par Père Mathurin de la Mère de DieuChers frères et sœurs, durant le temps de l’Avent, l’Église nous invite à entrer dans les dispositions des Prophètes, des Patriarches, de tous ces Saints de l’Ancien Testament qui soupi-raient après la venue du Messie, du Libérateur.Avant la venue du Rédempteur, la situation du monde n’allait pas bien. Tous le sentaient. Les enfants d’Israël se disaient: «Il est temps que le Messie, le Rédempteur vienne. Les choses vont de mal en pis. Nous avons besoin qu’Il vienne nous sauver.» C’est dans cette même disposition que l’Église nous met durant l’Avent; elle nous fait de nouveau prendre conscience que, sans Jésus, ça ne va pas bien sur la terre.L’Église nous exhorte à nous mettre dans les bonnes dispo-sitions pour bien recevoir notre Rédempteur, pour Le contem-pler, pour entrer dans Sa pensée. Dans l’oraison de la messe du quatrième dimanche de l’Avent, nous faisons cette supplique à Dieu:Réveillez Votre puissance, Seigneur, et venez. Employez Votre grande force à nous secourir, pour qu’une indulgente pitié vienne hâter par Votre grâce ce qu’arrêtent nos péchés.
Et le Verbe S’est fait chair
Et comment cette grande force viendra-t-elle nous secourir? Lorsqu’Il viendra en ce monde, le Rédempteur va Se revêtir de faiblesse. Il va S’anéantir, Se faire faible, tout petit. Quel mystère insondable de la Sagesse de Dieu, mystère très difficile à comprendre pour nous pauvres humains conçus dans le péché, surtout le péché d’orgueil. Ce Dieu immense, infiniment puis-sant et fort, a dû mettre en œuvre une puissance et une grande force pour Se rapetisser, parce que c’est tellement loin de Sa nature divine. Il S’est fait tout petit, Il S’est anéanti pour venir œuvrer notre salut.Nous touchons ici, en quelque sorte, à l’essence même du christianisme, à l’essence de ce que ce Messie vient nous ensei-gner. Sa grande force, c’est de S’anéantir. Sa grande puissance, c’est de Se diminuer, de Se réduire à tout, tout, tout petit, de Se faire dépendant, de Se faire pauvre, humble. Sa grandeur infinie disparaît. Et c’est en S’abaissant que Sa grande force va vaincre toutes les forces du mal et terrasser tous les ennemis de notre salut, les ennemis de notre bien.Nous contemplerons ce petit Enfant, ce Poupon fragile, qui est venu souffrir, S’humilier, S’abaisser, S’anéantir dans des conditions douloureuses: Il vient la nuit dans une grotte froide et humide, malodorante, en la compagnie des animaux. Dieu Lui-même a employé Sa grande puissance à Se rapetisser, à Se faire totalement dépendant, humble, dans une pauvreté extrême. C’est cette Sagesse que Dieu a voulu nous manifester.Mais qu’est-ce qui a motivé notre Sauveur à S’anéantir ainsi? Son amour infini. Il aime l’homme, Il nous aime tellement! Pour nous avoir avec Lui, il Lui fallait nous montrer le chemin. Il a vu dans quel marasme, dans quel pétrin, dans quel bour-bier l’homme était tombé. Et Il a décidé de l’en sortir par ce moyen: Il S’est rapetissé de toutes les manières. Dans Son amour infini, pour gagner le cœur de l’homme, Il a employé toute Sa puissance à S’anéantir, à Se réduire à cet état de faiblesse et de dépendance.C’est certainement une des plus importantes vérités qu’il nous faut comprendre à l’approche de ce grand mystère de Noël, mystère de salut, mystère de rédemption qui commence. Et c’est par le même mystère d’abaissement que le salut de l’huma-nité va se refaire.Il semble humainement impossible à l’homme de se faire petit, de s’anéantir, de se faire obéissant, de se faire pauvre, d’aimer toutes ces choses si contraires à la nature. Tout au long de ce temps de Noël, répétons cette supplique de notre cœur: mon Jésus, donnez-moi Vos sentiments. Employez Votre puissance à transformer mon cœur, à le rendre semblable au Vôtre. Mon Jésus, mon Dieu, employez Votre puissance à vaincre cet obstacle d’orgueil que je porte en moi, cet obstacle de vanité, de suffisance, d’indépendance, cette peur de souffrir.
La Lumière brille dans les ténèbres...
...et les ténèbres ne L’ont pas comprise. Les justes, les âmes sincères qui aimaient Dieu, désiraient le salut, souffraient pour que ce salut arrive. Mais, en général, d’une façon très humaine on se figurait le Messie accomplissant des prodiges qui dépassent les capacités ordinaires des hommes.L’évangile du 2e dimanche de l’Avent nous aide à comprendre un peu le mystère entourant ce Dieu fait homme. Aux dis-ciples envoyés par Jean-Baptiste pour demander à Jésus: Es-Tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Il répondit: Allez raconter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Jusque-là, c’est vraiment comme les Juifs imaginaient le Messie. En énumérant la liste de ces prodiges attendus, Jésus leur démontre qu’Il les réalise. Mais suit aussitôt cette parole mystérieuse: Et bienheureux est celui pour qui Je ne serai pas une occasion de chute. Malgré tous ces prodiges que le Sauveur a accomplis, peu nombreux sont ceux qui ont cru en Lui, il y a deux mille ans, et jusqu’à aujourd’hui.Justement parce que, à Noël, Jésus commence Sa vie en Se faisant petit bébé, humble, dépendant, soumis, docile, pauvre, sujet à la souffrance, sujet à toutes les contrariétés des humains, sujet aux contretemps des événements et de la nature, des intempéries. Ce Dieu incarné Se laisse incommoder par toutes ces choses comme le plus fragile, le plus petit des mortels. C’est ainsi qu’Il commence Sa vie. Tantôt, Il va aller beaucoup plus loin, Il va nous conduire jusqu’à la Croix. Bienheureux celui pour qui Je ne serai pas une occasion de chute, une occasion de scandale.Pour répondre à la pensée de l’Église qui soumet ces textes à notre méditation durant l’Avent, je vous invite, mes frères et mes sœurs, à mettre vos cœurs dans cette disposition d’humilité, cette disposition de prendre tout ce qui est contraire à notre nature orgueilleuse, cette nature sensuelle qui aime jouir, qui veut profiter de la vie, qui veut avoir du bon temps. Notre Rédempteur nous montre exactement le contraire. Et tout ce qui est contraire à notre nature nous effraie, nous fait peur.
La Croix, scandale pour les mondains
À toutes les époques, l’humanité a été sans cesse en proie à la souffrance. Et dans les temps actuels, ce n’est un secret pour personne, la souffrance est de plus en plus grande, de plus en plus universelle. Elle s’impose à tous, qu’on la veuille ou non. Mais plus que jamais, on essaie de s’en distraire et de la fuir. Qui n’a pas entendu ces commentaires: «Pourquoi vivre? À quoi bon vivre?» J’ai même entendu des enfants dire à leurs parents: «Je n’ai pas demandé à vivre, je ne vous ai pas demandé de venir au monde.»On ne veut pas souffrir. C’est rendu loin, au point que les gens souffrants peuvent mainte-nant demander l’aide médicale à mourir. On me rapportait que les cliniques spécialisées ont de longues listes d’attente pour ceux qui veulent mettre fin à leurs jours. Pour les gens sans foi, les grands malades et les vieillards impotents ne sont plus utiles à la société, puis ils souffrent pour rien. Le personnel médical propose très finement à leur entourage d’abréger leurs jours. Selon la mentalité qui domine dans la société actuelle, il faut éviter à tout prix de souffrir. C’est une mentalité diabolique.Quand Jésus annonça à Ses Apôtres qu’il fallait qu’Il allât à Jérusalem, qu’Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu’Il fût mis à mort… Pierre, Le prenant à part, commença à Le reprendre, en disant: À Dieu ne plaise, Seigneur; cela ne Vous arrivera point. Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre: Arrière, Satan; tu M’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. Jésus est allé jusqu’à appeler Simon-Pierre un Satan, parce qu’il raisonnait à la manière des hommes et non selon la pensée de Dieu.Mes frères et sœurs, le monde souffre beaucoup actuellement. Il faut bien entrer dans les vues de Dieu et ne pas penser comme des hommes. Mais comment est-il possible pour vous et moi de ne pas raisonner comme des humains? C’est en sus-pendant notre raisonnement, notre évaluation humaine, pour appliquer nos facultés intérieures, notre cœur, toute notre âme, à nous soumettre humblement à Dieu, pour accepter la souffrance, les maux, les contradictions qui viennent de toutes sortes de façons.Ne commentons pas trop les souffrances et les événements qui arrivent. On peut se relayer de l’information au besoin. Mais attention! La souffrance nous est tellement contraire que facilement on peut faire des commentaires négatifs, on peut entraîner son prochain dans un état d’âme contraire à Dieu. Il faut être très attentif à l’humilité, à l’amour et à l’acceptation de la souffrance en esprit de foi. Il faut tout regarder dans la perspective du petit Jésus, qui va éventuellement mourir sur la croix pour notre salut.Quand Jésus est né, la terre entière était dans une ignorance totale du mystère de la Croix, parce que cette vérité est telle-ment contraire à l’humain. Le péché originel a complètement obscurci notre intelligence, notre compréhension des manières de Dieu. Le péché nous a tarés. On n’aime pas se faire dire qu’on est des tarés, mais le péché originel nous a réellement tarés. Et au péché originel commis il y a six mille ans, nous avons ajouté la somme de nos péchés personnels.Qu’est-ce qui nous a tarés, qu’est-ce qui nous a enlevé cette intelligence, cette compréhension des choses de Dieu? C’est ce venin infernal d’orgueil, d’indépendance. On ne veut pas dépendre, on ne veut pas obéir. Et le petit Enfant qui vient, c’est ce qu’Il nous montre d’abord: l’humilité et la dépendance, pour réparer ce mal.Le monde allait mal quand Jésus est venu sur la terre. Qu’est-ce qu’Il a fait? Il S’est anéanti, dit saint Paul, prenant la forme d’esclave… Il S’est humilié Lui-même, Se faisant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Conscient de notre fragilité, de notre faiblesse, de notre ignorance, de notre incapacité à percevoir ces mystères, Jésus est venu Lui-même nous montrer l’exemple. Avec un amour infini, Il S’est fait petit, Il S’est fait esclave, Il S’est anéanti, et Il est monté jusqu’au Cal-vaire pour opérer notre salut. On ne le répétera jamais assez.Si je vous mentionne ces souffrances, mes frères et mes sœurs, c’est pour démontrer la nécessité d’un salut. Dieu va de nouveau Se manifester. Si l’humanité entre dans ce temps de souffrance plus intense, c’est que Dieu veut faire de nouveau une œuvre de salut. Il faut croire à cette œuvre de salut et y adhérer de la façon que Jésus l’a accomplie: volontairement, de la crèche au Calvaire, Il S’est fait petit, Il S’est anéanti, Il S’est fait dépendant.
Souffrir en aimant
Pour sauver ce monde qui va si mal aujourd’hui, il faudra des hommes qui, à la suite de Jésus, vont s’humilier, se faire petits, qui vont accepter et aimer la souffrance par des vues de foi. Comment pourrons-nous arriver à aimer la souffrance? En suivant, par amour, notre Dieu qui S’est incarné pour nous apprendre, par Sa parole et Son exemple, le chemin étroit du Ciel.Dieu Se révèle, d’une manière très intime, très secrète, à l’âme qui accepte la croix en esprit de foi, qui accepte vraiment la souffrance d’un cœur docile, la petite souffrance comme toutes les autres qui vont en augmentant. «Mon Dieu, j’accepte, j’embrasse ce chemin, juste pour Vous, parce que Vous, Vous l’avez embrassé. Je veux l’accepter avec plus de docilité, de reconnaissance, d’amour. Je veux le faire avec amour, mon Dieu, je le veux!» Dieu Se révèle à l’âme qui se met dans ces dis-positions, non par des mots, des idées qu’Il lui donne, Son action se passe dans le cœur. Qu’est-ce que le Ciel? Le Ciel, c’est Dieu, c’est la connaissance de Dieu de plus en plus, c’est l’intimité toujours croissante avec Lui.Mettons intérieurement de l’amour dans la souffrance, un amour volontaire, en contemplant Jésus. C’est le chemin qu’Il nous a tracé; il n’y en a pas d’autre. Je suis la Voie, la Vérité, la Vie, nous dit-Il. Nul ne vient au Père que par Moi. En contemplant mon Sauveur qui a pris ce chemin de souffrance par amour pour moi, oui, j’aime la souffrance, parce que c’est le chemin qu’Il a choisi dans Sa sagesse toute divine, pour S’assurer de ma présence avec Lui pendant l’éternité. Je développe dans mon cœur un sentiment de reconnaissance pour tout ce qui me contredit, me bafoue, pour ce qui me brise, m’humilie, tout ce qui me démolit physiquement, moralement, intellectuellement. Je l’accepte, je l’embrasse, je l’aime, je remercie même. Dieu Se communique alors à mon âme, et c’est ainsi que le salut va se faire.Il faut en être convaincus et pleurer devant Dieu, nous humilier de notre misère: mon Dieu, je veux penser comme Vous, je veux que tout mon cœur, tout mon être adhère à Votre volonté. Je le veux, mon Dieu! Bonne Mère, bon saint Joseph, deman-dez à ce petit Enfant qui vient nous montrer ce chemin de salut de nous accorder cette grâce.Réveillez Votre puissance, Seigneur, venez! Employez Votre grande force à nous secourir, à nous convertir, à nous rapetis-ser, à nous rendre humbles, dociles, obéissants, amants de cette souffrance que Vous avez embrassée. Faites-nous la grâce d’adhérer absolument à ce mystère. Réveillez Votre puissance, Seigneur. Employez Votre grande force à nous secourir, à nous rendre conformes à Votre enseignement et à Votre exemple.Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
Articles par Père Mathurin
de la Mère de Dieu
Sermon
pour
l’Avent
ADRESSE:
Monastère des Apôtres290 7e rangMont-Tremblant QC J8E 1Y4Venez nous rencontrer ou vous recueillir dans notre Chapelle.9 am – 5 pm
par Père Mathurin de la Mère de DieuChers frères et sœurs, durant le temps de l’Avent, l’Église nous invite à entrer dans les dispositions des Pro-phètes, des Patriarches, de tous ces Saints de l’Ancien Testament qui soupiraient après la venue du Messie, du Libérateur.Avant la venue du Rédempteur, la situation du monde n’allait pas bien. Tous le sentaient. Les enfants d’Israël se disaient: «Il est temps que le Messie, le Rédempteur vienne. Les choses vont de mal en pis. Nous avons besoin qu’Il vienne nous sauver.» C’est dans cette même disposition que l’Église nous met durant l’Avent; elle nous fait de nouveau prendre conscience que, sans Jésus, ça ne va pas bien sur la terre.L’Église nous exhorte à nous mettre dans les bonnes dispo-sitions pour bien recevoir notre Rédempteur, pour Le contem-pler, pour entrer dans Sa pensée. Dans l’oraison de la messe du quatrième dimanche de l’Avent, nous faisons cette supplique à Dieu:Réveillez Votre puissance, Seigneur, et venez. Employez Votre grande force à nous secourir, pour qu’une indulgente pitié vienne hâter par Votre grâce ce qu’arrêtent nos péchés.
Et le Verbe S’est fait chair
Et comment cette grande force viendra-t-elle nous secourir? Lorsqu’Il viendra en ce monde, le Rédempteur va Se revêtir de faiblesse. Il va S’anéantir, Se faire faible, tout petit. Quel mys-tère insondable de la Sagesse de Dieu, mystère très difficile à comprendre pour nous pauvres humains conçus dans le péché, surtout le péché d’orgueil. Ce Dieu immense, infiniment puis-sant et fort, a dû mettre en œuvre une puissance et une grande force pour Se rapetisser, parce que c’est tellement loin de Sa nature divine. Il S’est fait tout petit, Il S’est anéanti pour venir œuvrer notre salut.Nous touchons ici, en quelque sorte, à l’essence même du christianisme, à l’essence de ce que ce Messie vient nous ensei-gner. Sa grande force, c’est de S’anéantir. Sa grande puis-sance, c’est de Se diminuer, de Se réduire à tout, tout, tout petit, de Se faire dépendant, de Se faire pauvre, humble. Sa grandeur infinie disparaît. Et c’est en S’abaissant que Sa grande force va vaincre toutes les forces du mal et terrasser tous les ennemis de notre salut, les ennemis de notre bien.Nous contemplerons ce petit Enfant, ce Poupon fragile, qui est venu souffrir, S’humilier, S’abaisser, S’anéantir dans des conditions douloureuses: Il vient la nuit dans une grotte froide et humide, malodorante, en la compagnie des animaux. Dieu Lui-même a employé Sa grande puissance à Se rapetisser, à Se faire totalement dépendant, humble, dans une pauvreté extrême. C’est cette Sagesse que Dieu a voulu nous manifester.Mais qu’est-ce qui a motivé notre Sauveur à S’anéantir ainsi? Son amour infini. Il aime l’homme, Il nous aime telle-ment! Pour nous avoir avec Lui, il Lui fallait nous montrer le chemin. Il a vu dans quel marasme, dans quel pétrin, dans quel bourbier l’homme était tombé. Et Il a décidé de l’en sortir par ce moyen: Il S’est rapetissé de toutes les manières. Dans Son amour infini, pour gagner le cœur de l’homme, Il a employé toute Sa puissance à S’anéantir, à Se réduire à cet état de fai-blesse et de dépendance.C’est certainement une des plus importantes vérités qu’il nous faut comprendre à l’approche de ce grand mystère de Noël, mystère de salut, mystère de rédemption qui commence. Et c’est par le même mystère d’abaissement que le salut de l’humanité va se refaire.Il semble humainement impossible à l’homme de se faire petit, de s’anéantir, de se faire obéissant, de se faire pauvre, d’aimer toutes ces choses si contraires à la nature. Tout au long de ce temps de Noël, répétons cette supplique de notre cœur: mon Jésus, donnez-moi Vos sentiments. Employez Votre puis-sance à transformer mon cœur, à le rendre semblable au Vôtre. Mon Jésus, mon Dieu, employez Votre puissance à vaincre cet obstacle d’orgueil que je porte en moi, cet obstacle de vanité, de suffisance, d’indépendance, cette peur de souffrir.
La Lumière brille dans les ténèbres...
...et les ténèbres ne L’ont pas comprise. Les justes, les âmes sincères qui aimaient Dieu, désiraient le salut, souffraient pour que ce salut arrive. Mais, en général, d’une façon très humaine on se figurait le Messie accomplissant des prodiges qui dépassent les capacités ordinaires des hommes.L’évangile du 2e dimanche de l’Avent nous aide à com-prendre un peu le mystère entourant ce Dieu fait homme. Aux disciples envoyés par Jean-Baptiste pour demander à Jésus: Es-Tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Il répondit: Allez raconter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressus-citent, les pauvres sont évangélisés. Jusque-là, c’est vraiment comme les Juifs imaginaient le Messie. En énumérant la liste de ces prodiges attendus, Jésus leur démontre qu’Il les réalise. Mais suit aussitôt cette parole mystérieuse: Et bienheureux est celui pour qui Je ne serai pas une occasion de chute. Malgré tous ces prodiges que le Sauveur a accomplis, peu nombreux sont ceux qui ont cru en Lui, il y a deux mille ans, et jusqu’à aujourd’hui.Justement parce que, à Noël, Jésus commence Sa vie en Se faisant petit bébé, humble, dépendant, soumis, docile, pauvre, sujet à la souffrance, sujet à toutes les contrariétés des humains, sujet aux contretemps des événements et de la nature, des intempéries. Ce Dieu incarné Se laisse incommoder par toutes ces choses comme le plus fragile, le plus petit des mortels. C’est ainsi qu’Il commence Sa vie. Tantôt, Il va aller beaucoup plus loin, Il va nous conduire jusqu’à la Croix. Bien-heureux celui pour qui Je ne serai pas une occasion de chute, une occasion de scandale.Pour répondre à la pensée de l’Église qui soumet ces textes à notre méditation durant l’Avent, je vous invite, mes frères et mes sœurs, à mettre vos cœurs dans cette disposition d’humi-lité, cette disposition de prendre tout ce qui est contraire à notre nature orgueilleuse, cette nature sensuelle qui aime jouir, qui veut profiter de la vie, qui veut avoir du bon temps. Notre Rédempteur nous montre exactement le contraire. Et tout ce qui est contraire à notre nature nous effraie, nous fait peur.
La Croix, scandale pour les mondains
À toutes les époques, l’humanité a été sans cesse en proie à la souffrance. Et dans les temps actuels, ce n’est un secret pour personne, la souffrance est de plus en plus grande, de plus en plus universelle. Elle s’impose à tous, qu’on la veuille ou non. Mais plus que jamais, on essaie de s’en distraire et de la fuir. Qui n’a pas entendu ces commentaires: «Pourquoi vivre? À quoi bon vivre?» J’ai même entendu des enfants dire à leurs parents: «Je n’ai pas demandé à vivre, je ne vous ai pas demandé de venir au monde.»On ne veut pas souffrir. C’est rendu loin, au point que les gens souffrants peuvent maintenant demander l’aide médicale à mourir. On me rapportait que les cliniques spécialisées ont de longues listes d’attente pour ceux qui veulent mettre fin à leurs jours. Pour les gens sans foi, les grands malades et les vieillards impotents ne sont plus utiles à la société, puis ils souffrent pour rien. Le personnel médical propose très finement à leur entou-rage d’abréger leurs jours. Selon la mentalité qui domine dans la société actuelle, il faut éviter à tout prix de souffrir. C’est une mentalité diabolique.Quand Jésus annonça à Ses Apôtres qu’il fallait qu’Il allât à Jérusalem, qu’Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu’Il fût mis à mort… Pierre, Le prenant à part, commença à Le reprendre, en disant: À Dieu ne plaise, Seigneur; cela ne Vous arrivera point. Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre: Arrière, Satan; tu M’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. Jésus est allé jusqu’à appeler Simon-Pierre un Satan, parce qu’il raisonnait à la manière des hommes et non selon la pensée de Dieu.Mes frères et sœurs, le monde souffre beaucoup actuelle-ment. Il faut bien entrer dans les vues de Dieu et ne pas penser comme des hommes. Mais comment est-il possible pour vous et moi de ne pas raisonner comme des humains? C’est en sus-pendant notre raisonnement, notre évaluation humaine, pour appliquer nos facultés intérieures, notre cœur, toute notre âme, à nous soumettre humblement à Dieu, pour accepter la souf-france, les maux, les contradictions qui viennent de toutes sortes de façons.Ne commentons pas trop les souffrances et les événements qui arrivent. On peut se relayer de l’information au besoin. Mais attention! La souffrance nous est tellement contraire que facilement on peut faire des commentaires négatifs, on peut entraîner son prochain dans un état d’âme contraire à Dieu. Il faut être très attentif à l’humilité, à l’amour et à l’acceptation de la souffrance en esprit de foi. Il faut tout regarder dans la pers-pective du petit Jésus, qui va éventuellement mourir sur la croix pour notre salut.Quand Jésus est né, la terre entière était dans une igno-rance totale du mystère de la Croix, parce que cette vérité est tellement contraire à l’humain. Le péché originel a complète-ment obscurci notre intelligence, notre compréhension des manières de Dieu. Le péché nous a tarés. On n’aime pas se faire dire qu’on est des tarés, mais le péché originel nous a réel-lement tarés. Et au péché originel commis il y a six mille ans, nous avons ajouté la somme de nos péchés personnels.Qu’est-ce qui nous a tarés, qu’est-ce qui nous a enlevé cette intelligence, cette compréhension des choses de Dieu? C’est ce venin infernal d’orgueil, d’indépendance. On ne veut pas dépendre, on ne veut pas obéir. Et le petit Enfant qui vient, c’est ce qu’Il nous montre d’abord: l’humilité et la dépendance, pour réparer ce mal.Le monde allait mal quand Jésus est venu sur la terre. Qu’est-ce qu’Il a fait? Il S’est anéanti, dit saint Paul, prenant la forme d’esclave… Il S’est humilié Lui-même, Se faisant obéis-sant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Conscient de notre fragilité, de notre faiblesse, de notre ignorance, de notre incapa-cité à percevoir ces mystères, Jésus est venu Lui-même nous montrer l’exemple. Avec un amour infini, Il S’est fait petit, Il S’est fait esclave, Il S’est anéanti, et Il est monté jusqu’au Cal-vaire pour opérer notre salut. On ne le répétera jamais assez.Si je vous mentionne ces souffrances, mes frères et mes sœurs, c’est pour démontrer la nécessité d’un salut. Dieu va de nouveau Se manifester. Si l’humanité entre dans ce temps de souffrance plus intense, c’est que Dieu veut faire de nouveau une œuvre de salut. Il faut croire à cette œuvre de salut et y adhérer de la façon que Jésus l’a accomplie: volontairement, de la crèche au Calvaire, Il S’est fait petit, Il S’est anéanti, Il S’est fait dépendant.
Souffrir en aimant
Pour sauver ce monde qui va si mal aujourd’hui, il faudra des hommes qui, à la suite de Jésus, vont s’humilier, se faire petits, qui vont accepter et aimer la souffrance par des vues de foi. Comment pourrons-nous arriver à aimer la souffrance? En suivant, par amour, notre Dieu qui S’est incarné pour nous apprendre, par Sa parole et Son exemple, le chemin étroit du Ciel.Dieu Se révèle, d’une manière très intime, très secrète, à l’âme qui accepte la croix en esprit de foi, qui accepte vraiment la souffrance d’un cœur docile, la petite souffrance comme toutes les autres qui vont en augmentant. «Mon Dieu, j’accepte, j’embrasse ce chemin, juste pour Vous, parce que Vous, Vous l’avez embrassé. Je veux l’accepter avec plus de docilité, de reconnaissance, d’amour. Je veux le faire avec amour, mon Dieu, je le veux!» Dieu Se révèle à l’âme qui se met dans ces dispositions, non par des mots, des idées qu’Il lui donne, Son action se passe dans le cœur. Qu’est-ce que le Ciel? Le Ciel, c’est Dieu, c’est la connaissance de Dieu de plus en plus, c’est l’intimité toujours croissante avec Lui.Mettons intérieurement de l’amour dans la souffrance, un amour volontaire, en contemplant Jésus. C’est le chemin qu’Il nous a tracé; il n’y en a pas d’autre. Je suis la Voie, la Vérité, la Vie, nous dit-Il. Nul ne vient au Père que par Moi. En contem-plant mon Sauveur qui a pris ce chemin de souffrance par amour pour moi, oui, j’aime la souffrance, parce que c’est le chemin qu’Il a choisi dans Sa sagesse toute divine, pour S’assu-rer de ma présence avec Lui pendant l’éternité. Je développe dans mon cœur un sentiment de reconnaissance pour tout ce qui me contredit, me bafoue, pour ce qui me brise, m’humilie, tout ce qui me démolit physiquement, moralement, intellectuel-lement. Je l’accepte, je l’embrasse, je l’aime, je remercie même. Dieu Se communique alors à mon âme, et c’est ainsi que le salut va se faire.Il faut en être convaincus et pleurer devant Dieu, nous humilier de notre misère: mon Dieu, je veux penser comme Vous, je veux que tout mon cœur, tout mon être adhère à Votre volonté. Je le veux, mon Dieu! Bonne Mère, bon saint Joseph, demandez à ce petit Enfant qui vient nous montrer ce chemin de salut de nous accorder cette grâce.Réveillez Votre puissance, Seigneur, venez! Employez Votre grande force à nous secourir, à nous convertir, à nous rapetis-ser, à nous rendre humbles, dociles, obéissants, amants de cette souffrance que Vous avez embrassée. Faites-nous la grâce d’adhérer absolument à ce mystère. Réveillez Votre puissance, Seigneur. Employez Votre grande force à nous secourir, à nous rendre conformes à Votre enseignement et à Votre exemple.Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et de la Mère de Dieu. Ainsi soit-il.