par Père Mathurin de la Mère de DieuÀ quelques-uns qui, se prenant pour des justes, mettaient en eux-mêmes toute leur confiance et couvraient les autres de mépris, Jésus dit cette parabole:«Deux hommes montèrent au Temple pour prier, un Phari-sien et un Publicain.«Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: “Mon Dieu, je Vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni comme ce Publicain! Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.”«Le Publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, et disait: “Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur!”«Je vous le déclare, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison; mais pas l’autre. Ainsi, quiconque s’élève, sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.» (S. Luc 18, 9-14)Toutes les paroles de Jésus sont esprit et vie; elles nous éduquent, nous enseignent, nous montrent le chemin à suivre. Et toutes les paraboles de Jésus s’adressent à nous, autant qu’à ceux qui les ont entendues il y a plus de 2000 ans. La parabole du Pharisien et du Publicain s’adresse à des pécheurs qui recherchent sincèrement le chemin de la vertu. Le Publicain de la parabole était une âme humble et sincère. Par contre, il y a des gens qui se disent pécheurs, mais qui facilement, quand ils pratiquent un peu la vertu, se font une petite gloire d’avoir accompli de belles et bonnes choses et ils aiment se comparer aux autres.Ces faux «humbles» aiment se comparer à leur entourage, et généralement ils ne se comparent pas à des plus saints qu’eux-mêmes. On se compare à quelqu’un près de soi et que l’on considère comme pas mieux que soi. Ainsi on se console. «Il n’est pas mieux, il est même pire que moi! Je Vous rends grâces, mon Dieu, que je ne suis pas aussi pire qu’untel...» Ce n’est pas formulé comme cela, ça ressemblerait trop à l’orgueil ridicule du Pharisien de la parabole, mais c’est une attitude intérieure équivalente.Non, nous agissons souvent d’une façon beaucoup plus subtile, fine, détournée, dans nos comparaisons avec le prochain. On compare des avantages qu’il pourrait avoir par rapport aux nôtres. Et si on pratique quelques vertus, on se sent confor-table, satisfait. On oublie vite nos petits manquements... et même les gros manquements. On les oublie vite. Ou bien, si l’on s’en souvient, on en est tout abattu, tout découragé. Tout cela n’est pas le fruit de l’humilité.Jésus nous présente cette parabole pour nous faire réfléchir sur nos dispositions intérieures. Il nous fait voir le Pharisien convaincu de ses vertus, satisfait de lui-même. De l’autre côté, il nous présente le Publicain, resté derrière le temple, n’osant même pas lever les yeux, tellement il se sent indigne. «Mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur.» C’est comme s’il disait: «Comment puis-je même me présenter devant Vous? J’ai besoin de Vous. Je viens à Vous parce que j’ai besoin de Votre miséricorde, de Votre pitié.»«Je vous le déclare, dit Jésus, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison; mais pas l’autre.» Quand Jésus dit «justifié», Il veut dire «pardonné». Mais, non pas l’autre. «L’autre», c’est le Pharisien qui se complaisait dans ses «vertus» et se croyait meilleur que son prochain. Il n’est pas reparti pardonné, puisqu’il se vantait de ne pas avoir besoin de pardon. Il est reparti condamné.C’est la grande leçon de cette parabole. Il faut nous humilier, nous reconnaître pécheur, non pas seulement comme tout le commun des mortels autour de nous, mais reconnaître particulièrement notre propre bassesse, nos défauts de toutes sortes. Se reconnaître, se voir humblement, sous l’œil de Dieu. Quand ces dispositions entrent bien profondément dans un cœur, sa relation avec le prochain, quel qu’il soit, devient tout autre. Tout son comportement avec le prochain change et se transforme. Quand on réalise et qu’on admet humblement notre propre misère, malgré tant d’abondantes grâces reçues de Dieu, on consi-dère sincèrement son prochain comme bien meilleur que soi. On réalise que l’on aurait dû faire bien davantage, et c’est pourquoi on considère les autres bien au-dessus de nous. Pas seulement des lèvres, non, mais du cœur. Ce sont des senti-ments réels, des convictions profondes. «Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur.»C’est la réaction contraire à celle du Pharisien. Jésus ne dit pas que les actes de vertu que ce Pharisien s’attribuait à lui-même, il ne les avait pas pratiqués. Il donnait l’aumône aux pauvres, il observait la loi. Jésus ne dit pas qu’il ne l’a pas fait. Ce qu’Il blâme, c’est le fait qu’il regardait les autres avec mépris et était tout imbu de lui-même. Les paroles du Pharisien ne sont que la manifestation des mauvaises dispositions de son cœur.Dans le cœur... c’est là que tout se passe. Et Jésus voit le fond des cœurs.Mes frères, mes sœurs, soyons ce Publicain devant Jésus. Demandons-Lui de nous donner une réelle conviction de notre misère. Et la conviction que si nous faisons le bien, c’est seulement par Sa grâce. Sans Moi vous ne pouvez rien faire, dit Notre-Seigneur.(S. Jean 15, 5) C’est facile de se dire pécheur, tout seul, sur le prie-dieu de la chapelle. Mais en être convaincu, dans le contact pratique avec mon prochain, c’est bien autre chose. Quand nous serons réellement convaincus de notre impuissance sans Dieu, de notre nullité sans Son puissant secours, notre conduite envers les autres deviendra tout autre.Ô Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au Vôtre!
par Père Mathurin de la Mère de DieuÀ quelques-uns qui, se prenant pour des justes, mettaient en eux-mêmes toute leur confiance et couvraient les autres de mépris, Jésus dit cette parabole:«Deux hommes montèrent au Temple pour prier, un Pharisien et un Publicain.«Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: “Mon Dieu, je Vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni comme ce Publi-cain! Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.”«Le Publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, et disait: “Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur!”«Je vous le déclare, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison; mais pas l’autre. Ainsi, qui-conque s’élève, sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.» (S. Luc 18, 9-14)Toutes les paroles de Jésus sont esprit et vie; elles nous éduquent, nous enseignent, nous montrent le chemin à suivre. Et toutes les paraboles de Jésus s’adressent à nous, autant qu’à ceux qui les ont entendues il y a plus de 2000 ans. La parabole du Pharisien et du Publicain s’adresse à des pécheurs qui recherchent sincèrement le chemin de la vertu. Le Publicain de la parabole était une âme humble et sincère. Par contre, il y a des gens qui se disent pécheurs, mais qui facilement, quand ils pratiquent un peu la vertu, se font une petite gloire d’avoir accompli de belles et bonnes choses et ils aiment se comparer aux autres.Ces faux «humbles» aiment se comparer à leur entourage, et généralement ils ne se comparent pas à des plus saints qu’eux-mêmes. On se compare à quelqu’un près de soi et que l’on considère comme pas mieux que soi. Ainsi on se console. «Il n’est pas mieux, il est même pire que moi! Je Vous rends grâces, mon Dieu, que je ne suis pas aussi pire qu’untel...» Ce n’est pas formulé comme cela, ça ressemblerait trop à l’orgueil ridicule du Pharisien de la parabole, mais c’est une attitude intérieure équivalente.Non, nous agissons souvent d’une façon beaucoup plus subtile, fine, détournée, dans nos comparaisons avec le pro-chain. On compare des avantages qu’il pourrait avoir par rapport aux nôtres. Et si on pratique quelques vertus, on se sent confortable, satisfait. On oublie vite nos petits manque-ments... et même les gros manquements. On les oublie vite. Ou bien, si l’on s’en souvient, on en est tout abattu, tout découragé. Tout cela n’est pas le fruit de l’humilité.Jésus nous présente cette parabole pour nous faire réflé-chir sur nos dispositions intérieures. Il nous fait voir le Pharisien convaincu de ses vertus, satisfait de lui-même. De l’autre côté, il nous présente le Publicain, resté derrière le temple, n’osant même pas lever les yeux, tellement il se sent indigne. «Mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur.»C’est comme s’il disait: «Comment puis-je même me présen-ter devant Vous? J’ai besoin de Vous. Je viens à Vous parce que j’ai besoin de Votre miséricorde, de Votre pitié.»«Je vous le déclare, dit Jésus, celui-ci s’en retourna justi-fié dans sa maison; mais pas l’autre.» Quand Jésus dit «justifié», Il veut dire «pardonné». Mais, non pas l’autre. «L’autre», c’est le Pharisien qui se complaisait dans ses «ver-tus» et se croyait meilleur que son prochain. Il n’est pas reparti pardonné, puisqu’il se vantait de ne pas avoir besoin de pardon. Il est reparti condamné.C’est la grande leçon de cette parabole. Il faut nous humi-lier, nous reconnaître pécheur, non pas seulement comme tout le commun des mortels autour de nous, mais reconnaître particulièrement notre propre bassesse, nos défauts de toutes sortes. Se reconnaître, se voir humblement, sous l’œil de Dieu. Quand ces dispositions entrent bien profondément dans un cœur, sa relation avec le prochain, quel qu’il soit, devient tout autre. Tout son comportement avec le prochain change et se transforme. Quand on réalise et qu’on admet humblement notre propre misère, malgré tant d’abondantes grâces reçues de Dieu, on considère sincèrement son pro-chain comme bien meilleur que soi. On réalise que l’on aurait dû faire bien davantage, et c’est pourquoi on considère les autres bien au-dessus de nous. Pas seulement des lèvres, non, mais du cœur. Ce sont des sentiments réels, des convic-tions profondes. «Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur.»C’est la réaction contraire à celle du Pharisien. Jésus ne dit pas que les actes de vertu que ce Pharisien s’attribuait à lui-même, il ne les avait pas pratiqués. Il donnait l’aumône aux pauvres, il observait la loi. Jésus ne dit pas qu’il ne l’a pas fait. Ce qu’Il blâme, c’est le fait qu’il regardait les autres avec mépris et était tout imbu de lui-même. Les paroles du Pharisien ne sont que la manifestation des mauvaises dispo-sitions de son cœur.Dans le cœur... c’est là que tout se passe. Et Jésus voit le fond des cœurs.Mes frères, mes sœurs, soyons ce Publicain devant Jésus. Demandons-Lui de nous donner une réelle conviction de notre misère. Et la conviction que si nous faisons le bien, c’est seulement par Sa grâce. Sans Moi vous ne pouvez rien faire, dit Notre-Seigneur.(S. Jean 15, 5) C’est facile de se dire pécheur, tout seul, sur le prie-dieu de la chapelle. Mais en être convaincu, dans le contact pratique avec mon prochain, c’est bien autre chose. Quand nous serons réellement convaincus de notre impuissance sans Dieu, de notre nullité sans Son puissant secours, notre conduite envers les autres deviendra tout autre.Ô Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au Vôtre!