Pour la préservation du Dépôt de la Foi.

Pour que le Règne de Dieu arrive!

MAGNIFICAT

L’Ordre du Magnificat de la Mère de Dieu a pour fin particulière la conservation du Dépôt de la Foi par l’enseignement religieux sous toutes ses formes. Dieu l’a établi comme «un rempart devant l’apostasie quasi générale» qui a envahi la chrétienté et en particulier l’Église romaine.

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Neuvaine au Sacré-Coeur de Jésus

Sacré-Coeur de Jésus

par saint Alphonse de Liguori

 

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Premier Jour – Cœur aimable de Jésus

Celui qui se révèle aimable en tous points, se fait nécessairement aimer. Ah! si nous nous appliquions à étudier les innombrables charmes de Jésus, L’aimer deviendrait, pour nous tous, une heureuse nécessité.

Parmi tous les cœurs, nous en chercherions en vain un seul qui soit plus aimable que celui de Jésus.

Cœur entièrement pur; cœur parfaitement saint; cœur si rempli d’amour pour Dieu et pour nous, que Ses désirs ne tendent qu’à la gloire de Dieu et à notre bonheur.

C’est le cœur où Dieu trouve toutes Ses délices, toutes Ses complaisances.

Dans ce cœur, se donnent rendez-vous perfections et vertus: un très ardent amour pour Dieu Son Père, avec la plus grande humilité, le respect le plus profond qui se puisse rencontrer; une souveraine confusion causée par nos péchés, dont II a pris la charge, unie à la plus absolue confiance du plus tendre des fils; une extrême horreur pour nos fautes et une vive compassion pour nos misères; l’excès de la souffrance, dans la plus totale conformité à la Volonté divine. Ainsi est renfermé en Jésus tout ce qui se peut trouver d’aimable.

Pour certains, ce qui provoque leur affection, c’est la beauté; pour d’autres, c’est ou l’innocence, ou la familiarité des relations, ou encore la piété. Mais que ces charmes, et bien d’autres, soient réunis dans la même personne, qui pourra ne la point aimer? Si on nous parle d’un prince beau, humble, courtois, pieux, plein de charité, affable avec tous, rendant le bien pour le mal; fût-il d’un pays étranger et lointain, sans le connaître, sans être connus de lui, sans aucun lien entre lui et nous, notre cœur est ravi et contraint de l’aimer. Or, Jésus-Christ, ne les possède-t-Il pas, toutes ces vertus, et toutes au suprême degré? En outre, Il nous aime avec une indicible tendresse. Comment se fait-il donc qu’Il trouve si peu d’affection parmi les hommes, qu’Il ne soit pas l’unique objet de notre amour? Lui l’amabilité incomparable, Lui si prodigue envers nous des preuves de Son amour, Lui seul, oserai-je dire, est assez malheureux avec nous pour ne pas arriver à gagner notre cœur, comme s’Il n’était pas assez digne de notre amour.

Voilà ce qui arrachait des larmes aux Rose de Lima, aux Catherine de Gênes, aux Thérèse, aux Marie-Madeleine de Pazzi. Devant ce spectacle de l’ingratitude des hommes, elles s’écriaient en pleurant: L’Amour n’est pas aimé!

Affections et Prières

Mon aimable Rédempteur, quel objet plus digne que Vous de tout amour Votre Père éternel pouvait-Il me commander d’aimer? Vous êtes la beauté du paradis, Vous êtes les délices de Votre Père, Votre cœur est le siège de toutes les vertus. Ô Cœur aimable de mon Jésus, l’amour de tous les cœurs Vous est dû à bon droit. Pauvre et malheureux le cœur qui ne Vous aime pas!

Malheureux, mon cœur l’a été, durant tout le temps où il s’est refusé à Vous. Mais je ne veux pas prolonger mon infortune: je Vous aime et je veux Vous aimer toujours, ô mon Jésus. Seigneur, j’ai vécu dans l’oubli de Vous; et maintenant, qu’est-ce que j’attends? peut-être que mon ingratitude Vous contraigne Vous-même à m’oublier totalement et à m’abandonner? Non, mon bon Sauveur, ne le permettez pas.

Vous êtes l’amour d’un Dieu: et Vous pourriez ne pas être l’amour d’une créature chétive et pécheresse, comblée de Vos bienfaits, entourée de Votre tendresse?

Ô belles flammes, qui avez pour foyer le cœur plein d’amour de mon Jésus, allumez aussi dans mon misérable cœur ce feu saint et béni dont Jésus est venu embraser la terre. Réduisez en cendres, anéantissez, dans les affections de mon cœur, tout germe malfaisant, qui m’empêcherait d’être entièrement à mon Dieu. Ce cœur, ô Tout-Puissant, réduisez-le à ne vivre que pour Vous, pour Vous aimer, ô mon doux Sauveur.

Le temps où je Vous méprisais n’est plus: maintenant je Vous proclame roi de mon cœur. Je Vous aime, je Vous aime, et je ne veux rien souffrir en moi qui gêne Votre amour. Mon Seigneur bien-aimé, ne dédaignez pas d’accueillir pour ami fidèle l’infortuné qui fut Votre désolation. Un cœur qui n’avait pour Vous qu’éloignement et mépris, donnez-Vous la gloire de le montrer à Vos Anges, dévoré des ardeurs de Votre amour.

Sainte Vierge Marie, mon espérance, aidez-moi: priez Jésus de me rendre, par Sa grâce, tel qu’Il me désire.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Deuxième Jour – Cœur aimant de Jésus

Oh! si nous comprenions l’amour dont brûle pour nous le Cœur de Jésus! Il nous a aimés à ce point que, si les hommes, les Anges, les Saints unissaient toutes leurs forces pour aimer, ils n’arriveraient pas à la millième partie de l’amour que nous porte Jésus.

Il nous aime immensément plus que nous ne pouvons nous aimer nous-mêmes.

Il nous a aimés jusqu’à l’excès, selon le mot de l’Évangile dans le récit de l’apparition du Thabor: Ils disaient que c’était une folie, ce qu’Il allait accomplir à Jérusalem (Luc 9, 31.) Quel excès, en vérité, que celui- ci: un Dieu mourant pour Ses créatures.

Il nous a aimés, dit saint Jean, jusqu’à la fin (Jean 13, 1), c’est-à-dire jusqu’à l’extrême. Il nous aimait depuis une éternité, de telle sorte qu’il n’y a pas un seul instant, durant l’éternité, où II n’ait pensé à nous et n’ait aimé chacun de nous en particulier: Je t’ai aimé d’un amour étemel. (Jérémie 31, 3) Mais ensuite, pour notre amour, Il S’est fait homme; pour nous, Il a choisi une vie de souffrances et la mort de la croix. Il nous a donc aimés plus que Son honneur, plus que Son repos, plus que Sa vie, puisqu’Il a tout sacrifié pour nous témoigner Son amour. N est-ce pas là, je le demande, un excès qui, éternellement, jettera dans la stupeur les Anges et tout le paradis?

Son amour L’a conduit plus loin encore: Il Le retient dans le Très Saint-Sacrement comme sur un trône d’amour. Là nous Le voyons sous les apparences d’un peu de pain, enfermé dans un ciboire, ne révélant rien de Sa Majesté qui paraît totalement anéantie; Il est sans mouvement, privé de l’usage des sens; on dirait qu’Il n’exerce plus d’autre fonction que d’aimer les hommes.

L’amour aspire à la continuelle présence de la personne aimée: voilà l’amour, voilà le désir qui fixent Jésus-Christ près de nous dans le Très Saint-Sacrement. Trente-trois ans passés sur la terre au milieu des hommes, c’était trop peu pour Sa tendresse: pour nous manifester Son désir de demeurer toujours avec nous, Il juge bon d’opérer le plus grand de Ses miracles, qui fut l’institution de la Sainte Eucharistie. Cependant, l’œuvre de la Rédemption était accomplie, les hommes étaient réconciliés avec Dieu: quelle nécessité y avait-il pour Jésus de rester sur la terre dans Son Sacrement? Il y reste, parce qu’Il ne peut pas Se séparer de nous et qu’Il déclare trouver parmi nous Ses délices.

Son amour ne s’arrête pas là. Voici ce Dieu qui devient notre nourriture, pour S’unir à nous, pour faire, de nos cœurs et du Sien, une même chose. Celui qui mange Ma chair demeure en Moi, et Moi en lui. (Jean 6, 57). Ô prodige! ô excès de l’amour divin!

Si quelque chose, disait un serviteur de Dieu, pouvait ébranler ma foi au mystère de l’Eucharistie, ce ne serait pas la question de savoir comment le pain se transforme en chair, comment Jésus-Christ Se trouve en plusieurs endroits, comment II est enfermé tout entier en un si petit espace. À cela je réponds: Dieu peut tout. Mais si l’on me demande comment un Dieu peut aimer l’homme jusqu’à Se faire sa nourriture, je n’ai plus que cette réponse: C’est là une vérité de foi qui dépasse mon intelligence; l’amour de Jésus-Christ ne se peut comprendre.

Ô amour de Jésus, faites-vous connaître aux hommes, faites-vous aimer!

Affections et Prières

Ô Cœur adorable de mon Jésus, Cœur épris des hommes, Cœur créé tout exprès pour aimer les hommes, comment se peut-il que Vous trouviez, auprès des hommes, si peu de correspondance et tant de mépris? Malheureux! moi aussi j’ai été un de ces ingrats, je n’ai pas su Vous aimer! Pardonnez- moi, ô mon Jésus, ce grand péché: ne Vous avoir point aimé, Vous aimable à l’excès, Vous dont l’amour a épuisé tous les moyens pour venir à bout de mes résistances! Je l’avoue, la juste punition de mes refus passés, ce serait de me voir réduit à ne pouvoir plus Vous aimer. Oh! non, mon bon Sauveur! infligez-moi tout autre châtiment, mais non celui-là. Accordez-moi la grâce de Vous aimer: cela fait, envoyez-moi telle peine qu’il Vous plaira. Mais comment puis-je craindre une pareille rigueur, alors que je Vous entends m’intimer encore ce doux et cher commandement: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur? (Matth. 22, 37) Oui, ô mon Dieu, c’est Votre Volonté que je Vous aime, et c’est ma volonté de Vous aimer. Que dis-je? Je veux n’employer mon cœur qu’à aimer un Dieu qui m’a tant aimé.

Ô amour de Jésus, vous êtes mon amour. Ô Cœur enflammé de Jésus, enflammez aussi mon cœur. Ne permettez pas qu’à l’avenir je vive encore, ne fût-ce qu’un seul moment, privé de Votre amour: plutôt la mort! plutôt l’anéantissement! Ne laissez plus voir au monde cette horrible ingratitude, qu’un être aussi aimé de Vous, inondé par Vous de grâces et de lumières, recommence à mépriser Votre amitié. Non, mon Jésus, ne le permettez pas. Votre sang répandu pour moi me donne cet espoir que toujours je Vous aimerai, que Vous m’aimerez toujours, que cet amour entre Vous et moi sera indissoluble éternellement.

Ô Mère du bel amour, Marie, Vous désirez tant que Votre Jésus soit aimé: attachez-moi étroitement à Votre Fils, si étroitement que je n’aie plus le malheur de m’en séparer jamais.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Troisième Jour – Cœur de Jésus tout désireux d’être aimé

Nous ne sommes pas nécessaires à Jésus-Christ: avec ou sans notre amour, Il est immuablement heureux, immuablement riche et puissant. Et cependant, dit saint Thomas, Jésus-Christ, parce qu’Il nous aime, a un aussi vif désir de notre amour que si l’homme était Son Dieu et que Son propre bonheur dépendît du nôtre.

Le saint homme Job en était dans la stupeur: Qu’est-ce que l’homme, disait-il, pour que Vous en fassiez tant d’estime, et que Vous fixiez sur lui Votre attention. (Job. 7, 17). Eh quoi! un Dieu désirer et solliciter avec de telles instances l’amour d’un vermisseau!

Ce serait déjà grande faveur si seulement Dieu nous avait permis de L’aimer. Qu’un humble sujet dise à son roi: Seigneur, je vous aime, – il passera pour téméraire. Mais qu’un roi dise à son serviteur: Je veux que tu m’aimes, quel étonnement! Les potentats de la terre ne s’abaissent pas ainsi. Or Jésus, le Roi du Ciel, que fait-II? Il réclame avec empressement notre amour: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. (Matth. 22, 37) Il demande notre cœur avec insistance: Mon fils, donne-Moi ton cœur. (Prov. 23, 26) Et si une âme Le repousse, Il ne S’en va pas; Il Se tient dehors, à la porte du cœur, Il appelle, Il frappe pour entrer: Je Me tiens à la porte et Je frappe. (Apoc. 3, 20) Il prie cette âme de Lui ouvrir, lui donnant les appellations les plus tendres: Ouvre-Moi, Ma sœur, Mon épouse. (Cant. 5, 20) En un mot, Il trouve Ses délices à Se voir aimé de nous, et c’est pour Lui une joie profonde quand une âme Lui dit et fréquemment Lui répète: Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime.

Tout cela est un effet du grand amour qu’Il nous porte. Qui aime, désire nécessairement être aimé. Le cœur sollicite le cœur, l’amour demande l’amour. «Le dessein de Dieu, en aimant, c’est d’être aimé», dit saint Bernard. Et Dieu Lui-même l’avait déclaré le premier: Qu’est-ce que le Seigneur ton Dieu demande de toi, sinon que tu Lui obéisses et que tu L’aimes. (Deut. 10, 12)

Et Jésus-Christ, que nous apprend-Il? Qu’Il est le bon Pasteur: retrouvant la brebis égarée, Il invite tous Ses amis à partager Sa joie.

Il nous apprend encore qu’Il est le Père du prodigue: quand Son enfant revient se jeter à Ses pieds, non seulement II lui pardonne, mais II l’embrasse avec tendresse. (Luc 15)

Il nous apprend que celui qui ne L’aime pas reste dans la mort (I Jean 3, 14) et sous le coup de la condamnation. Celui qui Laime au contraire, Jésus le garde avec Lui et Se donne à lui: Qui demeure en la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. (I Jean 4, 16)

Ces demandes, ces instances, ces menaces, ces promesses ne nous décideront-elles pas à aimer un Dieu qui désire à ce point être aimé de nous?

Affections et Prières

Mon doux Rédempteur, je Vous dirai avec saint Augustin: Vous me commandez de Vous aimer et, si je m’y refuse, Vous me menacez de l’enfer. Mais quel enfer plus horrible, quel malheur plus affreux peut-il y avoir pour moi que d’être privé de Votre amour? Si donc Vous voulez m’inspirer la crainte, menacez-moi seulement de me laisser vivre sans Vous aimer; ce seul châtiment m’épouvante plus que mille enfers. Si, au milieu de leurs flammes, les damnés pouvaient brûler de Votre amour, ô mon Dieu, l’enfer se changerait en un paradis; et si, dans le Ciel, les bienheureux ne pouvaient plus Vous aimer, le paradis deviendrait un enfer.

Je le vois, mon Seigneur bien-aimé, mes péchés me mériteraient d’être abandonné de Votre grâce et, dès lors, de ne pouvoir plus Vous aimer. Mais je Vous entends me redire Votre commandement d’amour et je sens en moi-même un ardent désir de Vous aimer. Ce désir est un don de Votre grâce, il me vient de Vous; ajoutez-y donc la force de le réaliser, et faites que désormais, d’un cœur sincère et résolu, je Vous dise et Vous redise sans fin: Je Vous aime, ô mon Dieu! je Vous aime, je Vous aime.

Vous désirez mon amour; je désire le Vôtre. Oubliez donc, ô mon Jésus, les déplaisirs que mon passé Vous a causés, aimons-nous à jamais; je ne Vous abandonnerai pas, et Vous ne m’abandonnerez pas; Vous m’aimerez toujours, et toujours je Vous aimerai. Mon bon Sauveur, Vos mérites sont mon espérance: faites-Vous aimer, sans fin et sans mesure, d’un pécheur qui Vous a beaucoup offensé.

Ô Marie, Vierge immaculée, prêtez-moi assistance, priez Jésus pour moi.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Quatrième Jour – Cœur meurtri de Jésus

Il est impossible de considérer combien le Cœur de Jésus souffrit ici-bas pour notre amour, sans en être ému de compassion. Lui-même nous fit entendre que l’accablante tristesse de Son cœur alla jusqu’à ce point qu’elle aurait suffi, à elle seule, à Lui enlever la vie, à Le faire mourir de pure douleur, si la puissance de Sa divinité n’avait arrêté la mort par un miracle: Mon âme est triste jusqu’à la mort. (Marc 14, 34)

La plus grande douleur, l’affliction la plus cruelle du Cœur de Jésus, ce ne fut point la vue des tourments et des opprobres que les hommes Lui préparaient, mais le spectacle de leur ingratitude envers Son immense amour.

Distinctement, Il prévit chacun des péchés que nous commettrions, malgré toutes Ses souffrances, malgré Sa mort amère et ignominieuse.

Il prévit en particulier les outrages que recevrait des hommes Son adorable Cœur, dans le Très Saint-Sacrement, où II nous le laissait en témoignage de Sa tendresse. Et, grand Dieu! quels traitements odieux n’a pas subis Jésus-Christ dans ce Sacrement d’amour! Il a été foulé aux pieds, on La jeté dans les cloaques, on S’en est servi pour en faire hommage au démon!

Et dire que la vue de ces procédés insultants n’a pas empêché Jésus de nous livrer ce gage suprême de Son amour! Certes, Il a une souveraine horreur du péché; mais Son amour envers nous semble Lui avoir fait oublier cette haine du péché: en effet, Il consent à permettre tant de sacrilèges, plutôt que de priver de cette nourriture divine les âmes qui Le chérissent.

Nous en faudra-t-il davantage pour nous réduire à aimer un cœur qui nous a tant aimés? En vérité, Jésus-Christ n’a-t-Il pas assez fait pour mériter notre amour? Irons-nous encore nous joindre à la multitude infinie des ingrats qui abandonnent Jésus seul sur Son autel? Ah! plutôt, unissons-nous au petit groupe des âmes ferventes qui savent reconnaître Dieu; aspirons à nous consumer d’amour, plus encore que ne se consument les cierges allumés devant le Tabernacle. Là, nous trouvons le Cœur de Jésus et II y brûle d’amour pour nous: et nous, en Sa présence, nous ne brûlerions pas d’amour pour Lui?

Affections et Prières

Ô adorable Jésus, ô tout bon Jésus, voici à Vos pieds celui qui a tant fait saigner Votre très aimable cœur. Ô Dieu! comment ai-je pu contrister à ce point un cœur qui m’a tant aimé, qui n’a rien épargné pour gagner mon affection? Mais consolez-Vous, oserai-je dire, ô mon Sauveur! Votre grâce a blessé mon cœur, de la sainte blessure d’amour; et ce cœur éprouve maintenant un vif regret des offenses qu’il Vous a faites: il en voudrait mourir de douleur. Ô mon Jésus, qui me donnera cette douleur de mes péchés que Vous avez ressentie Vous-même durant Votre vie!

Père éternel, je Vous offre la peine et la détestation que Votre Fils eut de mes fautes. Au nom de ce Fils, je Vous prie de m’accorder une grande douleur de Vous avoir offensé, une douleur qui me fasse vivre dans une perpétuelle affliction et désolation, à la pensée que j’ai méprisé Votre amitié.

Et Vous, ô mon Jésus, inspirez-moi désormais une répulsion telle pour le péché qu’elle me fasse fuir avec horreur les moindres fautes, par la raison qu’elles Vous déplaisent, à Vous qui ne méritez aucun déplaisir, ni grave ni léger, mais, au contraire, un amour infini. Tout ce qui Vous blesse, ô mon doux Seigneur, je le déteste maintenant: et, à l’avenir, je ne veux aimer que Vous et ce que Vous aimez. Soyez mon aide, soyez ma force: donnez-moi la grâce de Vous invoquer toujours, ô mon Jésus, et de toujours Vous répéter cette prière: Mon Jésus, donnez-moi Votre amour, donnez- moi Votre amour, donnez-moi Votre amour!

Et Vous, très Sainte Vierge Marie, obtenez-moi la grâce de recourir sans cesse à Vous pour Vous redire: Ma Mère, faites-moi aimer Jésus-Christ!

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Cinquième Jour – Cœur compatissant de Jésus

Où pourrons-nous jamais trouver un cœur plus rempli de pitié et de tendresse, un cœur qui se soit montré plus compatissant pour nos misères que le Cœur de Jésus?

Cette tendre pitié L’attira du Ciel sur la terre. C’est elle qui fit de Lui, comme II le proclame, le bon Pasteur, venant donner Sa vie pour sauver Ses brebis. Afin de nous obtenir notre pardon, à nous pécheurs, Il ne S’épargne pas Lui-même; Il veut S’immoler sur la croix, Se substituant à nous pour le châtiment que nous avons mérité.

Cette même pitié, cette même compassion Lui fait redire, encore maintenant: Pourquoi voulez-vous périr, maison d’Israël?… Revenez à Moi, et vivez. (Ézéch. 18, 31-32) Ô pauvre humanité, ô Mes enfants, nous dit-II, pourquoi Me fuir et courir ainsi à votre perte? Ne le voyez-vous pas: vous séparer de Moi, c’est marcher à la mort éternelle? Ce n’est pas Moi, certes, qui veux votre perdition. Rassurez-vous, dès lors que vous voulez revenir à Moi: revenez et vous recouvrerez la vie.

Cette pitié, elle éclate encore dans le tableau que Jésus nous fait de Sa tendresse paternelle. Père, Il S’est vu méprisé par Son enfant: chassera-t-Il ce prodigue, quand le repentir le ramènera vers Lui? Il ne le peut: tout au contraire, Il le presse avec effusion sur Sa poitrine, et II oublie toutes les injures qu’Il en a reçues: De toutes ses iniquités Je ne Me souviendrai plus. (Ézéch. 18, 22) Cela se rencontre-t-il parmi les hommes? Même lorsqu’ils pardonnent, ils gardent la mémoire de l’offense subie et ils se sentent portés à en tirer vengeance; et si la crainte de Dieu les empêche de se venger, tout au moins ils éprouvent une grande répugnance à vivre en bonne amitié avec les personnes qui les ont maltraités.

Vous, ô mon Jésus, Vous pardonnez aux pécheurs repentants et Vous ne refusez pas de Vous donner à eux tout entier: dès la vie de la terre, dans la Sainte Communion; dans la vie du Ciel, par le moyen de la gloire; une âme qui Vous a offensé, Vous ne gardez pas la moindre répugnance à la tenir embrassée pour toute l’éternité. Vraiment, où trouver un cœur aimable et compatissant à l’égal du Vôtre, ô mon Rédempteur bien-aimé?

Affections et Prières

Cœur compatissant de mon Jésus, ayez pitié de moi. Jésus très doux, soyez-moi miséricordieux. Je Vous le dis maintenant, mais accordez-moi la grâce de Vous le redire toujours: Très doux Jésus, soyez-moi miséricordieux.

Avant de Vous offenser, ô mon Rédempteur, je ne méritais, certes, aucune des grâces dont Vous m’avez comblé. Vous m’avez créé, Vous avez répandu sur moi tant de lumières, sans aucun mérite de ma part. Mais, après avoir péché contre Vous, non seulement je n’avais nul droit à Vos faveurs, c’est Votre abandon, c’est l’enfer que je méritais.

Votre tendre pitié, c’est elle qui Vous a porté à m’attendre, à me conserver la vie, alors que j’étais dans Votre disgrâce. C’est elle qui m’a éclairé, qui m’a invité à la réconciliation; elle qui m’a inspiré la douleur de mes fautes et le désir de Vous aimer; et si, maintenant, je puis me croire dans Votre grâce, c’est à elle que je le dois.

Ô mon Jésus, ne Vous arrêtez pas! Continuez à user avec moi de bonté compatissante. La miséricorde que je demande, c’est que Vous me donniez lumière et force pour ne plus Vous être infidèle. Oh! non, mon amour, je ne prétends pas Vous trahir encore, en comptant que Vous me pardonnerez de nouveau: ce serait là une présomption qui mettrait obstacle à Vos miséricordes à mon endroit. Et quelle pitié devrais-je encore attendre si, renouvelant mon ingratitude, je méprisais Votre amitié et si je rompais avec Vous? Oh! non, mon Jésus! je Vous aime et je veux Vous aimer toujours.

Voici la grâce que j’espère, que je réclame de Votre miséricorde: Ne permettez pas que je me sépare de Vous! Ne permettez pas que je me sépare de Vous!

À Vous aussi, ô ma Mère Marie, j’adresse cette prière: Ne permettez pas que jamais plus, je me sépare de mon Dieu!

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Sixième Jour – Cœur libéral de Jésus

C’est le propre d’un bon cœur de désirer satisfaire tout le monde, et particulièrement les plus indigents et les plus malheureux. Or, est-il au monde un bon cœur qui soit comparable à Jésus-Christ?

Parce qu’Il est la bonté infinie, immense est Son désir de nous communiquer Ses biens: Avec Moi sont les richesses… pour enrichir ceux qui M’aiment. (Prov. 8, 18-21)

Il S’est fait pauvre, dit saint Paul. Mais à quelle fin? Pour que Son indigence devînt notre opulence. (II Cor. 8, 9)

Il a voulu rester près de nous dans le Saint-Sacrement. Mais dans quel but? Il S’y tient les mains pleines de grâces, ainsi qu’Il Se fit voir au Père Balthazar Alvarez, afin de les dispenser à qui vient Lui rendre visite.

Ce même dessein éclate dans le don qu’Il nous fait de Lui-même en la Sainte Communion, nous marquant par là qu’Il ne saura nous refuser Ses largesses, après S’être donné sans réserve. Comment, avec Lui-même, ne nous aurait-Il pas tout donné? (Rom. 8, 32)

Ainsi, dans le Cœur de Jésus, nous trouvons tout bien, toute grâce que nous pouvons désirer: Dans le Christ, vous avez été comblés de toutes les richesses… de sorte qu’il ne puisse rien vous manquer en aucun don de grâce. (I Cor. 1, 7)

Comprenons-le bien, c’est au Cœur de Jésus que nous sommes redevables de toutes les grâces reçues: rédemption, vocation à la foi, lumières, pardon de nos péchés, assistance pour résister aux tentations ou pour supporter les épreuves. En effet, privés de Son secours, nous n’étions capables d’aucun bien: Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. (Jean 15, 5)

Et si, par le passé, nous dit Notre-Seigneur, vous n’avez pas reçu des grâces plus nombreuses, ne vous plaignez pas de Moi, mais de vous-mêmes, qui avez négligé de Me les demander: Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé… Demandez et vous recevrez. (Jean 16, 24)

Oh! comme II est riche, le Cœur de Jésus, et comme II est libéral envers quiconque recourt à Lui! Il enrichit tous ceux qui L’invoquent. (Rom. 10, 12)

Oh! les largesses miséricordieuses qu’attirent sur elles les âmes attentives à demander assistance à Jésus-Christ; David s’écriait: Vous êtes bon, Seigneur, et clément, et plein de miséricorde pour tous ceux qui Vous implorent. (Ps. 85, 5)

Allons donc toujours à ce Cœur, demandons avec confiance, et nous obtiendrons tout.

Affections et Prières

Ah! mon Jésus, Vous n’avez pas hésité à me donner Votre sang et Votre vie, et moi j’hésiterais à Vous donner mon pauvre cœur! Non, mon Rédempteur aimé: je Vous l’offre tout entier. Je Vous abandonne ma volonté sans réserve: daignez l’accepter et en disposer selon Votre bon plaisir.

Je n’ai rien et ne puis rien, cependant, j’ai mon cœur, que Vous m’avez donné, et que personne ne peut me ravir: on peut tout me prendre, mes biens, mon sang, ma vie, tout, hormis mon cœur. Et avec ce cœur je puis Vous aimer: avec ce cœur je veux Vous aimer.

Enseignez-moi donc, ô mon Dieu, le parfait oubli de moi-même; montrez-moi le chemin à suivre pour atteindre à Votre pur amour, à cet amour dont Vous m’avez, dans Votre bonté, inspiré le désir. Je sens en moi une ferme résolution de Vous plaire; mais pour la réaliser, j’attends de Vous le secours, et je Vous le demande. C’est à Vous, ô Cœur aimant de Jésus, de rendre Vôtre entièrement mon pauvre cœur, autrefois si ingrat envers Vous et privé, par sa faute, de Votre amour. Faites que mon cœur se consume pour Vous des mêmes flammes dont le Vôtre est embrasé pour moi. Unissez entièrement ma volonté à la Vôtre, pour ne plus vouloir que ce que Vous voulez Vous-même: qu’ainsi Votre sainte Volonté soit désormais l’unique règle de mes actions, de mes pensées, de mes désirs.

Je l’espère, Seigneur, Vous ne me refuserez point Votre grâce pour exécuter la résolution que je prends aujourd’hui à Vos pieds, d’accepter en paix toute disposition de Votre Providence, sur moi et sur tout ce qui est mien, pour ma vie et pour ma mort.

Ô Immaculée Marie, heureuse êtes-Vous d’avoir vécu dans une perpétuelle et totale uniformité entre Votre Cœur et le Cœur de Jésus! Daignez m’obtenir, ô ma Mère, qu’à l’avenir je n’aie plus ni volonté ni désir en dehors de la Volonté de Jésus et de Votre Volonté.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Septième Jour – Cœur reconnaissant de Jésus

Le Cœur de Jésus est reconnaissant à l’extrême. La moindre bonne action accomplie pour Son amour, la moindre parole prononcée pour Sa gloire, la simple pensée de Lui plaire: à rien de tout cela II ne sait refuser la récompense méritée par chacun.

En outre, Il pousse la reconnaissance jusqu’à rendre toujours cent pour un: Vous recevrez le centuple. (Matth. 19, 29)

Les hommes, quand ils sont reconnaissants et qu’ils rendent un bienfait reçu, ne le font qu’une fois: ils se déchargent ainsi de cette obligation, comme ils disent, et puis ils n’y pensent plus. Ce n’est pas ainsi que Jésus-Christ en agit avec nous: tout bon acte accompli en vue de Lui plaire nous vaut de Sa part, non seulement le centuple en cette vie, mais, dans l’autre, une récompense renouvelée à l’infini, à chaque instant, durant toute l’éternité.

Qui sera donc assez insouciant pour ne pas contenter, de tout son pouvoir, un cœur aussi reconnaissant?

Hélas! grand Dieu! quel soin prennent les hommes de satisfaire Jésus-Christ? Disons mieux: comment pouvons-nous être aussi ingrats envers notre Sauveur? S’Il n’avait répandu qu’une seule goutte de sang, une seule larme pour notre salut, nous Lui serions infiniment redevables: cette goutte de sang, cette larme auraient eu, en effet, une valeur infinie auprès de Dieu pour nous obtenir toute grâce. Mais Jésus a voulu nous consacrer tous les instants de Sa vie; Il nous a donné tous Ses mérites, toutes Ses souffrances et humiliations. Or, nous sommes reconnaissants même aux animaux: qu’un petit chien nous donne quelque signe d’affection, notre cœur n’y sait pas résister. Comment donc expliquer notre lamentable ingratitude à l’égard de Dieu? Les bienfaits de ce Dieu changent-ils de nature et deviennent-ils des mauvais traitements? On le dirait, en voyant les hommes y répondre, non par la reconnaissance et l’amour, mais par les offenses et les outrages. Éclairez, Seigneur, ces ingrats: faites-leur connaître l’amour que Vous leur portez.

Affections et Prières

Ô mon bien-aimé Jésus, voici à Vos pieds un ingrat. Aux créatures, je n’ai pas ménagé ma reconnaissance: j’ai réservé mon ingratitude à Vous seul, à Vous, dis-je, qui êtes mort pour moi et qui avez épuisé tous les moyens de m’obliger à Vous aimer.

Ce qui me réconforte et m’encourage, c’est que j’ai affaire à un cœur d’une bonté et d’une miséricorde infinies, qui déclare oublier toutes les offenses d’un pécheur, dès qu’il se repent et Vous aime. Mon bon Jésus, par le passé je Vous ai offensé, je Vous ai méprisé: mais maintenant je Vous aime par-dessus toutes choses, plus que moi-même. Dites-moi ce que Vous voulez de moi, car, avec le secours de Votre grâce, je ne reculerai devant rien.

Je le crois: c’est par amour que Vous m’avez créé, que Vous m’avez donné Votre sang et Votre vie. Je le crois aussi: c’est pour moi que Vous avez voulu demeurer sur la terre dans le Saint-Sacrement. Je Vous en remercie, ô mon Amour! Ah! ne permettez pas qu’à tant de bienfaits, à tant de témoignages d’amour, je réponde encore par l’ingratitude. Attachez-moi à Votre Cœur par d’indestructibles liens, si bien que, ma vie durant, il ne m’arrive plus de Vous déplaire, de Vous contrister. Voilà bien assez de péchés, ô mon Jésus! désormais je veux Vous aimer. Ah! si mes années perdues pouvaient revenir! Hélas! non, elles ne reviendront pas, et peut-être me reste-t-il peu de temps à vivre. Mais, court ou long, tout le temps que j’ai encore à passer ici-bas, je le veux employer à Vous aimer, ô mon Dieu, mon Souverain Bien, qui méritez un amour étemel et infini.

Marie, ma Mère, ne me laissez pas redevenir ingrat envers Votre divin Fils; priez Jésus pour moi.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Huitième Jour – Cœur de Jésus méprisé

La peine la plus sensible à un cœur aimant, c’est de voir son amour méprisé. Et cette peine s’avive encore lorsque l’amour a donné de lui-même des preuves éclatantes, et que, d’autre part, l’ingratitude est plus grande.

Si chaque créature humaine renonçait aux biens d’ici-bas, se retirait dans un désert, y vivant d’herbes sauvages, dormant sur la terre nue, se livrant aux plus terribles pénitences, et que, enfin, elle endurât le martyre pour Jésus-Christ: quelle proportion y aurait-il entre ce sacrifice et les souffrances, l’effusion du sang, l’immolation de Lui-même acceptées par l’auguste Fils de Dieu pour son amour?

Si nous pouvions, à chaque instant, subir une nouvelle mort, par là encore, assurément, nous n’arriverions pas à payer, même en minime partie, l’amour que Jésus-Christ nous a témoigné en Se donnant à nous dans la Sainte Eucharistie. Un Dieu Se cacher sous l’apparence d’un peu de pain et Se faire l’aliment de Sa créature!

Mais, ô ciel! quelle est la récompense, quelle est la reconnaissance que les hommes donnent à Jésus-Christ? Ce qu’Il en reçoit? Des outrages, le mépris de Ses lois et de Ses maximes, des injures telles qu’ils ne les feraient point subir à un ennemi, à un esclave, au plus vil manant de la terre.

Et nous pouvons, nous, penser à tous ces mauvais traitements qui ont été et qui sont chaque jour infligés à Jésus-Christ, et ne pas en éprouver de peine?

Et nous ne nous emploierons point à reconnaître, par notre amour, l’amour immense de Son Cœur divin, de ce Cœur qui est présent dans l’Eucharistie, toujours brûlant de la même flamme d’amour pour nous, consumé du désir de nous communiquer Ses biens et de Se donner à nous tout entier, prêt à S’ouvrir pour nous recevoir dès lors que nous allons à Lui? Celui qui vient à Moi, dit-il, Je ne le jetterai point dehors. (Jean 6, 37)

Nos oreilles se sont accoutumées à ces mots: création, incarnation, rédemption; à entendre parler de Jésus né dans une étable, de Jésus mort en croix. Grand Dieu! si nous savions devoir un de ces bienfaits à quelqu’un de nos semblables, nous ne pourrions moins faire que de l’aimer. Dieu seul,

semble-t-il, est assez malheureux avec les hommes, si l’on peut ainsi parler, pour avoir tout tenté afin de gagner leurs cœurs, sans y parvenir: au lieu d’amour, Il recueille mépris et dédain. Cela vient de l’oubli, où vivent les hommes, de l’amour de ce Dieu.

Affections et Prières

Ô Cœur de mon Jésus, abîme de miséricorde et d’amour, à la vue de Votre bonté pour moi et de mon ingratitude envers Vous, comment puis-je ne pas mourir, ne pas me consumer de douleur?

Vous, mon Sauveur, après m’avoir donné l’être, Vous m’avez donné Votre sang et Votre vie; Vous Vous êtes livré aux opprobres et à la mort pour mon amour; non content de tout cela, Vous avez inventé le moyen de Vous immoler chaque jour pour moi dans la Sainte Eucharistie et, les connaissant par avance, Vous n’avez pas refusé d’affronter les outrages que Vous deviez subir dans ce Sacrement d’amour. Mon Dieu, comment puis-je me représenter mon ingratitude à Votre égard sans mourir de confusion!

Seigneur, mettez fin à mes ingratitudes en blessant mon cœur de Votre amour et en me gagnant tout entier à Vous. Souvenez-Vous du sang et des larmes que Vous avez versés pour moi, et accordez-moi mon pardon. Ah! qu’elles ne soient pas perdues pour moi, Vos souffrances accumulées!

Alors que Vous me voyiez si ingrat, si indigne de Votre amour, alors que je ne Vous aimais pas et qu’il m’était même indifférent que Vous m’aimiez, Vous n’avez pas laissé pour autant de m’aimer. Combien plus je dois espérer Votre amour, maintenant que je n’ai d’autre volonté ni d’autre aspiration que de Vous aimer et d’être aimé de Vous!

Ah! contentez pleinement ce désir de mon cœur, ce désir qui est encore plus le Vôtre que le mien, puisque c’est Vous qui me l’inspirez. Faites que ce jour soit celui de ma totale conversion, que je commence aujourd’hui à Vous aimer, pour ne jamais cesser de Vous aimer, Vous, le souverain Bien. Faites que je meure entièrement à moi-même, de manière à ne plus vivre que pour Vous, pour brûler sans cesse de Votre amour.

Ô Marie, Votre Cœur fut ce bienheureux autel où la flamme du divin amour ne s’éteignit jamais. Ma Mère chérie, rendez-moi semblable à Vous: demandez cette grâce à Votre Fils, qui met Sa joie à Vous honorer en exauçant chacune de Vos prières.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)


 

Neuvième Jour – Cœur fidèle de Jésus

Oh! comme l’aimable Cœur de Jésus est fidèle aux âmes qu’Il appelle à Son saint amour! Celui qui Vous a appelés est fidèle, et Il réalisera Lui-même Ses desseins sur vous. (I Thess. 5, 24)

La fidélité de Dieu fait naître en nous la confiance de tout obtenir, alors que nous ne méritons rien.

Ce Dieu, L’avons-nous chassé de notre cœur? Ouvrons-Lui la porte, et aussitôt II entrera, car II en a fait la promesse: Si quelqu’un M’ouvre sa porte, J’entrerai chez lui, et Je M’assiérai à sa table. (Apoc. 3, 20)

Nous désirons des grâces? Demandons-les au nom de Jésus-Christ; Il nous garantit que nous les obtiendrons: Tout ce que vous demanderez à Mon Père en Mon Nom, Il vous le donnera. (Jean 16, 23)

Si nous sommes tentés, confions-nous dans les mérites de notre Sauveur; Il mettra un frein à la fureur de nos ennemis: Dieu est fidèle, et II ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. (I Cor. 10,13)

Oh! comme il fait bon traiter avec Dieu, plutôt qu’avec les hommes! Les hommes, bien souvent, promettent et ne tiennent pas, soit que leur promesse elle-même soit mensonge, soit que leur volonté change après qu’ils ont promis. Dieu, dit le Saint-Esprit, n’est point comme l’homme, pour mentir, ni comme les enfants des hommes, pour changer. (Nombres 23,19) Dieu ne peut donc manquer à Ses promesses, Lui la Vérité même, incapable de mensonge, Lui dont la volonté, toujours juste et droite, ne peut varier.

Or, Dieu a promis d’accueillir quiconque vient à Lui, d’accorder Son assistance à qui la Lui demande, de chérir qui Le chérit: et ensuite II ne le ferait pas? Est-ce Lui qui dit et ne fait pas, qui parle et n’exécute pas? (Nombres 23, 19)

Oh! que ne sommes-nous fidèles envers Dieu comme II est fidèle envers nous! Par le passé, nous Lui avons maintes fois promis de Lui appartenir, de Le servir, de L’aimer; et puis, nous L’avons trahi, nous avons abandonné Son service pour nous vendre comme esclaves au démon. Pour l’avenir, supplions-Le de nous donner la grâce d’une courageuse fidélité.

Heureux serons-nous, si nous gardons cette fidélité à Jésus-Christ. Pour le peu qu’Il exige, Ses récompenses sont si magnifiques! Il sera fidèle à nous les accorder et, selon Sa promesse à Ses fidèles serviteurs, nous L’entendrons dire: C’est bien, serviteur bon et fidèle! Parce que tu as été fidèle en peu de choses, Je t’établirai sur beaucoup: entre dans la joie de ton Seigneur. (Matth. 25, 21)

Affections et Prières

Mon Rédempteur bien-aimé, que n’ai-je été fidèle envers Vous comme Vous l’avez été envers moi!

Chaque fois que je Vous ai ouvert mon cœur, Vous y êtes entré pour m’apporter le pardon et me recevoir dans Votre amitié. Chaque fois que je Vous ai appelé, Vous êtes accouru pour me secourir.

Oui, Vous avez été fidèle. Mais moi, jusqu’où n’ai-je pas poussé l’infidélité! Mes engagements à Votre service, je les ai si souvent violés; mes promesses d’amour ont été suivies de tant de reniements! Comme si Vous, mon Dieu, mon Créateur, mon Rédempteur, Vous méritiez moins d’amour que ces créatures, que ces misérables satisfactions auxquelles je Vous ai sacrifié!

Pardonnez-moi, ô mon Jésus! Je reconnais mon ingratitude et je l’ai en horreur. Je reconnais que Vous êtes la Bonté infinie, digne d’un amour infini, digne surtout d’être aimé par une âme que Vous avez tant chérie après en avoir été tant offensé!

Malheur à moi si je me damnais! Les grâces dont Vous m’avez comblé, les témoignages de particulière affection que Vous m’avez prodigués, seraient, grand Dieu! l’enfer de mon enfer. Oh! non, mon Amour! Ayez pitié de moi: ne permettez pas que je renouvelle mes trahisons, et que j’aille ensuite, frappé d’une trop juste condamnation, payer encore en enfer, par le blasphème et par la haine, l’amour que Vous m’avez porté.

Ô Cœur plein d’amour, ô Cœur fidèle de Jésus, mettez dans mon pauvre cœur Votre divine flamme, afin que je Vous rende ardeurs pour ardeurs! En ce moment, ô mon Jésus, il me semble que je Vous aime; mais je Vous aime bien peu: faites que je Vous aime beaucoup et que je Vous sois fidèle jusqu’à la mort. C’est la grâce que je Vous demande, avec celle de Vous la demander toujours. Faites-moi mourir avant que je sois de nouveau traître à Votre amour.

Ô Marie, ma Mère, soutenez ma fidélité dans l’amour de Votre divin Fils.

Ô Cœur d’Amour! je mets en Vous toute ma confiance, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espère tout de Vos bontés.

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)

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Signe de la Croix

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.

Prière préparatoire

Ô Jésus! Nous allons parcourir avec Vous le chemin du Calvaire qui Vous fut si douloureux. Faites-nous comprendre la grandeur de Vos souffrances, touchez nos coeurs d’une tendre compassion à la vue de Vos tourments, afin d’augmenter en nous le regret de nos fautes et l’amour que nous voulons avoir pour Vous.
Daignez nous appliquer à tous, les mérites infinis de Votre Passion, et en mémoire de Vos douleurs, faites miséricorde aux âmes du purgatoire, surtout à celles qui sont les plus abandonnées.
Ô divine Marie! qui la première, nous avez enseigné à faire le Chemin de la Croix, obtenez-nous la grâce de suivre Jésus avec les sentiments dont Votre Coeur fut rempli en L’accompagnant sur la route du Calvaire. Faites que nous pleurions avec Vous, et que nous aimions comme Vous Votre divin Fils. Nous Vous le demandons au nom de Son Coeur adorable. Ainsi soit-il.