte Vierge a révélé la fin de la guerre qui désolait alors l’Europe et a annoncé une autre à venir, en disant que pour l’empêcher Elle viendrait demander la consécration de la Russie à Son Coeur Immaculé, et la communion réparatrice des premiers samedis, et en promettant, si on écoutait Ses demandes, la conversion de cette nation et la paix… Jusqu’en 1926, ceci resta secret, selon l’ordre exprès de Notre-Dame.
(Lucie raconte ensuite l’apparition de 1926, dans laquelle il s’agit de la demande de la pratique des premiers samedis du mois.)
En 1929, Notre-Dame, par le moyen d’une autre apparition, a demandé la consécration de la Russie à Son Coeur Immaculé, en promettant qu’Elle empêcherait par ce moyen la propagation des erreurs de ce pays et assurerait sa conversion.
(Ici Sr Lucie raconte la vision de la croix lumineuse, de la Sainte Trinité, de l’Hostie et de Notre-Dame, et elle relate les paroles entendues:)
«Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à Mon Coeur. Il promet de la sauver par ce moyen…
«Quelque temps après, je rendis compte à mon confesseur de la demande de Notre-Dame. Celui-ci s’employa à la faire aboutir et la fit parvenir à la connaissance de Sa Sainteté Pie XI.
«Au cours de plusieurs communications intimes, Notre-Seigneur n’a pas cessé d’insister sur cette demande et a promis finalement que si Votre Sainteté daignait faire la Consécration du monde au Coeur Immaculé de Marie, avec une mention spéciale de la Russie, en union avec Votre Sainteté, tous les évêques du monde la fassent en même temps. Il abrégerai les jours de tribulations par lesquels Il a décidé de punir les nations de leurs crimes par le moyen de la guerre, de la famine et de la persécution contre l’Église et contre Votre Sainteté…»
Le 31 octobre 1942 le Pape Pie XII fit la consécration du monde et de la Russie au Coeur Immaculé de Marie mais il ne la fit pas en union avec tous les évêques, du monde, comme la Sainte Vierge l’avait demandé. Le désir de Notre-Dame de Fatima a été réalisé bien tard… le 15 août 1972, par le Père Jean-Grégoire de la Trinité, GRÉGOIRE XVII et tous ses évêques, qui signèrent la consécration avec lui. Le soir de l’Assomption, en présence de toute sa Communauté, à Saint-Jovite, Grégoire XVII s’adresse à la Très Sainte Vierge d’une voix émue:
«Très Sainte Mère du Ciel, quoique votre humble et indigne enfant, Nous voulons Vous consacrer notre pauvre personne pour renouveler cette consécration de Nous-même et celle de nos frères, à Votre Coeur Douloureux, Immaculé et Miséricordieux.
«Nous voulons appartenir à Votre Divin Fils, à Votre Coeur pur et immaculé, à Votre Coeur sans tache, qui a tant souffert pour notre salut, en étant associé si intimement à la Passion de Votre Divin Fils.
«Nous voulons Vous consacrer tous les prêtres du monde entier, en commençant par nos propres prêtres.
«Nous voulons Vous consacrer tous les évêques du monde entier, en commençant par ceux qui nous sont confiés.
«Nous Vous consacrons toute la Sainte Église. Nous la mettons dans Votre Coeur Douloureux et Immaculé.
«Nous Vous consacrons toutes les nations chrétiennes et celles qui ne le sont pas. Nous les mettons dans Votre Coeur Douloureux et Immaculé, pour que Vous les ameniez à Votre divin Fils par un miracle de Votre puissance insigne, puisque Dieu a mis entre Vos mains Sa puissance infinie.
«Nous Vous demandons d’agir en Mère envers l’humanité actuellement si souffrante. Nous Vous consacrons l’humanité tout entière.
«Nous Vous consacrons la Russie, ce pays qui aurait dû Vous être consacré depuis si longtemps et qui a fait tant de ravages dans le monde entier. Comme Vous l’avez dit à Fatima: “Si vous n’écoutez pas Mes demandes, la Russie répandra ses erreurs dans le monde entier.”
«Nous Vous demandons pardon très Sainte Mère, de n’avoir pas obéi à Vos demandes et que, par notre faute, l’erreur ait été répandue dans le monde entier, entraînant tant de ravages qui sont les fruits de notre désobéissance. Nous Vous demandons d’écouter Votre Coeur Miséricordieux, d’agir en notre faveur, d’intercéder auprès de Dieu le Père, d’intercéder auprès de Votre divin Fils, en faveur de ce pauvre pays de Russie que nous consacrons ce soir à Votre Coeur Douloureux, Immaculé et Miséricordieux. Nous Vous demandons d’opérer un miracle pour que la Russie reconnaisse son erreur et devienne un instrument de Votre Miséricorde. Qu’elle témoigne auprès des autres nations, pour réparer le mal qu’elle a répandu sur toute la terre, comme Vous l’aviez prédit à Fatima.
«Nous Vous demandons humblement pardon pour nos propres fautes, pour celles de nos frères et soeurs, pour celles des prêtres du monde entier qui se sont moquée de Vous, pour tous les évêques, pour tous les cardinaux, pour toute l’Église qui s’est moquée de Vous, qui n’a pas tenu compte de Vos demandes. L’humanité est dans la souffrance, parce qu’on n’a pas tenu compte des avertissements de notre Mère. Nous Vous en demandons humblement pardon et nous Vous demandons de faire miséricorde, d’agir bien vite pour que le monde revienne sur le chemin que Votre divin Fils lui a tracé. Nous Vous le demandons humblement, au nom de Votre bonté, de Votre miséricorde et de Votre compréhension de Mère.
«Très Sainte Mère, nous consacrons à Votre Coeur Douloureux et Immaculé, tous les pays et toutes les nations. Tous ces pays, Nous les plaçons ce soir dans Votre Coeur Immaculé et Nous n’agissons pas en Notre nom personnel, mais au nom de Votre divin Fils qui nous a dit: “Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les cieux”.
«Nous Vous obligeons tendre Mère, à ratifier cet acte que nous posons solennellement ce soir, par l’autorité que Dieu Nous a donnée, à Nous, pauvre enfant misérable et indigne, par cette autorité que Dieu Nous a confiée dans Sa miséricorde infinie, pour montrer au monde jusqu’où Il peut pousser Sa miséricorde, en choisissant des instruments si indignes.
«Nous plaçons solennellement cet acte dans Votre divin Coeur, ô mon cher Jésus, ici présent dans le Saint-Sacrement, et nous le plaçons dans le Coeur de Votre Mère… Ô Notre-Dame, réalisez la promesse que Vous nous avez faite à Fatima:
«Mais à la fin, Mon Coeur Immaculé triomphera. La Russie se convertira et le monde aura la paix.»
«Nous Vous demandons, auguste Mère et Reine du Ciel, de réaliser bien vite Votre promesse, pour que le message de Votre Fils soit entendu de tous les peuples de la terre et que, comme le Pape Pie XII le proclamait et le prophétisait, d’un pôle du monde à l’autre soit chanté le Magnificat d’action de grâces pour Vos bontés de Mère. Ainsi soit-il.»
«La Russie… répandra ses erreurs par tout le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église…», avait dit Notre-Dame de Fatima. Nous n’assistons hélas! que trop à la triste réalisation de cette prophétie. Pourtant, il aurait été si facile d’éviter le fléau! En bonne Mère, la Très Sainte Vierge demandait, à cette fin, une chose toute simple… trop simple, peut-être? Les Autorités de l’Église ont ignoré Sa demande et le malheur prédit est arrivé.
QUATRIÈME APPARITION – 19 août 1917
Les voyants en prison
Pour bien comprendre ce qui va suivre, rappelons brièvement la situation dans laquelle se trouvait le catholicisme au Portugal, en 1917. Depuis la proclamation de la République en octobre 1910, l’Église du Portugal était en butte à de violentes persécutions. Maîtres du pouvoir, libres-penseurs et francs-maçons faisaient ce qui leur est coutumier: ils confisquaient les biens de l’Église, bannissaient les évêques, chassaient les prêtres et les religieux et ils utilisaient de puissants journaux comme instrument de propagande anticléricale et antireligieuse dans tout le pays.
Les milliers de personnes présentes à la troisième apparition avaient porté la nouvelle partout dans le pays. Déjà on parlait de Fatima dans tout le Portugal. La rumeur qu’une Dame était apparue à trois petits bergers, qu’Elle devait leur apparaître encore et surtout qu’Elle avait promis un grand miracle pour l’apparition du 13 octobre, causait de l’émoi dans tout le pays. Contrairement à la presse et au clergé catholiques qui gardaient le silence, la presse antireligieuse se mit à crier les hypothèses les plus fantastiques et les mensonges les plus effrontés, afin de discréditer les événements qui déjà commençaient de remuer la foi du peuple portugais.
Une pareille invasion de surnaturel avait évidemment de quoi alarmer et enrager la Libre-Pensée. Comme on peut le supposer, le zèle très énervé qu’elle déploya dans l’occurrence ne servit qu’à accroître le crédit et la publicité des apparitions. Plus alarmés qu’ils n’auraient voulu le laisser voir, les partisans de la politique anticléricale avisèrent au moyen d’enrayer cet incident, dont ils pressentaient la menace. Ils tinrent conseil, mais ils oublièrent le célèbre avis que Gamaliel avait donné au Sanhédrin: «Messieurs, laissez cette affaire. Si elle vient des hommes, elle tombera d’elle-même; si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire et vous risquez de vous en prendre à Dieu.»
Fatima était sous la juridiction civile du conseil d’Ourem. L’administrateur de ce conseil qui avait nom Arthur d’Oliveira Santos était un fervent apôtre de la Libre-Pensée. Mis en alerte par le bruit des apparitions, il crut d’abord qu’il n’y avait nulle raison de s’en faire. Mais quand il apprit que la prétendue Dame promettait un miracle et qu’on accourait de partout à la Cova, ce fut autre chose. Il décida d’en finir d’un seul coup avec toutes ces histoires.
Le matin du 13 août, jour où la Dame devait Se montrer de nouveau, il se rendit en voiture au hameau d’Aljustrel. Il annonce aux trois petits voyants que Monsieur le Curé d’Ourem veut les interroger d’urgence. Il s’offre à les conduire lui-même et leur assure que, s’il le faut, il les ramènera ensuite en automobile jusqu’à la Cova pour qu’ils ne soient pas en retard au rendez-vous. Les parents permettent, les enfants acceptent et l’administrateur les conduit à Ourem. Il les amène aussitôt chez lui, et déclare qu’il faut d’abord penser à dîner. Après le dîner, il fait remarquer que l’heure de l’apparition est passée et qu’il veut savoir le secret de la Dame. Comme les enfants refusent de le dévoiler, il les met sous arrestation et les fait enfermer dans une chambre jusqu’au lendemain matin.
Le lendemain, dans la matinée, sur leur nouveau refus de dévoiler le secret, les enfants sont conduits devant l’administrateur. On les soumet à de longs interrogatoires. Ils racontent avec franchise tout ce qui s’est passé, mais refusent absolument de faire connaître le secret, la Dame leur ayant demandé de n’en rien dire. Paroles doucereuses, promesses, ruses, questions ambigues, colères, imprécations, menaces, rien ne les ébranle. On les enferme dans la prison publique en leur disant qu’on les brûlera s’ils s’entêtent à ne pas parler. Dans la prison, la petite Jacinthe pleure, pensant qu’elle va mourir sans revoir sa maman. François la rassure et lui dit: «Offrons ce sacrifice pour les pécheurs».
À ce moment, les enfants se rappellent qu’ils n’ont pas encore dit leur chapelet pour les pécheurs. Ils s’agenouillent aussitôt et se mettent en prière. Surpris et touchés, les autres prisonniers s’agenouillent et prient avec eux.
Vers le soir, on fait encore comparaître les enfants devant le Conseil. Les interrogatoires recommencent, mais en vain. Dès qu’il est question du secret, les enfants sont muets. Soudain, l’administrateur se lève feignant une grande colère; il ordonne qu’on prépare une chaudière d’huile bouillante pour y plonger celui qui refusera de parler. On enferme les enfants dans une chambre voisine. Lucie, François et Jacinthe, convaincus qu’on va les mettre à mort, se recommandent à la Sainte Vierge et offrent le sacrifice de leur vie. Interrogés à tour de rôle, sous la menace immédiate du supplice, les trois enfants demeurent inflexibles. De guerre lasse, l’administrateur les ramène à son domicile où ils passent la nuit. Le lendemain matin, il les reconduit à Fatima, non sans avoir tenté un dernier et très inutile interrogatoire.
L’avant-veille, le 13 août, vingt mille personnes s’étaient rendues à la Cova en récitant le chapelet. Lorsque, vers midi, les enfants ne paraissant pas, le bruit circula que l’administrateur les avait fait enlever, il y eut dans la foule une explosion de colère et cette foule parlait déjà d’aller demander des comptes à l’audacieux administrateur, quand un prodige vint fixer son attention. Un brillant éclair sillonna le ciel sans nuage et un formidable coup de tonnerre se fit entendre. Tout se déroula ensuite comme si la Dame et les enfants eussent été là. Près du petit chêne vert, un nuage blanc apparut pendant dix minutes environ. La foule rassurée se dit: «Les enfants n’ont pu venir parce qu’on les en a empêchés, mais la Sainte Vierge a été fidèle au rendez-vous et Elle reviendra le mois prochain.»
Quatre jours après leur remise en liberté, le 19 août, Lucie et François gardaient leur troupeau dans les environs d’Aljustrel. Jean, un des frères de François, était avec eux. Soudain, ils s’aperçurent que la lumière du jour prenait les mêmes teintes qu’à la Cova pendant les apparitions, et Lucie vit l’éclair qui annonçait ordinairement la venue de la Dame. Jean courut chercher Jacinthe, et dès qu’elle fut arrivée, la Dame Se montra aux enfants, de la même façon qu’à la Cova. Elle commença par leur dire qu’Elle n’avait pas aimé les mauvais traitements qu’on leur avait infligés en les empêchant de venir à Son rendez-vous et Elle déclara qu’à cause de tant de mauvaise foi de la part des méchants, le miracle annoncé pour le mois d’octobre aurait moins d’éclat. Leur ayant recommandé de se rendre à la Cova en septembre et en octobre, au jour et à l’heure fixée, Elle les exhorta de nouveau à prier et à se mortifier. «Priez beaucoup, dit-Elle en les quittant. Priez et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer, parce qu’il n’y a personne qui se sacrifie et prie pour elles.»
La cinquième Apparition – 13 septembre 1917
Cette visite de Notre-Dame fut l’occasion de merveilles plus surprenantes encore, comme si la Reine du Ciel, heureuse de voir les foules accourir sur le témoignage des enfants, voulait encourager et récompenser leur bonne volonté.
L’éclat du jour s’atténua – à tel point qu’on put voir les étoiles au firmament! – et l’atmosphère changea de teinte, comme les fois précédentes, aux yeux des quelque trente mille témoins. Mais aussitôt après le début de ce double phénomène, il se produisit un prodige tout nouveau. Voici quelques extraits du récit d’un témoin oculaire, particulièrement autorisé: il s’agit du Rév. Joâo Quaresma, futur vicaire général de Leiria. Il était venu là incognito, accompagné d’un autre prêtre de ses amis, tous les deux en costume de clergyman. Ils observaient la foule, un peu à l’écart:
«Le peuple, raconte M. Quaresma, priait toujours… Tout à coup, nous entendons des cris de surprise et de joie. Des milliers de bras se lèvent et indiquent un coin du ciel.
– Regardez… Là!… Tenez, La voilà…. Elle arrive! là-bas, voyez-vous?…
– Ah oui! je vois… Que c’est beau! Que c’est beau!…
«Dans le ciel bleu, pas le moindre nuage. Je me mets à regarder dans la direction indiquée. Mon ami me dit avec une pointe de malice: “Eh bien, vous aussi, vous regardez en l’air?” Et voilà qu’à ma grande surprise je vois clairement et distinctement un globe de lumière qui avance de l’est vers l’ouest, glissant lentement et majestueusement à travers l’espace. De la main, je fais signe à mon voisin qui se moquait de moi. Il lève les yeux à son tour et il a le bonheur de contempler lui aussi cette apparition si inattendue.
«Puis, subitement, ce globe, avec la lumière extraordinaire qu’il dégageait, disparut à mes yeux et le prêtre qui était à mes côtés cessa de le voir. Près de nous cependant une fillette, vêtue comme la petite Lucie et à peu près du même âge, continuait de crier toute joyeuse: “Je le vois… Je le vois encore… Maintenant, il descend vers le bas de la colline”, c’est-à-dire vers le chêne vert où Se montre Marie. Quelques minutes après, exactement une fois écoulé le temps que duraient ordinairement les Apparitions, la même fillette s’écrie de nouveau en montrant la chose du doigt: “Voilà!… Voilà!… Maintenant il remonte.” Et l’enfant continue de voir et d’indiquer de la main le globe de lumière jusqu’à ce qu’il ait disparu dans la direction du soleil, en se fondant dans l’éclat de sa lumière. Par l’enthousiasme du peuple, nous avons pu supposer que tous (sauf des exceptions individuelles) avaient vu la même chose, car de tous côtés montaient des cris de joie et des vivats en l’honneur de la Sainte Vierge.
«Que pensez-vous de ce globe, ai-je alors demandé à mon ami, qui manifestait un grand enthousiasme au sujet de tout ce qu’il venait de voir. – Que c’était la Sainte Vierge, répond-il sans hésiter. C’était aussi ma conviction… Nous nous sentions vraiment heureux…»
Il y avait eu cependant des exceptions: tous ceux présents ne perçurent pas le globe brillant de blancheur. Certains observèrent le phénomène plus longtemps que d’autres, certains ne virent absolument rien. Pourquoi Marie a-t-Elle privé ce jour-là quelques fidèles de Ses faveurs? Mystère de Sa miséricorde! En tout cas, cette inégalité dans la vision exclut absolument l’hypothèse de l’hallucination collective, car précisément parmi ceux qui n’ont point vu, il s’en trouvait qui désiraient de toute leur âme voir ce que les autres voyaient.
Certains récits précisent que le globe lumineux avait une forme ovale. Tous ceux qui l’aperçurent eurent l’impression que c’était une sorte d’aéroplane céleste apportant la Mère de Dieu au rendez-vous promis aux petits pastoureaux, et La rapportant ensuite au Paradis. C’était, sans nul doute, l’auréole de lumière au milieu de laquelle la Dame Se montrait aux enfants.
La vision de cet aéroplane précéda et suivit immédiatement la durée de l’apparition. Pendant l’extase des enfants, la foule put contempler deux autres signes indiquant la céleste présence: la nuée blanche et la pluie de pétales de fleurs.
Une nuée, agréable à voir, se forma autour de l’arc rustique qui dominait les pauvres restes du chêne vert, un petit tronc d’arbre déchiqueté. Se levant du sol, la nuée grossit et s’éleva jusqu’à cinq ou six mètres, puis elle s’évanouit comme une fumée qui se dissipe au vent. Quelques minutes après, le même phénomène se reproduit, et peu après une troisième fois. On aurait dit que des thuriféraires invisibles encensaient liturgiquement la Vision. Les trois «encensements» durèrent ensemble tout le temps de l’apparition, c’est-à-dire de dix à quinze minutes. Ce prodige se reproduira, le 13 octobre, absolument de la même manière.
Quant à la pluie de fleurs, elle fut un spectacle inouï pour les trente mille spectateurs. Sous leurs yeux émerveillés, des pétales blancs, une sorte d’averse de neige de flocons ronds et brillants, descendaient assez lentement vers le sol dans un formidable jet de lumière préternaturelle. Contrairement aux lois de la perspective, les «fleurs» étaient grandes au loin et devenaient de plus en plus petites à mesure qu’elles descendaient. À peu de distance du sol, les pétales se dissipaient sans laisser de traces. Des hommes tendaient leurs chapeaux pour essayer de recueillir quelques-uns de ces mystérieux flocons, mais ceux-ci s’évanouissaient dans l’air.
Ce prodige, qui déroute la raison, se reproduisit à quelques reprises par la suite, notamment aux pèlerinages du 13 mai 1918 et 1924.
La sixième Apparition: le «signe de Dieu» – 13 octobre 1917
Le grand prodige qui authentifie comme d’un sceau divin tout l’ensemble du mystère de Fatima, c’est le «signe de Dieu», c’est-à-dire le phénomène solaire qui suivit la dernière des six grandes Apparitions et en clôtura le cycle.
Voici le 13 octobre, jour attendu par le Portugal et le monde, avec l’impatience que l’on devine, étant donné l’annonce du prodige. Mais chacun attend avec des sentiments bien divers.
Les impies s’apprêtent à triompher, car pour eux le miracle n’aura pas lieu, le miracle est impossible.
Les parents des voyants sont dans l’angoisse et se demandent comment cette affaire qui leur a déjà attiré tant d’ennuis va se terminer. Des amis de la famille Santos disaient à Lucie et à ses cousins: «Mes enfants, si le prodige que vous avez annoncé ne se produit pas, la foule est capable de vous brûler vif.» Le bruit courait que des sectaires feraient exploser des bombes pour tuer les voyants au moment de la dernière apparition. À cette menace, les enfants répondaient en souriant:
«Tant mieux si l’on nous tue! Nous irons plus tôt avec la Très Sainte Vierge au Paradis.»
Les catholiques, eux, surtout ceux qui ont assisté aux premières apparitions, ont le ferme espoir qu’un événement va se produire, dont l’importance peut être considérable pour le Portugal et pour le monde.
Dès le matin du 12 octobre, des véhicules de tout genre encombrent les routes de Fatima. Par tous les chemins, on voit avancer des foules de pèlerins, dont plusieurs marchent pieds nus en récitant le chapelet et en chantant des cantiques. En dépit de la fraîcheur de la saison, tous ces gens ont décidé de passer la nuit suivante en plein air, pour avoir une meilleure place le lendemain. Toute la matinée du 13, malgré la pluie battante, les pèlerins continuent d’affluer. Vers onze heures, près de 70 000 personnes, trempées jusqu’aux os par la pluie qui tombe toujours, ont envahi la Cova et attendent l’arrivée des voyants.
Dès que les enfants arrivent — il faut leur frayer un passage — les spectateurs ne pensent plus à l’averse qui les trempe jusqu’aux os. D’ailleurs, il suffit que Lucie demande qu’on ferme les parapluies, pour que l’enfant soit immédiatement obéie et qu’à son exemple, on se remette à réciter le Rosaire avec ferveur.
Midi… un éclair… une nuée blanche qui se forme autour des voyants, pour s’élever ensuite dans les airs et se dissiper. La Vierge est là et déjà Lucie L’interroge:
«Qui êtes-Vous Madame, et que voulez-Vous de moi?
— Je suis Notre-Dame du Rosaire et Je veux ici une chapelle en Mon honneur.»
Pour la sixième fois, la Très Sainte Vierge recommande la récitation quotidienne du chapelet et Elle annonce que la guerre touche à sa fin.
Lucie Lui ayant présenté de nombreuses suppliques, la Sainte Vierge répond: «J’en exaucerai quelques-unes. Les autres, non.» Puis Elle ajoute avec un accent de profonde tristesse:
«II faut que les hommes se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés et qu’ils cessent d’offenser Notre-Seigneur qui est déjà trop offensé!»
Telles furent Ses dernières paroles. Elle les prononça avec un accent si douloureux qu’elles se gravèrent à jamais dans le coeur des enfants.
La belle Dame avait révélé Son nom, comme Elle l’avait promis, et précisé Son message. Le miracle annoncé allait éclater au regard des 70 000 spectateurs.
Au moment où Elle quittait les trois petits voyants, comme les fois précédentes, Marie écarta les mains qui se reflétèrent sur le soleil comme pour attirer les regards des enfants dans la direction de l’astre du jour devenu tout à coup visible. À ce moment précis, Lucie cria à la foule: «Elle S’en va! Elle S’en va! Regardez vers le soleil!» Alors l’immense multitude perçoit un spectacle stupéfiant, unique, jamais vu. Tout à coup, la pluie s’est arrêtée et les nuages, opaques depuis le matin, se sont dissipés.
Avant de relever quelques particularités de ce prodige spectaculaire, laissons des témoins oculaires raconter le grand événement du 13 octobre 1917, à la Cova da Iria, devant près de 70 000 témoins.
M. Manuel Pedro Marto, père de François et de Jacinthe, le décrit ainsi: «On pouvait regarder parfaitement le soleil, sans en être incommodé. On aurait dit qu’il s’éteignait et se rallumait, tantôt d’une manière, tantôt de l’autre. Il lançait des faisceaux de lumière, d’un côté et de l’autre, et peignait tout de différentes couleurs: les arbres, les gens, le sol, l’air. Mais la grande preuve c’est que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. Tout le monde était immobile. Tout le monde se taisait… Tous regardaient le ciel. À un certain moment, le soleil s’arrêta, et puis recommença à danser, à tournoyer; il s’arrêta encore une fois, et se remit encore une fois à danser, jusqu’au moment, enfin, où il parut se détacher du ciel, et s’avancer sur nous. Ce fut un instant terrible!…»
Mme Maria da Capelinha témoigne à son tour: «Il produisait différentes couleurs: jaune, bleu, blanc; et il tremblait, tremblait tellement! Il semblait une roue de feu qui allait tomber sur la foule. On criait: Oh! Jésus! Nous allons tous mourir!… et ils récitaient l’acte de contrition… Finalement, le soleil s’arrêta, et tous poussèrent un soupir de soulagement. Nous étions vivants, et le miracle que les enfants avaient annoncé avait eu lieu.»
Le Père De Marchi écrit: «C’est à peu près dans les mêmes termes que nous avons entendu raconter le miracle du soleil par beaucoup d’autres campagnards présents à ce moment. Jusqu’à cette date (1944), nous n’avons rencontré personne, parmi tous les témoins interrogés, qui ne nous ait confirmé cet événement extraordinaire.»
Les incrédules – car, hélas! il s’en trouvera toujours pour ne pas croire, malgré des preuves irréfutables – ont avancé l’idée d’une hallucination collective. Impossible! Tout d’abord, comme l’écrivait Monseigneur José da Silva, évêque de Leiria, dans sa Lettre pastorale: «Ce phénomène solaire a été observé par une foule composée de gens de toutes les catégories et classes sociales, par des croyants et des incroyants, par les reporters des principaux journaux portugais et même par des gens qui se trouvaient à des kilomètres de distance, ce qui détruit toute explication par illusion collective.»
Léopoldo Nunès, dans son livre Fatima, parle ainsi: «Au moment du grand miracle, il se trouvait là quelques-uns des hommes les plus illustres dans les lettres, dans les arts et dans les sciences, presque tous des incroyants, venus là en simples curieux amenés par la prédiction des enfants.» Or, tous ces gens-là racontèrent le prodige dans les mêmes termes que les paysans des villages voisins.
Les documents officiels témoignent que le grand prodige fut aperçu jusqu’à 4 et 5 kilomètres de la Cova, et par des gens qui ne partageaient nullement ni l’attente, ni les émotions de la foule des pèlerins et des curieux. D’autres témoignages irrécusables déclarent que cette vision lointaine des phénomènes solaires atteignit 10, 20 et jusqu’à 50 kilomètres, frappant même des gens qui ne pensaient pas du tout à Fatima.
De plus, aucun des témoins ne s’attendait à un tel prodige, ou ne pouvait s’y attendre. Certes, la Dame avait annoncé un miracle que tout le monde verrait, mais rien ne laissait prévoir de quelle nature serait ce phénomène. Une seule chose était prédite avec certitude: le jour et l’heure du prodige. Personne n’avait imaginé ou pu imaginer qu’il consisterait à faire mouvoir l’astre du jour de cette étrange façon. Les circonstances, d’ailleurs, éloignaient les pensées d’un miracle solaire. Toute la matinée – au grand étonnement du peuple portugais, car cela est très rare pour le pays en cette saison – le soleil était resté invisible. Il pleuvait même, et tous avaient les habits mouillés depuis le matin.
Comment expliquer ce ciel débarrassé des nuages en un instant, ou bien ces habits détrempés devenus absolument secs après le prodige céleste? Il est plutôt difficile d’attribuer ce fait à l’imagination populaire.
On objectera peut-être, en entendant ce terme étrange: «danse» du soleil, qu’il est inadmissible que le soleil ait véritablement dansé. Il aurait dû être aperçu de tout l’hémisphère qu’il éclairait. Bien plus, ce mouvement aurait causé une perturbation complète dans laquelle notre pauvre globe serait certainement disparu!
Monseigneur José da Silva fait remarquer dans la Lettre pastorale déjà citée, que «ce phénomène solaire n’a été enregistré par aucun observatoire astronomique et n’est donc pas naturel». Le prodige était dû seulement à la volonté de Celle qui avait promis un signe visible de Sa présence.
Si, sur le moment, les spectateurs du prodige ont pu penser que la masse elle-même du soleil était agitée de mouvements giratoires et de bonds en zigzag – ce qui les faisait penser à la fin du monde – à la réflexion, dès que le phénomène eut cessé, tout le monde se rendit bien compte que rien n’avait changé dans les rapports réels de notre planète avec l’astre du jour. Pour qu’il y ait le grand miracle promis par la Dame et annoncé par les enfants, il n’était pas nécessaire que le soleil dansât réellement. Il suffisait que les assistants voient réellement ce qui, pour eux, devait être la preuve, le «signe» de la véracité des Apparitions.
Une chose est certaine: les sensations de cette foule de quelque soixante-dix mille personnes n’étaient pas le fruit de leur imagination. Elles furent le résultat de phénomènes lumineux et atmosphériques extérieurs à leurs yeux et à leur cerveau. La Reine du Ciel jouait, pour ainsi dire, avec les rayons du soleil pour produire devant eux ce magnifique feu d’artifice.
Rien n’empêche de concevoir aussi que Dieu fit réellement «danser» le soleil, sans troubler le système planétaire et en modifiant les lois de la propagation de la lumière pour tout le reste de l’univers. Y a-t-il quelque chose d’impossible à notre grand Dieu? De toute façon, il y eut intervention exceptionnelle de la toute-puissance divine. Quelque procédé qu’Il ait employé, c’est Dieu qui a manifesté Sa puissance d’une manière extraordinaire, au jour et à l’heure fixés par la promesse de la Dame.
La chose est donc jugée pour tout homme de bonne foi: le grand miracle de Fatima est absolument irrécusable. La Dame avait promis aux trois petits bergers un grand miracle pour que tout le monde les croie. Le miracle est arrivé, plus grand qu’on ne l’avait soupçonné, au jour et à l’heure prédits. Et cette dernière manifestation était le couronnement de toute une série de prodiges plus éblouissants les uns que les autres.
Tous ces phénomènes, dont l’abondance et la diversité déconcertent notre pauvre raison, marquent les Apparitions de Fatima d’une façon incomparable. Nulle part ailleurs, Marie n’était intervenue avec un tel déploiement de puissance surnaturelle. C’est donc qu’ici Elle a voulu accréditer d’une manière particulière le récit de Ses voyants et forcer l’attention de nos esprits distraits sur l’ensemble du mystère que Sa miséricorde accomplit à Fatima. Que tant d’efforts et de bonté de notre Mère du Ciel ne soient pas en vain! Tâchons de répondre le mieux possible à Ses attentes; alors, selon Sa promesse, beaucoup d’âmes se sauveront et on aura la paix dans le monde.
Sources: Chan. C. Barthas et Père G. Da Fonseca, Fatima Merveille inouïe, Montréal, Fides, 1945, p. 229-245; R.P. Jean De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, traduction et adaptation par le R.P. Réginald Simonin, o.p., Fatima, Ediçiões Missões Consolata, 3e édition, 1979, p. 165, 197-198.
LE 3e SECRET DE FATIMA
POUR CEUX QUI S’INTERROGENT SUR L’ÉTAT DE L’ÉGLISE ET DU MONDE
«Dieu purifiera la Sainte Église par un moyen qui échappe à toute prévision humaine, et il y aura, après ces choses, une réforme si parfaite de la Sainte Église de Dieu, et un si heureux renouvellement des saints pasteurs, qu’en y pensant, mon esprit tressaille dans le Seigneur.»
Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)
Le cardinal Eugenio Pacelli – futur pape Pie XII – alors Secrétaire d’État du pape Pie XI, déclarait, en 1936, au Comte Enrico Pietro Galleazzi:
«Je suis obsédé par les confidences de la Vierge à la petite Lucie de Fatima. Cette obstination de la Bonne Dame devant le danger qui menace l’Église, c’est un avertissement divin contre le suicide que représenterait l’altération de la Foi, dans sa liturgie, sa théologie, et son âme… […] J’entends autour de moi des novateurs qui veulent démanteler la Chapelle Sacrée, détruire la flamme universelle de l’Église, rejeter ses ornements, lui donner le remords de son passé historique. Eh bien, mon cher ami, j’ai la conviction que l’Église de Pierre doit assumer son passé, ou alors elle creusera sa tombe. Je livrerai cette bataille avec la plus grande énergie à l’intérieur de l’Église comme à l’extérieur.
«Un jour viendra, poursuit-il, où le monde civilisé reniera son Dieu, où l’Église doutera comme Pierre a douté. Elle sera tentée de croire que l’homme est devenu Dieu, que Son Fils n’est qu’un symbole, une philosophie comme tant d’autres, et dans les églises les chrétiens chercheront en vain la lampe rouge où Dieu les attend. Comme Marie-Madeleine en pleurs devant le tombeau vide, ils demanderont, “où L’ont-ils emporté?”»
Les appréhensions du cardinal Pacelli (élu pape en 1939) sont maintenant une réalité pour beaucoup de catholiques déroutés et plongés dans un profond désarroi face à l’Église de Rome. Notre-Dame de Fatima avait pourtant indiqué le remède. Il s’agissait, pour l’Église, de faire acte de foi totale et de Lui obéir, notamment en révélant au monde, en 1960, le 3e Secret de Fatima. Pourquoi cette date? «Parce que la Sainte Vierge le veut ainsi…» «Parce que alors il apparaîtra plus clair (mas claro)», dit sœur Lucie. C’est un Secret bien suffocant pour les papes et les autorités romaines. Impossible de clore la controverse qu’il suscite depuis des décennies.
Quantité de livres ont été écrits, et de nos jours que d’articles et de propos circulent sur internet concernant Notre-Dame de Fatima et Ses secrets… Nous en avons parlé nous-mêmes de tant de façons: livres, brochures, publications Magnificat, feuillets, rencontres, entrevues, lettres, interviews à la radio ou à la télévision.
Lucie et le 3e Secret — 1941 à 1960
1941 – Rédigeant son 3e Mémoire, sœur Lucie écrit: «Le Secret comprend trois choses distinctes, et j’en dévoilerai deux…» Elle n’a pas encore reçu la permission du Ciel pour écrire la troisième partie.
1943 – Lucie tombe gravement malade en juin. Son évêque, Mgr José da Silva et le chanoine Galamba, son bras droit, craignent pour sa vie et la disparition du 3e Secret. En septembre, ils demandent à sœur Lucie de le rédiger. À la mi-octobre, Mgr da Silva lui en donne l’ordre formel. Elle n’arrive pas à s’exécuter. Des souffrances intenses, une terrible agonie la paralyse. N’est-ce pas là déjà la preuve que ce 3e Secret est d’une importance capitale et très lourd de conséquences?…
1944 – Le 2 janvier, à l’infirmerie de Tuy, la Sainte Vierge apparaît à sœur Lucie, la réconforte et lui confirme que c’est bien la Volonté de Dieu qu’elle écrive maintenant le 3e Secret. Dès le 9 janvier, elle avertit Mgr da Silva qu’il est rédigé.
– 17 juin: L’évêque reçoit l’enveloppe cachetée de sœur Lucie. Sœur Lucie l’autorisait à l’ouvrir et à lire le Secret. Il refuse. «Il ne m’appartient pas d’intervenir. Les Secrets du Ciel ne sont pas pour moi, et je ne veux pas assumer une telle responsabilité», dit-il au chanoine Galamba.
– Printemps: Sœur Lucie confie à son directeur son désir de s’entretenir avec le pape Pie XII.
Mgr da Silva propose de transmettre l’enveloppe du Secret à Rome; le Saint-Office refuse d’en devenir le dépositaire.
1945 – 8 décembre: Mgr da Silva insère l’enveloppe de sœur Lucie dans une autre enveloppe scellée à la cire, précisant que l’enveloppe devra être, après sa mort, transmise au cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne.
1946 – Mai: Il est question que sœur Lucie se rende à Rome pour faire connaître le Secret au Saint-Père Pie XII; le projet échoue. À partir de cette année, sœur Lucie précise que le Secret doit être lu au monde «au plus tard en 1960» – «parce que la Sainte Vierge le veut ainsi».
1950 – Cette année est à retenir. Il en sera question plus loin dans l’article. 33e anniversaire des Apparitions de Notre-Dame à Fatima.
1952 – Chargé par Pie XII d’une mission secrète auprès de la voyante, le Père Schweigl, s.j., interroge sœur Lucie à Coïmbre, où elle est devenue carmélite. Ce Père confiera à l’un de ses proches: «Je ne peux rien révéler de ce que j’ai appris à Fatima du troisième Secret, mais je peux dire qu’il y a deux parties: l’une concerne le Pape…» – Le Pape actuel ou bien le prochain? Question à laquelle le Père Schweigl ne donna aucune réponse.
1955 – Mai: Le cardinal Ottaviani, pro-Préfet du Saint-Office, va à son tour à Coïmbre interroger sœur Lucie au sujet du Secret. Il a fallu attendre en 1967 pour avoir une petite idée de l’entretien du Cardinal. Sachant que «le message ne devait pas être ouvert avant 1960, je demandai à Lucia: Pourquoi cette date? Et elle me répondit: Parce que alors il apparaîtra plus clair (mas claro).»
– (sans date): Le pape Pie XII décide que «seules les personnes qui avaient déjà rencontré sœur Lucie pourraient la voir de nouveau sans autorisation expresse du Saint-Siège». Ces rigueurs furent accrues par ordre du Saint-Office, surtout à partir de 1960, date à laquelle le 3e Secret aurait dû être révélé.
1956 – Fin 1956 – début 1957: À Rome, le Saint-Office réclame une copie de tous les écrits de sœur Lucie. Comme il avait refusé le 3e Secret en 1944, on pose la question: «Doit-on envoyer également le troisième Secret? – Naturellement! Le Secret aussi! Surtout le Secret!» répond le Vatican.
1957 – 16 avril: Les écrits de sœur Lucie et l’enveloppe du 3e Secret parviennent au Vatican. La précieuse enveloppe est déposée par le pape Pie XII dans le coffret des «secrets du Saint-Office», gardé dans son bureau personnel. Le reste – les écrits de sœur Lucie – est confié aux archives du Saint-Office. Pourquoi le Secret est-il gardé à part? «Pour éviter qu’une chose aussi délicate, destinée à ne pas être donnée en pâture au public, vienne, pour une raison quelconque, même fortuite, à tomber entre des mains étrangères», confiera plus tard le cardinal Ottaviani.
– 4 décembre: Mort de Mgr da Silva, évêque de Leiria-Fatima.
– 26 décembre: Sœur Lucie dit au Père Fuentes, au sujet du 3e Secret:
«La Sainte Vierge est bien triste, car personne ne fait cas de Son message… Que manque-t-il, Père, pour 1960 et qu’arrivera-t-il alors? Ce sera bien triste pour tous… Je ne peux donner d’autres détails puisque c’est encore un secret. Seuls le Saint-Père et Mgr l’évêque de Fatima pourraient le savoir, de par la volonté de la très Sainte Vierge, mais ils ne l’ont pas voulu pour ne pas être influencés. C’est la troisième partie du message de Notre-Dame qui restera secrète jusqu’à cette date…»
1958 – 9 octobre: Pie XII meurt sans avoir lu le Secret. Il est probable qu’il en connaissait la teneur. (Réf.: Les deux rencontres: Père Schweigl 1952, «il y a deux parties: l’une concerne le Pape»; et en 1955, l’entretien du cardinal Ottaviani avec sœur Lucie.)
1959 – 17 août: Jean XXIII, à Castelgandolfo, reçoit l’enveloppe du 3e Secret qu’il lit dans les jours suivants: «Cela ne concerne pas les années de mon pontificat», dit-il. Et il en laissa le jugement à ses successeurs. Fort embarrassé par ce document, Jean XXIII ne parla jamais publiquement du 3e Secret.
1960 – L’année indiquée pour la divulgation du 3e Secret: «Je constate que c’est une question qui préoccupe le monde entier», déclare le cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne.
– 8 février: Un simple communiqué de l’agence de presse portugaise A.N.I. annonce: «Cité du Vatican: Il est probable que le “secret de Fatima” ne sera jamais rendu public, continuant à être maintenu pour toujours sous le plus absolu secret….» L’annonce tombe comme une bombe!
– 17 mai: Face à cette stupéfiante décision du Vatican, Mgr Venancio, le nouvel évêque de Leiria, envoie un courrier à tous les évêques du monde entier, sans demander l’avis du pape. Il leur propose d’organiser, avec leurs fidèles, une nuit de prière et de pénitence le 12-13 octobre 1960, en union avec ce qui aura lieu à Fatima. Plus de 300 diocèses à travers le monde répondirent à sa demande par un assaut de prière, à la date indiquée.
– Mai-Juin: Jean XXIII reçoit Mgr Venancio… Lui aurait-il fait prendre connaissance du Secret?… Probable!
– Août: En Hollande, répondant à une question concernant le 3e Secret, Mgr Venancio répond: «Ce n’est pas que je ne suis pas capable d’en parler, mais je ne veux pas en parler.»
– 12-13 octobre: À Fatima, 500 000 pèlerins venus du monde entier participent à cette nuit de prières. Le pape Jean XXIII n’en tient aucun compte.
– 13 octobre: À Fatima, ce soir-là, l’espoir de connaître le 3e Secret s’estompait. Des vents violents, une pluie froide et persistante donnèrent à cette journée des allures d’apocalypse. «Ce sera bien triste pour tous…» avait dit Lucie au Père Fuentes.
– (sans date): Sœur Lucie est officiellement (et pour toujours) bâillonnée en ce qui a trait au Secret.
«Le Secret de Fatima...
Il s’agit de la Papauté.
Ce sera un sujet de contradiction, de débats et de
confusion dans l’Église
jusqu’au temps où Dieu y mettra la main.»
Soeur Lucie de Fatima au Père Durando