L’Ordre du Magnificat de la Mère de Dieu a pour fin particulière la conservation du Dépôt de la Foi par l’enseignement religieux sous toutes ses formes. Dieu l’a établi comme «un rempart devant l’apostasie quasi générale» qui a envahi la chrétienté et en particulier l’Église romaine.
Le royaume des cieux souffre violence, et il n’y a que les violents qui l’emportent.1
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
Bon Père des Cieux, à l’aurore de cette nouvelle année, nous Vous présentons nos meilleurs vœux. Mieux qu’hier, nous voulons aujourd’hui – et davantage demain – Vous glorifier, Vous honorer. Recevez, bon Père des Cieux, cette disposition qu’ont Vos enfants, comme le plus beau des souhaits que nous puissions Vous adresser, comme ce qui Vous réjouira le plus.
Cette année, je vous souhaite, mes chers frères, chères sœurs, chers amis, un souhait qui est beaucoup trop vaste et qui en même temps renferme TOUT. Je vous souhaite la sainteté. De prime abord, ce souhait nous semble beaucoup trop vaste car Dieu seul est Saint, comme nous le chantons dans nos messes en français: Car c’est Vous le seul Saint, Vous le seul Seigneur, Vous le seul Très-Haut, Jésus-Christ, avec le Saint-Esprit, dans la Gloire de Dieu le Père. Nous chantons aussi le credo en latin, mais en français, l’on comprend mieux: Vous êtes le seul Saint.
Dans la liturgie que nous venons de lire, l’Église veut honorer: Le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de qui vient toute sainteté…2
Aussi, en vous donnant comme souhait la sainteté, je vous souhaite d’être comme Jésus-Christ, d’être ce qu’Il attend de chacun de vous. La volonté de Dieu est que vous soyez saints,3 dit saint Paul. Mes frères, mes sœurs, plus votre vie sera conforme à la volonté de Dieu, à Son attente, plus vous vous identifierez à Jésus, à Ses exemples, à Sa volonté, plus aussi vous serez saints et glorifierez notre bon Père des Cieux. Mais comment réaliser la sainteté?
Ne soyez pas surpris si cette année, nous vous donnons comme mot d’ordre de vous faire violence, précisément pour être conformes à cette attente de Dieu, pour vous identifier à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Vous serez tous d’accord que ce n’est pas en se laissant aller qu’on devient conforme à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le royaume des cieux souffre violence, nous dit-Il, et il n’y a que les violents qui l’emportent. En vous donnant ce mot d’ordre, c’est cette parole de l’Évangile que je veux mettre en évidence.
Année après année, nous parlons du règne de Dieu. Combien de bonnes âmes, non seulement chez nous, mais partout dans le monde, désirent que le règne de Dieu s’établisse! Combien soupirent, souffrent même, de voir que Dieu ne règne pas sur cette terre! Et encore plus nombreux sont ceux qui souffrent parce qu’ils trouvent que ça ne va pas bien dans le monde, mais sans vraiment savoir pourquoi. On commente l’actualité, ces événements qui ne sont pas très beaux, pas très positifs. Ce n’est pas mauvais d’en être un peu informé, mais à quoi sert de les commenter, si on ne prend pas les moyens pour que le règne de Dieu arrive? Y a-t-il quelque chose de plus grand qui peut arriver sur cette terre que le règne de Dieu? Nous voulons que Jésus règne, nous le désirons, avec passion pour la plupart d’entre nous. Ce désir de voir arriver le règne de Dieu nous consume.
Jésus nous l’a dit ainsi: Le royaume des cieux souffre violence, et il n’y a que les violents qui l’emportent. Se faire violence, en résumé, c’est d’aller contre soi, contre son égo, ses caprices, ses passions, ses vanités, son indépendance. Je m’adresse directement à vous, mes frères, vous, mes sœurs, vous, chers amis de cette Communauté, faites-vous violence, pour être conformes à Dieu dans le détail de votre vie, comme Jésus Lui-même nous l’a enseigné: Celui qui est fidèle dans les petites choses le sera dans les grandes.4
Au cours de l’Histoire de l’Église, dès l’origine, que de Saints ont versé leur sang pour la foi! Ils sont allés jusqu’au martyre. Comment est-ce possible d’être prêts à mourir pour le règne de Dieu? Les premiers Chrétiens, et tous les Saints par la suite, étaient disposés à verser leur sang s’il le fallait. Ils n’ont pas reculé devant le martyre. Parfois, ça se faisait assez vite. Se faire couper la tête, c’est rapide. D’autres fois, c’était long.
On lit le récit de certains martyrs, je pense à Gabriel Perboyre, à Théophane Vénard; ce dernier a été coincé des mois dans une cage de jonc. Il ne pouvait même pas s’étirer, ni s’allonger pour dormir. On venait le piquer et le torturer. «Apostasie. Renonce à ton Jésus.» D’où venait à ces Saints cette force d’âme? Ce n’était plus eux, c’était la grâce de Dieu qui agissait en eux. Et pourquoi ont-ils eu cette grâce? Ils se sont fait violence dans les petites choses, et Dieu a été fidèle, Il les a soutenus de Sa grâce. À travers ces Saints, la foi s’est conservée et s’est répandue sur la terre.
On se plaint: «Ah! ça va mal. La foi est perdue.» C’est vrai, la foi s’est perdue, c’est malheureux. Pour autant, à quoi sert-il de se pointer du doigt les uns les autres? Ne faut-il pas plutôt se dire: mon Dieu, mon Dieu, que je suis lâche! Pourquoi craignons-nous tellement ces renoncements, de nous faire violence, d’aller contre notre nature? Dans notre âme, nous avons peur. Le démon est spécialiste pour faire peur aux âmes, il suscite des fantômes effrayants. En dedans, on craint, on a peur de tout. On a peur de souffrir. On a peur d’être méprisé. On a peur de l’évaluation des hommes. On a peur de ce que les autres vont penser, du qu’en dira-t-on, ou juste d’avoir mal, dans notre corps, dans notre âme. Quelle souffrance l’avenir pourrait-il m’emmener?
Quand vous avez ces peurs, posez-vous la question: Est-ce que j’ai la foi? Quand vous avez peur de vous faire violence pour rester fidèle et suivre Jésus, avez-vous la foi? Croyez-vous à la parole de Jésus qui nous dit: Mon joug est doux, Mon fardeau léger5? Notre-Seigneur parle de joug et de fardeau, de poids, de choses dures à porter. Se faire violence, c’est dur, pourtant Jésus nous dit: c’est doux et léger.
La plupart des humains, même les bons, trouvent que le bon Dieu S’impose un peu trop dans leur vie. Il impose Ses commandements, les préceptes de l’Évangile, Sa loi, la conscience, il n’y a plus de porte de sortie. Certains le disent directement, d’autres n’osent pas l’avouer, mais ça les agace. «Mon Dieu, donnez-nous un petit espace. Laissez-nous un peu de slack, un peu de jeu.» La plupart des humains pensent qu’ils auront plus de liberté en s’affranchissant du joug de l’Évangile. Ils croient avoir plus de latitude en suivant le monde avec ses mondanités, à suivre leurs caprices, leurs appétits, les plaisirs, les vanités.
Prenez garde, car ces idées peuvent se manifester dans la vie de tout chrétien, de tout disciple de Jésus qui néglige de se faire violence pour suivre son Maître. Quand on commence à se négliger, à suivre le monde, ses vanités, son mode de vie, son style, ses manières, sa pensée, ce n’est pas long que le monde s’impose. On le constate, le monde s’impose.
Dieu nous invite: «Veux-tu, Mon enfant? Le royaume des cieux souffre violence, et il n’y a que les violents qui l’emportent.» Jésus nous dit ni plus ni moins: Si vous voulez établir Mon règne sur la terre, faites-vous violence. Si vous voulez être Mon disciple, renoncez-vous, prenez votre croix tous les jours, et suivez-Moi.6 C’est une invitation. Et plus nous faisons ce qui contrarie notre nature, plus le joug devient suave.
Le monde fait le contraire, il vous appâte, il vous séduit. Vous adoptez sa pensée, et éventuellement, vous êtes pris sous son joug. Vous devez le suivre. Et plus vous le suivez, moins vous avez le choix. Vous devez adopter sa manière, ses modes, sa pensée, sa folie. Alors que le monde dit que suivre Dieu c’est de la folie, la vraie folie est généralisée aujourd’hui sur la terre. Et le monde va encore plus loin, éventuellement, il s’impose à vous avec violence. Si vous ne voulez pas suivre sa folie, on vous persécute. On va commencer par vous mettre à l’amende, et on peut même vous mettre en prison. Ça peut aller loin, et la tendance se développe de plus en plus.
Quel est le remède à cette violence du monde pour imposer sa folie diabolique, destructrice, contraire à Dieu, et même de plus en plus contraire à l’humanité? Il faut que le règne de Dieu arrive sur cette terre. Pour qu’Il règne: Le royaume des cieux, nous dit Jésus, souffre violence, et il n’y a que les violents qui l’emportent. C’est la raison du mot d’ordre que je vous donne.
Je vous répète ce que je vous ai dit ces deux dernières années, mes frères, mes sœurs: faites-le gracieusement. Cela paraît contradictoire, n’est-ce pas? mais c’est la réalité. Faites-vous violence gracieusement, c’est-à-dire de telle sorte que vous n’accabliez pas votre prochain. Ce n’est pas à votre frère ou à votre sœur que vous faites violence. Vous faites violence à vous-même pour aller contre tout ce qui peut vous détourner de la volonté de Dieu, de Son attente.
Nous les humains, nous sommes tellement terre à terre, sous l’emprise de la loi de la gravité. Notre cher Père Jean-Grégoire aimait à faire cette comparaison: nous sommes un peu comme des crapauds à qui Dieu demanderait de voler. Si le crapaud était doué de raison et de liberté, il n’aurait qu’à s’incliner: «Dieu le demande, je le fais», au lieu de commencer à dire: «Mais je ne suis pas fait pour ça, je suis galeux, je suis fait pour être sur mon ventre, pour ramper à terre. Quand je saute, c’est à peine si je m’élève un peu du sol et je retourne sur mon ventre. Moi, je suis fait comme ça, mon Dieu, ne me demandez pas autre chose.»
Dieu nous demande, à nous, pauvres pécheurs, de nous identifier à Sa volonté, à la sainteté de notre Père des Cieux. Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.7 Nous n’avons qu’une chose à faire, nous faire violence pour y arriver, mais le faire gracieusement, sans accabler notre prochain. Nous voulons tellement être agréable à notre bon Père des Cieux. Sous Son divin regard, nous nous morfondons en quelque sorte dans l’intime de notre être, pour essayer de Le charmer, Le toucher, en acceptant toutes les circonstances providentielles qui nous font souffrir et nous détachent de la terre.
Au lieu de nous laisser aller à nous plaindre sur la place publique de toutes nos petites souffrances, faisons à nous-même cette violence de garder le silence sur les épreuves qui nous visitent. Autant que possible, conservons un certain air gracieux, d’abord pour charmer notre Père des Cieux et, éventuellement, aussi pour être agréable à notre prochain. Être agréable à notre prochain pour, sans même parler, l’attirer dans cette voie du renoncement à soi-même. Oh! puissions-nous avoir cette pensée de Dieu!
Mon joug est doux et Mon fardeau léger8 pour celui qui se fait violence. L’Évangile est un. On ne peut pas le diviser, on ne peut pas le séparer. On essaie de sauter les pages qui ne nous conviennent pas. Celle-là, ça passe, cette autre, c’est trop dur. Non, il faut prendre l’Évangile tout entier, sans sauter de pages.
Nous venons de fêter le 8e centenaire de la représentation de la crèche inaugurée par saint François d’Assise. Au mois de septembre de cette année 2024, nous commémorerons le 800e anniversaire de l’impression de ses stigmates. Les historiens croient que c’est le jour de l’Exaltation de la Sainte Croix, le 14 septembre 1224, que saint François aurait reçu les stigmates. L’Église a établi cette fête le 17 septembre.
Dans une solitude sauvage du mont Alverne, situé au nord d’Assise, saint François et quelques frères s’étaient construit de petites cabanes en branches pour se préparer à la fête de saint Michel Archange, en faisant carême, par le jeûne, la prière et la pénitence. C’est là qu’un Séraphin lui est apparu et a imprimé les cinq plaies en son corps: les mains et les pieds percés, ainsi que son côté.
Avant sa conversion, le jeune François était un bon vivant. Toute Assise connaissait ce fils mondain du riche marchand de tissus. L’argent de son père lui roulait dans les mains; il en profitait pour faire la fête avec ses amis. Et ce garçon s’est converti. Il a embrassé et même baisé la joue d’un lépreux. Si ce n’est pas se faire violence! Mais François s’est fait violence tellement gracieusement qu’il a attiré une partie de la jeunesse d’Assise à sa suite, et même des gens plus âgés. Ils ont suivi François qui avait adopté l’Évangile dans l’esprit le plus pur, le plus strict, le plus austère, dans le plus violent, pour employer le mot de Notre-Seigneur. En allant contre tout ce qui était mondain, saint François a fait scandale, même parmi le clergé de son temps. Il a vraiment embrassé l’esprit de l’Évangile, en suivant cette voie avec toute la perfection que Dieu lui inspirait.
La sainteté, c’est l’œuvre de Dieu. Dieu ne destine pas le même chemin à chaque âme. Par contre, toutes les âmes doivent manifester en elles un reflet de la sainteté de Dieu. Et pour y arriver, Il nous demande de nous renoncer. Se renoncer, c’est synonyme de se faire violence. Jésus nous dit: Si vous voulez être Mon disciple, renoncez-vous. Prenez votre croix tous les jours et suivez-Moi. Se faire violence, se renoncer, prendre sa croix, c’est la même chose. Et c’est ainsi que Dieu Se fabrique des saints. Et ça prend des saints. Ce ne sont pas les commentaires sur l’actualité qui manquent. Ce qui manque sur la terre, ce sont des saints.
Ça prend des Saints comme saint François d’Assise. Au tout début de sa conversion, il a embrassé un lépreux, parce qu’il a perçu en lui l’image de Jésus souffrant. Il se disait: cet homme-là manifeste d’une manière vivante et tangible, Jésus flagellé, montant au Calvaire, tout en sang, couvert de crachats et d’immondices. En embrassant ce lépreux, il ne voyait que Jésus. La pensée de la Passion de Jésus, de Ses souffrances, nourrissait son âme, nourrissait sa prière, nourrissait sa contemplation, nourrissait sa pensée. Il était tellement pénétré de la Passion de Jésus, que Dieu a imprimé en sa chair les stigmates.
Jésus nous disait au tout début de la Communauté: «Tenez-vous en esprit sans cesse au pied du crucifix, au pied de la Croix où Moi, votre Sauveur, Je suis attaché. Méditez continuellement Ma Passion et vous ne serez pas si lâches…» Contemplez, méditez Ma Passion, Mes souffrances, les ignominies, les mépris que J’ai traversés et vous ne serez pas si lâches.
Les Franciscains ont le Sanctuaire de l’Alverne, en Italie, où saint François a reçu les stigmates. Ici, au Monastère, nous avons la montagne dédiée à saint François, sanctifiée par la visite de ce Saint qui s’y est manifesté à notre Père Jean-Grégoire, avec Jésus souffrant Sa Passion. Père Jean a lui-même souffert la Passion en cet endroit. Saint François nous a appelés ses petits frères de la terre. Cette année, pour souligner ce 800e anniversaire des stigmates de saint François, nous allons honorer bien spécialement notre frère du Ciel dans ce lieu que le Ciel lui-même a désigné pour nous.
Depuis le début de la Communauté, chaque vendredi, invariablement, un de nos Pères fait le chemin de croix à la montagne. Quelques-unes de nos religieuses le font aussi depuis plusieurs années. Mes frères, cette année, nous poserons un geste très pratique. Nous irons plus nombreux suivre toutes les semaines le chemin de croix à la montagne, par petits groupes délégués.
À Noël, nous avons vu Jésus, le Verbe de Dieu, descendre de Son Ciel pour prendre la figure humaine. Le Tout-Puissant quitte le Ciel pour venir dans une mangeoire d’animaux, une étable infecte. C’est là qu’Il est né. N’était-ce pas Se faire violence? J’aime à vous rappeler l’histoire de César, agissant comme s’il était tout-puissant, en ordonnant le recensement de tout le monde connu. Et Dieu, le vrai Tout-Puissant a inspiré saint Joseph et la Vierge Marie d’obéir à cet orgueilleux empereur. Le Tout-Puissant Se manifeste à nous à ce moment-là. En obéissant, Il commence notre salut, notre rachat.
Mes frères, mes sœurs, un des bons moyens de se faire violence, facile et accessible, mais combien coûteux à notre nature: obéissez. L’obéissance est la manière merveilleuse de se faire violence. Joseph et Marie ont obéi à un empereur païen, là-bas à Rome. Le Tout-Puissant vient en obéissant et c’est ainsi qu’Il Se manifeste, dans l’impuissance d’un nouveau-né.
Mais j’entends votre cœur quand on vous parle de la sorte. Vous dites: «Mon Père, ça fait cinq ans, ça fait trente ans, ça fait cinquante ans que je suis religieux et que je m’y applique. Je renouvelle ce désir en moi de me faire violence.» Malgré vos efforts, il vous semble que vous n’arrivez à rien. Votre cœur souffre. À chaque jour, mon frère, ma sœur, cher ami, à chaque jour, reprenez votre croix et suivez Jésus.
Dans l’intime de vos cœurs, mes frères et sœurs, désirez, préférez le vouloir de Dieu, préférez cette violence contre vous-même et tout ce qui est contraire à Dieu. Je sais que vous souffrez, mes frères, mes sœurs, de ne pas y arriver. À Jésus, à notre bon Père des Cieux, dites dans votre cœur: «Mon Jésus, mon Dieu, je le veux. Je le désire. Je veux me faire violence, me renoncer. Je veux être conforme à Votre volonté. Je désire que Votre royaume arrive sur la terre. Je crois à Votre parole qui dit que le Royaume des Cieux souffre violence, et qu’il n’y a pas d’autre moyen pour qu’il se produise en moi. Je le crois, mon Dieu, je le crois.» Désirez-le avec violence, avec véhémence, avec intensité.
Selon le livre de la Sagesse,9 le commencement de la sainteté, de l’amour de Dieu, de cette perfection à laquelle Dieu nous invite, c’est d’avoir un véritable et violent désir de l’obtenir. Ayez ce désir violent, maintenant, en écoutant ces pauvres paroles un peu austères, pour que le règne de Dieu s’établisse enfin. Que nous autres ne fassions pas la sottise d’augmenter le lot de la folie humaine sur la terre, mais que nous soyons fous de la folie de Dieu qui est la vraie Intelligence et la vraie Sagesse.
Au sujet des temps actuels tellement difficiles, nous pourrions encore citer l’Évangile qui nous dit: Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice… Dans l’Évangile, le mot justice est synonyme de sainteté. L’Évangile dit de saint Joseph qu’il était un homme juste, c’est-à-dire qu’il était saint. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît.10 Vouloir établir le règne de Dieu sur la terre et travailler à se sanctifier, ça va ensemble, ça ne se sépare pas. Le reste vous sera donné par surcroît. Ça va mal dans le monde, il semble ne pas y avoir de solution? Le bon Dieu S’en occupe. Il y aura des temps difficiles, et ma foi! pires que vous le pensez. Ne vous préoccupez pas. Ne vous en tracassez pas. Jésus nous l’annonce: Cherchez le royaume de Dieu et sa justice, la sainteté. Le reste va se régler.
Jésus nous dit aussi: Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés.11 Je vous le répète, la justice, c’est la sainteté. La Vierge Marie chante dans Son cantique du Magnificat: Il comble de biens les affamés.12Avez-vous faim? Désirez-vous vraiment ce que Dieu attend de vous, tout en vous trouvant lâches pour se faire violence et accomplir ce qui coûte à votre nature? Il comble de biens les affamés. Développez cette faim, cette soif. Souffrez-en! Ô bienheureuse souffrance! Oh! la belle, oh! la bonne souffrance!
Dans l’Évangile, nous lisons le récit de Zachée13. Ayant entendu parler de Jésus, il veut Le voir. Étant court de taille, il monte dans un arbre. Il se sépare de la foule. Il ne veut voir que Jésus. Le bon Dieu avait mis ce désir en lui. C’est ainsi qu’Il commence Son œuvre en nous. Mais il faut suivre cet attrait que Dieu nous met dans le cœur, dans l’âme. Le petit Zachée a fait l’effort de grimper, ce qui est plus difficile pour de courtes jambes. Il se sépare de tout le monde. Il s’isole, en quelque sorte, pour mieux voir Jésus, pour mieux Le contempler, pour être plus attentif. Il fait un effort, se fait violence, parce qu’il désire voir Jésus, Le connaître. Quand Jésus passe, Il lève les yeux sur Zachée. Voyant le désir sincère de cet homme, Il oublie toute la foule qui L’entoure. «Zachée! c’est chez vous que Je M’en vais.»
Vous connaissez la suite du récit. Zachée, le chef des Publicains, reconnaît ses fautes: «Si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple.» Il veut corriger tout son passé. En reconnaissant ses torts et en voulant les réparer, il est déjà sur le chemin de la sainteté. Il est effectivement devenu un saint. Par un désir sincère de son cœur, il a suivi la mouvance de Dieu et s’est élancé sur le chemin de la sainteté. Ce n’est pas compliqué, mais il faut se faire violence.
Je veux vous rappeler aussi la parabole des dix vierges.14 Je la trouve tellement éloquente. Ponctuelles au rendez-vous, les dix vierges attendaient à l’extérieur de la salle des noces, tandis que l’époux était en retard, spécifie l’Évangile. Quand on a annoncé l’arrivée de l’époux, cinq des vierges n’avaient plus d’huile dans leur lampe. Celles-ci ont dit aux cinq autres: «Donnez-nous un peu de votre huile. Il nous en manque pour aller aux noces.» Elles ont refusé, disant: «Il n’y en aura pas assez pour nous et pour vous. Allez vous en acheter et revenez.» Tandis que les cinq étaient parties chercher de l’huile, les cinq sages sont entrées avec l’époux dans la salle des noces, et les portes furent fermées, dit Jésus. Bien après, les autres vierges arrivèrent: «Seigneur, Seigneur, criaient-elles, ouvrez-nous!» Mais l’époux répondit: «En vérité, Je vous le déclare, Je ne vous connais point.»
Quand vous lisez ce texte, il semble quasiment que l’époux est injuste, parce que c’est lui qui était en retard. Mais, par cette parabole, Jésus veut nous faire comprendre quelque chose de très important. C’est important d’entrer dans la salle des noces avec Lui. Ce n’est pas secondaire, ce n’est pas facultatif. Le but de nos vies est d’arriver avec Lui dans Son royaume. Je me plais à le répéter: le manque d’huile veut dire que ces vierges folles n’étaient pas prêtes à plus. Certains font leur petit programme: «Je vais faire cela, et pas plus. Cela suffit pour que je devienne un saint, pour assurer mon salut. Mon programme est fait, qu’on ne m’en demande pas plus. Je ne dépasse pas telle mesure.» Ça ne marche pas ainsi avec le bon Dieu. Ça ne marche tellement pas comme cela qu’on court le gros risque de se buter devant la porte du royaume de Dieu fermée. C’est l’Évangile: Il n’y avait pas d’huile dans leurs lampes. Elles n’étaient pas prêtes à aller plus loin que l’heure fixée.
D’après cette parabole, ne pas être prêt à encore plus – c’est-à-dire à être prêt à tout pour réaliser ce que Dieu nous demande – c’est de la folie à Ses yeux, et la porte du Ciel se ferme. Regardez tout ce que le monde demande à ses mondains. On est vraiment rendus au comble de la folie humaine. Vous vous dites peut-être: mais je suis un pauvre pécheur. Chers amis, un pauvre pécheur qui a cette disposition dans son cœur est un vrai sage: «Je suis disposé à faire tout ce que Vous voulez de moi, mon Dieu. Venez à mon secours, je ne suis qu’un petit enfant. Mon Dieu, à l’aide, au secours! Je Vous demande pardon de tout ce qui n’est pas parfait sous Votre divin regard, mais je veux ce que Vous voulez de moi.» Puis il s’applique et se fait violence.
Mes chers amis, demandons à Dieu cette disposition du cœur, chacun selon son état, d’être prêts à tout pour Dieu, à n’importe quoi, sans limites. C’est cela la sagesse. Le bon Dieu n’aime pas ceux qui posent des limites. C’est ce que cette parabole nous enseigne. Je ne vous connais pas. Pourtant, les vierges folles aussi avaient été invitées.
Cette année, il y a un autre centenaire que je veux mentionner. Le Canada a été consacré à saint Joseph il y a 400 ans. En 1624, le Père Le Caron, franciscain, a consacré le Canada à saint Joseph en présence de quelques confrères en religion, du gouverneur de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain, de quelques Français et Autochtones. Cela s’est passé au bord de la rivière Saint-Charles, à Québec, au début de la colonie.
Nous déclarons 2024 une année sainte, pour souligner les 800 ans des stigmates de saint François et les 400 ans de la consécration du Canada à saint Joseph. Nous en faisons une année sainte, non par des formules, mais par ce désir, par cette application, par cette violence gracieuse – ça peut sembler contradictoire – afin de réaliser l’attente de Dieu dans chacune de nos vies. Que chacun le fasse sous l’œil de Dieu, sans regarder ses voisins. Les supérieurs doivent être attentifs à vous encourager: «Mon frère, vous ne vous êtes pas un peu négligé? Ne vous êtes-vous pas éloigné de votre idéal de perfection?» Cependant, que le frère ne regarde pas son frère, la sœur ne regarde pas sa sœur. Il faut que chacun de vous regardiez l’attente de Dieu sur vous-même. Faites-le gracieusement. C’est la grâce que je vous souhaite.
Nous allons offrir le saint sacrifice de la Messe en demandant à Dieu d’augmenter votre désir, ce désir véhément. Qu’Il mette en vous un désir souffrant de vous conformer à Lui. Jésus va vous consoler. Vous allez expérimenter la douceur de Son joug. C’est la grâce que je vous souhaite. C’est l’intention que j’aurai au cours de cette première messe de l’année, pour vous, mes frères, mes sœurs, pour toutes les âmes de bonne volonté. Je demande à Dieu de mettre dans vos cœurs cette faim et cette soif d’être conformes à Lui, et de prendre les moyens qui font mal à notre nature. Je vous souhaite cette faim, cette soif. Vous serez rassasiés. La parole de Jésus est infaillible.
Rappelez-vous bien que la Messe, c’est le Sacrifice du Calvaire. Il n’y a rien qui s’est passé de plus violent sur cette terre. Le Sacrifice du Calvaire va se renouveler maintenant pour la première fois de cette année sur cet autel. Soyons-y attentifs. Nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons par la Messe. Je l’offre pour vous tous.
Bonne fête à notre Mère du Ciel aussi, parce qu’Elle est la Fille du Père Éternel et l’Épouse de saint Joseph. Vierge Marie Immaculée, Mère de Dieu et notre Mère, soutenez-nous!
1S. Matth. 11, 12
2Cf. S. Paul, Éphésiens 1, 3
3I Thess. 4, 3
4S. Luc 16, 10
5S. Matth. 11, 30
6Cf. S. Luc 9, 23
7S. Matth. 5, 48
8S. Matth. 11, 30
9Cf. La Sainte Bible, Sagesse 7, 7-9: J’ai désiré et cela m’a été donné.
10S. Matth. 6, 33
11S. Matth. 5, 6
12S. Luc 1, 53
13S. Luc 19, 1-10
14Cf. S. Matth. 25, 1-13
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Signe de la Croix
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
Prière préparatoire
Ô Jésus! Nous allons parcourir avec Vous le chemin du Calvaire qui Vous fut si douloureux. Faites-nous comprendre la grandeur de Vos souffrances, touchez nos coeurs d’une tendre compassion à la vue de Vos tourments, afin d’augmenter en nous le regret de nos fautes et l’amour que nous voulons avoir pour Vous.
Daignez nous appliquer à tous, les mérites infinis de Votre Passion, et en mémoire de Vos douleurs, faites miséricorde aux âmes du purgatoire, surtout à celles qui sont les plus abandonnées.
Ô divine Marie! qui la première, nous avez enseigné à faire le Chemin de la Croix, obtenez-nous la grâce de suivre Jésus avec les sentiments dont Votre Coeur fut rempli en L’accompagnant sur la route du Calvaire. Faites que nous pleurions avec Vous, et que nous aimions comme Vous Votre divin Fils. Nous Vous le demandons au nom de Son Coeur adorable. Ainsi soit-il.
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