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Liturgie pour les Dimanches et Fêtes principales
Réflexion sur la Liturgie du jour – tiré de L’Année Liturgique, par Dom Prosper Guéranger
Introït
Le Seigneur dit: Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction; vous M’invoquerez, et Je vous exaucerai, et Je ramènerai vos captifs de partout où ils sont dispersés. Psaume. Seigneur, Vous avez béni la terre qui Vous appartient; Vous avez fait cesser la captivité de Jacob. Gloire au Père.
Collecte
Nous Vous en supplions, Seigneur, absolvez les fautes de Votre peuple, afin que nous soyons délivrés par Votre bonté des liens des péchés que nous avons commis dans notre fragilité. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Épître
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul Apôtre, aux Philippiens, Chap. IV.
Mes Frères, soyez mes imitateurs, et observez ceux qui se conduisent suivant le modèle que vous avez en nous. Car il y en a plusieurs dont je vous ai parlé souvent, dont je vous parle encore avec larmes, qui sont les ennemis de la croix du Christ. Ils ont pour fin la mort, pour dieu leur ventre; ils placent la gloire pour eux dans leur honte, n’ayant de goût que pour les choses de la terre. Mais pour nous, déjà nous vivons dans les cieux; c’est de là aussi que nous attendons pour Sauveur notre Seigneur Jésus-Christ, qui reformera le corps de notre bassesse et le rendra conforme à Son corps glorieux, par la puissance qui Lui permet de S’assujettir aussi toutes choses. C’est pourquoi, mes frères très chers et très désirés, ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, ô mes bien-aimés. Je prie Evodia et je conjure Syntychès de s’unir et d’avoir les mêmes sentiments dans le Seigneur. Je vous prie aussi, vous mon fidèle compagnon, d’aider celles qui ont travaillé avec moi par l’Évangile, ainsi que Clément et les autres qui ont été mes aides, dont les noms sont au Livre de vie.
Réflexion sur l’Épître
L’Église est un temple admirable qui s’élève à la gloire du Très-Haut par le concours des pierres vivantes appelées à entrer dans ses murs. La construction de ces murailles sacrées sur le plan arrêté par l’Homme-Dieu est l’œuvre de tous. Ce que l’un fait par la parole, l’autre le fait par l’exemple; mais tous deux construisent, tous deux édifient la cité sainte; et, comme au temps des Apôtres, l’édification par l’exemple l’emporte sur l’autre en efficacité, quand la parole n’est pas soutenue de l’autorité d’une vie conforme à l’Évangile.
Mais de même que l’édification de ceux qui l’entourent est, pour le chrétien, une obligation fondée à la fois sur la charité envers le prochain et sur le zèle de la maison de Dieu, il doit, sous peine de présomption, chercher dans autrui cette même édification pour lui-même. La lecture des bons livres, l’étude de la vie des Saints, l’observation, selon l’expression de notre Épître, l’observation respectueuse des bons chrétiens qui vivent à ses côtés, lui seront d’un immense secours pour l’œuvre de sa sanctification personnelle et l’accomplissement des vues de Dieu en lui. Cette fréquentation de pensées avec les élus de la terre et du ciel nous éloignera des mauvais, qui repoussent la croix de Jésus-Christ et ne rêvent que les honteuses satisfactions des sens. Elle placera véritablement notre conversation dans les cieux. Attendant pour un jour qui n’est plus éloigné l’avènement du Seigneur, nous demeurerons fermes en Lui, malgré la défection de tant de malheureux entraînés par le courant qui emporte le monde à sa perte. L’angoisse et les souffrances des derniers temps ne feront qu’accroître en nous la sainte espérance; car elles exciteront toujours plus notre désir du moment solennel où le Seigneur apparaîtra pour achever l’œuvre du salut des Siens, en revêtant notre chair même de l’éclat de Son divin corps. Soyons unis, comme le demande l’Apôtre, et, pour le reste: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur,» écrit-il à ses chers Philippiens; «je le dis de nouveau, réjouissez-vous: le Seigneur est proche.»
Graduel
Vous nous avez délivrés Seigneur, de ceux qui nous persécutaient; Vous avez confondu nos ennemis. Nous Vous louerons en Dieu tout le jour, nous confesserons Votre Nom à jamais. Alléluia, alléluia. Du fond de l’abîme j’ai crié vers Vous, Seigneur: Seigneur, exaucez ma prière. Alléluia.
Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Matthieu, Chap. IX.
En ce temps-là, comme Jésus parlait au peuple, voici qu’un prince de la synagogue s’approcha, et, L’adorant, il Lui disait: Seigneur, ma fille vient de mourir; mais venez, imposez Votre main sur elle, et elle vivra. Et Jésus, Se levant, le suivait avec Ses disciples. Or voici qu’une femme qui souffrait d’un flux de sang depuis douze années s’approcha par derrière, et toucha la frange de Son vêtement. Car elle disait en elle-même: Si je touche seulement Son vêtement, je serai sauvée. Jésus Se retournant alors, et la voyant, lui dit: Aie confiance, Ma fille; ta foi t’a sauvée. Et de cette heure même, la femme fut guérie. Jésus venant ensuite à la maison du prince, et voyant les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, leur dit: Retirez-vous, car la jeune fille n’est pas morte, elle n’est qu’endormie. Et ils se moquaient de Lui. Mais lorsqu’on eut mis tout ce monde à la porte, Il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva. Et le bruit s’en répandit dans tout le pays.
Réflexion sur l’Évangile
La sainte Église met tant de zèle à s’acquitter des supplications, des prières et des actions de grâces pour tous les hommes demandées par l’Apôtre, qu’on la voit rendre grâces aussi pour le salut à venir des fils égarés, qu’elle sait devoir être un jour unis à son corps. Elle se félicite en eux comme en ses futurs membres. Dans l’Introït, elle chante tous les ans, rappelant ainsi sans fin les prophéties qui les concernent: Le Seigneur dit: Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu’Il promet d’admettre au banquet de Sa grâce les pécheurs repentants, réalisant ce qui avait été figuré dans l’histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l’avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu’il étendait sa domination sur toute la terre d’Égypte; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin: ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Égyptiens, c’est-à-dire les Gentils, verra revenir à Lui les restes des fils d’Israël; reçus en la grâce de Celui qu’ils ont renié et mis à mort, Il leur donnera place à Sa table, et le vrai Joseph S’abreuvera délicieusement avec Ses frères.
Alors sera accompli l’oracle de Jérémie; on ne dira plus: Vive le Seigneur qui a tiré les enfants d’Israël de la terre d’Égypte! mais: Vive le Seigneur qui les a ramenés de la terre d’Aquilon et de toutes celles où ils étaient dispersés!
Délivrés donc de la captivité spirituelle qui les retient maintenant, ils chanteront du fond de l’âme l’action de grâces indiquée au Graduel: Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient.
La supplication par laquelle nous disons, dans l’Offertoire: Du fond de l’abîme j’ai crié vers Vous, Seigneur, répond manifestement, elle aussi, aux mêmes circonstances. Car en ce jour-là, Ses frères diront au grand et véritable Joseph: «Nous Vous conjurons d’oublier le crime de vos frères!…» La réponse de ce même Joseph dira, comme autrefois le premier: «Ne craignez point. Vous aviez formé contre Moi un dessein mauvais; mais Dieu l’a fait tourner au bien, afin de M’élever comme vous voyez maintenant et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point: Je vous nourrirai, vous et vos enfants.»
La demande du pardon revient sans cesse dans la bouche du peuple chrétien, parce que la fragilité de la nature entraîne sans cesse, ici-bas, le juste lui-même. Dieu sait notre misère; Il pardonne sans fin, à la condition de l’humble aveu des fautes et de la confiance dans Sa bonté. Tels sont les sentiments qui inspirent à l’Église les termes de la Collecte du jour.